PCF Paris 15, 6 août 2014

La Commission des finances du Sénat – PS et droite confondus – a validé le 1er juillet 2014 le rapport du sénateur UMP Philippe Dominati sur l’avenir de la Direction de l’information juridique et administrative (DILA) qui regroupe depuis 4 ans les Journaux officiels (rue Desaix – Paris XV) et la Documentation française. Il est désormais publié.

La mesure phare que préconise le rapport est l’abandon, d’ici 2016, de l’impression des journaux officiels de la République française dont le « Lois et décrets ». Le rapporteur le justifie par la chute des abonnements au journal « papier » devant l’essor de la version numérique.

Mais il ne cache pas ses motivations principales : en finir avec la SACIJO, la société coopérative qui imprime les Journaux officiels depuis le 19ème siècle. Il s’agit d’en finir avec un bastion syndical des ouvriers du livre, avec un statut et une référence haute en matière de conditions de travail dans tous les métiers de l’imprimerie. En commission, Dominati déclare par exemple : « La SACIJO n’est en réalité que le réceptacle de l’action syndicale ».

Le mouvement est amorcé depuis longtemps, renforcé avec les attaques gouvernementales du début des années 2000. Depuis 2006, les effectifs de la SACIJO ont fondu de moitié à 200 à peine maintenant. L’extension du recours à l’intérim a été imposée. En même temps que la réduction de l’offre, la baisse de la qualité du service public est inévitable. Un exemple : Historiquement référence absolue en termes de respect de l’orthographe, le JO ne peut plus être systématiquement corrigé jusqu’à dangereusement laisser planer le risque de contresens.

Mais Dominati estime que les possibilités de mise en retraite et en préretraite ne sont plus suffisantes pour continuer sur le même rythme la diminution de l’emploi face à des salariés très organisés. Il propose de passer au stade de la liquidation pure et simple.

La pression sera évidemment d’autant renforcée en même temps sur les autres personnels dépendant directement de la DILA, issus de la Direction des journaux officiels ou de la Documentation française. 120 postes ont là aussi déjà été supprimés en 5 ans.

A qui va profiter la dégradation du service public, de l’emploi des conditions de travail et de rémunération au JO? Un peu à des sous-traitants privés, notamment dans le numérique. Mais Dominati et son collègue, président de la Commission des finances, Philippe Marini comptent bien faire bénéficier des « économies » le patronat, en allégeant les tarifs des annonces légales qui constituent la principale ressource des JO et de la DILA : 200 millions d’euros par an.

De nouvelles luttes s’annoncent.

Plus que jamais nous continuons à défendre les salariés de la SACIJO et des JO. Le mode d’organisation historique du travail a fait ses preuves au service de la République. On le vérifie : pour les démanteler un peu plus, les sénateurs représentants du patronat ne trouve qu’à dégrader encore les prestations.

Nous nous élevons contre la disparition de la version papier des JO. Le journal papier continue d’avoir une fonction structurante propre, différente du numérique. Et qui garantit, à long terme, la postérité technique des nouveaux supports numériques ?

Le savoir-faire de la SACIJO, le matériel, renouvelé avec une nouvelle rotative, les besoins publics aussi existent pour étendre la gamme des publications d’Etat imprimées. Il n’y a aucune fatalité au recul des activités d’impression des JO.

Par ailleurs, papier ou numérique, de nombreux métiers de la SACIJO se retrouvent : la composition, la correction etc. Il n’y a pas de raison que le changement de support entraîne une déqualification des salariés.

En un mot : Non à la disparition des Journaux officiels !