Nous reproduisons le texte de l’éditorial de l’Humanité du 25 décembre 1920, signé Marcel Cachin. Il traite de l’ouverture du congrès de Tours de la SFIO d’où naîtra le PCF. Il est intitulé : « Noël socialiste ». Vivelepcf, 25 décembre 2015

Noël socialiste

Le congrès national du Parti s’ouvre à Tours aujourd’hui.

Aujourd’hui va s’ouvrir à Tours le congrès du Parti. Chacun des socialistes français sait l’importance capitale des décisions qui en doivent sortir, et nul ne peut les attendre sans l’émotion la plus vive.

Cette réunion se tiendra au milieu des événements d’ordre intérieur et extérieur les plus troubles et les plus angoissants. Une seule préoccupation peut retenir désormais les délégués qui vont avoir la lourde charge d’indiquer son orientation au socialisme de notre pays : il s’agit de mettre le Parti de la classe ouvrière en état de faire victorieusement face aux éventualités graves qui l’attendent en un avenir proche.

Le Congrès de Tours est annoncé depuis près de cinq mois. Depuis le début d’août, son programme est discuté avec passion, avec fièvre dans tous nos journaux et même dans ceux de la bourgeoisie. Les fédérations du Parti, les sections les plus reculées des villes et des champs ont été appelées à en connaître, à fixer leur libre choix entre les diverses motions opposées.

Jamais par le passé, au temps des conflits d’idées les plus violents entre socialistes, procédure plus vraiment démocratique ne fut employée. Chacun des militants, sans en excepter un seul, a pu avoir connaissance des textes, des thèses, des conditions, des arguments pour et contre l’adhésion à Moscou ; chacun sait clairement les conséquences qui suivront cette décision.

Après un débat d’une ampleur inusitée poursuivi pendant de longues semaines dans la presse, dans les meetings, dans les réunions de groupes, dans les congrès fédéraux, on peut affirmer que le maximum de garantie a été donné au Parti pour arrêter sa décision.

Ses délégués vont parler.

Quelle que soit la résolution qu’ils s’apprêtent à voter, ils représentent seuls le socialisme français dont ils tiennent en main la destinée. Lorsqu’ils auront rendu en toute indépendance un verdict aussi longuement mûri, la décision de Tours représentera la volonté véritable du prolétariat organisé politiquement ; elle deviendra la règle qui, du plus petit au plus grand, s’imposera à chacun des militants du pays.

MARCEL CACHIN