Offre d’emploi : La CGT recrute un directeur de communication par petite annonce
Brève, vivelepcf, 22 août 2013
Un journaliste du Monde, Michel Noblecourt, fait visiblement une lecture plus exhaustive de l’Huma que nous. Il a ainsi repéré dans l’édition du 30 juillet une offre d’emploi par annonce qui l’a frappé : « La CGT recherche un(e) directeur(trice) de la communication ».
Les journalistes de la presse bourgeoise et du Monde en particulier n’ont cessé d’attaquer le mode de fonctionnement original des organisations révolutionnaires. Aujourd’hui, ils sont comme en manque devant sa banalisation, leur perte d’identité. Du coup, toujours aussi bien intentionnés, ils se moquent. D’une certaine façon, cela fait plus mal qu’hier. Mais cela appelle les militants à réagir.
Revenons à ladite annonce. Extraits :
- « Sous l’autorité politique du membre du bureau confédéral chargé de la communication et de l’information de la CGT, vous aurez pour mission de participer à la définition de la stratégie de communication globale de la Confédération et de piloter sa mise en œuvre, afin de promouvoir l’image de la CGT. »
- « Poste accessible avec un diplôme d’école spécialisée en communication et en relations publiques (CELSA, Ircom, EFAP, ISCOM, ISERP…), de formation supérieure de type IEP ou écoles de commerce avec une spécialisation en communication ou d’un diplôme universitaire bac+5 et plus (master professionnel, master spécialisé…) en communication ou dans les relations publiques. »
- L’offre « s’adresse à des profils confirmés justifiant d’expérience significative en communication interne et externe ainsi qu’en management« .
Renseigné, Noblecourt précise que le poste fait aussi l’objet d’une candidature en interne. On ne sait pas qui sera réellement embauché. Mais le seul fait qu’il y ait offre d’emploi par annonce publique et les critères recherchés sont révélateurs d’une dérive de la conception du syndicat.
Maintenant, à la CGT, un poste aussi important – chapeautant la presse confédérale (la VO), le numérique, les relations avec les media – pourrait être confié à un spécialiste sans aucune expérience militante syndicale !
Un tel poste n’est pas d’abord technique, mais forcément politique, très politique, même placé sous l’autorité du bureau confédéral. Les formations et compétences attendues sont similaires à celles conçues et recherchées pour et par les entreprises capitalistes. Le mot « management » n’est plus tabou à la CGT, devons-nous comprendre ?
Que l’on ne nous dise pas qu’il n’y a pas de compétences dans le syndicat pour la « communication » ! Cela aussi, c’est une question de choix politiques, de conception de l’action syndicale.
La CGT doit-elle se rapprocher encore du fonctionnement des syndicats réformistes européens ? Leur organigramme est constitué essentiellement de technocrates plus ou moins spécialisés dans le social, qui peuvent avoir exercé le même poste dans l’entreprise privé. Ils sont parfaitement adaptés au paritarisme, à la cogestion avec leurs homologues et collègues du patronat.
Le meilleur exemple est tout en haut : La secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CES), la Française Bernadette Segol, n’a jamais milité dans un syndicat…
Une différence demeure toutefois à la confédération CGT. Pour l’instant, les technocrates, d’origine interne ou externe, n’occupent pas les tout premiers rangs. Aux militants de faire en sorte que cela ne devienne pas une question de communication !