Un procès médiatisé s’est ouvert sur de nombreuses situations personnelles dramatiques liées à politique de casse sociale à France Telecom entre 2006 à 2009.

A deux titres, ce procès est bien trop tardif.

D’abord, trop d’années sont passées. Ensuite, la période de référence ne correspond pas à la mise en route de cette politique, dans les années 2000/2004, consécutivement à la privatisation à partir de 1996, appliquée par la « Gauche plurielle » en 1997 (« ouverture du capital » et fin du monopole public et du statut), puis en 2000, au passage sous 50% de la part de l’Etat.

C’est à cette époque que la déstabilisation sociale des agents et salariés a été organisée, du moins comme, militants communistes, nous l’avons analysée et combattue (cf le livre de 2004 « France Télécom – la Machine à broyer »).

Nous retenons de cette expérience de lutte difficile plusieurs enseignements, pour la poursuite du combat, notamment dans d’autres services publics.

La question de la « souffrance au travail » ne peut pas être abordée en dehors de l’opposition aux politiques de privatisation et d’instauration du profit capitaliste. A France-Télécom, il fallait liquider des milliers de fonctionnaires, bouleverser les méthodes de travail, éradiquer l’esprit de service public, en frappant fonctionnaires comme contractuels, de façon arbitraire et aléatoire.

La médiatisation des suicides – par nature, suivant la formule juste, « plurifactoriels » – est contre-productive pour la lutte, au-delà de l’émotion et de la solidarité immédiates envers les proches des collègues. Le pouvoir et les casseurs du service public savent utiliser les drames, qu’ils provoquent eux-mêmes, pour pousser chacun vers des solutions de repli individuel, vers la résignation collective.

Autre enseignement chronologique : les privatiseurs s’attaquent d’abord, avec perfidie, aux noyaux syndicaux révolutionnaires. A France-Télécom, ils se sont acharnés sur les camarades qui défendaient pied-à-pied les acquis sociaux spécifiques (le « coutumier »).

Quand tous les autres ont été frappés, ils n’étaient plus là pour les défendre. La solidarité avec les militants syndicaux réprimés aujourd’hui, à la SNCF, à la RATP, est une nécessité, même pour le collègue qui ne s’en rend pas encore compte.

Autre enseignement : les cadres, placés entre deux chaises, à appliquer et/puis à subir des restructurations, souvent illisibles, tant elles sont perverses et visent la casse du service public, finissent souvent parmi les victimes les plus atteintes. C’est bien de leur dire avant.

Dernier enseignement (voir aussi tous nos articles et nos tracts de notre gros dossier France-Télécom) : ne comptons pas sur les politiciens de la gauche de collaboration…

 

 

8 Mai 2013 , Rédigé par PCF – Section Paris 15ème Publié dans #France Télécom

France-Télécom – Souffrance au travail: « En 2007, je ferai les départs d’une façon ou d’une autre, par la fenêtre ou par la porte » (Didier Lombard, alors pdg) – La machine à broyer

« En 2007, je ferai les départs d’une façon ou d’une autre, par la fenêtre ou par la porte » (Didier Lombard, alors PDG de France-Télécom, extrait d’un document interne de 2006, révélé par la presse).

En 2006, le processus est déjà bien engagé par les prédécesseurs de Lombard, selon une méthode de « gestion du personnel » par la souffrance, connue, dénoncée et combattue.

Nous vous renvoyons ci-dessous à notre dossier et à nos interventions sur la question.

ARTICLE RENVOYANT, EN LIEN, A NOS PRINCIPALES INTERVENTIONS SUR LA Souffrance au travail à France Telecom : toujours la machine à broyer le service public/ Faire très attention lorsqu’on évoque les suicides « professionnels »

Dans les années 2003/2004, avec Marie-Claude Beaudeau, alors sénatrice communiste du Val d’Oise, nous avons été amenés à étudier le développement de la souffrance au travail à France Telecom et ses causes. Ce travail a conduit notamment à la plusieurs actions, et à la publication du livre de Dominique Decèze, « France Telecom, la machine à broyer », conçu comme témoignage et comme outil politique.

Nous sommes en effet arrivés à la conclusion que les méthodes de « gestion des ressources humaines » utilisées à France-Télécom, souvent aberrantes au premier regard quels que soient les critères d’efficacité envisageables, visaient avant tout à casser irrémédiablement le service public, sa culture et les personnels qui la portent, notamment vu la proportion, toujours majoritaire aujourd’hui, de fonctionnaires parmi eux.

Nous vous renvoyons vers plusieurs de nos tracts qui le décrivent et sont toujours d’actualité.

2004. Conditions de travail et privatisation: le personnel relève la tête!
France-Télécom: Résister à la privatisation, à la casse du service public et à l’écrasement des femmes et des hommes qui le font vivre