Articles taggés turquie

Procès politique d’Erdogan contre les journalistes Can Dündar er Erdem Gül: appel syndical à François Hollande

Nous reproduisons ci-dessous l’appel des syndicats français SNJ-CGT, SNJ et CFDT-Journalistes à François Hollande pour qu’il intervienne en faveur de la liberté de la presse en Turquie.

Le 25 mars 2016, s’ouvrait le procès (à huis clos) des journalistes du quotidien d’opposition Cumhuriyet, Can Dündar er Erdem Gül. Le régime leur reproche d’avoir informé sur des livraisons d’armes turques en Syrie. Ce procès et sa mise en scène, voulus par le président Erdogan, rentrent dans une campagne d’ensemble d’intimidation de l’opposition, de répression, de guerre. Les tendances dictatoriales du régime s’affirment.

Il a lieu juste après une nouvelle manifestation éhontée de complaisance des gouvernements européens et de l’UE à l’égard du régime turc avec la signature de l’accord UE/Turquie sur les réfugiés.

Le procès a été ajourné au 1er avril, non sans qu’Erdogan prenne violemmant à partie les manifestations de soutien, y compris de diplomates, aux journalistes le 25 mars. La campagne internationale d’information et de dénonciation s’intensifie.(Solidarité internationale PCF – vivelepcf)

Appel (SNJ-SNJ-CGT-CFDT-Journalistes) au président de la République, M. François Hollande : la liberté de la presse en Turquie ne peut pas être bradée

Monsieur le Président,

Dans un article publié par le quotidien Le Monde daté du 17 mars, Can Dündar, rédacteur en chef du journal turc d’opposition Cumhuriyet, accuse les leaders européens d’«abandonner les démocrates en Turquie», dont les journalistes, en raison des négociations entre Bruxelles et Ankara sur la question des migrants.

Can Dündar et son confrère Erdem Gül (responsable du bureau d’Ankara du journal) seront appelés à comparaître le 25 mars devant un tribunal d’Istanbul accusés d’«espionnage » et de « divulgation de secrets d’Etat ».

Ils risquent la réclusion à vie pour avoir fait simplement leur travail de journaliste, celui d’informer l’opinion publique.

Arrêtés en novembre et détenus pendant trois mois dans les geôles de la prison de Silivri sans jugement, ils ont été finalement libérés par une décision de la Cour Constitutionnelle «au motif que nous n’avions rien fait d’autre que du journalisme», souligne le journaliste.

Can Dündar se souvient des propos du Premier ministre turc à propos de la liberté de la presse : « Pendant que Davutoglu (le premier ministre) déclarait qu’« en Turquie aucun journaliste n’est en prison à cause de ses activités de journaliste », j’étais devant la télévision de la prison où je me retrouvais pour avoir publié une information sur la livraison d’armes en Syrie par les services de renseignement turcs. Et, dans l’isolement cellulaire où j’étais maintenu, je m’écriais : « Quel énorme mensonge ! »

D’ailleurs, poursuit Can Dündar : « En Turquie, les journalistes étaient libres de poser les questions, à la condition d’accepter le risque de perdre leur emploi ou d’aller en prison. Cette situation avait fait de la Turquie l’une des plus grandes prisons pour journalistes du monde ».

M. Le Président, les syndicats de journalistes français, membres de la Fédération internationale des Journalistes et de ses 600.000 adhérents dans le monde vous demandent instamment que la France pèse de tous son poids pour que la Turquie ne soit plus « une des plus grandes prisons » pour nos confrères. Ce pays compte aujourd’hui une trentaine de journalistes embastillés.

Nous demandons avec la plus grande détermination que le procès de Can Dündar et Erdem Gül soit annulé, car sans base légale d’après le syndicat turc des journalistes (TGS).
Ce procès, comme l’enfermement de journalistes, mais aussi l’affaire récente de Zaman - le quotidien au plus fort tirage en Turquie pris en otage pour le transformer en organe pro gouvernemental – témoignent des atteintes graves à la liberté de la presse et au pluralisme dans un pays candidat à l’Union européenne.
Des entraves gravissimes à la Charte européenne pour la liberté de la presse que l’Europe et en premier lieu la France ne peuvent garder sous silence.

