Fonction publique

FONCTION PUBLIQUE – TRACT MAI 2019 :Ecole, hôpital, finances, territoriale etc. : Les luttes dans la fonction publique, largement soutenues, peuvent faire dérailler la politique antisociale de Macron

Tract repris de PCF Paris 15 – mai 2019

Ecole, hôpital, finances, territoriale etc. :

Les luttes dans la fonction publique, largement soutenues, peuvent faire dérailler la politique antisociale de Macron

Dans sa conférence de presse du 25 avril, Macron a pu infliger son autosatisfaction et sa volonté de poursuivre la même politique. Il faut dire qu’il n’était pas gêné par ses interlocuteurs. Il a fait les questions et les réponses avec sa fiction de peuple, qu’il habille en « Gilets jaunes ». A quelques semaines des Européennes, le débat est vide, se concentre sur les recompositions politiciennes à droite, à l’extrême-droite, au centre et à « gauche ». La rupture avec l’UE des capitalistes, ses traités, directives et sa monnaie est absente.

A l’Elysée, l’autre jour, il ne fallait pas compter sur les journalistes de complaisance pour interroger le président sur les plus grandes luttes sociales du moment, celles pour l’Ecole, pour l’hôpital public, contre le démantèlement des Finances publiques, pour les services publics territoriaux, pour la fonction publique en général.

Les fonctionnaires ignorés, méprisés, menacés !

Macron a délivré ses bons points aux deux ministres Blanquer et Buzyn, pourtant les plus contestés par les luttes. La « bonne élève » Buzyn a montré son éloignement des personnels en déclarant, sur LCP, que la grève des urgences n’avait rien à voir avec  les conditions de travail. Blanquer s’empêtre entre « confiance » et « fake-news ».  Macron a ignoré le discret ministre Dussopt, dont le projet de loi contre la fonction publique, peut et doit unir les mouvements sociaux dans toute la fonction publique et au-delà.

Une attaque frontale contre les fonctionnaires: les retraites.

Les mobilisations convergentes des fonctionnaires vont jouer fortement face à la nouvelle contre-réforme des retraites que Macron a commencé à détailler. Elle est prévue pour la fin 2019. A tour de rôle, les gouvernements successifs s’en prennent au public et au privé pour mieux abaisser les acquis sociaux de tous. L’établissement d’un « système par points » va faire calculer les retraites sur la base de l’ensemble des carrières et non plus des meilleures annuités dans le privé et des six derniers mois dans le public. Mécaniquement, c’est moins 20% ou moins 30% sur les retraites des fonctionnaires. Le pouvoir va engager des « négociations-chantage » sur la prise en compte des primes (mais certains, dont les enseignants, n’en ont guère), sur l’augmentation du temps de travail et la dénaturation du travail (logique comptable contre vocation publique). Les reversions au dernier vivant, restées sans conditions dans le public, sont également directement menacées.

Une méthode législative tordue, antidémocratique,  inacceptable !

Le parallèle saute aux yeux. Le projet de loi Buzyn ne comprend quasiment que des autorisations données au gouvernement de prendre des ordonnances pour reformater l’offre de soins : aucun débat parlementaire sur des dispositions précises et surtout pas de débat public. Blanquer, idem, fait ajouter, par amendement, sans aucune information préalable, son coup de faire passer les administrations des écoles sous la coupe des collèges. Les procédés inacceptables sont à la hauteur du mauvais coup.

Emploi public : la saignée avec ou sans chiffrage !

Macron joue le grand seigneur: pour la casse des emplois de fonctionnaire, si ce n’est pas exactement 120.000 d’ici 2022, cela peut être modulé. Il n’a plus besoin de l’effet d’affichage électoral en direction des « libéraux ». Mais tout le projet de loi Dussopt et les mesures actuelles tendent à casser de l’emploi à statut et le statut lui-même. Les Finances publiques font l’objet d’un démantèlement général.

L’étranglement financier des collectivités annonce des dizaines de milliers de suppressions de postes statutaires. Le projet Dussopt met au centre l’extension des recrutements de droit privé et une nouvelle précarisation – incompatible avec l’esprit service public – avec des « contrats de mission » temporaires.

Toujours la même logique : Précarisation, déqualification, privatisation !

Le parallèle entre les projets Blanquer et Buzyn est flagrant. Des étudiants, des aides médicaux suppléent,  des pharmaciens prescrivent, en lieu et place des enseignants et des médecins etc. Complice, l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris prétend faire des économies en liquidant, au profit du privé, la moitié de ses hôpitaux de gériatrie (qui ont une toute autre vocation que les EHPAD). De son côté, la municipalité de Paris fait, sans cesse, le jeu des externalisations et du privé: stationnement, secteurs du nettoiement, vélos etc. La scolarité obligatoire à 3 ans n’est qu’un immense cadeau (150 millions d’euros, 12,7 millions à Paris) pour les écoles privées.

