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Hommage du PADS à Henri Alleg lors de ses obsèques, prononcé par William Sportisse

Texte repris du site : http://www.lien-pads.fr/

Lundi 29 juillet 2013, au crématorium du père Lachaise (Salle la coupole) à Paris se sont déroulés les obsèques de notre camarade et frère de lutte Henri Alleg. Nous présentons ci-dessous l’hommage du Parti Algérien pour la Démocratie et le Socialisme, présenté par le camarade William Sportisse, membre de sa direction:

 

Mesdames, Messieurs, Chers amis et camarades,

Pour les communistes algériens, le décès de Henri Alleg,  notre camarade et frère de lutte  est ressenti douloureusement. Nombreux sont les Algériens, hommes et femmes, jeunes et vieux qui expriment eux aussi de différentes manières leur peine profonde. Nous garderons dans notre mémoire sa  participation à notre commémoration du 50 ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie malgré son extrême fatigue.

Nous tenons à mettre en évidence l’ardeur qui l’a animé pendant plus de soixante dix ans dans ce combat  que nous menons pour empêcher notre société de sombrer dans la barbarie, mettre fin à l’exploitation d’une classe par une autre et à l’oppression d’une nation par une autre. Cette ardeur reposait sur des convictions idéologiques et politiques communistes profondes.

Il ne manquait pas d’affirmer que les formes de lutte ne sont pas choisies en fonction de nos  désirs et  aspirations naturelles  à ne pas alourdir les souffrances du peuple mais nous sont imposées par un système d’exploitation et d’oppression qui n’accepte pas de mourir  sans recourir à la violence. Les communistes et les nationalistes algériens avaient cherché en vain une solution démocratique et pacifique pour en finir avec le système colonial.  A la violence coloniale le peuple a dû répondre par la violence révolutionnaire.

La pratique de la torture pour réprimer l’insurrection va prendre durant la guerre d’Algérie une dimension massive et barbare. Il fallait la dénoncer devant l’opinion publique mondiale. Ce fut le mérite de Henri de l’avoir courageusement fait dans « La Question ». Sa diffusion avec l’aide de ses camarades du PCA et du PCF et d’autres forces démocratiques et progressistes  a contribué à la prise de conscience nécessaire à la mobilisation populaire en France et dans le monde pour obliger le gouvernement français à entamer les négociations pour faire droit aux légitimes revendications du peuple algérien à son indépendance.

La vigilance révolutionnaire de notre camarade Henri était constamment en éveil. Il flairait les tentatives de remettre en cause les avancées progressistes du mouvement populaire.

Il a dénoncé les tentatives de justifier la pratique de la torture, car elles servent à couvrir la barbarie des impérialistes en Irak, en Afghanistan ou dans les nouvelles guerres qu’ils préparent pour conquérir des marchés ou pour s’emparer des richesses énergétiques des peuples.

Sa vigilance révolutionnaire ne sera pas prise en défaut au lendemain de la disparition de l’Union soviétique. Il ne se laisse pas prendre dans les filets du reniement idéologique et politique et des mensonges des médias capitalistes sur les causes de la disparition de l’Union Soviétique.

Henri se rendra en Russie  après la victoire de la contre-révolution. Il nous apporta les premières réponses à nos interrogations. Son ouvrage « Le grand bond en arrière » constitue  une première contribution à l’analyse du désastre qui a  bouleversé l’équilibre des forces dans le monde. Cette première contribution a été suivie de celle réalisée par sa défunte compagne Gilberte, dont nous gardons précieusement dans nos mémoires le souvenir,  et de son fils Jean qui ont traduit pour nous de l’anglais au français  l’ouvrage des deux auteurs américains, Roger Keeran et Thomas Kenny, « Le socialisme trahi, les causes de la chute de l’Union Soviétique » (en vente militante voir lien – NDLR).

Son activité d’écrivain a reflété son souci de faire partager les connaissances acquises au cours de ses voyages au plus grand nombre de jeunes et de travailleurs pour les aider à élargir leur horizon et les amener à mesurer l’importance de la solidarité internationaliste entre les peuples.

Cette solidarité internationaliste, expression concrète des idéaux des communistes, Henri la pratique dans son action chaque fois que des communistes, des anti-impérialistes ou des progressistes sont victimes de la répression.

En tant que membre fondateur du Comité Honecker, il sera aux côtés des dirigeants de la République démocratique allemande victimes de la répression revancharde. Il sera également solidaire du noir américain Mumia Abou Djamal, du Palestinien Barghouti, du Libanais Ibrahim Abdallah.

Durant ces deux dernières décennies il à accordé beaucoup d’importance à la défense et à la préservation d’un Parti communiste de classe armé de la théorie révolutionnaire du Marxisme-léninisme. Il  a consacré beaucoup de son temps et de ses efforts à cette tâche décisive dans la lutte contre les capitalistes.

