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Pourquoi la Turquie a-t-elle abattu l’avion russe ?

Article du journaliste progressiste américain Conn Hallinan, repris du site « International Policy Digest », 11 décembre 2015, traduit par MlN pour Solidarité internationale PCF.

Conn Hallinan tente de démêler l’imbroglio des confrontations impérialistes telles qu’elles se manifestent dramatiquement en Syrie, sur le sol et dans les airs. Les bombardements français, intensifiés à des fins idéologiques en France après les attentats, en font partie, loin de toute solution de paix dans le pays.

 

Pourquoi la Turquie a-t-elle abattu l’avion russe ?

Ce n’est certainement pas parce que le Sukhoï 24 présentait une quelconque menace. L’avion est vieux et lent et les Russes avaient pris la précaution de ne pas l’armer de missiles de chasse aérienne. Ce n’est pas non plus parce que les Turcs ont la gâchette facile. Il y a trois ans, le président turc Recep Tayyip Erdogan déclarait avec emphase qu’une « violation momentanée de son espace aérien ne pourrait jamais être un prétexte à une attaque ». Il y a des doutes que l’avion russe soit même réellement rentré dans l’espace aérien de la Turquie.

De fait, tout l’incident du 24 novembre paraît de plus en plus douteux et on n’a pas besoin d’être un paranoïaque russe pour penser qu’il pourrait s’agir d’un piège tendu. Comme le lieutenant général à la retraite, Tom Mac Inerney, ancien chef d’état major de l’US Air Force, l’a dit à Fox News : « Cet avion n’opérait aucune manœuvre en vue d’attaquer le territoire [turc] ». Il a qualifié l’action turque « d’exagérément agressive » et a conclu que l’incident « devait avoir été prémédité ».

Tout cela a certainement dû perturber les militaires israéliens pourtant pas vraiment connus pour avoir une approche désinvolte des intrusions militaires. Le ministre de la défense israélien, Moshe Yaalon, a indiqué à la presse le 29 novembre qu’un avion russe avait violé la frontière israélienne sur les hauteurs du Golan. « Les avions russes n’avaient pas d’intention de nous attaquer, c’est pourquoi nous devons pas automatiquement réagir et les abattre quand il se produit une erreur ».

Alors pourquoi l’avion a-t-il été descendu ?

Peut-être parce que, pour la première fois en quatre ans, des acteurs majeurs avancent timidement vers un règlement de la catastrophique guerre civile en Syrie et que des forces conséquentes manœuvrent pour torpiller ce processus. Si les Russes n’avaient pas gardé leur calme, plusieurs puissances nucléaires auraient pu se trouver dans une situation inquiétante de confrontation et toute idée de fin de guerre en Syrie se serait évanouie.

Il y a de multiples acteurs sur la scène syrienne, et un nombre déconcertant d’intérêts s’entrecroisent et d’objectifs se concurrencent, ce qui, paradoxalement, rend à la fois plus facile et plus difficile de trouver un terrain d’entente. Plus facile parce qu’il n’existe pas de position unifiée parmi les protagonistes ; plus difficile parce qu’essayer de garder un troupeau de chats lourdement armés est une affaire délicate.

Le maigre résultat des joueurs en présence :

Les Russes et les Iraniens soutiennent le président syrien Bachar El-Assad et combattent une série d’organisations extrémistes allant d’Al-Qaïda à l’Etat Islamique (ISIS/DAECH). Mais chaque pays ne voit pas de la même façon à quoi pourrait ressembler la Syrie après la guerre civile. Les Russes veulent un Etat centralisé et laïque doté d’une grande armée. Les Iraniens ne se préoccupent guère de « laïcité » et privilégient des milices plutôt que des armées.

La Turquie, l’Arabie Saoudite, le Qatar et la plupart des autres monarchies du Golfe essayent de renverser le régime d’Assad et sont les premiers soutiens des groupes que la Russie, l’Iran et le Hezbollah libanais combattent. Mais, alors que la Turquie et le Qatar veulent remplacer Assad par les Frères musulmans syriens, l’Arabie Saoudite déteste ces derniers peut-être encore davantage qu’elle ne déteste Assad. Et tandis que les monarchies du Golfe ne se préoccupent pas plus que cela des Kurdes, la Turquie les bombarde et ils sont même l’un des motifs principaux pour lequel Ankara s’implique autant en Syrie.

Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni essayent également de renverser Assad, mais sont actuellement rivés sur la bataille contre Daech, utilisant les Kurdes comme allié principal – en particulier les Parti démocratique kurde syrien, une ramification du Parti des travailleurs kurdes de Turquie (le PKK) que les Etats-Unis ont officiellement désigné comme « terroriste ». Il s’agit des mêmes Kurdes que ceux que bombarde la Turquie et qui entretiennent une alliance cordiale avec les Russes.

En fait, la Turquie va peut-être découvrir, comme prix à payer pour avoir abattu le Sukhoï-24, l’apparition soudaine de nouvelles armes russes dans les mains des Kurdes, dont certaines dirigées contre les Turcs.

La guerre en Syrie demande de suspendre sa pensée rationnelle.

Les Américains ne sont pas contents que les Russes bombardent les anti-Assad de « l’Armée de la conquête », une alliance de rebelles dominée par le Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda. C’est cette même Al-Qaïda qui est censée avoir détruit les tours du World Trade Center et que les Etats-Unis sont actuellement en train de bombarder au Yémen, en Somalie et en Afghanistan.

La nécessité de suspendre sa pensée rationnelle ne vaut pas que pour la Syrie.

Un certain nombre de pays arabes ont rejoint initialement la guerre aérienne des Etats-Unis contre l’Etat islamique et Al Qaïda parce que ces deux organisations se sont promis de renverser les monarchies du Golfe. Mais l’Arabie Saoudite, la Jordanie, les Emirats-Arabes-Unis et le Qatar ont maintenant abandonné cette voie pour concentrer leur force aérienne sur le bombardement des Houthis au Yémen.

Les Houthis, pourtant, sont de loin la force la plus efficace combattant Daech et AL-Qaïda au Yemen. Ces deux organisations extrémistes ont enregistré des gains majeurs ces dernières semaines parce que les Houthis sont trop occupés à se défendre par ailleurs pour les contrer.

En dépit de tous ces troubles politiques, plusieurs évolutions amènent pourtant les différentes parties vers une forme de règlement pacifique n’impliquant pas de changement de régime en Syrie. C’est précisément ce qui inquiète les Turcs et les monarques du Golfe et c’est la raison principale pour laquelle Ankara a abattu l’avion russe.

La première de ces évolutions s’est imposée au long de l’été : le flux croissant de Syriens fuyant la guerre. Ils sont déjà près de 2 millions en Turquie, plus d’un million en Jordanie et au Liban et 900.000 en Europe. Sur les 23 millions de Syriens, quelque 11 millions ont été déplacés à cause de la guerre et les Européens s’inquiètent de voir nombre de ces 11 millions finir dans des campements sur les rives de la Seine ou de la Ruhr. Si la guerre se poursuit l’année prochaine, c’est une perspective tout à fait plausible.

En conséquence, les Européens ont mis en sourdine leur exigence du départ d’Assad comme préalable à un cessez-le-feu et comptent sur les Américains pour en faire autant. La question est loin d’être réglée mais un accord général semble se dessiner suivant lequel Assad sera au moins une partie de la solution vers un gouvernement de transition. A ce stade, les Russes et les Iraniens insistent sur la tenue d’une élection à laquelle Assad serait candidat parce que ces deux puissances redoutent tout ce qui pourrait ressembler à un « changement de régime ». Le rôle qu’Assad pourrait jouer sera un point d’accrochage mais probablement pas insurmontable.

La Turquie et l’Arabie Saoudite sont intransigeantes sur le départ d’Assad mais aucun des deux pays ne tient la barre en ce moment. Si l’OTAN a soutenu la Turquie dans l’affaire de l’avion russe, suivant une certaine presse turque, beaucoup de ses dirigeants considèrent Erdogan comme un élément incontrôlable. Et l’Arabie Saoudite – dont l’économie a été atteinte durement par la baisse mondiale des cours du pétrole – est préoccupée par sa guerre au Yémen qui est en passe de devenir un coûteux bourbier.