Des maisons « France-services » pour mieux faire passer la désertification publique et sociale.

L’annonce de Macron de maisons de service public, au niveau des (grands) cantons, est un leurre pour accompagner la liquidation en cours des services publics locaux accélérée, centres des finances publiques, bureaux de poste, guichets SNCF, accueils de la sécurité sociale etc. Personne ne peut être trompé par cette hypocrisie. De même, l’annonce d’un moratoire sur les fermetures d’écoles (suivant l’hémorragie des dernières années) ou d’hôpitaux ne peut  faire illusion : le pouvoir va continuer à fermer des classes et des services. Avec Buzyn, le mot « hôpital de proximité » n’aura plus aucun sens, dénué, notamment, de service de chirurgie.

Moins de services publics, mais une fonction publique caporalisée ! Non, merci !

Des proviseurs des Yvelines (pas tous) ont devancé l’appel en suivant une formation paramilitaire de la gendarmerie à l’automne 2018. D’autres ont fait pleuvoir, en apprentis-managers, les exclusions temporaires contre les élèves en lutte contre Parcoursup et la contre-réforme du lycée et les menaces contre les enseignants fidèles à leur vocation. Côté santé, les pouvoirs des administrations, à cheval sur public et privé, les arrogances de cadres aliénés, s’accroissent : dans les Groupements hospitaliers de territoires (GRT) ou dans les ARS. Côté école, le Sénat tente de transformer les directeurs d’écoles primaires, d’enseignants coordinateurs, en cadres administratifs à pouvoir hiérarchique. La menace sur la liberté d’expression des enseignants (article 1 du projet de loi Blanquer est confirmée) C’est grave! Toute une conception du service public est en jeu.

DES CONVERGENCES D’INTERETS AUX CONVERGENCES DE LUTTE !

L’expression « convergence des luttes » est devenue un fourre-tout. Pour nous communistes, c’est un objectif qui ne se proclame pas – encore moins à des fins démagogiques et électoralistes – mais qui se travaille, à partir des convergences d’intérêts objectives entre travailleurs de secteurs différents, usagers, populations.

Le puissant mouvement contre « l’école de la confiance » peut et doit raviver l’opposition du secondaire contre la « réforme » du lycée, celles des lycéens à quelques semaines de leur réinscription ou de leur mise au rencart avec Parcoursup. Les luttes dans les services d’urgences concernent directement l’amont – la casse des centres de santé par exemple -, et l’aval – les suppressions de lits dans les autres services. Le mouvement des EHPAD ne peut être coupé de leur médicalisation, du financement de la sécurité sociale et de la lutte contre la mainmise des groupes privés, amis de Buzyn et Macron. La lutte, vitale, des agents des Finances publiques, pour le maintien de leur service, peut et doit engager les usagers et contribuables, au moment ou le « Prélèvement à la source » est en train de saper le seul impôt juste, l’impôt sur le revenu, et le financement de la sécurité sociale (via la CSG).

Avec cette analyse, communistes, fonctionnaires ou non, dans nos quartiers et nos entreprises, nous sommes entièrement partie prenante de la bataille pour la défense de la fonction publique. Pas de diversion :

- Retrait du projet de loi Dussopt qui accroît la précarité, menace le statut

- Retrait du projet de loi Blanquer qui établit l’école de la défiance et de l’inégalité

- Retrait du projet de loi Buzyn, blanc-seing, par voie d’ordonnances, à la casse administrative du système de santé

- Chiffrage, également aux Finances publiques et dans les collectivités, des dizaines de milliers d’emplois statutaires de fonctionnaires à créer.

- Mobilisation, dès à présent, contre la « retraite par points » contre les fonctionnaires et contre tous.

Les baisses d’impôts pour les plus riches, la casse du financement solidaire par la cotisation sociale de la Sécurité sociale, les subventions au profit capitaliste : c’est, dans d’autres termes, la politique de Macron que nous combattons.

En 2008, après la crise financière, les capitalistes pleuraient qu’en France, notre système social, issu des luttes des travailleurs, en ait atténué l’impact – le vol – sur les salariés, retraités, jeunes. C’est bien ces conquêtes sociales que nous défendons aujourd’hui !

