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Succès de la présentation du texte alternatif le 11 novembre 2012

Quelle perspective pour le PCF avant le 36ème congrès ? « Ni abandon, ni reniement, un Parti résolument communiste dans l’affrontement de classe » ! 

Dimanche 11 novembre 2012, plus de 120 camarades ont participé à la réunion de présentation du projet de texte alternatif pour le 36ème congrès du PCF. Ils représentaient 35 sections de 25 fédérations du PCF (02, 03, 13, 21, 24, 33, 37, 38, 42, 54, 58, 59, 60, 62, 69, 70, 75, 78, 80, 84, 91, 92, 93, 94, 95).

Membres du Conseil national, premiers signataires du texte alternatif, Corinne Bécourt, Emmanuel Dang Tran, Fabienne Debeauvais, Claude Fainzang, Dominique Negri ont explicité la démarche commune. Frédéric Bernabé, secrétaire de la Fédération de la Haute-Saône a adressé, depuis Cuba, un message de soutien. Eric Jalade, secrétaire de la fédération du Tarn, empêché par une initiative locale prévue de longue date, a pris des nouvelles en direct de l’évolution des travaux. Christian Tabaglio, de la fédération de Meurthe-et-Moselle, empêché, était représenté par ses camarades de la section de Jarny.

De nombreux camarades étaient excusés, notamment du sud-ouest et sud-est où des réunions régionales sont programmées.

L’assemblée s’honorait de la présence, à l’espace librairie, de l’historien américain Roger Keeran, co-auteur de l’ouvrage « Le socialisme trahi, les causes de la chute l’Union soviétique » (éditions Delga). Communiste des Etats-Unis, il a salué l’esprit de fraternité de nos échanges, entre camarades de tous âges, ancrés dans la classe ouvrière et le monde du travail.

L’assemblée a adressé des vœux de prompt rétablissement à Henri Alleg, atteint en juillet dernier d’un AVC. Dans toute son action pour la poursuite du PCF, c’est Henri qui a attiré notre attention sur l’étude des camarades américains.

La journée s’est déroulée en deux temps. Le matin, sous des angles différents, Dominique Negri, présidente de séance, Anthony Crézégut, Jean Baus et Emmanuel Dang Tran ont exposé les objectifs de la démarche commune pour le PCF et son avenir. Ensuite, une discussion s’est engagée dont sont sorties plusieurs propositions d’amélioration du texte proposé.

Anthony Crézégut a mis en parallèle le processus de transformation-effacement du PCF dans le Front de gauche avec la stratégie appliquée dans les pays d’Europe, contre les résistances communistes, sous la houlette du Parti de la gauche européenne (PGE), subventionné par la Commission européenne et présidé par… Pierre Laurent.

On retrouve mis en avant les mêmes positionnements, l’illusion de la réorientation de la BCE par exemple ou la priorité aux problématiques sociétales. Le PGE impulse dans chaque pays une recomposition politique associant des éléments issus de la social-démocratie, des gauchistes et des « communistes transformés ou repentis ». Syriza en Grèce est le meilleur exemple de ces deuxièmes fers au feu de la social-démocratie, prêts à suppléer leur maison-mère et, surtout, étouffant le mouvement communiste. La même stratégie adopte des formes différentes selon les pays, selon les résistances communistes. La direction du PCF, après le 1,9% de la candidate de la gauche populaire et antilibérale en 2007, a tenté le modèle allemand « Linke » de création d’un autre parti, dont le partenaire socio-démocrate à la Oskar Lafontaine aurait été Mélenchon. Les communistes français, animés notamment par notre appel « Pas d’avenir sans PCF » (lancé alors par la fédération de la Haute-Saône et la section de Paris 15ème) ont mis en échec ce projet. Depuis, toujours avec Mélenchon, la direction du PCF s’est rabattue plutôt vers le « modèle » espagnol, plus ancien, Izquierda Unida, « gauche unie », le Front de gauche, avec la constitution d’une organisation chapeau qui supplante le Parti à tous les niveaux, positionnements, élections et structuration tout en le laissant exister sur un mode mineur. Dans les pays où les directions des partis communistes sont restées fidèles à leur raison d’être, comme le Portugal ou la Grèce, le PGE soutient et subventionne des organisations de « gauche » anti-communistes.