Le rôle de la Russie.

La deuxième évolution résulte de l’intervention russe, qui semble avoir changé la donne sur le terrain, au moins au nord, où les forces d’Assad subissent durement la pression de « l’Armée de la Conquête ». Les nouvelles armes en présence et la force aérienne ont contenu une offensive des rebelles et ont permis quelques avancées des forces gouvernementales dans la bataille pour la plus grande ville de Syrie, Alep.

Les bombardements russes ont aussi lourdement affecté les insurgés turkmènes dans la région de Bayir-Bucak, zone frontalière que la Turquie a utilisée pour faire passer des armes, du ravitaillement et des combattants en Syrie.

L’apparition des Russes à annihilé les efforts de la Turquie pour établir une « zone d’exclusion aérienne » à sa frontière avec la Syrie, une proposition qui n’a jamais soulevé l’enthousiasme des Etats-Unis. Les principaux alliés de Washington, les Kurdes, sont fortement opposés à une telle zone d’exclusion aérienne parce qu’ils y voient un élément des efforts d’Ankara pour éloigner la formation d’une région autonome kurde en Syrie.

La zone de Bayir-Bucak et la ville de Jerablus constituent aussi le point de transit pour les lucratives opérations de contrebande de pétrole, apparemment supervisées par l’un des fils d’Erdogan, Bilal. Les Russes ont embarrassé les Turcs en publiant des photos satellites montrant des kilomètres de camions citernes chargeant du pétrole depuis les puits contrôlés par Daech et l’acheminant à travers la frontière sud de la Turquie.

Le président russe Valdimir Poutine l’a dit le 30 novembre : « Le pétrole des militants de l’Etat islamique pénètre en Turquie à une échelle industrielle. Nous avons toutes les raisons de penser que la décision d’abattre notre avion était guidée par le désir d’assurer la sécurité des voies de livraison de ce pétrole vers les ports ».

Erdogan et l’OTAN.

Erdogan n’a pas obtenu toute la réponse qu’il voulait de l’OTAN après que le Sukhoï-24 a été abattu. Si l’alliance militaire a soutenu la défense de sa « souveraineté » par la Turquie, l’OTAN a ensuite appelé à une résolution pacifique de toute l’affaire et à une désescalade.

Au moment où l’Europe a besoin d’une solution à la crise des réfugiés – et veut concentrer sa force de frappe sur l’organisation qui a tué 130 personnes à Paris – l’OTAN ne peut pas approuver que la Turquie l’entraîne vers une confrontation avec les Russes, rendant toute la situation encore beaucoup plus dangereuse qu’avant l’incident du 24 novembre.

Les Russes ont déployé maintenant leurs bombardiers plus modernes, de type SukhoÏ-34, et les ont équipés de missiles air-air. Les bombardiers seront maintenant escortés par des chasseurs de type Sukhoï-35. Les Russes ont aussi déployé des systèmes anti-aériens S-300 et S-400, ces derniers dotés d’un rayon d’action de 400 kilomètres. Les Russes disent ne pas rechercher de problèmes mais ils renforcent leurs armes pour prévenir qu’il s’en produise.

Est-ce qu’un accrochage entre les Turcs et les Russes pourrait conduire l’OTAN – et quatre puissances nucléaires – à entrer en confrontation ? Cette éventualité a de quoi faire réfléchir.

Vers la table des négociations

Autour du Nouvel An, les pays impliqués dans la guerre civile syrienne vont se rencontrer à Genève. Un certain nombre feront tout leur possible pour faire dérailler les négociations mais l’on peut espérer qu’il y aura suffisamment d’interlocuteurs censés – ou désespérés – pour dessiner les contours d’une solution politique.

Ce ne sera pas facile et il faut déjà décider qui s’assoira autour de la table. Les Turcs ne voudront pas des Kurdes ; les Russes, les Iraniens et les Kurdes ne voudront pas de l’Armée de la Conquête ; les Saoudiens ne voudront pas d’Assad. A la fin tout pourrait bien s’écrouler. Il n’est pas difficile de torpiller un plan de paix au Moyen-Orient.

