Cheminots – SNCF

Tract manifestation cheminot pour les conditions de travail – 10 mai 2016

Militants CGT en action à la gare de Lyon le 26 avril 2016

Rail : pour le maintien intégral et l’extension des dispositions du RH 077 ! Comme face à El-Khomri, défendre la juste hiérarchie des normes :

DECRET-SOCLE > Convention collective > accords d’entreprise

Tract, PCF Paris 15, mai 2016 

L’équivalence est connue au-delà du monde cheminot. La casse du statut social SNCF est la condition de l’intrusion de la concurrence. La mise en place de la concurrence est l’instrument de la casse du statut du travail SNCF. Les deux conjugués afin que le monopole et le service publics soient détournés vers le profit privé.

Passer du RH077 (désignation du statut du travail des agents SNCF) au simple code du travail, c’est tout de suite 20% d’exploitation supplémentaire sur le dos des cheminots. Sans ce capital, face à la position dominante de fait de la SNCF historique, les groupes privés (y compris les propres filiales de la SNCF) ne trouvent pas des conditions de profit suffisantes pour leurs actionnaires.

En 2014, la lutte déterminée des cheminots contre la « réforme ferroviaire » a démasqué ce scénario. Pour l’interrompre, le pouvoir a dû concéder la promesse d’un « décret-socle », prétendant protéger les dispositions sociales du RH077. Il n’y avait pas à être dupes des amendements de complaisance au projet de loi, mis en scène en connivence avec les syndicats réformistes. Mais en 2016, la lutte peut et doit reprendre sur le contenu de ce « décret socle » alors que le projet « plancher » du gouvernement ouvre la voie, sans surprise, à un recul social sans précédent.

La coïncidence, en ce début d’année, entre la suite de la contre-réforme ferroviaire et le projet de loi El-Khomri de démantèlement du code du travail est tout sauf fortuite. Elle est éclairante. La disposition sans doute la plus grave du projet Valls-ElKhomri-Medef est l’inversion de la hiérarchie des normes sociales. L’accord d’entreprise primerait sur l’accord de branche qui primerait sur le code du travail, même et surtout quand les premiers seront plus défavorables aux travailleurs. Autant dire que pour le rail, le « décret-socle » sera la seule garantie à peu près pérenne et c’est pour cela que le gouvernement et la direction de la SNCF le veulent minimal.

Quel crédit apporter au PDG Guillaume Pépy quand il prétend (Figaro du 9 mai) : « S’il n’y avait pas demain de convention collective», «les cheminots auraient face à eux de nouvelles entreprises (…) qui seraient simplement au décret socle». «Ce serait très inquiétant pour l’avenir de la SNCF en raison des risques de dumping social ». ?

La privatisation est pavée de bonnes intentions. Il se trouve toujours des syndicats de collaboration pour négocier le poids des chaînes. Sur la base d’un compromis qui existe probablement déjà, ils négocient le nombre de repos, de week-ends en famille sacrifiés etc. Le patronat ne cache pas un de ses objectifs antisociaux structurels : l’annualisation du temps de travail qui permettrait des journées de 10 heures (et combien d’autres non comptabilisées ?).

Le moment est critique, pour tous, y compris pour le gouvernement et patronat. Face à la résistance cheminote, ils ont pris du retard dans le calendrier, prenant le risque d’une convergence avec l’opposition à la loi El-Khomri. La fin de quinquennat n’est pas propice aux pires mauvais coups contre des salariés qui ont fait la preuve de leur capacité de mobilisation.

Pour le gouvernement actuel, il faut faire vite pour finir de préparer le terrain à la concurrence sous les nouveaux président et parlement qui seront élus en 2017. Les nouvelles régions, de droite et même de « gauche », sont prêtes à relayer l’austérité. Elles anticipent la concurrence. Elles savent se répartir, avec les directions de la SNCF, les responsabilités, devant les usagers, des politiques de casse du service public : fermetures de guichet et de gare, suppression des contrôleurs dans les TER, incitation à la sous-traitance, etc.

L’Union européenne peaufine son « 4ème paquet ferroviaire ». Elle règle encore le cas de quelques « canards boiteux » publics dans certains pays, pour faire payer les contribuables, avant de prétendre imposer la mise en concurrence des trains de voyageurs en 2020/2023 (mais avec possibilité d’anticiper dès 2017 dans certaines régions).

L’œuvre de sape des «  »cars Macron monte en puissance contre les TER notamment. La SNCF a déjà gaspillé 120 millions d’euros pour les développer à pertes et détruire son propre réseau ferré !