Cette dimension internationale aide à comprendre les enjeux profonds de notre congrès et du combat des communistes français pour défendre et faire vivre leur Parti. La question de la rupture avec le PGE est notamment une des propositions du texte alternatif.

Jean Baus, responsable de la section du PCF de Jarny en Meurthe-et-Moselle, ancien responsable syndical et communiste dans la sidérurgie a donné un autre éclairage sur notre démarche. Les derniers hauts-fourneaux de Lorraine, à Florange, sont menacés de fermeture. Devant cette situation présente, Jean est revenu sur l’histoire des luttes depuis 35 ans pour défendre la métallurgie lorraine, sur le rôle de l’organisation communiste au cœur de l’entreprise, sur la victoire concrète qu’a représentée la nationalisation, durement gagnée en 1981, aussi sur la suite de la lutte, après la nationalisation, contre les choix gouvernementaux en faveur du capital, notamment ceux des socialistes.

Au Conseil national du PCF du 13 septembre, le rapporteur, Patrice Bessac, justifiant les « transformations » du Parti voulues par l’équipe dirigeante, a affirmé que les militants communistes avaient été des « moutons », que les adhérents étaient aujourd’hui des « chats » qu’il fallait réunir « en troupeau » (nous citons !). La question n’est pas que de réparer l’insulte faite à des générations de camarades, mais de montrer, ainsi que le fait Jean Baus, comment l’organisation (vraiment) communiste permet au militant de porter une perspective révolutionnaire, de grandes luttes nationales, dont il a participé à la définition collective, jusqu’au cœur de l’atelier, du quartier. A propos des « transformations du PCF », notre texte alternatif comporte une partie proposant la reconstitution du parti de classe et de masse, en fait du Parti communiste.

Jean Baus a enfin proposé que notre texte porte une initiative de campagne nationale d’action immédiate : une pétition pour un programme de nationalisations démocratiques :

Nationalisation des secteurs clefs de la production industrielle, à partir de l’exemple d’actualité emblématique de l’automobile

Conquête et reconquête des grands services publics nationaux par la renationalisation intégrale (le cas échéant municipalisation dans un cadre de coopération nationale), le rétablissement des statuts et des principes du service public, avec le refus de l’application des directives européennes

Nationalisation du secteur financier.

Cette proposition a été jugée extrêmement opportune par la salle et enrichie par plusieurs interventions. Il a été décidé de compléter le texte alternatif dans ce sens.

Les camarades de l’Allier ont notamment lu un message de Jean-Pierre Fournier, communiste et dirigeant syndical agricole, soulignant l’importance de demander la nationalisation de la grande distribution et d’intégrer, dans le rejet de l’UE et de l’OMC, les préoccupations des paysans.

Emmanuel Dang Tran a rappelé l’esprit de notre démarche. Depuis le 32ème congrès, il s’agit d’utiliser la contradiction de la mutation-liquidation organisée par la direction. Il s’agit d’utiliser les « textes alternatifs » pour faire entendre et développer le rejet de ce processus.

Mais cela rentre dans la démarche plus globale qui la nôtre, celle de militants dans les entreprises et les quartiers, de responsables de cellule, de section, de fédération: continuer à développer les repères politiques qui permettent de défendre, faire vivre, renforcer le point de vue et les organisations communistes dans la lutte des classes, malgré la ligne nationale d’effacement. Parce ce que c’est une nécessité.

Notre texte pour le 36ème congrès se situe dans la continuité de ceux du 33ème, « Remettons le PCF sur les rails de la lutte des classes », du 34ème, « Faire vivre et renforcer le PCF », du 35ème, « Plus que jamais, face au capital, notre peuple a besoin du PCF ». Il prolonge également l’appel « Pas d’avenir sans PCF » . En 2011, notre proposition de candidature a obligé la direction à maintenir la fiction de candidature Chassaigne comme faire-valoir de Mélenchon et du Front de gauche.

Continuer à rassembler des communistes, à revitaliser des cellules et des sections, à donner une réponse communistes aux attentes de jeunes et de salariés, de syndicalistes, plus nombreux à rechercher les positions et l’organisation communistes. Voilà plus que jamais notre objectif avant un nouveau congrès « coup de force » de la direction liquidatrice.

