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Anti-impérialisme, Europe : les positions du Parti communiste portugais exprimées par le Comité central des 29 et 30 juin 2014

Introduction et traduction ML pour vivelepcf, 10 juillet 2014

Le compte-rendu du CC du PCP dans le journal Avante

Le Comité central du Parti communiste portugais s’est réuni les 29 et 30 juin 2014. Il a adopté une importante résolution sur la situation politique. Dans un de ses points, elle aborde la situation internationale et les questions relatives à l’Union européenne.

Le PCP réaffirme sans ambiguïté son rejet de la logique d’adaptation au système et à l’UE du capital suivie par le Parti de la gauche européenne, dont le PCP n’est pas membre.

Dans le même temps, il souligne la nécessité de rechercher des coopérations et une solidarité entre les partis communistes et les forces progressistes des pays d’Europe. C’est ce qui justifie la poursuite de l’appartenance des députés européens du PCP au groupe de la « Gauche unitaire européenne – gauche verte nordique ».

Le caractère hétéroclite de la GUE-NGL s’est encore accusé comme son instrumentalisation par le PGE. Le PCP considère que sa nature confédérale apporte toujours des moyens et des possibilités d’échange intéressant dans le sens de ses principes fondamentaux. De son côté, le Parti communiste grec a jugé qu’il n’était plus possible d’y siéger (voir notre article).

Au-delà de ce débat, nous publions la traduction de l’extrait de la résolution du CC du PCF sur les questions internationales pour apprécier l’ensemble de la démarche anti-impérialiste du PCP.

Résolution du Comité central du Parti communiste portugais du 1er juillet 2014

Point n°4 : RENFORCER LE COMBAT, LA SOLIDARITE ET LA COOPERATION CONTRE L’IMPERIALISME !

1- Le Comité central du PCP attire l’attention sur l’aggravation de l’instabilité et de l’insécurité de la situation internationale, du fait de l’escalade agressive de l’impérialisme nord-américain qui, multipliant les foyers de tension et de déstabilisation, poussant à la guerre, promouvant l’intervention de forces fascistes, tente de faire face à sa profonde crise et de contrer les luttes des travailleurs et des peuples.

L’aggravation de la situation en Ukraine, découlant du coup de force appuyé par les Etats-Unis, l’OTAN et l’Union européenne, la dégradation de la situation au Moyen-Orient, avec les derniers événements en Irak et la poursuite de l’agression contre la Syrie, les actes criminels permanents d’Israël contre le peuple palestinien, les opérations de recolonisation de l’Afrique, la militarisation croissante en Extrême-Orient venant des Etats-Unis et d’un Japon revanchard, l’ingérence toujours plus évidente des Etats-Unis au Venezuela et dans les autres pays d’Amérique latine : tout cela illustre l’escalade agressive de l’impérialisme.

Au vu d’une telle situation, il est particulièrement important de construire l’unité la plus large autour de la lutte contre l’impérialisme et la guerre, notamment par le renforcement du mouvement pacifiste et de la solidarité avec les peuples victimes de l’agression impérialiste.

Les dangers que l’évolution préoccupante de la situation nationale fait peser soulignent la nécessité du renforcement des partis communistes, du renforcement de leur coopération et de leur coopération avec les autres forces progressistes et anti-impérialistes.

2- Au niveau européen, le PCP s’est constamment investi dans le renforcement de la coopération et de la solidarité entre les partis communistes et s’efforce de contribuer à l’action commune et convergente de toutes les forces progressistes, qui, dans le respect de l’identité et de l’indépendance de chacune, s’accordent sur l’objectif d’une autre Europe, d’une Europe des travailleurs et des peuples.

Le PCP estime que les positions tendant à s’adapter au système, telles que les propage le Parti de la gauche européenne, ou des conceptions dogmatiques et sectaires, ont introduit des facteurs de division et d’incompréhension, qui ont compliqué la coopération et la solidarité entre les partis communistes et avec les autres forces progressistes en Europe, notamment dans le cadre du Parlement européen.

Le Comité central du PCP apprécie positivement le rôle joué par le PCP dans le travail avec d’autres forces politiques pour la continuation du groupe confédéral de la Gauche unie européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL) et sa contribution à la lutte pour une autre Europe. Le PCP met en avant que, malgré une très grande diversité, les principes fondamentaux du groupe fonctionnent : le respect de sa nature confédérale, de son autonomie et de son identification vis-à-vis des autres groupes du Parlement européen et des autres structures et espaces de travail, la prise de décision par le consensus, l’égalité entre les délégations et le respect de leurs différences. L’importance et le rôle présent et futur du groupe sont liés de façon indissociable avec la garantie de l’application de ces principes et avec son intervention en faveur d’une Europe de coopération, de progrès et de paix.