Mais si les problèmes sont grands, un échec serait catastrophique. C’est ce qui pourrait être le ciment qui retiendra ensemble toutes les parties le temps qu’il faudra pour arracher un cessez-le-feu, un embargo sur les armes, une nouvelle constitution et des élections sous surveillance internationale.

Les habitants de Hambourg votent majoritairement NON à la candidature aux JO 2024 : Un exemple de démocratie participative à reprendre à Paris et en Ile-de-France !

PCF Paris 15, 30 novembre 2015

Ce dimanche 29 novembre 2015 se tenait à Hambourg et dans la région voisine du Schleswig-Holstein un référendum pour ou contre la candidature aux JO de 2024. A la surprise générale – les sondages indiquaient une approbation de 56 à 64% -, le NON l’a emporté avec 51,6% des suffrages exprimés. La participation a dépassé les 50%.

Les dirigeants allemands, en premier lieu, le maire de Hambourg Olav Scholz (social-démocrate allié aux Verts) sont définitivement défaits sur ce projet qu’il avait érigé en phare de son mandat. Privé de légitimité populaire, il sera obligé de retirer la candidature de Hambourg au Comité international olympique.

De leur côté, les animateurs de la coordination « Nolympia » célèbrent le fruit de leurs durs efforts contre l’idéologie dominante et les puissances d’argent. Leur porte-parole, Florian Kasiske, a notamment déclaré en conférence de presse : « Les gens ont vu qu’il y avait des choses pour lesquelles l’argent serait mieux dépensé ». Le coût prévisionnel des jeux de Hambourg était estimé à 11,2 milliards d’euros par les autorités.

Nos camarades du Parti communiste allemand (DKP) se sont investis dans la campagne du NON. Eux aussi se félicitent du résultat : « Le rêve olympique de Scholz a explosé en vol » se réjouit leur site internet.

En 2013, le projet des jeux olympiques d’hiver à Munich et en Bavière avait également été repoussé par la population.

Pour les jeux d’été de 2024 restent en lices Budapest, Los Angeles, Rome et Paris.

A Paris et en Ile-de-France – parmi les têtes de liste aux régionales par exemple – un très large consensus existe (n’englobant pas tout le PG et tout EELV) pour, d’une part, défendre le projet porté par Anne Hidalgo, d’autre part, exclure la tenue d’un référendum. Les élus du PCF notamment se sont alignés sur Hidalgo sans consultation des communistes. Pour une fois, pourtant, la formule – qui relève en général du marketing politique – de la « démocratie participative » pourrait avoir un sens !

La tenue d’un référendum pourrait permettre au grand nombre de juger des éléments assénés par les promoteurs du projet. Les investissements, évalués officiellement à 6,2 milliards d’euros, risquent-ils de tripler comme à Londres 2012 ? Des retombées bénéfiques « sociales » sont-elles vraiment envisageables ? Combien chaque multinationale qui soutient le projet d’Hidalgo va réellement toucher ?

Depuis 30 ans, les JO sont plus la fête de l’argent et du capital que la fête du sport, toujours un temps d’exacerbation du nationalisme et de la concurrence plutôt que de célébration de la fraternité et de l’émulation…

Communistes, nous sommes prêts à participer à toute initiative collective en vue de la tenue d’un référendum, d’ici fin 2016, sur le maintien de la candidature de Paris pour les JO 2024.

Tsipras, en visite en Israël, et Netanyahou se congratulent : les amis de nos ennemis sont nos …

Vivelepcf, 28 novembre 2015 (sources : presse grecque et déclarations officielles)

SUR LA RENCONTRE TSIPRAS/NETANYAHOU ET SA GRAVITE

Le premier ministre grec Alexis Tsipras vient d’effectuer un voyage officiel en Israël au cours duquel il a rencontré le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.

Dans leur communiqué commun du 25 novembre et au cours d’une conférence de presse conjointe, ils se sont félicités du haut niveau de la « coopération stratégique » entre leurs deux Etats. Ils ont exprimé leur préoccupation commune face à la montée du « Jihadisme ».