En réponse à plusieurs questions, Emmanuel a expliqué que, cette année contrairement au 34ème congrès de 2008, la fédération du Pas-de-Calais ne pourrait pas être partie prenante du texte alternatif. Sa direction n’est pas demandeuse. Elle a opéré un revirement sérieux par rapport aux positions historiques des militants du département en s’alignant, dans le Front de gauche, avec Pierre Laurent, derrière Mélenchon. Dans sa réponse, Corinne Bécourt a invité à rejeter sans ambages les calculs des groupes et personnalités qui essaient de tenir pour ce congrès une posture « identitaire » pour mieux faire le jeu du Front de gauche et de leurs intérêts : les trotskystes de Mr Oxley passés de l’entrisme au PS à l’entrisme au PCF, les amateurs de la navigation à voile et à vapeur, soutiens un jour de Bové (Barabazange), de Braouézec (Karman), tous du Front de gauche… le plus souvent élus sur des bases opportunistes… Ne laissons pas d’espace à la diversion !

Notre texte porte une analyse claire du Front de gauche que plusieurs intervenants ont explicitée à partir de leurs expériences locales. Il ne s’agit évidemment pas de nier l’engouement, même très relatif et éphémère, correspondant à une vraie attente, que le FdG a pu rencontrer par défaut, notamment parmi certaines catégories.

Le FdG n’est pas une simple alliance électorale, qui serait d’ailleurs sans intérêt vu la qualité des « partenaires », mais une tentative de recomposition politique, de composition d’une social-démocratie de secours, effaçant le PCF et ses positions. C’est le nouveau moyen trouvé, après les collectifs anti-libéraux, par la direction du Parti pour parfaire son travail de reniement. Le résultat est déjà la dépendance vis-à-vis d’une personnalité maastrichienne, mitterrandienne : Mélenchon. Même sur le plan électoral, le bilan pour le PCF est très négatif avec la perte de la moitié des élus communistes, conseillers régionaux et députés.  Une organisation parallèle supplante le PCF. Obligée de maintenir le nom PCF, la direction essaie de la contrôler comme des garde-chiourmes un troupeau.

Pour nous, il est hors de question de rentrer dans ce jeu, de jouer les « identitaires communistes », les alibis, dans le Front de gauche qui est destiné à nous tuer. Le bilan du Front de gauche, parallèle à celui des reniements sur le fond de la direction du Parti, c’est d’avoir privé les luttes, le mouvement syndical des perspectives de rupture que le PCF aurait dû fournir, d’avoir rabattu sur une perspective électoraliste, renvoyant tout sur 2012 (Poste, retraites…) et des positions d’accompagnement.

Il faut dire stop !

Le Front de gauche alterne ou cumule les vociférations gauchistes et les positions de fond réformistes : ces deux postures opportunistes à « gauche » sont précisément celles que combat depuis sa naissance le PCF.

Là-dessus, notre texte de congrès sera le seul à être clair !

Avant ce débat, Dominique Negri, avait présenté le texte suivant l’ordre de ses parties.

Notamment, elle a présenté notre analyse de la nouvelle manifestation de la crise globale du capitalisme, qui ne peut être regardée comme une « crise financière », une crise des « excès financiers du capitalisme ». Elle a insisté sur les nouvelles menaces impérialistes.

En France, le retour de la gauche au pouvoir ne modifie pas les choses sur le fond, avec des cadeaux d’un montant inédit annoncé au profit du capital, depuis 1999 et les « 35 heures ». Mais la pédagogie de la résignation à « gauche » marche à plein. Le Front de gauche en porte une grosse part de responsabilité.

Dans le débat, de nombreux points ont été mis en avant. Entre autres, les camarades cheminots ont mis en garde devant les différents scénarios de privatisation et de démantèlement du service public, avec ou sans réunion de RFF et de la SNCF. Des camarades ont attiré l’attention sur la crise de la démocratie bourgeoise, de plus en plus discréditée, recourant de plus en plus à l’extrême –droite. L’absence des positions communistes de lutte pèse gravement. Le schéma ultra-présidentialiste derrière l’icône Mélenchon a été très négatif.

Il a été aussi question d’écologie. Les dégâts et les menaces que le capitalisme porte sur les conditions de vie sur la planète sont instrumentalisés par lui-même pour développer de nouveaux marchés, pour entretenir un catastrophisme fédérateur derrière ses intérêts. Le Front de gauche rentre pieds joints dans cet aspect de l’idéologie dominante.

