Cheminots – SNCF

Contre le démantèlement, la mise en concurrence et la privatisation de la SNCF, après la grande grève de juin, la bataille du rail ne fait que commencer.

TRACT SNCF APRES LA JOURNEE NATIONALE D’ACTION CGT DU 29 JANVIER 2015 (PDF dans la rubrique « tracts »)

La vigueur et la détermination des grévistes en juin contre la « réforme ferroviaire » a changé la donne.

Le gouvernement et la direction de la SNCF avaient compté sur un mouvement social symbolique pour passer en force, et en douce. Derrière quelques concessions de façade au Parlement, ils espéraient masquer la réalité de leur projet.

La grève, au contraire, a mis en évidence la dissolution de la SNCF historique en vue de son éclatement et le lien avec la dégradation des conditions de travail et du service public, y compris avec les dysfonctionnements aberrants comme les rames de TER trop larges et même indirectement avec les dramatiques accidents récents. Dans le monde du travail, dans les autres services publics, les cheminots sont apparus à nouveau comme un point d’appui pour la lutte.

Aujourd’hui, la direction et le gouvernement poursuivent leur stratégie de passage en force, en s’appuyant sur la levée des entraves juridiques à leur politique de privatisation avec la « réforme ». Mais il n’est pas si facile d’exploser une entreprise intégrée, aux activités imbriquées depuis 77 ans.

Les nouvelles annonces de suppressions d’emploi – 2000 pour 2015 -, la hausse brutale de 2,8% des tarifs passent très mal dans l’opinion, alors que des lignes, des gares, des guichets ferment. Au point que la ministre Ségolène Royal s’est émue à la télévision de la décision que son propre ministère a validée !

Dans la suite de la grève, les cheminots, avec leurs syndicats de lutte, s’opposent pied à pied aux dispositions précises d’éclatement de la SNCF. S’appuyant sur les contradictions entre les proclamations hypocrites de la loi et les faits, ils se battent notamment pour que le « décret socle »  reprenne les acquis du statut SNCF abrogé.

Ces batailles sont décisives pour défendre les acquis sociaux mais elles s’inscrivent aussi dans l’objectif de défense du service public nationalisé du rail. Même entamé, il continue à exister dans les faits et dans les têtes. Il n’y a pas de raison d’en faire le deuil comme les directions et la propagande gouvernementale y poussent. A l’inverse, de larges convergences existent pour le défendre et le reconquérir. C’est cela aussi qu’a montré la grève de juin.  

Elle a clarifié les positionnements de chacun, levé heureusement des confusions. La duplicité des syndicats de collaboration de classe est apparue au grand jour.

Du côté politique, il n’y a plus aucune illusion à se faire sur un changement de politique électoral à « gauche ». La grève a amené les députés PS « frondeurs » ou « écologistes » à se démasquer. Ils ont voté comme un seul homme la casse de la SNCF. Dans les régions – on vote en novembre 2015 après la dangereuse « réforme territoriale » -, les exécutifs de « gauche » rentrent dans la logique des appels d’offres et de la mise en concurrence. Ils cautionnent la suppression des contrôleurs dans les TER. Dès le lendemain de la grève de juin, des actions rassembleuses repartaient pour leur maintien.

Non, les convergences se situent ailleurs : des convergences d’intérêts chez tous les cheminots, des convergences avec les travailleurs des autres services publics, à commencer par ceux du transport, des convergences avec les usagers et les populations.

Il s’en est fallu de quelques jours pour que la grève de juin fasse jonction avec la journée d’action interprofessionnelle contre le « pacte de responsabilité ». En novembre, une journée d’action commune des salariés du transport a été organisée. La direction de la RATP, dans la même stratégie de concurrence et privatisation, s’attaque aux rythmes de travail, exactement dans les mêmes termes qu’à la SNCF. Les mouvements d’usagers se multiplient, s’organisent contre la réduction de l’offre de transport ferroviaire, la désertification de régions entières. Le lien est évident avec les dizaines de luttes locales pour La Poste.

Ce 29 janvier, les électriciens et gaziers, en lutte contre le projet de loi soi-disant de « transition énergétique » rejoindront la manifestation des cheminots.

Toutes ces forces ensemble sont considérables !