Veuillez croire, Monsieur le Président, en nos sentiments respectueux.

Montreuil, le 22 mars 2016

Emmanuel Vire, pour les syndicats SNJ, SNJ-CGT et CFDT Journalistes

Le 8 mars en Turquie : forte mobilisation des femmes contre le régime d’Erdogan

MlJ pour « Solidarité internationale PCF – vivelepcf », 10 mars 2016, d’après des dépêches et articles de la presse internationale

Par dizaines de milliers les Turques se sont emparées de la journée internationale des femmes, ce 8 mars 2016, pour exprimer l’opposition populaire au régime ultraréactionnaire, autoritaire et fauteur de guerre du président islamiste Recep Tayyip Erdogan.

La manifestation d’Istanbul, notamment, a dénoncé les atteintes aux droits de l’Homme, à la liberté d’expression, les massacres perpétrés par le régime dans les régions kurdes du sud-est du pays.

Les manifestantes ont dénoncé avec force la ligne politique islamiste du gouvernement qui entretient et aggrave les discriminations séculaires à l’encontre des femmes. Malgré son niveau de développement économique, la Turquie pointe au 77ème rang sur 138 pays dans le classement selon l’indice d’égalité hommes/femmes défini par Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Entre un tiers et la moitié des femmes turques seraient victimes de violences physiques dans leur ménage d’après Amnesty International.

De son côté, le président Erdogan s’est saisi de la date du 8 mars pour rappeler sa conception sur le sujet, lors d’une conférence à Ankara, devant un parterre de femmes « méritantes » triées sur le volet : « Je sais qu’il y en aura encore qui en seront gênés, mais pour moi la femme est avant tout une mère ». S’appuyant sur des versets du Coran, le même s’était illustré en affirmant que l’égalité homme/femme était « contre-nature ».

Les manifestions revendicatives et contestatrices étaient interdites le 8 mars, entre autres, à Ankara, Istanbul, Urfa, ou Batman au Kurdistan. Une manifestation féminine à Istanbul dans le quartier de Kadiköy (Chalcédoine), anticipée au 6 mars pour cette raison, a été durement réprimée à coups de canons à eau et de gaz lacrymogène. Les policiers d’Erdogan leur ont intimé de rentrer à la maison et de laisser leur mari s’affronter à leur place. Ils ont eu le droit au pied de nez des manifestantes. Plusieurs militantes ont été interpelées, dont une dirigeante du Parti démocratique des peuples (HDP).

Leur résistance n’en est sortie que renforcée.

Guerre, répression, violation des droits élémentaires, abandon des réfugiés, aides aux milices islamistes terroristes : malgré tout cela, les gouvernements de l’Union européenne multiplient les actes de complaisance à l’égard du régime d’Erdogan. Ces mêmes bien-pensants européens qui font de l’égalité homme/femme un de leurs principaux slogans électoraux…

Exprimons notre pleine solidarité avec les femmes progressistes de tous les peuples de Turquie !

Irak : déchaînement d’horreur et de cynisme. Que les impérialistes arrêtent de soutenir et d’armer les barbares en Syrie !

Vivelepcf, 16 août 2014

Les groupes armés de l’autoproclamé « Etat islamique » sème la terreur et l’horreur dans une grande partie de l’Irak. Les récits des populations persécutées, d’origine chrétienne, yézidie ou musulmane, font état de crimes atroces. Ces barbares assoient leur pouvoir sur la cruauté et le sadisme, revêtus d’obscurantisme religieux. Les scènes relatées ont peu d’équivalents dans l’histoire. Elles rappellent le génocide ottoman contre les populations chrétiennes de Turquie, arméniennes, grecques et chaldéennes après 1915.

Les milices « djihadistes » sévissent en Irak depuis des mois. Mais, surarmées, elles viennent de progresser fortement dans leur guerre de conquête. Elles pourraient prendre le dessus sur le faible pouvoir fantoche de Bagdad et menacent l’entité kurde d’Irak. Elles pourraient ainsi prendre le contrôle d’importantes zones pétrolifères.