Les intervenants, à plusieurs reprises, ont insisté sur la nécessité pour les communistes, pour le PCF, de porter une perspective de rupture, de retrouver la nôtre, celle du socialisme au 20ème siècle. Il a été décidé de rappeler et remettre en discussion dans le texte ce que le mouvement communiste a défini ainsi et dont il doit toujours être l’héritier.

L’assemblée s’est séparée autour d’un pot fraternel, dans l’atmosphère de camaraderie qui résulte de la force de notre parti. Bon courage a été souhaité à l’équipe qui finalise d’ici le 17 novembre notre texte alternatif, un texte qui doit nous être utile pour longtemps !

 

36ème congrès du PCF – Contribution d’un militant syndicaliste agricole

Assemblée du 11 novembre 2012

Message de Jean-Pierre Fournier, fédération de l’Allier

Bonjour à tous,

Il me serait très agréable de venir débattre avec vous. Cependant des semaines bien chargées par notre travail à la ferme, ainsi que des réunions syndicales afin de préparer les élections à la Chambre d’agriculture ne me permettent pas de me libérer aussi facilement que je le voudrais.

Cependant, c’est avec plaisir que je vous prépare ce petit texte que je confie aux bons soins d’Antoine.

Longtemps, l’’agriculture a résisté aux ravages du capitalisme, même si, depuis toujours, une forte majorité de paysans est très ancrée à droite (idolâtrant Chirac, Sarkozy voire Le Pen…). Le système d’agriculture familiale avait préservé un tant soit peu notre secteur d’activité des griffes impérialo-capitalistes.

Puis l’Europe est née. Ah, vraiment, vive l’Europe! Cette « Europe » s’est d’abord investie surtout dans la gestion des productions agricoles, en fait dans le seul but de mieux les contrôler.

Si autrefois les agriculteurs étaient libres de leurs productions, cette liberté leur a échappé avec la mise en place des « aides » à l’agriculture plus communément appelées primes.

Les technocrates de Bruxelles ont bien réussi leur coup.

D’environ 3 millions d’agriculteurs dans les années 60, nous sommes passés aujourd’hui à 450.000, avec encore une perte de 25 pour cent en dix ans. Quel gâchis pour les espaces ruraux mais aussi pour tout le contexte sociétal de notre pays !

Ils ont fait de nos produits non seulement une matière à spéculer comme jamais, cotée en bourse, mais aussi une arme alimentaire. Le blé par exemple peut-être vendu et revendu plus de quarante fois à la bourse du blé de Chicago, ou sur les autres places spéculatives des denrées alimentaires dans le monde.

Face à cette montée en puissance de l’argent avec l’Europe, le PCF n’a pas su garder sa fermeté sur les idées qui faisaient que nous étions un parti de luttes, revendicatif et utile au peuple sur le terrain. Nous devons nous reprendre en main.

Déjà pour ce qui concerne l’agriculture, le Parti communiste doit demander la sortie de l’OMC. Nous ne devons pas hésiter à demander la nationalisation des grandes surfaces pour que les produits alimentaires soient à la portée de tous, en prix et en qualité.

Le Parti doit aussi être ferme sur la demande du plafonnement des aides selon un nombre donné d’hectares et suivant un montant par unité de travail, afin de décourager la création d’empires agricoles qui empêchent notamment l’installation de jeunes.

Bien d’autres choses pourraient être abordées  mais je tenais  à vous faire part de ces quelques idées qui sont fondamentales pour la réussite de nos exploitations familiales. Je souhaite que l’agriculture ne soit pas oubliée dans les débat de ce congrès.

Le capitalisme, avec son arme destructrice qu’est le fric, cause d’innombrables dégâts. Nous devons tout faire pour le combattre, le freiner, le stopper, le détruire. Pour cela, nous ne devons pas être des accompagnateurs du système en nous engouffrant en permanence dans des reniements socio-démocrates. Mais nous devons bien lutter avec nos théories MARXISTES et LENINISTES.

PAYSANS, OUVRIERS  même combat !

Amitiés,

Jean-Pierre FOURNIER

36ème congrès du PCF – Contribution des communistes du Collectif PCF RATP Bus

La proposition de base « commune » de la direction est un texte à la fois inepte et inapte à remettre l’analyse communiste au cœur de l’entreprise. Communistes de la RATP (bus et MRB), nous soutenons le texte alternatif « Ni abandon, ni effacement, un parti résolument communiste dans l’affrontement de classe ».