Au plan international, les cheminots suédois, belges, puis allemands se sont mobilisés ces derniers mois, dans des grèves fortes, contre le même processus de privatisation. Les cheminots britanniques, avec leur syndicat RMT, gagnent du terrain sur leur revendication de renationalisation du rail (sur un champ de ruines dans le pays précurseur de la « libéralisation »).

Pour nous communistes, la question n’est pas de négocier à Bruxelles avec les autorités de l’Union européenne un accompagnement concerté de la politique de casse sociale portée par les directives de mises en concurrence des 4 « paquets ferroviaires ». La question est de s’appuyer sur les résistances des travailleurs de chaque pays, confrontés au même processus, mais un stade très différent, pour gagner en France le rejet de l’application des directives et règlements européens.

Communistes, cheminots ou salariés d’autres entreprises, jeunes ou retraités, nous avons soutenu entièrement la grève de juin, porteuse d’une alternative politique. Nous soutenons plus que jamais les revendications des cheminots qui rentrent dans la perspective pour laquelle nous voulons nous battre ensemble :

La défense, la reconquête et l’extension des monopoles publics des transports !

 

Quel bilan tirer de la lutte du mois de juin 2014 contre la « réforme ferroviaire » ?

Entretien avec Matthieu BOLLE REDAT, secrétaire du syndicat CGT des cheminots de Versailles

Qu’est-ce que la loi de portant réforme ferroviaire ?

La loi portant réforme ferroviaire a 2 grands volets : l’un sur la structuration du système ferroviaire français et l’autre sur les conditions de travail et donc sur le statut spécifique des cheminots.

Sur le volet structuration, la loi dispose de la dissolution de la Société Nationale des Chemins de fer Français (SNCF) au 1° janvier 2015, et la création de 3 nouvelles entreprises publiques au sein d’un groupe :SNCF (holding de tête), SNCF Réseau (regroupant les 55000 agents de la maintenance de l’infrastructure et de la circulation ferroviaire) et SNCF Mobilité (compagnie regroupant les 100 000 agents du « produit train » : commerciaux en gare, conducteurs, contrôleurs, agents de maintenance des rames…). C’est la dislocation de la famille cheminote, avec d’un côté SNCF réseau quiprend en charge l’infrastructure et la dette du ferroviaire et restera publique ; et de l’autre SNCF Mobilité qui forme une compagnie « comme les autres », vouée à un marché concurrentiel comme air France ou EDF et ayant vocation à être privatisée.

Le tout, chapeauté par SNCF « de tête », pour donner l’illusion d’un pôle public intégré, mais qui a vocation à disparaître, comme on l’a vu en Belgique !

Sur le volet statut, la loi programme l’abrogation du régime spécifique de travail des cheminots, qui était un texte règlementaire émanant du ministère des transports et ne souffrant aucune dérogation, fruit de 70 années de luttes des cheminots pour de meilleurs conditions de travail (temps de repos, horaires, cadences…), condition essentielle à la sécurité des circulations et à la sûreté des agents dans l’exercice de leur travail.

La loi annonce donc l’ouverture de « négociations » entre « partenaire sociaux » pour mettre en place une Convention Collective Nationale (CCN) qui s’appliquera à l’ensemble des travailleurs du rail, dans le cadre de l’ouverture programmée à la concurrence.

Elle proroge donc le régime spécifique de travail durant ces négociations, avec une date limite du 1° juillet 2016 où…… le régime spécifique des cheminots sera purement et simplement abrogé même si une CCN n’est pas signée !

Autant dire que les syndicats entreront dans ces négociations avec un flingue sur la tempe !

Y’a t-il un rapport entre  l’adoption de cette loi et le 4° paquet ferroviaire de l’Union Européenne ?

Une fois encore, l’UE a servi aux dirigeants nationaux de prétexte et de moyen pour justifier sa réforme ferroviaire, visant à détruire le monopole public de la SNCF, au nom de « l’ouverture à la concurrence libre et non-faussée », comme ils l’ont déjà fait dans l’aérien, l’énergie, l’eau, les communications….

