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Gare de Conflans-Jarny (Meurthe-et-Moselle): 1313 SIGNATURES CONTRE LES SUPPRESSIONS DE TRAIN (pétition initiée par la section du PCF)

Article et photo repris du Républicain Lorrain

1 313 signatures, où le résultat de la pétition lancée par le PCF du Jarnisy, hostile à la suppression programmée de lignes et de dessertes au départ de la gare de Conflans-Jarny. Ces militants ont remis les paraphes entre les mains du maire de Jarny.

Eric Monnini, le responsable du Parti communiste du Jarnisy, a remis les 1 313 pétitions à Jacky Zanardo. Les militants sont bien décidés à préserver les lignes de train dans le viseur de la Région.

Comme le dit si bien Jean Baus, du PCF du Jarnisy, la démarche des militants n’a rien à voir avec les prochaines élections régionales. « On n’a pas fait ça dans un but électoraliste. » C’est pourquoi lui et les siens ont tenu à confier leurs précieuses pétitions avant le démarrage de la campagne officielle de ces régionales.

Ils ont ainsi été une dizaine de militants du Parti communiste à donner les quelque 1 313 pétitions recueillies à Jacky Zanardo, en mairie de Jarny. 1 313 paraphes obtenus lors d’un âpre travail de terrain. Le combat du moment pour la section locale est déjà connu d’une grande partie de la population. Les militants luttent en effet contre la suppression programmée de deux lignes de train entre Jarny et Metz via Onville, ainsi que contre la fin des dessertes directes entre Jarny et Metz via Hagondange (lire nos précédentes éditions). Deux mesures voulues par le conseil régional de Lorraine et qui devraient être adoptées l’an prochain. « A travers ces projets, on marque aussi notre inquiétude sur le devenir de la gare de Jarny. Car à force de vouloir supprimer des lignes, on se dirige vers la fermeture de celle-ci », a souligné Eric Monnini, le président de la section, au moment de remettre les pétitions à Jacky Zanardo.

Jean Baus, l’une des figures du syndicat dans le Jarnisy, a pour sa part fait remarquer que l’initiative des militants n’est pas venue de leur propre chef. « Ce n’est pas nous qui avons choisi d’enquiquiner le monde avec ces pétitions. Ce sont les usagers (des trains, NDLR) qui sont venus nous voir lors de nos permanences, le vendredi après-midi. Leur inquiétude est réelle. »

Bercé par la couleur rouge ayant fondé son parcours politique, le maire de Jarny s’est naturellement montré en phase avec les militants.

Il a d’ailleurs rappelé que, aussi bien en conseil municipal qu’à celui de la CCJ, il a fait adopter des motions contre les projets de la Région. « Je vais remettre vos pétitions prochainement au président du conseil régional et j’en profiterai pour lui donner un courrier avec mes commentaires personnels », a répondu l’édile aux militants.

De leur côté, ces derniers ne vont pas rester les bras croisés. Ils réfléchissent à d’autres actions. « Il y a 12 ans, la poste de Jarny était en danger de mort. On a initié la même opération qu’aujourd’hui, on l’a sauvée », ont rappelé les militants.

Contre le démantèlement, la mise en concurrence et la privatisation de la SNCF, après la grande grève de juin, la bataille du rail ne fait que commencer.

TRACT SNCF APRES LA JOURNEE NATIONALE D’ACTION CGT DU 29 JANVIER 2015 (PDF dans la rubrique « tracts »)

La vigueur et la détermination des grévistes en juin contre la « réforme ferroviaire » a changé la donne.

Le gouvernement et la direction de la SNCF avaient compté sur un mouvement social symbolique pour passer en force, et en douce. Derrière quelques concessions de façade au Parlement, ils espéraient masquer la réalité de leur projet.

La grève, au contraire, a mis en évidence la dissolution de la SNCF historique en vue de son éclatement et le lien avec la dégradation des conditions de travail et du service public, y compris avec les dysfonctionnements aberrants comme les rames de TER trop larges et même indirectement avec les dramatiques accidents récents. Dans le monde du travail, dans les autres services publics, les cheminots sont apparus à nouveau comme un point d’appui pour la lutte.