Nous n’irons pas par quatre chemins. Pour nous, le texte qui nous est présenté comme « base commune » de discussion du PCF n’est absolument pas à la hauteur des enjeux politiques, de l’offensive renouvelée du capital contre les salariés, le pays en général, contre le service public des transports et notre entreprise, la RATP, en particulier.

Sur la forme, nous nous étonnons de la niaiserie du ton choisi, si éloignée de la violence de l’exploitation que subit le salariat aujourd’hui.

Sur le fond, le texte “ Il est grand temps de rallumer les étoiles…” confirme le refus de porter une analyse de classe sur la situation politique, comme nous le dénonçons depuis des années. Remplacer les travailleurs, les salariés, les employés, les ouvriers par le terme générique d’ “Humain”, c’est nier la place centrale des rapports de production, au profit d’un ‘humanisme” qui se veut progressiste mais qui est inopérant dans le combat de classe.

Non, le capitalisme n’est pas un complot, dans lequel d’ innombrables lobbies” auraient accaparé le pouvoir par “une série de coups d’Etat déguisés”, guidés par des “pulsions de domination et de haine”.  C’est un mode de production historique, cohérent, basé sur la domination économique et politique du capital. Mode de production que le marxisme et le léninisme nous ont permis historiquement d’analyser et de combattre avec les expériences et les résultats conséquents que l’on sait. Et qu’en tant que communistes, notre but est de le détruire pour jeter les bases d’une autre société : le socialisme, étape indispensable à l’avènement de la société sans classe.

Plus largement, le texte de la direction s’inscrit dans la lignée de toute une série de positions et de pratiques qui tournent le dos à la raison d’être du PCF, depuis la Mutation initiée par Robert Hue (et aggravée jusqu’à aujourd’hui). Il faut rompre avec cette stratégie qui a déjà fait tant de mal au PCF en général, a son action à l’entreprise en particulier. Le sabotage des cellules et sections d’entreprise, de l’organisation qui a permis à tant de salariés de devenir des militants communistes conséquents, a ouvert grand la voie au réformisme sur le lieu principal de l’exploitation, dans l’organisation syndicale, dans les luttes.

A l’entreprise, encore moins qu’ailleurs, le PCF ne peut pas être un parti d’élus avec écharpe, pratiquant et prônant la cogestion.

La participation des élus PCF, même – rarement – critiques, à l’exécutif du Conseil régional d’Ile-de-France depuis 1998, à celui du STIF depuis 2006, sous la présidence du social-libéral Huchon, apôtre de la libéralisation des transports, nous discréditent. Avec les collègues, nous nous battons pour défendre ce qui reste du statut RATP, notamment pour les jeunes agents, pour le rétablissement de la prise en compte de la pénibilité que les lois de 2007 leur ont enlevée. Comment pouvons-nous le faire efficacement quand  les députés du « front de gauche » votent en faveur des très précaires “emplois d’avenir” ?

Nous sommes communistes. Notre préoccupation ne peut pas être de tenir une posture « radicale » avant telle ou telle élection, dans les institutions, encore moins au sein de l’entreprise. Dans les faits, cette pratique n’est autre que de l’accompagnement du système. Au contraire, nous sommes là pour appuyer sur ses contradictions, là où cela fait mal, pour faire grandir des positions de résistance et de rupture.

Dans une entreprise comme la RATP, le PCF ne peut pas se borner à être une courroie de transmission de la CGT, en l’occurrence de sa frange la plus réformiste.

De soi-disant « revendications » telles que “Sortir les clauses sociales des coûts lors des passations de marché et appel d’offres” (sic !) reviennent à accepter, comme préalable, le principe de mise en concurrence, alors que les conditions d’un large rapport de force (salariés, usagers, contribuables…) existent pour le mettre en échec.

Il en va de même avec la perspective floue, sans cesse avancée par la direction du Front de gauche, de création d’un “pôle public des transports”. Elle ne trouve aucun écho dans la réalité des luttes à l’entreprise mais elle nourrit dangereusement la confusion. Elle légitime le modèle « libéral » où l’intervention « publique » se limite à un vague contrôle d’une « autorité publique » placée sous la prédominance des intérêts privés. Elle détourne des batailles immédiates et déterminantes, par exemple nous concernant : la défense du monopole public RATP/SNCF sur leurs réseaux historiques et son extension à l’ensemble de la région, à commencer par l’intégration des filiales de droits privé, la défense de ce qui reste de nos statuts.