Mais qu’on ne s’y trompe pas : cette « ouverture à la concurrence » ne vise qu’à transférer les marchés vers des boîtes privées, dont beaucoup sont en fait dans les mains de holdings issus des anciens monopoles publics (SNCF, DB…), c’est donc en vérité d’une privatisation du réseau dont il s’agit, du transfert des activités des monopoles publics vers de nouveaux monopoles privés au travers desquels des actionnaires pourront faire du business !

D’ailleurs si SNCF réseau (comme ERDF ou ADP par exemple…) a vocation à rester publique, c’est bien parce que le gouvernement compte faire peser sur cette entreprise le poids colossal des coût de l’infrastructure, qui décidément n’intéresse pas les actionnaires… c’est la nationalisation des dettes (44 milliards d’Euros) et la privatisation des profits !

La seule vraie mise en concurrence qu’il va y avoir, c’est bien celle des salariés entre eux, car c’est bien sous le prétexte de l’ouverture à la concurrence qu’on abroge leur régime spécifique de travail pour négocier une CCN au rabais !

Quels étaient les axes revendicatifs de ton syndicat ?

Dès la publication des premiers « rapports » parlementaires et gouvernementaux annonçant les grands axes de cette véritable contre-réforme, le syndicat CGT des cheminots de Versailles a mené une campagne de masse sur le site pour dénoncer cette véritable déclaration de guerre du gouvernement contre le corps cheminots. Nous avons diffusé des milliers de tracts, tenus des meetings publics, avec la présence de camarades de syndicats frères (RMT britannique et PAME grec) membre comme nous de la Fédération Syndicale Mondiale, pour décrypter cette réforme et comparer la volonté de notre gouvernement avec les « réformes » qui ont déjà eu lieu en Europe, comme en Angleterre ou en Grèce, dont les résultats furent catastrophiques, tant pour les usagers (hausse des tarifs, fermetures de lignes, sécurité ferroviaire en chute libre…), que pour les cheminots (suppressions de postes, accidents mortels, désorganisation du réseau, casse des conditions de travail, baisse des salaires et des pensions…).

Notre ligne était simple : Nous devons défendre le monopole public SNCF du transport de voyageur etrevenir sur l’ouverture à la concurrence au Fret dont les résultats sont catastrophiques, pour refondre une grande entreprise publique SNCF vouée non à la recherche du profit, mais à la satisfaction des besoins populaires en matière de transport ferroviaire de voyageurs et de marchandises.

Sur le volet social, nous refusons absolument l’abrogation du régime spécifique de travail des cheminots, et c’est tout naturellement que nous insistons sur la nécessité d’une harmonisation sociale par le haut, par l’intégration de TOUS les travailleurs du rail au statut, avec un régime spécifique unique au sein de la SNCF.

C’est sur ces bases que nous nous sommes inscrits massivement dans les mouvements de grève de 24h des 13 juin et 12 décembre 2013 et dans la manifestation nationale du 22 mai 2014, où 22 000 cheminots ont battu le pavé parisien (soit 15% de l’effectif national !). Dans le cortège du syndicat de Versailles, une vingtaine de camarades des syndicats RMT (Royaume-Uni) et USB (Italie), venus en délégation pour nous soutenir, suite à l’appel lancé par la FSM.

Mais face à un gouvernement PS qui semble prêt à se suicider politiquement en menant des attaques continues contre le monde du travail (ANI, pacte de responsabilité, réforme territoriale…) pour défendre les intérêts de classe du patronat et des monopoles financiers, nous n’avons jamais caché aux cheminots qu’il ne suffira pas de manifester ou de faire des grèves de 24h : la grève reconductible est nécessaire pour les faire plier !

Comment s’est déroulée la lutte sur ton site et plus largement en Ile-De-France ?

La grève reconductible nationale a commencée le mardi 10 juin à 20h.

Les remontées étaient très bonnes sur notre site, nous avions que se serait suivi, mais le gouvernement a été surpris par la force du mouvement au niveau national, et particulièrement en Ile-de-France, où d’habitude les chiffres sont très en-deçà de la province. Dès le premier jour, les grévistes étaient nombreux en AG et la combattivité était très forte, particulièrement chez les jeunes qui vivaient leur premier mouvement reconductible et qui voulaient se défendre contre cette attaque sans précédent du gouvernement.