Voilà les raisons réelles et immédiates qui expliquent la décision des Etats-Unis d’intervenir à nouveau par des attaques aériennes ciblées et des livraisons d’armement. Leurs alliés de l’OTAN, France et Allemagne en tête, se livrent à une surenchère à leur suite. C’est à qui manifestera en direction de l’opinion publique le plus grand activisme pour fournir des armes, de l’aide, accessoirement humanitaire, aux forces qui résistent aux « djihadistes ».

Quel cynisme !

Les impérialismes occidentaux, mais aussi turc et arabes du Golfe, se sont appliqués à démanteler l’Irak en opposant les populations et les factions armées les unes contre les autres. Ils ont lourdement appuyé les islamistes, qui disposent des armements les plus modernes. Maintenant, ils se voient obligés de rétablir un équilibre et craignent pour leur accès privilégié au pétrole du nord de l’Irak.

Le sort des populations locales est une préoccupation bien secondaire même si elle peut être reprise à des fins de propagande intérieure, d’autant que les populations chrétiennes figurent parmi les premières victimes.  Ce n’est pourtant pas d’aujourd’hui que les chrétiens sont persécutés en Irak. En France, Hollande, Valls et Fabius espèrent sans doute aussi faire oublier leur passivité, leur indulgence pour l’agresseur israélien, devant la guerre criminelle à Gaza.

Dans l’urgence irakienne, que dire ? Nous ne pouvons que comprendre les populations traumatisées qui attendent désespérément un minimum de protection, le début du recul des barbares islamistes.

Mais les interventions des impérialistes ne sont pas qu’immorales, elles ne cherchent en rien à un rétablissement de la paix dans cette région du monde et n’y conduisent pas.

Le champ de leurs intérêts et de leur cynisme ne s’arrêtent pas aux frontières de l’Irak. Pendant qu’elles prétendent contenir ou repousser les « djihadistes » en Irak, les puissances occidentales continuent à les soutenir politiquement et militairement, directement ou indirectement, en Syrie, pays à qui ils font subir le sort de l’Irak ou de la Libye. Les armements lourds et sophistiqués des « djihadistes » ne sont pas tombés du ciel. Ceux-ci commettent les mêmes atrocités en Syrie depuis des années sans attirer l’émotion ni même l’attention.

Le régime au pouvoir en Turquie, frontalière des zones contrôlées par les « djihadistes » en Syrie, manifeste une bienveillance à leur égard. Il n’a jamais caché son intérêt à la dislocation de l’Etat syrien, à l’extension de sa zone d’influence, son acharnement antikurde en Syrie, en Irak comme face à ses propres ressortissants.

Arabie Saoudite et Qatar financent les djihadistes, achètent pour eux les armes et les leur livrent au su de tous.

Nous tous qui en France sommes horrifiés par les crimes des djihadistes, effrayés par la poussée de l’obscurantisme, révoltés par l’extension de la misère dans la région, nous qui refusons la guerre, nous pouvons et devons intervenir  auprès des autorités françaises pour :

-          Empêcher toute livraison d’armes, directe ou indirecte, aux djihadistes en Irak ou en Syrie

-          Engager des négociations pour une solution politique en Syrie, sous l’égide de l’ONU, avec toutes les parties en présence, à l’exclusion des islamistes

-          Faire pression sur la Turquie pour qu’elle cesse tout soutien aux islamistes

-          Faire pression sur l’Arabie Saoudite et revoir et dénoncer toutes les relations de la France avec le Qatar, dictature absolutiste et véritable verrue affairiste au Moyen-Orient.

La solidarité réelle avec les populations d’Irak passe, encore et toujours, par la lutte contre l’impérialisme.

 

Article en relation (5 août) :

Solidarité avec le peuple irakien : dénoncer les ingérences impérialistes américaines (et françaises) dans toute la région

Dénoncer l’hypocrisie sur le sort tragique des Chrétiens d’Irak : 1991/2003/2011, USA et Europe, les vrais responsables !