Le rapport de force existe dans l’entreprise SNCF et dans le pays pour agir maintenant et inverser ce cours des choses.

La mobilisation cheminote du 9 mars a été plus forte que les débuts du mouvement de 2014. La pédagogie de la résignation des médias et des organisations de collaboration échoue face à la prise de conscience de la menace sociale. Partout en France montent et s’organisent des résistances contre le démantèlement du réseau, pour la sûreté et la sécurité. A un autre niveau, les diktats européens ne passent plus dans aucun pays.

Quels que soient la confusion de ses formes, les tentatives diverses de récupération, le manque de continuité du mouvement, l’opposition de fond au projet de loi El-Khomri, devant les convergences manifestes avec la défense du statut du travail à la SNCF, ouvre des possibilités d’une large compréhension et de relais de la lutte cheminote.

La manifestation nationale des cheminots du 10 mai, toutes catégories confondues, est un nouveau point de départ.

Communistes de la SNCF, des autres entreprises, des quartiers et des campagnes, nous sommes dans cette lutte et exigeons le maintien intégral et l’extension, dans le décret-socle, des dispositions du RH077 du statut cheminot SNCF. Plus que jamais, nous nous battons pour la défense et la reconquête du monopole public SNCF du transport ferroviaire.

SNCF: le point avant la grève du 9 mars contre la casse du statut social, nouvelle étape de la contre-réforme ferroviaire et de la privatisation

Nouvelle étape de lutte contre la « réforme » ferroviaire

Projet de « décret socle » = abattre les acquis sociaux des cheminots contre l’emploi, la sécurité, le service public national!

Pas un seul recul sur le contenu du statut-SNCF n’est acceptable !

Vivelepcf (Rail Rouge), 3 mars 2016 

Le pouvoir a engagé la deuxième étape de sa « réforme ferroviaire » visant à l’éclatement de la SNCF et à la privatisation du rail. Il a lancé, en rendant public le 18 février son projet de « décret socle », la casse des acquis sociaux du statut des cheminots SNCF que doit poursuivre l’intégration des entités SNCF à une convention collective avec le privé.

Mais la puissance et le niveau de conscience de la lutte des cheminots au printemps 2014 ont déjoué ses calculs. Les cheminots n’ont pas gobé la fable selon laquelle le « décret socle » serait la garantie par l’Etat du maintien des dispositions du statut SNCF. La formule « décret socle » servait à faire passer la pilule de l’abrogation du statut et de la dissolution de la société historique SNCF. Des syndicalistes et politiciens réformistes s’étaient rendus complices de l’entourloupe en vantant des « avancées » grâce à de bons « amendements » à l’Assemblée. Ils sont heureusement sortis disqualifiés.

Sans surprise, l’avant-projet de « décret socle » dévoile une attaque sans précédent, gravissime, contre les conditions de travail, notamment les jours de récupération, les horaires des personnels roulants et sédentaires, les réglementations dénommées à la SNCF RH 77 et RH 677.

Un cheminot averti en vaut deux, disent certains camarades syndiqués ! Depuis le vote de la « réforme », il est clair que la suite de la défense du service public du rail passe par la lutte pour le maintien intégral du contenu du statut des cheminots-SNCF, son extension à toute la branche, et son inscription comme « décret socle ».

La combativité des cheminots en 2014 oblige le gouvernement à louvoyer, notamment avec le calendrier. Il a pris du retard. Ce n’est pas un hasard.

Le gouvernement ne pouvait pas lancer l’attaque contre le régime social cheminot avant les élections professionnelles de novembre 2015. Toute la campagne se serait transformée en mobilisation des cheminots contre son plan. Les syndicats de collaboration et de résignation, sur lesquels il compte plus que jamais maintenant, auraient été laminés. Si cela n’a pas été le cas, les syndicats qui se sont opposés jusqu’au bout en 2014, CGT et SUD, ont conservé une majorité absolue et c’est un point d’appui important pour la nouvelle phase de la lutte.

Le gouvernement ne pouvait pas non plus sortir son « décret socle » avant les élections régionales. Les transports sont la première prérogative des régions. Concurrence et privatisation des trains de voyageurs doivent commencer par les TER. Les cheminots auraient pu imposer le débat public sur l’avenir de la SNCF dans la campagne, en lien avec la dégradation du service. Les présidents de régions élus, anciens ou nouveau, de droite et de « gauche », sont à nouveau les fers de lance de la propagande pour la concurrence et/ou la constitution d’opérateurs régionaux. Ils se répandent en dénigrement contre le service public SNCF et les cheminots. Ils pratiquent un jeu de ping-pong vicieux avec la direction de l’entreprise. Les effets négatifs du processus de privatisation servent d’argument pour l’accélérer !