Dès le premier jour, nous avons occupé pacifiquement le poste d’aiguillage de Versailles Chantiers et chaque jour des manifs, des rassemblements étaient organisés sur site ou sur Paris, avec parfois des « after », comme lorsque les grévistes sont allés occuper les voies à Paris Montparnasse ou le 19 juin quand les manifestants ont fini sous la Tour Eiffel !

C’est donc tout naturellement que quand le ministre Cuvillier, pris de panique seulement 2 jours après le début du conflit, a proposé des « amendements » au projet de loi (qui ne modifiaient le projet qu’à la marge) à la fédération CGT des cheminots et à Sud Rail, les AG de grévistes dans tout le pays ont massivement rejeté ces propositions.

Le fait que le lendemain le ministre ait décidé de passer en force en faisant signer ces propositions aux syndicats non-grévistes, CFDT et UNSA, a vraiment mis le feu aux poudres et les cheminots grévistes de tout le pays ont unanimement décidé de poursuivre et d’amplifier le mouvement !

As-tu une vision sur le déroulement de la grève au niveau national ?

D’après les nouvelles qu’on pouvait avoir, la détermination des grévistes était la même partout, grève massivement suivie, manifs et rassemblements et refus des calculs politiciens de Cuvillier.

Le mot d’ordre du retrait se faisait de plus en plus entendre dans les AG, et la revendication du « Monopole public SNCF » était reprise partout, y compris au plus haut niveau de notre fédération CGT des cheminots, qui était encore frileuse sur le sujet avant le conflit.

Malgré des convergences avec le combat d’autres secteurs en lutte, pourquoi la « coagulation » des luttes n’a pas été possible ?

Lorsque les premières convergences ont eu lieu avec les intermittents, tant en province qu’à Paris, il nous est apparu que cette « coagulation » des lutte devait devenir un enjeu pour gagner tous ensemble. Dans beaucoup d’AG, l’idée d’une confédéralisation du combat contre ce gouvernement de casse sociale était à l’ordre du jour. Il faut savoir qu’au même moment, en plus des intermittents, de nombreux centres postaux étaient en grève, mais aussi les territoriaux, sans parler des marins de la SNCM, qui souffre des mêmes problèmes et qui se préparaient à la lutte.

Oui beaucoup de CéGéTistes ont été scandalisés que la confédération ne prenne pas l’initiative d’avancer la mobilisation nationale du 26 au 19, ce qui aurait pu faire basculer les choses. Pire encore, les déclarations démobilisatrices de Thierry Lepaon sur les « avancées » obtenus lors du débat parlementaire ont été très mal ressenties à la base, c’est la moins qu’on puisse en dire !

C’est par nous-mêmes, par l’impulsion des secteurs parisiens en lutte, que l’UD de Paris et l’UR CGT d’Ile-de-France ont organisé « à l’arrache » la manif de convergence du 19 juin (qui s’est finit sous la tour Eiffel) qui a été un grand succès et nous a regonflés à bloc !

Cette impulsion a permis aux cheminots grévistes d’Ile-de-France de reconduire massivement la grève jusqu’au mardi 24, alors que la reprise se généralisait en province à partir de jeudi, faute de perspectives…

Quelle est ton analyse sur la position du PCF sur ce dossier et son action durant le conflit ?

Franchement, cela fait des mois que le dossier est sur la table et que le PCF en parle à peine (à part des sections locales), même pendant la campagne des européennes où le lien en 4° paquet ferroviaire et réforme ferroviaire était évident.

Mais surtout c’est l’ambivalence quant à sa position durant le conflit qui a beaucoup choqué les cheminots, y compris les sympathisants communistes et même de nombreux adhérents !

En effet, Pierre Laurent est venu faire un discours aux grévistes lors du premier rassemblement aux Invalides, le jour de l’ouverture des débats à l’Assemblée Nationale, j’y étais. Il nous a dit que la PCF serait notre « porte-voix » autant dans la rue, qu’au parlement, pour défendre nos revendications, dont acte.

Honnêtement, nous nous attendions à une bataille parlementaire homérique, sans illusions sur la possibilité d’infléchir les débats, mais le dépôt de milliers d’amendements pour y faire obstruction, afin de faire traîner pour nous soutenir dans la lutte et nous laisser nous battre « mano à mano » contre le gouvernement.