Aujourd’hui, la direction et le gouvernement poursuivent leur stratégie de passage en force, en s’appuyant sur la levée des entraves juridiques à leur politique de privatisation avec la « réforme ». Mais il n’est pas si facile d’exploser une entreprise intégrée, aux activités imbriquées depuis 77 ans.

Les nouvelles annonces de suppressions d’emploi – 2000 pour 2015 -, la hausse brutale de 2,8% des tarifs passent très mal dans l’opinion, alors que des lignes, des gares, des guichets ferment. Au point que la ministre Ségolène Royal s’est émue à la télévision de la décision que son propre ministère a validée !

Dans la suite de la grève, les cheminots, avec leurs syndicats de lutte, s’opposent pied à pied aux dispositions précises d’éclatement de la SNCF. S’appuyant sur les contradictions entre les proclamations hypocrites de la loi et les faits, ils se battent notamment pour que le « décret socle »  reprenne les acquis du statut SNCF abrogé.

Ces batailles sont décisives pour défendre les acquis sociaux mais elles s’inscrivent aussi dans l’objectif de défense du service public nationalisé du rail. Même entamé, il continue à exister dans les faits et dans les têtes. Il n’y a pas de raison d’en faire le deuil comme les directions et la propagande gouvernementale y poussent. A l’inverse, de larges convergences existent pour le défendre et le reconquérir. C’est cela aussi qu’a montré la grève de juin.  

Elle a clarifié les positionnements de chacun, levé heureusement des confusions. La duplicité des syndicats de collaboration de classe est apparue au grand jour.

Du côté politique, il n’y a plus aucune illusion à se faire sur un changement de politique électoral à « gauche ». La grève a amené les députés PS « frondeurs » ou « écologistes » à se démasquer. Ils ont voté comme un seul homme la casse de la SNCF. Dans les régions – on vote en novembre 2015 après la dangereuse « réforme territoriale » -, les exécutifs de « gauche » rentrent dans la logique des appels d’offres et de la mise en concurrence. Ils cautionnent la suppression des contrôleurs dans les TER. Dès le lendemain de la grève de juin, des actions rassembleuses repartaient pour leur maintien.

Non, les convergences se situent ailleurs : des convergences d’intérêts chez tous les cheminots, des convergences avec les travailleurs des autres services publics, à commencer par ceux du transport, des convergences avec les usagers et les populations.

Il s’en est fallu de quelques jours pour que la grève de juin fasse jonction avec la journée d’action interprofessionnelle contre le « pacte de responsabilité ». En novembre, une journée d’action commune des salariés du transport a été organisée. La direction de la RATP, dans la même stratégie de concurrence et privatisation, s’attaque aux rythmes de travail, exactement dans les mêmes termes qu’à la SNCF. Les mouvements d’usagers se multiplient, s’organisent contre la réduction de l’offre de transport ferroviaire, la désertification de régions entières. Le lien est évident avec les dizaines de luttes locales pour La Poste.

Ce 29 janvier, les électriciens et gaziers, en lutte contre le projet de loi soi-disant de « transition énergétique » rejoindront la manifestation des cheminots.

Toutes ces forces ensemble sont considérables !

Au plan international, les cheminots suédois, belges, puis allemands se sont mobilisés ces derniers mois, dans des grèves fortes, contre le même processus de privatisation. Les cheminots britanniques, avec leur syndicat RMT, gagnent du terrain sur leur revendication de renationalisation du rail (sur un champ de ruines dans le pays précurseur de la « libéralisation »).

Pour nous communistes, la question n’est pas de négocier à Bruxelles avec les autorités de l’Union européenne un accompagnement concerté de la politique de casse sociale portée par les directives de mises en concurrence des 4 « paquets ferroviaires ». La question est de s’appuyer sur les résistances des travailleurs de chaque pays, confrontés au même processus, mais un stade très différent, pour gagner en France le rejet de l’application des directives et règlements européens.

Communistes, cheminots ou salariés d’autres entreprises, jeunes ou retraités, nous avons soutenu entièrement la grève de juin, porteuse d’une alternative politique. Nous soutenons plus que jamais les revendications des cheminots qui rentrent dans la perspective pour laquelle nous voulons nous battre ensemble :

La défense, la reconquête et l’extension des monopoles publics des transports !