 

Un camarade fonctionnaire de Jarny (Meurthe-et-Moselle) sur les convergences de lutte, avant la grève du 10 octobre

« Nous défendons le droit au bonheur pour tous »

Interview dans l’Humanité du mardi, 10 octobre 2017

Éric Monnini (CGT) Agent territorial à Jarny (Meurthe-et-Moselle):

 

«Je me mobilise le 10 octobre pour les services publics en général, qui sont mis à mal par les politiques actuelles de Macron. La baisse des dotations asphyxie les communes, entraînant des conséquences sur les personnels, avec le non-remplacement de postes ou des départs en retraite. La situation est tendue. Pour masquer les non-remplacements, un mot est apparu : la polyvalence. Je suis responsable du site sportif de Jarny (Meurthe-et-Moselle), qui comprend le stade et des salles de sport. Nous étions trois agents territoriaux auparavant. Aujourd’hui, je suis tout seul à entretenir les salles, les espaces verts, à maintenir les relations avec les clubs ou les scolaires. Et les associations sont beaucoup plus nombreuses qu’autrefois. Cela impacte forcément mon quotidien, voire ma vie privée. La semaine se résume à la vie professionnelle. Heureusement, mes enfants sont grands. Je dois être disponible du lundi au samedi, avec une amplitude horaire allant de 7 h 30 le matin à 22 heures le soir… Je suis censé faire 35 heures, j’en réalise plutôt 45.

Alors le 10, je me mobilise pour le statut de fonctionnaire, contre un tiers des départs en retraite qui ne seront pas remplacés. On essaie de faire croire que nous sommes bien lotis, alors on veut nous transformer en fonctionnaires Kleenex. Comme les salariés du privé, on va nous presser pour ensuite nous jeter une fois bien utilisés. C’est un plan social que Macron met en place. Sa politique est de livrer petit à petit tout le service public au privé. Ce gouvernement-là réfléchit en billets de banque ! Macron veut tout casser : le Code du travail, le statut des fonctionnaires. Ce gouvernement veut briser le modèle social français sous les injonctions de l’Europe. Il se moque de la solidarité. C’est pourquoi tout le monde doit descendre dans la rue. Ce n’est pas seulement une histoire de services publics pour tous, notamment au service des plus précaires, mais c’est une histoire de vie, de droit au bonheur pour tout le monde. »

Point d’indice de la fonction publique: rattrapage dérisoire, diversion énorme !

Fonctionnaires: tous dans la grève et la manif à partir du 31 mars pour le retrait du projet Valls-El-Khomri, contre la casse du statut du travail!

Cela fait 6 ans que le point d’indice, base de la rémunération des fonctionnaires, est gelé. Par rapport à la hausse des prix, la perte de pouvoir d’achat est de 8%. A l’approche de la fin du quinquennat de Hollande, le gouvernement a annoncé, enfin, une revalorisation de … 1,2%. La comparaison est juste : quand on passe de zéro degré à 1 degré, on ne ressent guère le réchauffement de la température, surtout face au vent mauvais de la remise en cause du statut général de la fonction publique. Et encore, il y a tromperie sur le chiffre. Le 1,2% annoncé aujourd’hui fait l’addition d’une augmentation de 0,6% au 1er juillet 2016 puis d’une autre de 0,6% au 1er juillet 2017. En réalité pour l’ensemble de 2016, cela représente seulement 0,3% en moyenne par mois, 5 euros pour un infirmier ou un professeur débutant…

Et encore ! Sur qui va être prélevée cette revalorisation ? Les dotations aux collectivités locales sont sabrées. Les hôpitaux sont à la diète. Les ministères aussi sauf pour la guerre. Tout est organisé pour que le peu que le gouvernement prétend donner d’un côté soit repris sur les primes, sur une augmentation du temps et de l’intensité du travail, sur l’emploi. Le plan Hirsch, du nom du directeur général de l’Assistance – publique – Hôpitaux de Paris en fait la démonstration. S’il passe, avec la collaboration du syndicat jaune, ultra-minoritaire, CFDT, 4 jours de repos seront ôtés aux agents.

La médiatisation de l’annonce de la revalorisation du point d’indice ne tombe pas par hasard. Le gouvernement prépare les élections de 2017. Mais surtout, il veut désamorcer les convergences de luttes qui montent, à l’occasion du mouvement général contre la casse du code du travail et la loi El-Khomri. Les fonctionnaires sont directement concernés par le démantèlement du statut du travail salarié. Le récent protocole PPCR (parcours pro, carrières, rémunérations), imposé par le pouvoir, contre les syndicats majoritaires, entame un peu plus le statut général de la fonction publique avec notamment encore plus de mobilité forcée, de rémunération à la tête du client etc.

Sans la mobilisation des fonctionnaires et des syndicats de luttes, il n’y aurait aucun relèvement du point d’indice. Les syndicats de collaboration jouent leur rôle en exprimant un contentement déplacé et en sabotant la suite de la lutte. Bien au contraire, le tout premier geste du gouvernement sur le point d’indice incite à faire monter la mobilisation et à se joindre, par communauté d’intérêt avec tout le monde du travail, puissamment, à la grève et aux manifestations à partir du 31 mars contre le projet de loi Valls-El-Khomri.