Nous espérions aussi une campagne active du PCF pour alerter les usagers sur les conséquences dramatiques pour eux de cette loi, peut-être même l’organisation d’une collecte nationale de soutien, comme en 1986…

Sauf que le soir même, on voyait le député Chassaigne défendre ses « amendements » au perchoir, copies conformes du texte signé entre Cuvillier et les syndicats jaunes UNSA et CFDT, c’est à dire des amendements à la marge qui ne modifient en rien le fond de la réforme, c’est à dire des amendements issus d’un texte UNANIMEMENT rejeté par les cheminots grévistes !

Donc, en toute logique, ses amendements ont été validés par le gouvernement et le député Chassaigne s’est tout simplement ABSTENU lors du vote de l’article 1 du projet de loi [dissolvant la SNCF], un véritable scandale !

L’image de cette bande de 32 notables qui votent la dissolution de la SNCF par 27 POUR et 5 CONTRE (une partie de la droite) et 1 ABSTENTION a tourné en boucle sur Facebook… Ce jour-là, il y avait plus de monde à l’AG des grévistes de Versailles pour voter la grève, alors où était la démocratie ?

Je ne parle pas de son interview clownesque chez Bourdin sur RMC [le 19 juin] où le député Chassaigne nous a carrément appelé à la démobilisation puisque ses amendements étaient retenus, le jour même où nous faisions une manif monstre à Paris contre cette nouvelle mouture de la réforme, où le secrétaire général de notre fédération a publiquement qualifié ces amendements d’ »enfumage » !

Tout cela a donné du PCF l’image d’un parti de politiciens combinant avec le PS, d’un parti déconnecté des lutte de classe en France, dont les députés s’entendent en sous-main avec le pouvoir pour nous faire « faire passer la pilule », et dont le chef de file à l’Assemblée appelle carrément les grévistes à la reprise alors qu’aucune de leurs revendications n’est satisfaite.

Par ailleurs, il faut rendre hommage à tous ces militants du « parti profond » à ces fédérations, à ces sections qui se sont jetés dans la bataille à nos côtés, sur les piquets, dans nos AG, dans les manifs et qui nous ont soutenus jusqu’au bout !

Je voudrai aussi rendre hommage aux responsables de sections, de fédérations ou des JC qui ont pris l’initiative de rendre publique une « lettre ouverte » aux députés PCF pour condamner la position défendue par leur porte-parole et les appeler à voter CONTRE la réforme. Il est évident que cela n’a pas été sans effet sur le fait que, contre toute logique vu le contexte que j’ai décrit plus haut, les députés PCF ont finalement voté CONTRE la réforme lors du vote solennel du projet de loi à l’Assemblée.

Il est d’ailleurs intéressant de voir que les prétendus « oppositionnels » de la majorité (EELV ou autres « frondeurs ») ont votés comme un seul homme la réforme ferroviaire !

Selon toi, quelle sont les perspectives de lutte pour la rentrée de septembre ?

Lorsque nous avons voté la suspension du mouvement, il était clair pour nous que le combat ne faisait que commencer !

La réforme ferroviaire a ouvert un cycle d’attaques sans précédent contre notre corporation, mais aussi contre la satisfaction des besoins populaires en matière de transport ferroviaire, car les usagers vont payer très cher la facture de la privatisation de la SNCF.

Mais le fait que le gouvernement ait réussi à gagner une bataille aussi symbolique contre les cheminots, dont la combattivité n’est plus à démontrer, va aussi donner des ailes au patronat et au gouvernement pour démultiplier les attaques contre l’ensemble de la classe ouvrière.

Il nous faut donc, dès aujourd’hui, continuer à travailler à la confédéralisation des lutte contre la généralisation des attaques que nous allons subir, construire ce fameux « tous ensemble » qu’on scande dans les manifs afin de défendre nos intérêts de classe sans concession.

Cela implique aussi une bagarre au sein de nos organisations historiques de la classe ouvrière, contre la démobilisation, le réformisme et l’opportunisme, pour nous remettre d’urgence sur les rails de la lutte de classe !

Soutien à l’action des contrôleurs SNCF de la ligne Paris-Beauvais contre la suppression de leur métier

Repris de PCF Paris 15, 23 juillet 2014

Un mois après la grande grève cheminote contre la « réforme ferroviaire », au cœur de l’été, la combativité des cheminots ne diminue pas contre la poursuite de la politique de privatisation et de casse du service public SNCF.