Depuis 2014, l’article de la loi Macron permettant la concurrence déloyale des autocars (dont les Ouibus de la SNCF elle-même!) est venu compléter le travail de sape des lignes TER-SNCF. Bonjour la pollution ! Spécifiquement en Ile-de-France, la constitution d’un CE régional de SNCF-Réseau fait dangereusement écho aux prétentions d’élus politiques de la Région ou du Grand Paris demandant à évincer la SNCF et à prendre le contrôle d’une structure ferroviaire intermédiaire entre l’autorité de régulation et des exploitants privés.

La « réforme » ferroviaire se confirme être tout le contraire d’une « réunification de la SNCF » mais bien l’instrument de son éclatement. Qui aurait dit, il y a 20 ans, que GDF allait disparaître englouti dans une multinationale ?

La défense des dispositions du statut cheminots-SNCF, de toutes intégralement, est aujourd’hui la riposte primordiale à cette politique. Il ne peut pas être question de couper la poire en deux plus ou moins bien (avant de recouper la poire en deux au moment de la rédaction de la convention collective) !

Le projet de « décret socle » porte des reculs sociaux inacceptables mais pas seulement. Il représente une menace directe sur des milliers d’emplois. On travaillerait plus mal, plus longtemps, sans être payé plus, mais aussi en étant bien moins nombreux et c’est le but. La SNCF accélère son plan de suppressions d’emploi : 1150 programmés pour 2016. Elle doit annuler des trains, en Picardie ou en Lorraine, parce qu’il n’y a plus assez de conducteurs ! Mais loin de vouloir former et embaucher, elle entend faire travailler plus ceux qui restent, continuer à supprimer des postes, des trains et des lignes.

La dégradation des conditions de travail signifie aussi directement une menace sur la qualité du service rendu et la sécurité avec des agents moins nombreux, plus pressurés. Les leçons du drame de Brétigny ne sont pas encore connues mais les économies sur le personnel ne peuvent pas ne pas avoir joué. Cet automne, un TER n’a pas pu circuler dans les Deux-Sèvres à titre de précaution parce qu’il y avait des feuilles mortes sur les voies… On continue dans ce sens ?

Enfin et peut-être surtout, comme dénominateur commun de ces reculs, la casse du régime social des cheminots SNCF est une condition de la poursuite de la privatisation du secteur. Comme, à l’inverse, son extension à tous les salariés du rail est le moyen de circonscrire voire de supprimer le secteur privé encore très minoritaire (22.000 salariés sur 170.000). Le patronat privé n’arrive qu’appâté par les perspectives de profits maximum, d’exploitation (de liquidation aussi). Celui du ferroviaire (UTP) estime entre 15 et 18% le surcoût (= le manque à profiter) induit par la réglementation sociale SNCF par rapport au simple droit du travail (que le Medef et la ministre El Khomri veulent encore réduire) et encore sans parler des différences de rémunération. Déjà, malgré les faveurs du gouvernement, les trains internationaux de voyageurs, marché « ouvert » à la concurrence ne se sont pas avérés assez profitables pour le privé.

Partant de cette analyse, communistes, cheminots ou non, nous relayons auprès de nos collègues, de nos voisins, des usagers l’appel intersyndical à la grève à la SNCF le 9 mars. Nous reprenons ces slogans :

Maintien intégral des dispositions du statut des cheminots-SNCF ! Extension à tous les travailleurs du rail ! Défense et reconquête du monopole public national SNCF du transport ferroviaires !

D’autres actions sociales sont programmées le 9 mars. La coïncidence avec la SNCF est tout sauf fortuite. Les agents de la RATP se mobilisent pour l’emploi, les conditions de travail et les salaires qu’un « socle commun » en Ile-de-France pourrait servir à attaquer encore. Tous les salariés et les jeunes sont appelés à combattre le projet de loi El Khomri qui vise directement le « socle » social minimum que représente le droit du travail. Avec les agents des hôpitaux, de la fonction publique territoriale etc. que l’ont veut faire travailler plus gratuitement, les convergences sont également évidentes.

