Brève, vivelepcf, 4 juin 2014

« A la suite de ce constat partagé, ça me fait dire que la réforme est bienvenue » : voilà comment André Chassaigne a commencé son intervention lors de l’examen en commission parlementaire du projet de loi de « réforme ferroviaire », le 27 mai 2014. Cette prise à contre-pied des positions des syndicats de lutte, de la part du président FdG-PCF du groupe de la « gauche démocrate et républicaine » à l’Assemblée nationale a de quoi surprendre et inquiéter.

D’autant que Chassaigne enfonce le clou : « la nécessité de la Réforme n’est pas contestable, parce qu’elle s’impose avant l’adoption du 4ème paquet ferroviaire européen ». Plus loin : « Nous partageons les objectifs de la réforme ». Certes, il exprime de « vives réserves » ensuite sur la structuration envisagée en trois entités (trois EPIC) qui, « même si elle renvoie à l’obligation d’un système eurocompatible », ne lui paraît pas être une « intégration suffisante » pour « garantir l’unité du système »

Il renvoie la correction des « insuffisances » du texte à des amendements en Commission, à l’Assemblée puis au Sénat – au cœur de l’été !

Nous renvoyons à la vidéo de l’Assemblée nationale sur le lien suivant (à 30’15) : http://videos.assemblee-nationale.fr/video.5481.commission-du-developpement-durable–reforme-ferroviaire-article-premier-jusqu-a-l-amendement-369-27-mai-2014 .

Le décalage est total avec l’analyse et les revendications de ceux qui luttent, des syndicats conséquents. La « réforme ferroviaire » est dans les tuyaux depuis 15 mois, même si le gouvernement a jugé prudent d’en reporter l’examen à l’été 2014 pour tenter d’esquiver la mobilisation des cheminots. Son contenu et ses objectifs réels sont décryptés depuis longtemps.

En juin 2013, puis en décembre 2013, de puissantes grèves ont montré le niveau de conscience et d’hostilité des cheminots. Le 22 mai dernier, une manifestation nationale contre la réforme ferroviaire a rassemblé 22.000 cheminots, 15% des effectifs – sans grève ce jour là – à Paris.

Il y a moins lieu que jamais de se laisser endormir par le ministre, les députés PS, le PDG Pépy qui présentent leur projet de loi comme une « formalité technique » ne présageant de rien. Les mêmes qui ignorent la manifestation du 22 mai développent une propagande outrancière, en direction de l’opinion publique, sur les TER trop larges pour les quais, affaire connue et dénoncée par les syndicats cheminots depuis des mois, dont la réforme ne va faire qu’aggraver les causes.

Les positions actuelles d’André Chassaigne sont dommageables au mouvement parce qu’à la SNCF, sans doute plus qu’ailleurs, le PCF reste un repère de lutte et non de résignation (malgré le précédent de Gayssot qui a appliqué la loi créant RFF en 1997). De même, il n’est pas bon que les vice-présidents aux transports FdG-PCF des régions de « gauche » accompagnent le processus d’anticipation de la mise en concurrence via appels d’offres.

Des faits et analyses sont incontestables :

La « réforme ferroviaire » ne revient pas sur la division du système ferroviaire français entre RFF et la SNCF. Au contraire, elle vise à parachever la séparation entre l’exploitation, privatisable, et la gestion et l’entretien du réseau, laissés aux frais de la collectivité. Avec RFF, elle est incomplète puisque RFF, autorité administrative doit avoir recours à la SNCF pour l’infrastructure. Dans le schéma européen de marchandisation, la « réforme » crée – malgré l’astuce grossière du maintien provisoire du sigle SNCF – deux entités étanches.

Non André Chassaigne ! Nous ne pouvons pas « partager » les objectifs de la réforme même si c’est pour jouer les naïfs.

Communistes, nous ne pouvons pas non plus accepter la dictature de « l’eurocompatible ». La défense et la reconquête du monopole public SNCF contrevient aux directives européennes. Et alors ! 55% des Français ont voté NON en 2005 au « traité constitutionnel ». A peine 20% viennent d’apporter leur voix aux partis défendant ouvertement l’UE du capital.

Les socialistes, notamment à l’Assemblée, le ministre Cuvillier sont experts dans l’enrobage. Cette « réforme technique » serait nécessaire mais tout le reste – la dette, les conditions de travail – seront à négocier ultérieurement. Comment se laisser endormir ?

La réforme vise à lever un obstacle essentiel à la poursuite du processus de mise en concurrence et de privatisation aux dépens des agents et du service public.

Le statut, ses acquis, les conditions de travail, sont programmés pour être négociés à la baisse dans le cadre de la future convention collective des travailleurs du rail.

La dette et le financement des investissements sont programmés pour peser sur les salariés, les usagers et les contribuables.  Etc.

Il est extrêmement important, à la veille de la grande grève reconductible qui va démarrer le 10 juin à 19h que les communistes appuient la lutte sur une base claire :

-          Rejet de la « réforme ferroviaire », condition d’une vraie réforme

-          Rejet de l’application des directives passées et futures de l’Union européenne

-          Défense et reconquête du monopole public nationalisé SNCF du transport par rail, du statut SNCF, coopération avec d’autres acteurs publics du transport.

Un seul amendement au Parlement correspond à cette ligne – il peut être décliné - : l’amendement de suppression du projet de loi et de tous ses articles !

Mais, l’alternative n’est pas à attendre des députés, des sénateurs, ou des caciques du Conseil constitutionnel…

Soutien à 100% de la grève reconductible lancée le 10 juin !