Ils se sont aussi réjouis des avancées de leur collaboration économique, notamment dans le domaine de l’énergie avec la perspective d’une exploitation commune – aussi avec Chypre – de gisements de gaz. L’augmentation du nombre de touristes israéliens séjournant en Grèce a été saluée.

Dans un hommage appuyé, Netanyahou a loué les réformes économiques difficiles mais courageuses entreprises par Tsipras en Grèce. Il les a comparées aux siennes.

Tsipras s’est défini en « ami », en « partenaire », en « allié » d’Israël. A ce titre, il a « écouté avec intérêt » les positions de son homologue israélien sur la question palestinienne. Tsipras a exprimé son rejet du terrorisme et de la violence, mais aussi de la violence exercée à l’encontre des populations civiles.

Le 26 novembre, Tsipras a rendu visite au Président d’Israël, Reuven Rivlin, pour célébrer les 25 années de relations diplomatiques entre les deux pays. Dans ses déclarations, Tsipras a affirmé notamment que la Grèce était « l’amie d’Israël » et qu’elle était à sa disposition pour « faciliter les négociations » avec les Palestiniens. Il a réaffirmé le besoin d’Israël de protéger ses citoyens et d’assurer sa sécurité. Il a également estimé que « face à la terreur en Europe, ils (avec Rivlin) devaient envoyer un message, d’ici, de Jérusalem, pour affirmer que la coopération peut vaincre l’extrémisme et la haine ».

Tsipras a commis un acte symbolique de grande conséquence en reconnaissant Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël. Il a écrit sur le livre d’or de la Présidence cette phrase en anglais :  » avec l’immense honneur de se trouver dans votre capitale historique et de faire la rencontre de votre Excellence, Alexis Tsipras, 26/11/2015 ».

C’est une question politique très sensible. La plupart des pays ne reconnaissent pas Jérusalem comme capitale d’Israël, n’entérinant pas l’annexion de Jérusalem-Est en 1967. Le ministère français des affaires étrangères indique par exemple sur la page de son site internet présentant Israël: « Capitale : l’Etat d’Israël a fixé sa capitale à Jérusalem en dépit de l’absence d’accord international sur le statut de cette ville ».

Visiblement, Tsipras est prêt à tout pour gagner la sympathie du pouvoir israélien…

CLARIFIER PLUS QUE JAMAIS LES POSITIONS DU PCF SUR SYRIZA ET TSIPRAS

Communistes français (qui tenons ce site), nous condamnons ces graves positions internationales du gouvernement grec SYRIZA-ANEL. Elles ne se sont pas nouvelles. En juillet 2015, il signait un accord de coopération militaire renforcé avec Israël (voir notre article en lien). En avril 2015, il co-organisait des manœuvres militaires aéronavales inédites avec les Etats-Unis et Israël (lien).

Il ne se passe pas une semaine sans que la réalité et la gravité de la politique de Tsipras et SYRIZA ne se confirment. Depuis leur arrivée au pouvoir à Athènes (et même avant), sur la base de faits et d’analyses, notamment de nos camarades du Parti communiste grec KKE, nous mettons en garde contre la duperie de l’opération SYRIZA et ses dangers politiques également dans le mouvement progressistes des autres pays et de France. Illusionnés par les médias, par le discours de certains partis de gauche, par leur volonté de croire, bien des camarades et amis refusaient de nous entendre. Les choses ont changé depuis les reniements les plus évidents et la mise en œuvre par Tsipras du pire plan antisocial qu’ait frappé le peuple grec.

Pourtant, certains dirigeants du Parti de la gauche européenne (PGE) continuent de nier l’évidence. Pierre Laurent, notamment, secrétaire national du PCF a tenu à s’envoler pour Athènes en septembre pour chaudement féliciter Tsipras après sa réélection.

Aujourd’hui, des collaborateurs du PGE ne veulent voir dans la visite de Tsipras en Israël/Palestine que l’entretien rituel et les bobards convenus de la rencontre à Ramallah avec le cacique Mammoud Abbas. Même François Hollande a fait mieux dans cet exercice… Certains vont peut-être nous justifier les flagorneries à l’endroit des dirigeants israéliens en nous expliquant qu’elles relèvent d’un subtil calcul secret de Tsipras pour contrebalancer, grâce à Israël, le poids des pressions de l’UE, la BCE et du FMI… On en a déjà tellement entendu !