Le PCP continuera à intervenir – notamment dans le cadre du Parlement européen – pour représenter les intérêts des travailleurs, du peuple et du pays, pour rejeter les reculs de la démocratie et de l’expression des peuples et pour combattre pour la rupture avec l’Union européenne des grands monopoles et des grandes puissances, pour une Europe de coopération entre Etats souverains, égaux en droits, de progrès social et de paix.

Guerre au Mali : les leaders du Front de gauche s’intègrent à l’Union sacrée. Ce n’est pas la place du PCF !

Edt pour vivelepcf, 16 janvier 2013

Depuis le début de l’intervention militaire de l’Etat français au Mali, de nombreuses organisations locales du PCF, comme du Mouvement de la jeunesse communiste, ont dénoncé la guerre impérialiste, les intérêts économiques des capitalistes si mal cachés par les prétextes humanitaires, appelé à l’arrêt de l’opération et à l’ouverture de négociations politiques entre les belligérants.

Cette réaction, cette position sont « naturelles » pour les communistes, tant la lutte pour la paix, la dénonciation de la guerre impérialiste, du colonialisme comme du néocolonialiste, font partie des fondements mêmes de l’engagement communiste depuis la naissance du PCF en 1920, le rejet de l’Union sacrée de 14/18, l’opposition à la guerre du Rif en 1923.

On pourrait penser, quelles que soient les mutations du PCF imposées par sa direction depuis deux décennies, que cette analyse serait partagée et défendue par tout le Parti. Il n’en est rien. C’est un choc pour de nombreux camarades.

Plusieurs dirigeants principaux du PCF et du Front de gauche, se sont ainsi exprimés publiquement depuis le 11 janvier, sans contester le bien-fondé de l’intervention militaire et les justifications avancées par le pouvoir.

Le 14 janvier, André Chassaigne, président du groupe de la Gauche démocrate et républicaine à l’Assemblée, a déclaré au sortir de sa rencontre avec le Premier ministre qu’il regrettait que l’opération « n’ait pas été préparée par une résolution de l’ONU beaucoup plus explicite (…) qui aurait fait que l’intervention française ne puisse pas être assimilée à des pratiques anciennes qui étaient celles de la Françafrique. (…) Il est en outre « extrêmement important que l’intervention n’occulte pas l’exigence d’une solution politique » (propos repris par la presse).

Le même jour dans ses vœux à la presse, Pierre Laurent a expliqué qu’il « était logique qu’une aide réelle soit apportée aux autorités maliennes de transition », face aux « groupes djihadistes », tout en regrettant qu’on les ait « laissé faire » précédemment et en considérant « qu’il n’y a pas de solution militaire durable aux problèmes du monde actuel ».

De son côté, le dirigeant du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a pris des accents critiques mais pour regretter que la décision ait été prise « seul » et que l’opération militaire n’ait pas été menée par des armées africaines. On se souvient que Mélenchon avait approuvé au Parlement européen le principe d’une intervention militaire en Libye. Mais normalement, il n’engage pas le PCF…

Ce serait mieux, comme l’avait annoncé Hollande, que ce soit les Africains qui se fassent tuer en première ligne pour les intérêts occidentaux ? Les guerres en Irak, en Afghanistan, en Libye ont-elles servi les peuples, affaibli les fascismes « islamistes » ? Le gouvernement provisoire malien est-il autre chose qu’un gouvernement fantoche ? Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU ne sont-ils pas des puissances impérialistes aux intérêts tantôt rivaux, tantôt complices, notamment pour piller l’Afrique ? Poser ces questions, c’est y répondre.

En lisant les déclarations des leaders du Front de gauche et du PGE, on mesure la dérive atteinte par la direction du PCF, l’éloignement par rapport à la grille d’analyse anti-impérialiste, portée toujours si courageusement par les communistes dans l’Histoire.

Sur cet aspect aussi, l’organisation expéditive du 36ème congrès permet d’évacuer le débat, la confrontation des positions réelles du Front de gauche (dans l’Union sacrée!)à l’opinion des communistes.

Dans ces conditions, nous appelons les communistes à s’exprimer, à imposer le débat, à agir, sans réserves, contre la guerre impérialiste française au Mali.

« On croit mourir pour la patrie, mais on meurt pour des industriels » dénonçait Anatole France. Pas question pour les communistes de le laisser croire !