La grave collision entre un TGV et un TER près de Pau, un an après la catastrophe de Brétigny n’a pas calmé les prétentions de la direction de la SNCF.

Région par région, ligne par ligne, elle prépare la suppression de la présence obligatoire de contrôleurs dans les TER. Objectif bien sûr, faire des économies au détriment de la sécurité et de la qualité du service, supprimer des emplois, gonfler les profits actuels et futurs.

Depuis le 1er juillet, la ligne Paris Nord – Beauvais est concernée « à titre expérimental » par cette suppression des contrôleurs à bord. A l’appel des syndicats CGT, SUD, FO, et même UNSA et CFDT, une lutte est lancée pour s’y opposer. Les contrôleurs font valoir leur droit de retrait devant les menaces pour la sécurité des trains et des voyageurs, à qui ils expliquent la situation. Le trafic est fortement perturbé. Dans la continuité de sa propagande pendant la grève contre la « réforme ferroviaire », la direction de la SNCF essaie lamentablement, à grands frais, de dresser les usagers contre les cheminots.

Mais la vérité, c’est qu’à terme, la moitié des 45 postes sont condamnés par ce dispositif. Toutes les missions du contrôleur sont remises en cause.

La mission de sécurité serait reprise par le conducteur, laissé seul cheminot à bord. Or son travail, c’est de regarder devant et non derrière (la fermeture des portes par exemple). En cas d’incident ou d’accident, il sera seul aussi pour assister les voyageurs ou bien il n’y aura personne. Le danger pour la sécurité est très réel.

La mission d’information des usagers disparaît purement et simplement. La déshumanisation du transport ferré s’aggrave. Prenons un exemple, si toutes les toilettes du train sont condamnées (parce que les privatiseurs font aussi des économies sur cet entretien), à qui s’adressent les personnes en détresse. Plus grave, s’il y a une personne qui fait un malaise à bord. Paris Nord – Beauvais, c’est plus d’une heure et quart de trajet. Pour certains trajets TER, c’est plus de 3 heures.

Enfin la mission de contrôle serait transférée à des brigades de répression anti-fraude, payées par les régions, chargées de faire du chiffre, avec des amendes que la SNCF envisage de multiplier par 4 ou 6. De l’accompagnement, on passe au flicage. Un exemple : Une personne montée dans une gare qui n’a plus de guichet, où l’automate est en panne, sera sommée de payer, actuellement 35 euros, demain 150 euros d’amende sans pouvoir s’expliquer. Là aussi, c’est l’esprit même du service public qui est menacé.

La lutte des contrôleurs du Paris – Beauvais est pleinement justifiée. Ils ne sont pas seuls. Des pétitions dans de nombreuses régions, comme Rhône-Alpes, à l’initiative de la CGT, ont récolté des dizaines de milliers de signatures.

On ne doit pas laisser faire la direction de la SNCF.

Elle n’est pas la seule responsable. Les régions, demain les grandes « eurorégions » voient leurs prérogatives augmenter pour mieux démanteler le service public national. En Picardie, ou dans le Centre, régions de « gauche », les élus accompagnent sans sourciller la logique de la concurrence et du moins disant et ont accepté les TER sans contrôleurs.

Enfin, comme pour « réforme ferroviaire » et son application à venir, cheminots et usagers savent que c’est le gouvernement qu’il faudra faire reculer dans sa soumission aux intérêts privés, à l’Union européenne.

Oui la bataille du rail ne fait que commencer.

Article en lien, 4 juin 2014 : Ne laissons pas la SNCF et les régions faire rouler des TER sans contrôleur !

Grève nationale reconductible à la SNCF à partir du mardi 10 juin 19h00

Grève nationale reconductible à la SNCF à partir du mardi 10 juin 19h00

A l’OMERTA, 22.000 cheminots manifestaient à Paris le 22 mai contre la « réforme ferroviaire ». C’est l’équivalent de 15% du personnel de la SNCF et encore il s’agissait seulement de délégations (pas d’appel général à la grève ce jour-là). En réponse, le pouvoir a décrété la loi du silence : pas un média national n’en a parlé.

