On ne sait pas comment interpréter l’énurésie verbale dans le mépris de classe affiché par le jeune président. Il y a certainement une volonté d’enfoncer le clou de la résignation et de dresser les travailleurs les uns contre les autres.

Fonctionnaires, salariés, agents du service public, nous ne pouvons pas nous laisser traiter de « fainéants », encore moins par un Macron qui a gagné 2 millions d’euros à liquider des entreprises à la Banque Rothschild.

A côté de la grossièreté du Président, son gouvernement joue finement dans l’ordonnancement de ses attaques antisociales. Sa communication excelle notamment à diriger la lutte contre un mauvais coup pour mieux laisser passer un mauvais coup principal et un recul durable dans la bataille des idées pour les travailleurs.

Concrètement, pour ce qui concerne notamment le service public, pensons aux débats provoqués sur les « contrats aidés », sur les « compensations » des hausses de CSG ou sur la suppression partielle de la taxe d’habitation.

Il y a des mauvais coups simples à combattre dans l’idée. Par exemple, la hausse du forfait hospitalier. Elle va augmenter le reste à charge, notamment des patients les plus pauvres. Elle va peser à la hausse sur les cotisations aux mutuelles et aux complémentaires. L’argent détourné est celui que les profits des entreprises engrangent grâce aux exonérations de cotisations sociales maladie. Cette bataille est importante et rassembleuse, d’autant que ses termes sont clairs.

 

Mais la ministre du travail, par exemple, est beaucoup plus fourbe avec la remise en cause annoncée, avant la rentrée, des « contrats aidés ».

Face aux ordonnances Macron, nous nous battons contre un pan d’une attaque globale contre les acquis sociaux dans le code, les règles, les statuts du travail, dans le privé comme dans le public. Au même moment, le gouvernement déclenche un contre-feu visant la confusion. Bien sûr, nous défendons les personnes dont la situation et les perspectives se trouvent brusquement dégradées par la restriction des « contrats aidés ». Bien sûr, nous luttons contre la désorganisation qu’elle provoque brusquement, dès cette rentrée, dans certains services, notamment à l’école (sans l’hypocrisie de certains élus locaux). Mais nous ne tomberons pas dans le piège qui nous pousse à ériger en référence ces formes de sous-emplois, payés à peine au RSA, ultra-précaires, ce « traitement social du chômage » initié par des gouvernements de fausse « gauche » pour mieux supprimer des postes stables. La défense des personnes en « contrat aidé » passe par la revendication de vrais emplois, des postes de fonctionnaires, dans le cadre de la bataille globale pour le retrait des ordonnances Macron.

La même logique vicieuse est à l’œuvre à propos de la hausse de 1,7% de la CSG et de sa – relative – compensation pour les fonctionnaires.

La hausse de la CSG est un mauvais coup pour l’ensemble du monde du travail. Pour les 2/3 des retraités, elle représente un nouvel impôt, lourd et parfaitement injuste. Pour les salariés du privé, le basculement de cotisations sociales, notamment de cotisations chômage, vers la CSG – malgré le tout petit gain ponctuel sur le salaire net – représente une nouvelle menace sur le financement de la sécurité sociale et – gravement – sur le financement d’assurance chômage et la reconnaissance des responsabilités du patronat dans le chômage. La casse de l’Unedic est programmée dans la suite.

Pour les fonctionnaires et les agents des entreprises publiques, la ponction est simplement inacceptable. Il n’y a aucune raison qu’ils payent de la CSG pour l’assurance chômage, alors que, dans les maigres acquis subsistants, ils ont la sécurité théorique de l’emploi. Le pouvoir est plus pervers encore en n’étant pas clair sur la compensation des 1,7% et en posant une augmentation éventuelle du traitement net comme un pendant à l’entourloupe sur les salariés du privé.

En clair, les fonctionnaires et agents des entreprises publiques sont invités à revendiquer l’équivalent de ce qui est mensongèrement présenté comme un cadeau aux salariés du privé. Non, soyons clairs : nous n’acceptons aucun recul du pouvoir d’achat. Nous combattons la hausse de la CSG dans le public. Nous réclamons une hausse du point d’indice, des traitements et des salaires, sans rentrer en concurrence avec les annonces aux collègues du privé.

Troisième exemple grave de manipu

Les grands « communicants »

lation idéologique du gouvernement : la suppression progressive de la taxe d’habitation pour 80% des ménages.

La TH est un impôt globalement injuste, peu légitime, mal accepté. Dans l’absolu, nous sommes pour son remplacement par de tout autres impôts locaux. Mais là, nous dénonçons – loin de l’hypocrisie de certains élus locaux – que sa suppression et son remplacement par des dotations, précaires dans la durée, prélevées sur le budget de l’Etat constituent une menace pour les services publics, la fonction publique territoriales et une aggravation des inégalités. Les contribuables locaux vont continuer à payer, comme contribuables nationaux, pour des services locaux dégradés. Les ménages les plus pauvres, déjà exonérés de TH, vont être mis davantage à contribution via le budget de l’Etat et leurs impôts indirects (TVA).