15ème Rencontre des partis communistes et ouvriers à Lisbonne avec 77 organisations : débats, analyses, lignes d’action
Communiqué de presse du Parti communiste portugais (PCP)
Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
S’est tenue à Lisbonne, les 8, 9 et 10 novembre la 15ème Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers avec comme thème: « L’approfondissement de la crise du capitalisme, le rôle de la classe ouvrière et les tâches des communistes dans la lutte pour les droits des travailleurs et des peuples. L’offensive de l’impérialisme, la recomposition des forces sur le plan international, la question nationale, l’émancipation de classe et la lutte pour le socialisme ».
La rencontre, à laquelle ont participé 77 partis originaires de 61 pays, et qui a reçu les salutations de 14 partis supplémentaires qui pour des raisons diverses n’ont pu participer, a analysé les principaux aspects de l’évolution de la situation internationale dans le cadre de l’approfondissement de la crise du capitalisme et d’un processus complexe de recomposition des forces sur le plan international, mettant en garde contre les grands dangers découlant de l’offensive de l’impérialisme.
Dans le même temps, les participants ont salué et valorisé la résistance et la lutte des travailleurs et des peuples, réaffirmant les réelles potentialités que la situation actuelle recèle pour le développement de la lutte libératrice pour de profondes transformations de caractère antimonopoliste et anti-impérialiste, pour le socialisme.
La Rencontre a constaté l’approfondissement de la crise qui a explosé en 2008 avec la faillite de Lehman Brothers. Une crise qui est loin de toucher à sa fin, démentant les discours de la classe dominante autour d’une prétendue « reprise » et qui confirme les analyses des communistes sur sa nature et son évolution qui, entre autres, la caractérisent comme une crise de surproduction et de suraccumulation de capital. Une crise qui exprime l’aiguisement des contradictions du capitalisme – en particulier sa contradiction fondamentale entre le caractère social de la production et son appropriation privée – mettant en évidence les limites historiques du système et la nécessité et l’actualité de la lutte pour l’alternative fondamentale au capitalisme : le socialisme.
Il a été dénoncé l’objectif du grand capital, des grandes puissances capitalistes et de ses structures internationales et supranationales de coordination impérialiste – comme l’Union européenne – d’imposer aux travailleurs et aux peuples un recul social d’ampleur civilisationnelle remettant en cause les droits économiques, sociaux, des travailleurs, s’attaquant violemment aux conditions de vie des masses ouvrières et populaires, déclarant la guerre à l’indépendance et à la souveraineté des États.
Il a été fait référence en particulier à la dure réalité résultant de l’impact de la crise et de l’offensive capitaliste dans les pays en développement où les peuples voient leur droit à un développement économique et social de plus en plus limité. Dans ce contexte, l’attention fut portée sur les conséquences dans l’agriculture et l’alimentation, remettant de plus en plus en cause la souveraineté alimentaire de nombreux pays et condamnant une proportion énorme de la population mondiale à la faim ou la sous-nutrition.
Ont été relevés les périls qui émergent de la politique militariste des principales puissances impérialistes et de l’OTAN. Il fut souligné que les guerres d’agression, les processus d’ingérence et d’instigation de conflits internes, le renforcement des mesures répressives, autoritaires, de contrôle et d’espionnage font partie d’une réponse par la force du grand capital à la crise du capitalisme, ayant comme un de ses objectifs centraux de maintenir la domination sur les ressources naturelles et les sources énergétiques et de contenir la révolte, la lutte des peuples et les inévitables explosions sociales et révolutionnaires que la situation actuelle comporte.
Les participants ont exprimé leur solidarité avec les luttes en cours sur tous les continents, contre l’impérialisme, pour le progrès social, l’indépendance et la souveraineté nationale, la paix, pour le droit au développement économique et social, pour la construction d’alternatives de souveraineté et de progrès à la domination hégémonique de l’impérialisme, de véritable alternative de fond à la barbarie capitalisme : le socialisme. Il fut réaffirmé le rôle central de la lutte de la classe ouvrière et de son alliance avec les autres classes et couches antimonopolistes pour la défense de leurs droits, notamment du droit au travail, pour les droits des travailleurs, droits sociaux, pour la défense des fonctions sociales des États.