Dans ce registre, l’Humanité-dimanche du 19 novembre a osé titrer un article : « Grèce. Alexis Tsipras solide soutien de la grève » avant d’écrire notamment « Près de 15.000 personnes ont défilé à Salonique. La grève, appuyée par le gouvernement, le KKE et Unité populaire a été très suivie ». Quelle honte pour ce qui fut notre journal et qui enfreint maintenant toute déontologie journalistique ! Mettre gouvernement et KKE du même côté de la barricade! Et tordre la réalité la plus manifeste : la grève était précisément dirigée contre la politique de Tsipras et du gouvernement ! Le double-jeu tordu d’une partie de SYRIZA ne peut plus tromper personne.

Pourquoi cette obstination des dirigeants du PCF avec Pierre Laurent et de la rédaction de l’Humanité, alors que même Mélenchon ne suit plus ? Ont-ils peur de se désavouer avant des échéances électorales? Pensent-ils toujours que s’afficher derrière Tsipras leur donne une stature et une crédibilité ? Veulent-ils s’inspirer des roueries politiciennes de Tsipras ? Ou bien sont-ils aussi alignés que lui sur les tenants de l’idéologie dominante de France et d’Europe?

L’alignement de Pierre Laurent et des parlementaires communistes sur l’Union nationale de Hollande et l’état d’urgence après les attentats du 13 novembre fait gravement réfléchir.

Concernant la Palestine, combat constant des communistes, dont la JC a fait la priorité de son action, ne pas désavouer publiquement Tsipras démolirait des années de lutte.  

CAHIERS COMMUNISTES N°10 – SPECIAL GRECE – DISPONIBLE – RAPPEL

Portugal: Un ancien prêtre candidat communiste aux présidentielles

Repris de Solidarité internationale PCF

L’actuel président portugais de droite, Annibal Cavaco Silva, a fini par désigner le socialiste Antonio Costa premier ministre, le 23 novembre 2015. Il se sera efforcé jusqu’au bout de faire obstacle, malgré la Constitution, à la suite des élections législatives du 4 octobre. Costa s’appuie au Parlement sur une majorité de gauche. Les députés de 4 partis, dont le PCP, se sont accordés pour faire tomber le gouvernement de droite minoritaire. Mais il n’y a pas d’accord de gouvernement, de participation du PCP par exemple. Les élections présidentielles du 24 janvier 2016 revêtent une importance politique accrue dans ces circonstances. Il s’agit d’en finir avec le rôle de nuisance exercé par le président actuel. Il s’agit, à gauche, de revoir les rapports de force. Le poids du PCP, relais des luttes les plus conséquentes contre la politique antisociale poursuivie depuis des années, sera déterminant, face à un PS, ultra-réformiste et pro-européen – mais contraint par la situation nationale à se gauchir – à côté d’un « Bloc de gauche » politicien, aux positions changeantes et opportunistes.

Aux présidentielles, le PCP soutient la candidature d’Edgar Silva. Celui-ci vient d’effectuer une tournée en Europe. Il était à Paris le 15 novembre puis à Genève. Le journal progressiste suisse « Gauche Hebdo » a pu l’interviewer. Nous reproduisons l’article de nos amis suisses et les remercions. Solidarité Internationale PCF.

 

 

Un ancien prêtre candidat communiste aux présidentielles

Portugal• Edgar Silva, candidat du Parti communiste portugais aux présidentielles de 2016, était de passage à Genève. Le théologien entend promouvoir les valeurs de liberté et de progrès de la révolution des œillets de 1974. GAUCHE HEBDO, 21 novembre 2015, par Joel Depommier dans la rubrique International

 