Camarade Henri, tu nous quittes, mais tu resteras toujours présent dans la mémoire des hommes libres qui veulent remettre le monde à l’endroit car il est encore malheureusement à l’envers. Ton optimisme et ton exemple guideront les générations futures. Ta combativité jusqu’à ton dernier souffle les  inspirera.

Obsèques d’Henri Alleg : hommages multiples à la vertu d’un communiste

Brève pour vivelepcf.fr,  21 août 2013

La salle de la Coupole du funérarium du cimetière du Père Lachaise a été beaucoup trop petite. Environ 400 personnes sont venues aux obsèques d’Henri Alleg le 29 juillet 2013, certaines de très loin, notamment d’outre-méditerranée. Pour la plupart, elles sont venues rendre hommage à un camarade de souffrance, à un camarade de lutte, à un engagement communiste exceptionnel.

La personnalité d’Henri Alleg, sa marque sur l’histoire ont aussi forcé des hommages venus de cercles beaucoup plus lointains.

Le choix avait été fait de laisser place à toutes les reconnaissances officielles.

Arnaud Montebourg a représenté le gouvernement. Dans un communiqué, François Hollande avait salué la mémoire de celui qui « alerta sur la réalité de la torture en Algérie » et « d’un « anticolonialiste ardent ». On ne manquera de rappeler ces propos le moment venu à ceux qui enchaînent les guerres néocolonialistes en Afghanistan, en Libye ou au Mali, à ceux qui se refusent toujours à ouvrir les archives sur la guerre d’Algérie, à ceux qui sont les héritiers en droite ligne des politiciens SFIO qui couvrirent la sinistre bataille d’Alger (et n’avaient pas besoin d’être « alertés » sur la torture… ).

Son excellence l’Ambassadeur d’Algérie, M. Missous Sbih représentait son pays. Un message du président Bouteflika a été lu dans lequel il salue un « vaillant compagnon de lutte », « son poignant et courageux témoignage contre la torture » et exprime « sa profonde gratitude et toute sa reconnaissance au valeureux militant qui s’est pleinement investi dans le combat de l’Algérie contre le joug colonial ». Cet hommage est clairement celui du peuple algérien. Ce n’est pas celui d’un régime qui, dans ses contradictions, selon les périodes, a interdit le Parti communiste algérien, a pu opprimer ses membres jusqu’à les torturer lui-même, a dénié la nationalité algérienne de certains de ces membres éminents combattants pour l’indépendance.

Pierre Laurent s’est exprimé au nom du Parti communiste français dont il est le secrétaire national. Il a évoqué principalement l’engagement anticolonialiste d’un « nom qui restera irrémédiablement synonyme de justice, de courage et de vérité ». Complétant son communiqué de presse où il saluait un peu étonnamment « Henri Alleg, l’honneur de notre nation », il a mentionné  « le communiste d’Algérie, le communiste de France, le communiste tout court », sans s’étendre.

Henri Alleg avait en effet poursuivi son engagement communiste en France au PCF auquel il avait adhéré en 1972. Jusqu’à la fin, Henri s’est battu pour le rassemblement des communistes, pour la défense et le renforcement d’un PCF marxiste-léniniste en opposition avec les mutations réformistes engagées dans les années 80 et 90.

L’hommage vibrant de William Sportisse, son compagnon de toujours, au nom du Parti algérien pour la démocratie et le socialisme, le PADS, a rétabli toute la cohérence des luttes d’Henri Alleg.

Le militant contre la torture l’était parce qu’il était militant algérien contre le colonialisme, parce qu’il était militant pour le droit des peuples et pour le socialisme, parce qu’il était communiste ayant trouvé la théorie et l’organisation permettant d’organiser sa révolte.

Les interventions d’Alban Liechti, soldat du refus en Algérie, pour l’Association contre le colonialisme aujourd’hui, l’ACCA, de Gérard Tronel pour le Comité Audin, le message retransmis de Mumia Abu Jamal depuis sa prison américaine ont souligné la continuité de l’engagement anticolonialiste d’Henri Alleg d’une façon particulièrement émouvante.

Les interventions de ses fils, André et Jean Salem, ont repris l’ensemble du parcours de leur père, rétabli toutes les convictions communistes profondes qui n’ont cessé de l’animer à travers les époques. Ils ont su, avec grande émotion, à travers quelques anecdotes, rendre la personnalité, le sens de l’humour de leur père dans lequel tous ceux qui l’ont même seulement croisé ont reconnu sa subtilité exceptionnelle.

Au son d’Au-devant de la vie », du Chant des partisans soviétiques, de l’internationale chantée en arabe, le rassemblement, transcendant les cadres de la cérémonie, a exprimé la communion autour d’Henri Alleg de ses camarades et amis sincères.

Vivent les partis communistes !