Dans tous les pays d’Europe, en Belgique, en Allemagne, en Grande-Bretagne…, devant la colère des usagers, l’incurie du privé, le processus de marchandisation est remis en cause par des luttes rassembleuses. Les directives européennes sont rejetées, disqualifiées. En Grèce, elles ont conduit à la braderie actuelle par le gouvernement Syriza-Anel de la société nationale Trainose (sur laquelle lorgne la SNCF !). Au Portugal, les cheminots et leurs syndicats de lutte ont gagné qu’elles ne s’appliquent pas. En France aussi, les forces existent pour gagner.

Gare de Conflans-Jarny (Meurthe-et-Moselle): 1313 SIGNATURES CONTRE LES SUPPRESSIONS DE TRAIN (pétition initiée par la section du PCF)

Article et photo repris du Républicain Lorrain

1 313 signatures, où le résultat de la pétition lancée par le PCF du Jarnisy, hostile à la suppression programmée de lignes et de dessertes au départ de la gare de Conflans-Jarny. Ces militants ont remis les paraphes entre les mains du maire de Jarny.

Eric Monnini, le responsable du Parti communiste du Jarnisy, a remis les 1 313 pétitions à Jacky Zanardo. Les militants sont bien décidés à préserver les lignes de train dans le viseur de la Région.

Comme le dit si bien Jean Baus, du PCF du Jarnisy, la démarche des militants n’a rien à voir avec les prochaines élections régionales. « On n’a pas fait ça dans un but électoraliste. » C’est pourquoi lui et les siens ont tenu à confier leurs précieuses pétitions avant le démarrage de la campagne officielle de ces régionales.

Ils ont ainsi été une dizaine de militants du Parti communiste à donner les quelque 1 313 pétitions recueillies à Jacky Zanardo, en mairie de Jarny. 1 313 paraphes obtenus lors d’un âpre travail de terrain. Le combat du moment pour la section locale est déjà connu d’une grande partie de la population. Les militants luttent en effet contre la suppression programmée de deux lignes de train entre Jarny et Metz via Onville, ainsi que contre la fin des dessertes directes entre Jarny et Metz via Hagondange (lire nos précédentes éditions). Deux mesures voulues par le conseil régional de Lorraine et qui devraient être adoptées l’an prochain. « A travers ces projets, on marque aussi notre inquiétude sur le devenir de la gare de Jarny. Car à force de vouloir supprimer des lignes, on se dirige vers la fermeture de celle-ci », a souligné Eric Monnini, le président de la section, au moment de remettre les pétitions à Jacky Zanardo.

Jean Baus, l’une des figures du syndicat dans le Jarnisy, a pour sa part fait remarquer que l’initiative des militants n’est pas venue de leur propre chef. « Ce n’est pas nous qui avons choisi d’enquiquiner le monde avec ces pétitions. Ce sont les usagers (des trains, NDLR) qui sont venus nous voir lors de nos permanences, le vendredi après-midi. Leur inquiétude est réelle. »

Bercé par la couleur rouge ayant fondé son parcours politique, le maire de Jarny s’est naturellement montré en phase avec les militants.

Il a d’ailleurs rappelé que, aussi bien en conseil municipal qu’à celui de la CCJ, il a fait adopter des motions contre les projets de la Région. « Je vais remettre vos pétitions prochainement au président du conseil régional et j’en profiterai pour lui donner un courrier avec mes commentaires personnels », a répondu l’édile aux militants.

De leur côté, ces derniers ne vont pas rester les bras croisés. Ils réfléchissent à d’autres actions. « Il y a 12 ans, la poste de Jarny était en danger de mort. On a initié la même opération qu’aujourd’hui, on l’a sauvée », ont rappelé les militants.

Humanité, 25 août 1944 : « Salut aux cheminots parisiens ! » par Benoît Frachon

Le jour de la Libération de Paris, dans l’Humanité, Benoît Frachon, secrétaire de la CGT et dirigeant du PCF rend hommage à la résistance des cheminots de région parisienne et à la contribution décisive de leur grève lancée le 10 août dans le libération de la capitale. (Source Huma, archive privée – retranscription vivelepcf).

Quand la France libérée rendra hommage aux plus valeureux de ses fils, elle réservera une place de choix aux cheminots de la région parisienne.

C’est le 10 août qu’ils ont déclenché la grève qui devait rapidement s’étendre à tous les dépôts et gares de la région et devenir générale.

C’est depuis le 10 août que les hitlériens battus, pilonnés, écrasés en Normandie et en Bretagne par les armées alliées, harcelés par les patriotes sur toutes les routes de France, sont privés de ce nœud ferroviaire essentiel qu’est Paris et sa banlieue. Les cheminots de Paris ont verrouillé les transports de l’ennemi à un des moments les plus décisifs.