Le 10 novembre dernier, la gauche, majoritaire au parlement portugais suite aux élections du 4 octobre, et forte d’un accord entre le Parti socialiste, le Parti communiste portugais (PCP), le parti écologiste et le Bloc de gauche, a fait tomber le gouvernement de droite de Pedro Passos Coelho à travers une motion de censure. Pour l’heure, le président de la république, Anibal Cavaco Silva, opposé à la remise en question de la politique d’austérité de la droite qui sévit depuis 4 ans, continue de faire de la résistance, et l’ancien maire de Lisbonne, le socialiste Antonio Costa, n’a toujours pas été adoubé par l’élu conservateur. Face à ces tergiversations, les élections présidentielles de janvier 2016 prennent donc une importance particulière. Une vingtaine de candidats sont d’ores et déjà en lice. Appuyé par le Parti communiste portugais (PCP), le député de l’assemblée législative de Madère Edgar Silva sera de la partie. Agé de 53 ans, ce licencié en théologie et fondateur du MAC (mouvement d’appui à l’enfance et à une école ouverte) était de passage à Genève pour rencontrer la communauté portugaise, en faisant un petit saut par la rédaction de Gauchebdo. Nous lui avons demandé quelle était aujourd’hui la situation économique du Portugal. «La droite fait beaucoup de propagande, en prétendant que le Portugal est sorti de la crise, en remboursant le prêt de 78 milliards d’euros de la Troïka (UE, FMI, Banque européenne), mais la crise s’est amplifiée. L’endettement s’est accru pour les plus fragiles et les travailleurs ont vu leurs revenus se réduire, alors que les grandes banques et les millionnaires n’ont jamais autant gagné», explique le candidat. «La droite a fermé les services publics, l’école, les tribunaux et attaqué la protection sociale. Le ras-le-bol et le mécontentement des Portugais se sont traduits par une punition pour la droite et l’extrême droite, qui ont perdu 700’000 votes lors des législatives», explique encore cet humaniste, qui fut prêtre pendant quelques années avant de devenir professeur à l’université catholique de Funchal jusqu’en 1992.
«Nous gardons notre droit de critique sur le parti socialiste»
A l’heure actuelle, un gouvernement socialiste est en préparation, sur la base d’un accord entre partis de gauche, qui prévoit la fin du gel des retraites, la fin des coupes dans les salaires des fonctionnaires, des privatisations des transporteurs publics, de la compagnie aérienne TAP et l’augmentation du salaire minimum de 500 à 600 euros. Mais il ne s’agit en aucun cas d’un blanc-seing de la part du PCP aux socialistes.

«La motion de censure contre Pedro Passos Coelho a été le fruit d’un compromis entre quatre partis, mais il ne s’agit pas d’une coalition entre nos forces. Le projet de gouvernement est le fruit d’une initiative des socialistes. Il ne s’agit pas d’un gouvernement patriotique et de gauche comme nous le souhaiterions et nous gardons notre droit de critique. Cependant, pour l’instant nous sommes encore dans l’impasse et Anibal Cavaco Silva doit finalement respecter la constitution et nommer le nouveau gouvernement», précise le membre du PCP. Pour sa campagne, le théologien entend promouvoir les «valeurs d’Avril» de liberté et de progrès social, celles de la révolution des œillets de 1974.

Une campagne avec les salariés et travailleurs
Quid des rapports avec l’UE? «Le PCP défend en priorité l’indépendance du pays et sa souveraineté nationale. Il est aussi primordial de développer une politique de coopération avec les autres peuples aux antipodes de ce qu’est actuellement l’UE», plaide Edgar Silva. Pour l’heure, le marathon électoral d’Edgar Silva, qui estime que «rien n’est décidé pour le scrutin et que c’est le peuple qui fera les élections et non les médias», atteint sa vitesse de croisière.

Depuis le lancement de sa campagne en octobre, le candidat a déjà rencontré des paysans dans les localités de Coimbra et Viseu, présenté les lignes de sa campagne au syndicat de la Confédération générale du travail du Portugal (CGTP-IN), rencontré le corps des pompiers d’Algueirão, la Confédération portugaise des micros, petites et moyennes entreprises (CPMPME) ou le Mouvement démocratique des femmes. On l’a même vu dans le métro de Lisbonne dénoncer les privatisations des transports. Bref, avec le peuple encore et toujours.