A L’INTOX, Au contraire, le cas des nouveaux TER trop larges pour les quais, connue et dénoncée par les syndicats depuis des mois, est monté en épingle pour justifier la « réforme ferroviaire » dans l’opinion. Or, c’est justement la logique d’éclatement de la SNCF et de privatisation que la « réforme » veut débrider qui est à l’origine de cette affaire déplorable.

A la tentative D’ANESTHESIE, Les députés en Commission avant l’examen du projet de loi, le PDG Pépy, le ministre présentent la « réforme » comme purement « technique », comme un simple accommodement des futures directives européennes. Ils reportent toutes ses conséquences, casse du statut, précarisation de l’investissement, concurrence, à des dispositions ultérieures. Non ! La « réforme » a pour but précis de casser le cadre public nationalisé du rail, de rendre possible la mise en concurrence totale de l’exploitation, impliquant pour tous les cheminots un recul social sans précédent, pour tous les usagers, une nouvelle dégradation du service rendu, et la casse de la SNCF.

AU MEPRIS, Le ministre Cuvillier refuse de rencontrer les syndicats avant le 12 juin, 15h, au ministère des transports (notons l’adresse : 246 bld Saint-Germain, Paris).

LES CHEMINOTS, A L’APPEL DES SYNDICATS CGT ET SUD, REPONDENT PAR LA GREVE RECONDUCTIBLE A COMPTER DU MARDI 10 JUIN 2014, 19H00 !

Tous ensemble contre la casse du service public !

TRACT AVANT GREVE GENERALE :

 

Les forces existent pour gagner leretrait de la «réforme ferroviaire»

condition d’un redéveloppement du service public nationalisé SNCF et de la reconquête du monopole public

 

Le gouvernement a peur des cheminots et de leur mobilisation.

Il a peur de l’exaspération des usagers, de l’attachement du pays à la SNCF, entreprise historique et structurante.

Il a peur de la montée d’une lutte conséquente contre un point central de sa politique antisociale « d’austérité », massivement rejetée : la casse des services publics, de l’emploi et du statut du travail.

Il a peur que la colère et les luttes qui se développent dans quantités de secteurs, La Poste, le nettoiement, les hôpitaux, les raffineries etc. soient renforcées par la mobilisation cheminote.

Voilà pourquoi le gouvernement a déjà reporté de plus d’un an le passage de sa « réforme ferroviaire » au Parlement pour placer son examen au milieu des vacances. Voilà pourquoi Hollande et Valls n’ont pas soufflé mot de la « réforme », pourtant si centrale dans leur politique, dans leurs dernières déclarations. Pas un média officiel n’a parlé de la manifestation nationale du 22 mai.

En revanche, ils se sont répandus sur les rames de TER trop larges pour de nombreux quais de gare. Les ministres, sans honte, se succèdent pour expliquer que la « réforme ferroviaire » va corriger l’aberration. C’est tout le contraire évidemment. La poursuite de la division du ferroviaire, la course au profit privé, vont amener encore plus d’abandons dans les budgets consacrés à la mise à jour des données du réseau. Demain, des wagons avec des matériaux dangereux risquent de passer sous des ponts, dans des tunnels trop bas!

Le PDG Pépy n’ose quand même pas dire que la « réforme ferroviaire » qu’il vante et ses « économies » de maintenance,  auraient empêché la catastrophe de Brétigny.

Tous les arguments fallacieux du pouvoir à destination des cheminots sont tombés à l’eau.

NON, laisser – provisoirement – le sigle SNCF dans le nom des nouvelles entités ferroviaires créées par la « réforme » ne change rien à l’éclatement programmé de l’entreprise pour permettre la privatisation d’activités, isolées, profitables.

NON, la « réforme » ne limite pas la nocivité des directives européennes de mise en concurrence : elle les applique à la lettre pour préparer la privatisation!

NON, la perspective d’une « convention collective des travailleurs du rail » ne protège rien des acquis sociaux des cheminots SNCF (dont l’organisation du travail avec la RH077). Elle a pour but de rendre possible la concurrence. Elle amène à négocier de nouveaux reculs sur la base d’un « compromis » entre le statut SNCF, déjà lourdement dégradé, et le droit commun. Pourtant, 95% des cheminots sont SNCF ! Les 5 autres % doivent y être intégrés !