Les participants ont valorisé et exprimé leur profonde solidarité avec tous les peuples qui résistent aux politiques d’ingérence et d’agression de l’impérialisme – en particulier les peuples du Moyen-Orient, saluant les luttes en cours dans cette région contre toutes les formes d’agression et d’oppression, pour la souveraineté, la démocratie, la justice sociale et l’unité nationale, comme en Egypte et en Tunisie. Fut réaffirmée la solidarité avec le peuple palestinien et la lutte pour ses droits nationaux, tout comme avec les autres peuples de la région victimes d’agressions et d’ingérences, comme le peuple syrien.
Dans un contexte encore de résistance et d’accumulation de forces, mais dans lequel émergent des potentialités pour le développement de la lutte révolutionnaire et se manifestent dans diverses régions du monde d’importants facteurs de résistance à la domination hégémonique de l’impérialisme, les participants ont salué et valorisé les luttes des peuples, des communistes et d’autres forces progressistes en Amérique latine, considérant que les processus de lutte, progressistes et d’affirmation souveraine, tout comme la coopération solidaire qui se développe dans cette région, constituent un important facteur, un stimulant pour le développement et le renforcement de la lutte anti-impérialiste. Les participants ont réaffirmé leur solidarité avec Cuba et sa révolution socialiste, tout comme avec le peuple vénézuélien et sa révolution bolivarienne, entre autres.
Il a été souligné l’importance de la lutte pour la défense des libertés démocratiques, contre la progression de l’extrême-droite, contre la xénophobie et le racisme, contre le fanatisme religieux et l’obscurantisme, contre l’anticommunisme. Il a été réaffirmée la solidarité avec les partis communistes et toutes les forces révolutionnaires qui sont la cible de persécutions politiques et de campagnes anti-communistes – notamment sur le continent européen – menées par plusieurs gouvernements, tout comme par des institutions comme l’Union européenne.
Les expériences concrètes de lutte dans différents pays et diverses régions étaient présentes dans la globalité des interventions, confirmant que les travailleurs et les peuples ne se résignent pas et que, même dans les conditions actuelles difficiles, sont possibles des avancés libératrices et des conquêtes dans une perspective antimonopoliste et anticapitaliste.
Il fut affirmé que le socialisme émerge de plus en plus comme la véritable alternative de fond au capitalisme et à sa crise. Tirant des leçons des retards, des erreurs et des déformations contraires aux principes fondamentaux du socialisme mais en valorisant ce qu’il y eut de très positif dans les expériences de construction du socialisme, ce qu’elles ont signifié et signifient encore pour l’Humanité, en valorisant les réalisation du nouveau système social, en reconnaissant qu’il n’y a pas de modèles de révolution, les participants ont souligné le rôle déterminant des masses dans la construction de sociétés socialistes.
Il fut souligné que la situation internationale actuelle rend particulièrement nécessaire le renforcement et la coopération de toutes les forces progressistes et anti-impérialistes, et en premier lieu des forces communistes et ouvrières du monde entier, une des garanties les plus solides pour le renforcement de la lutte des peuples et la construction de l’alternative du socialisme. En ce sens, furent valorisés la riche expérience et les progrès réalisés dans la réalisation des Rencontres internationales des Partis communistes et ouvriers, comme espace d’échanges d’informations, d’expériences et d’opinion, de possible rapprochement de positions, et de décision d’initiatives communes ou convergentes, ayant été réaffirmée l’importance d’assurer sa continuité.
La Rencontre a adopté 13 lignes et initiatives d’action commune ou convergente des Partis communistes et ouvriers (énumérées ci-dessous) à réaliser avant la 16 ème RIPCO, confiant au Groupe de travail des Rencontres des partis communistes et ouvriers (GT) la tâche d’impulser et accompagner leur réalisation.
La Rencontre internationale s’est félicitée de l’existence de trois propositions de lieux pour la réalisation de la 16ème RIPCO. La date, le lieu et le mot d’ordre seront décidés dans une réunion du Groupe de travail qui se tiendra en temps voulu.
Les lignes d’orientation pour l’action commune ou convergente
Les Partis réunis lors de la 15ème Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers définissent les lignes suivantes d’orientation pour des actions communes ou convergentes, confiant la tâche au Groupe de travail de chercher à mettre en œuvre ces lignes d’orientation en coordination avec les partis membres de la liste Solidnet.
1 – Commémorer, pendant l’année 2014, le 100 ème anniversaire du début de la Première Guerre mondiale et le 75 ème anniversaire du début de la Seconde guerre mondiale, par une campagne commune mettant en garde contre les périls de nouveaux affrontements militaires internationaux, alternant sur la nécessité de relancer la lutte pour la paix contre les agressions, les guerres impérialistes, soulignant que la lutte pour la paix est intimement liée à la lutte pour le socialisme (En ce sens, le Parti communiste allemand, le Nouveau Parti communiste de Hollande, le Parti du travail de Belgique et le Parti communiste du Luxembourg nous ont informés de la préparation d’une action dans la ville frontalière de Aix-la-Chapelle, le 15 février).