Idem encore sur la question des retraites. En 2007 (lutte contre la casse des « régimes spéciaux »), l’Humanité choisit de vanter l’ouverture des “négociations tripartites” entre gouvernement, directions des entreprises publiques et syndicats, dont la CGT. Partant de l’abandon de toutes nos références essentielles (annuités, décote, indexation…), ces négociations ont coupé court à une lutte qui était pourtant en pleine montée en puissance.

Les conséquences ont été très lourdes sur nos statuts d’une part, sur la bataille général pour les retraites d’autre part. On l’a vu en 2010.

La ligne d’abandon de la direction du Parti, du Front de gauche, sans parler de Mélenchon, a continué, parallèlement aux positions du syndicat. Le refus de mettre en avant le retour aux 37,5 ans de cotisation, même l’abandon de toute référence à un nombre d’annuités a largement vidé de son sens la revendication de la retraite à 60 ans et sapé les capacités de rassemblement sur cette référence primordiale.

Idem aussi sur la question de l’Europe. L’obsession de la direction du Parti, avec le Front de gauche et le Parti de la gauche européenne, à légitimer l’Union européenne du capital fait écho aux positions de la Confédération européenne des syndicats qui suit maintenant la CGT. La CES est historiquement une organisation réformiste, anticommuniste, dévouée à l’intérêt de l’UE du capital. Au moment où le discrédit de l’UE est au plus haut, au moment où les positions que notre Parti a défendues jusqu’aux années 90 sont le plus largement partagées, c’est un contresens complet de défendre la légitimité de l’UE, au nom de l’illusoire Europe sociale, ou d’un « modèle social européen » qui n’a jamais existé tout au contraire.

L’UE, ses traités et directives, l’euro sont les prétextes et instruments de la casse de nos acquis sociaux et démocratiques, notamment des politiques de mise en concurrence et de privatisation. Nous n’avons cessé le dénoncer et de les combattre pour défendre le service public. Il est inconcevable que la direction de notre Parti nous prenne à contrepied.

En 2007 dans les transports, en 2009 à la Poste, la direction du PCF a été incapable de donner la perspective politique à même de mettre en échec le processus de privatisation. Elle a éludé la question européenne, renvoyé (comme en 2010) à une seule perspective : les élections de 2012 et la victoire de la « gauche » alignée sur le PS. Hollande est élu, on voit les résultats… Pour notre part, nous ne sommes pas surpris.

En conclusion, ce dont les agents RATP, la classe ouvrière en général, ont besoin, ce n’est pas d’un Front de Gauche électoraliste, reportant le changement d’élection en élection, prétendant peser sur le PS dans les institutions, ou faisant de l’agitation gauchiste, c’est d’un Parti communiste fort, organisé au plus près des travailleurs, pour s’armer idéologiquement et organiser dès maintenant la contre-offensive.

La proposition de « base commune » de la direction tourne le dos à cet objectif, fuit les questions essentielles, le bilan de ses choix depuis 2007.

Pour toutes ces raisons, nous appellerons les communistes à voter pour le texte  « Ni abandon, ni effacement, un parti résolument communiste dans l’affrontement de classe ! » dont nous sommes partie prenante.

Cela va en cohérence avec notre expression dans l’entreprise contre le processus de marchandisation et de privatisation mais aussi pour une autre société, le socialisme.

Pantin, le 26 octobre 2012

CN du PCF, 13 et 14 octobre 2012 – Intervention de Corinne Bécourt (02)

Discussion sur la « base commune » de congrès, Corinne BECOURT, fédération de l’Aisne

Désolée, un texte de congrès du Parti communiste peut difficilement être un poème ! « Il est grand temps de rallumer les étoiles », comme titre de texte de congrès, c’est vraiment n’importe quoi.

Et effectivement, ce texte n’a rien à voir avec un texte de congrès du PCF. Il évacue les préoccupations principales qui sont celles des communistes mais aussi des salariés en lutte et de beaucoup d’autres. (Lire la suite…)