Dans l’entreprise, les cadres dirigeants tentent d’opposer les agents, d’en rassurer certains (en douce). NON ! Ceux qui tomberaient dans SNCF-Réseau n’ont pas à se sentir protégés ! Le président PS des régions des France et président d’Aquitaine, Rousset, vient d’annoncer la couleur à l’occasion de la réception des rames TER trop larges : « Il faut un coût de maintenance correspondant à ce que peut faire le privé, parce que sinon, un jour, la maintenance, quand nous deviendrons en totalité autorités organisatrices, nous la mettrons en concurrence ».

Il ne reste qu’une réalité : celle de l’expérience dramatique des privatisations en France et dans les autres pays que la « réforme » et l’UE veulent maintenant débrider. Le fret SNCF s’est effondré aux dépens de l’activité économique et de l’environnement, aux profits des transporteurs privés (dont les filiales privées de la SNCF). Le chaos ferroviaire en Grande-Bretagne ou en Grèce est effrayant. Le début du processus de privatisation en France amène des hausses de tarifs, des suppressions de lignes et d’arrêts, de guichets, de services etc. qui révoltent les voyageurs. Des dizaines de milliers d’emplois ont été cassés. Les conditions de travail sont attaquées comme l’esprit du service public qui est la mission des cheminots.

Communistes, de la SNCF, d’autres entreprises, des quartiers et campagnes, nous considérons que la lutte contre la « réforme ferroviaire » est essentielle. Nous la soutenons pleinement. Nous essayons d’y contribuer par nos analyses et nos initiatives. Pour nous, il n’y a qu’un seul moyen et une seule solution: la lutte consciente et déterminée. Après la manifestation du 22 mai, le gouvernement porte seul la responsabilité des mouvements de grève reconductible. Nous combattrons la propagande visant à diviser cheminots et usagers.

 

Pour nous, c’est clair :

 

  • Personne ne peut être dupe des négociations bancales dans lesquelles vont rentrer les syndicats de collaboration de classe, qu’ils prétendent accepter la « réforme » telle quelle ou vouloir l’amender.
  • La régionalisation ne correspond pas à une meilleure définition des besoins de transports mais à la création de féodalités locales encore plus asservies aux capitalistes. La « réforme ferroviaire » est encore aggravée par l’annonce de la constitution de grandes « euro-régions » par Hollande. Pépy se réjouit d’avoir obtenu dans la convention tout juste signée avec la Région Centre l’acceptation de TER sans contrôleur à bord ! Nous appelons les élus qui se disent progressistes dans les régions à s’élever contre la « réforme ferroviaire ».
  • Il n’y a rien à attendre « d’amendements » au Parlement. Les élus communistes relaieront les luttes. Mais elles seules sont décisives.
  • La rupture avec les directives de l’Union européenne à la solde des capitalistes se joue et s’organise dans chaque pays. Les camarades syndicalistes et communistes des autres pays nous apportent un précieux concours avec leur expérience. Il n’y a rien à attendre au niveau européen, dans les institutions illégitimes de Bruxelles ou de Strasbourg. Pas de diversion ! La mise en échec de la « réforme ferroviaire » en France apporterait un souffle à toutes les luttes nationales contre la casse des services publics. Il existe un rapport de force en France et c’est là que cela se joue!
  • Le monopole public des transports ferroviaires, acquis en 1937, confirmé à la Libération, est plus que jamais la forme optimale d’organisation pour la réponse aux besoins. La concurrence n’est qu’un leurre visant à faire le lit d’oligopoles privés tout en saignant les usagers et les contribuables pour les infrastructures. Le monopole public SNCF existe encore quasiment, de fait. La défense et la reconquête du service public nationalisé SNCF, intégré, avec la réintégration des activités de RFF et de ses 800 salariés, est fondamentale.
  • La défense du statut des cheminots SNCF, correspondant à cette réalité et aux acquis des luttes, est indissociable de cette nécessité de la réponse aux besoins.

 

RETRAIT DE LA REFORME FERROVIAIRE !

C’est la condition d’une vraie réforme des financements, de la « dette », des rapports avec les territoires et les usagers, correspondant aux principes et objectifs du service public !

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