2 – Marquer les 15 ans du début de l’agression impérialiste criminelle de l’OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie, une nouvelle phase du développement de sa stratégie militaire impérialiste, début de l’occupation de la province serbe du Kosovo et de la Métochie.
3 – Impulser, en coordination avec les partis d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine et des Caraïbes, l’organisation d’un séminaire international sur l’impact de la crise capitaliste dans les pays en développement, centré en particulier sur les questions comme le droit au développement économique et social et la protection des ressources naturelles, tout comme les questions de l’agriculture, de la possession de la terre et de la sécurité alimentaire. Souligner le rôle des monopoles dans la destruction de l’environnement au niveau global, tout en réaffirmant dans le même temps le point de vue antimonopoliste et anticapitaliste sur l’aiguisement de la crise environnementale.
4 – Organiser une campagne internationale de solidarité avec les processus, les luttes qui se déroulent en Amérique latine et aux Caraïbes, tout particulièrement avec Cuba – contre le blocus des Etats-Unis, la position commune de l’Union européenne, et pour le retour des quatre patriotes cubains détenus dans les prisons des Etats-Unis – avec le Venezuela bolivarien et la lutte du peuple colombien pour la paix et la justice sociale.
5 – Etudier la possibilité – en tirant parti des événements internationaux où sont présents un grand nombre de partis – d’organiser une réunion de travail pour débattre de l’offensive idéologique et du rôle des médias, tout comme pour échanger sur le travail de communication de masse.
6 – Commémorer la Journée internationale de la femme (8 mars 2014) en soulignant les effets de la crise et de l’offensive impérialiste sur tous les fronts contre les travailleuses et les femmes opprimées sur une base nationale, en manifestant une solidarité avec leur lutte et avec leur mouvement anti-impérialiste.
7 – Honorer le 1er mai, en participant aux luttes dans chaque pays pour la défense des droits économiques et sociaux des travailleurs et des peuples, du droit au travail et des droits des travailleurs, en soulignant l’importance de la lutte de classes, pour la fin de l’exploitation de l’Homme par l’Homme. Penser à la possibilité d’annoncer en ce jour une journée d’action, avec des initiatives dans chaque pays, contre le chômage et ses véritables causes, en donnant une importance toute particulière au chômage massif parmi les jeunes. Défendre les droits syndicaux, dénoncer la persécution politique et exiger la libération des activistes syndicalistes retenus prisonniers.
8 – Etudier la possibilité d’actions convergentes de lutte contre le racisme, la xénophobie, le fascisme, en insistant sur l’importance de la lutte idéologique contre l’anti-communisme et la réécriture de l’histoire, en dénonçant le rôle de l’Union européenne dans les campagnes et les mesures institutionnelles visant à mettre sur le même plan communisme et fascisme.
9 – Fixer une journée d’action, avec des expressions dans chaque pays, contre la chasse aux partis communistes et l’interdiction des symboles communistes, en manifestant notre solidarité avec les partis communistes interdits dans leurs pays.
10 – Commémorer le 95ème anniversaire de la création de l’Internationale communiste (mars 1919), soulignant, à l’occasion des 90 ans de la mort de Lénine, sa contribution fondamentale au mouvement communiste.
11 – Impulser, en coordination avec les Partis des pays arabes et du Moyen-orient, l’organisation d’un séminaire international sur les luttes d’émancipation sociale et nationale des peuples des pays arabes et du Moyen-Orient, manifestant une solidarité avec tous les peuples de la région qui sont victimes des crimes et agressions impérialistes et sionistes, entre autres le peuple palestinien et syrien, mais aussi les peuples qui se lèvent contre des régimes répressifs, dictatoriaux et réactionnaires, pour défendre leurs droits sociaux, politiques et démocratiques.
12 – Continuer à dénoncer l’intervention impérialiste en Syrie et en Iran, et continuer la lutte pour la reconnaissance d’un Etat palestinien indépendant.
13 – Promouvoir le front international contre l’impérialisme et soutenir les organisations internationales anti-impérialistes de masse, la Fédération syndicale mondiale (FSM), le Conseil mondial pour la paix (CMP), la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD) et la Fédération mondiale démocratique des femmes (FMDF), dans le contexte spécifique à chaque pays.