Pcf Paris 15, 8 mai 2014

Le 8 mai 1945, il y a 69 ans, l’Allemagne nazie capitulait enfin, sans conditions, sous les efforts conjugués des armées alliées, des résistances nationales antifascistes. Cette victoire précipitait la capitulation du Japon nationaliste.

Le fascisme était vaincu. Les responsables immédiats d’un déchaînement inédit de violence, de crimes, de barbarie, de volonté d’anéantissement de peuples entiers, de racisme étaient défaits. Le monde recouvrait la paix.

L’anniversaire du 8 mai 1945 doit rester plus que jamais rester un repère historique majeur. Les peuples, notre peuple, ne doivent oublier ni les crimes, ni les sacrifices.

Hommage doit toujours être rendu aux dizaines de millions de combattants et de victimes de la 2ème guerre mondiale, à ceux qui ont permis, au prix souvent le plus fort, la libération de la domination fasciste.

Hommage à ceux qui venaient d’Amérique, de Grande-Bretagne, de France, des Forces libres comme des Forces de l’intérieur, parmi lesquelles tant de nos camarades communistes.

Hommage à ceux de tous les pays, y compris les résistants antifascistes allemands.

Hommage aux combattants et aux peuples de l’Union soviétique qui payèrent le plus lourd tribut à la reconquête de la paix et de la Liberté.

En 2014, la nécessité de cette commémoration est rendue encore plus impérieuse alors que des spectres fascistes se réveillent un peu partout en Europe et horriblement en Ukraine.

La disparition de l’Union soviétique et la restauration capitaliste ont ravivé les nationalismes et les prétentions impérialistes sur ses territoires.

 

Nous assistons avec effroi à l’arrivée au pouvoir en Ukraine à Kiev, dans un gouvernement issu d’un coup d’Etat, de formations néonazies dotées de milices puissamment armées (par qui ?). Elles se réclament des collaborateurs ukrainiens, sinistres complices des crimes nazis entre 1941 et 1945.

Depuis des semaines se succèdent des mesures et des campagnes xénophobes. Les populations juives, russes doivent supporter menaces et intimidations. Les opposants politiques sont pourchassés. Les militants du Parti communiste ukrainien notamment sont attaqués physiquement, lynchés, ses députés frappés en pleine séance du Parlement, exclus des débats. Les autodafés, les attentats se multiplient. L’horrible incendie volontaire de la maison des syndicats d’Odessa a fait plus de 40 morts.

Les formations néonazies ont bien les méthodes des nazis. Les gouvernements des puissances occidentales ferment les yeux. Leurs médias, notamment les médias français, minimisent les exactions commises. Autant que possible. Les journalistes de la télévision allemande ARD ont quand même pu mener l’enquête et établir que nombre des morts de la place Maïdan – l’assassinat collectif qui a légitimé le coup d’Etat – avait été tués par les milices fascistes elles-mêmes.

Les impérialismes américain et européens ont cherché à annexer économiquement les richesses, le marché et la main-d’œuvre ukrainiens en essayant d’imposer au pouvoir faible et corrompu du président Ianoukovitch l’accord « d’association » avec l’Union européenne. Leur objectif reste le même. Après l’échec de l’accord, ils n’ont pas hésité à soutenir et alimenter, politiquement et financièrement, les forces nationalistes et les néonazis dans leur offensive de déstabilisation du pays aboutissant au coup d’Etat. La colère sociale et les aspirations démocratiques de certains manifestants de la place Maïdan ont été cyniquement détournées.

Directement visé, le pouvoir russe, capitaliste, réagit pour défendre sa propre sphère d’influence. Il utilise le désarroi et la détresse des populations russes (de Crimée) et russophones du reste de l’Ukraine, mais aussi les indéniables imbrications économiques, historiques et culturelles entre Russie et Ukraine, l’antifascisme viscéral d’une partie de la population depuis la 2ème guerre mondiale.

Dans la violence, au risque de la guerre civile, d’une mainmise fasciste complète sur une partie de l’Ukraine, les impérialismes font monter les enchères pour préparer le compromis de répartition des zones d’influence.

Communistes, nous n’approuvons pas l’instrumentalisation par le pouvoir russe de la commémoration du 8 mai (en l’occurrence du 9 mai – les Soviétiques célébraient la signature de la capitulation à Berlin) et de l’antifascisme à des fins expansionnistes et militaristes.

Mais en ce jour, solennellement, nous appelons le président et le gouvernement de notre pays, la France, à dénoncer les exactions néonazies en Ukraine, à cesser de soutenir et à condamner le gouvernement usurpateur nationaliste et fasciste qui s’est installé à Kiev, à se désolidariser des positions des Etats-Unis et de l’Union européenne.

Les conditions doivent être créées d’une expression démocratique réelle des populations d’Ukraine, libérées des pressions fascistes et impérialistes.

L’anniversaire du 8 mai appelle d’autant plus le rappel de quelques faits essentiels.

Les immenses espoirs de paix de la Libération ont rapidement été déçus. Le 8 mai 1945 même, et les jours qui ont suivi, le colonialisme français écrasait dans le sang des manifestations, inspirées de la célébration de la victoire, à Sétif notamment,  du peuple algérien, aspirant à son émancipation. Cette répression annonçait les terribles guerres coloniales.

Très rapidement, sous l’égide de l’impérialisme américain, les impérialismes européens s’associent dans ce qui allait donner naissance à la « Communauté européenne du charbon et de l’acier », CECA en 1951, puis à la Communauté économique européenne en 1957 rebaptisée Union européenne. Ils entendaient contrer le camp socialiste, les luttes des travailleurs que son existence et les acquis de la Résistance ont renforcées.

Les institutions européennes se sont appliquées à restaurer l’impérialisme allemand, à reconstituer ses « konzerns », les groupes capitalistes qui avaient financé Hitler et prospéré sous le 3ème Reich – par exemple Siemens – y compris par l’exploitation de la main d’œuvre des camps de concentration, à recycler les anciens nazis.

Fidèle à sa vocation, l’Union européenne défend partout les intérêts des trusts capitalistes, soutient les guerres impérialistes, en Irak, Libye, au Mali etc., fait le lit du fascisme comme en Ukraine.

Avec constance, de façon larvée, certains s’appliquent sinon à remplacer l’anniversaire du 8 mai 1945, à l’identifier, dans une « fête de l’UE », avec celui du 9 mai 1950, date de l’annonce de la création de la CECA par un certain Robert Schumann, « père fondateur de l’UE », politicien qui avait voté les pleins pouvoirs à Pétain en 1940.

Giscard d’Estaing, qui avait déjà supprimé le 8 mai comme jour férié en 1975, remet ça. L’auteur de la « constitution européenne » prétend faire travailler un jour de plus les Français (le chômage, ça ne le trouble pas plus aujourd’hui qu’hier) et affirmer la « réconciliation franco-allemande ».

Après notre camarade Emile Torner, ancien déporté-résistant récemment décédé, nous disons que les peuples allemand et français n’ont pas à se réconcilier parce que, en tant que peuple, ils n’ont pas été fâchés : les résistants français s’abattaient « sans haine en eux pour le peuple allemand » et réciproquement. Mais avec les nazis, les fascistes, allemands ou d’autres pays, leurs complices, il n’y a pas de réconciliation possible.

Défendons les valeurs représentées par le 8 mai ! Vive le 8 mai !