Depuis plus de huit jours, Paris et sa banlieue entendent les explosions gigantesques des dépôts boches qui sautent. Des quantités considérables de munitions sont détruites sur place parce que l’ennemi est incapable d’opérer leur transport sur une autre ligne de front. C’est aux cheminots parisiens que revient le mérite de ces pertes irréparables infligées à l’envahisseur. Des trains de ravitaillement ont été bloqués alors qu’ils étaient dirigés à l’ouest et au nord-ouest de Paris. La grande faiblesse des transports ennemis, les cheminots parisiens l’ont transformée en paralysie générale par leur grève.

On ne peut regretter qu’une chose, c’est que ceux qui étaient chargés d’informer les radios alliées ne leur ont rien dit de cet admirable mouvement. Popularisé, il se fût rapidement étendu sur l’ensemble des réseaux.

Malgré ce silence dont ils n’ont pas encore compris la raison, les cheminots de Paris ont poursuivi sans faiblesse le mouvement qu’ils avaient engagé. Ils ont été les pionniers de la grève générale dans la région parisienne.

Mais les fidèles compagnons de Pierre Semard n’ont pas considéré que leur rôle était terminé par l’arrêt total des transports. Ils ont été et ils sont aux premiers rangs de ceux qui combattent les armes à la main pour exterminer l’ennemi. Comment ils se sont armés ? Ils ont pris sur l’ennemi ce qu’ils n’ont pu avoir par des parachutages. Là ils ont pris des revolvers, ici des fusils, ailleurs des grenades. Ils ont attaqué des détachements, tué ou fait prisonniers les hommes et les armes ont changé de main. Ils avaient soif d’armes, ils ne se sont pas lamentés sur le fait qu’on avait négligé de leur en donner. Ils en ont pris à l’ennemi et ce n’est pas sans une légitime fierté que des artilleurs improvisés tirent au canon, un canon conquis de haute lutte, aux Batignolles, sur les voitures boches qui s’aventurent sur le pont Cardinet.

En ces jours mémorables, où le peuple de Paris ajoute un nouveau fleuron à sa couronne, les cheminots ont écrit leurs pages de gloire.

Ils avaient déjà tant donné depuis quatre ans à la lutte pour la libération qu’on n’est point surpris de les trouver héroïques dans le combat ouvert.

Pierre Semard, Wodli, Catelas, l’un fusillé, l’autre pendu par les Boches, le troisième décapité par les traitres de Vichy, ces noms prestigieux sont dans toutes les pensées, le souvenir de ces héros enflamme le cœur des cheminots qui les vengent en libérant la patrie. Chaque coup de feu qui couche un ennemi, c’est un des assassinés d’Ascq, un des fusillés de Rennes qui est vengé.

Mais nous ne sourions rendre hommage aux cheminots parisiens sans parler de quelques-uns de ceux qui ont courageusement organisé et dirigé leur action. Crapier, Tournemaine qui, durant de longues années, ont été les collaborateurs de Semard et qui dirigent aujourd’hui la Fédération des cheminots. Tous deux furent arrêtés avec Semard en 1939 par les agents de la cinquième colonne avec la complicité du traitre Llaud. Tous deux, durant leur détention n’ont eu qu’une idée : s’évader, même au péril de leur vie, pour prendre leur place dans l’activité illégale. Tous deux ont réalisé leur rêve. Ils sont aujourd’hui à la tête de leurs compagnons qui se battent.

Nous ferons plus tard l’histoire du travail illégal chez les cheminots durant toute l’occupation allemande. Nous montrerons le courage, la ténacité de ceux qui n’ont cédé ni devant la police vichyssoise déchaînée, ni devant les tortures et les crimes de la Gestapo. Nous livrerons à la gratitude des foules ces héros obscurs qui ont fait tranquillement leur devoir et qui sont tombés dans la plus dure des batailles.

Aujourd’hui, quand Paris se bat vaillamment, quand il repousse avec mépris les manœuvres des pleutres ou des combinards qui voudraient lui faire déposer les armes, nous avons tenu à saluer ceux d’entre les Français qui ont le plus fait pour l’honneur de la patrie, pour le renom de la capitale.

Salut cheminots parisiens ! Dans sa tombe, Pierre Semard peut être fier de vous.

Benoît FRACHON, secrétaire de la C.G.T.