 

En 2015 : lancer une campagne nationale contre la hausse des tarifs publics !

Repris de PCF Paris 15, 31 décembre 2015

Les hausses des tarifs publics au 1er janvier suscitent une colère justifiée dans le pays, malgré tous les discours et les fourberies employés par les autorités pour les faire passer.

La hausse des tarifs SNCF a été annoncée à peine quelques jours avant seulement, en plein milieu des fêtes : 2,6% en moyenne (officiellement). Le cabinet de Ségolène Royal a timidement confirmé prétextant qu’il s’agit de financer la maintenance. De qui se moque-t-on ? La discrétion du pouvoir et de la direction de la SNCF correspond sans aucun doute à leur peur des suites de la grève contre la « réforme ferroviaire », devant ses conséquences maintenant palpables.

Le comble de l’hypocrisie a été atteint par le Conseil régional de « gauche » d’Ile-de-France avec la hausse décidée en décembre du Pass Navigo et des tickets de transport régionaux RATP/SNCF. Le ticket à l’unité augmente de 5,8% à 1,8 euro, le carnet de 10 de 2,9% à 14,10 euros. Pour les habitants de Paris et des communes limitrophes, l’abonnement mensuel prend encore 4,3% passant de 67,10 euros à 70 euros.

Mais là, la « gauche » brandit son prétexte : l’avènement en septembre du Pass Navigo à tarif unique pour toute la région capitale, conformément à une promesse électorale de la « gauche » en 2009 (de l’UMP de Copé en 2004). Nous avons déjà montré combien le coût de la mesure, de l’ordre de 500 millions d’euros par an, sera supporté par la collectivité, très sévèrement par les salariés des zones 1 et 2, pendant que les employeurs, principaux bénéficiaires se voient compenser le relèvement de leur versement transport. Voir notre article en lien : Pass Navigo au tarif unique de 70 euros: le patronat n’aura rien à payer ! Qui va payer alors ? . Il y a fort à parier qu’en septembre le prix unique du Pass Navigo soit encore revu à la hausse, au-dessus des 70 euros.

Depuis 2009, le prix du Pass Navigo 2 zones – le plus répandu –  aura augmenté de 24%, c’est-à-dire 222 euros par et par personne, alors que l’inflation cumulée aura à peine atteint 7%. En 2014, l’inflation atteindra 0,3% mais les tarifs SNCF augmentent de 9 fois plus, de 2,6% !

Pour la première fois depuis 1996, l’INSEE, dans ses dernières données, a officiellement reconnu que le pouvoir d’achat des salaires avait baissé de 0,4% en 2012, celui des retraites reculant bien davantage. Les ménages de travailleurs n’ont pas attendu ses chiffres pour s’apercevoir d’un recul bien plus important de leur pouvoir d’achat réel. La hausse des dépenses contraintes – logement, assurances, transports, chauffage etc. –  va bien au-delà des chiffres moyens de l’inflation. C’en est l’une des causes.

Le scandale le plus voyant est atteint par les prix du gaz. Ils ont été augmentés de 82% depuis 2005 ! Le principal prétexte avancé était, avec constance, la hausse des prix du pétrole brut sur lesquels seraient indexés les contrats de fournitures notamment de GDF-Suez. Les cours du pétrole diminuent fortement, pourtant, le gouvernement annonce une nouvelle augmentation du gaz pour les particuliers de 1,8% en janvier 2015. Officiellement, il s’agit de faire payer aux ménages une nouvelle hausse de la « taxe carbone ». C’est du vol ! Pendant ce temps, GDF-Suez accumule les profits, 2,6 milliards d’euros sur le premier semestre 2014. De très fortes hausses d’électricité sont aussi prévues.

Les hausses de tarifs publics ne correspondent en rien avec une amélioration du service rendu. Tout au contraire, le gouvernement continue à faire payer aux usagers le démantèlement du service public et la rente actuelle et future aux multinationales.

2,6% d’augmentation à la SNCF après une année 2014 marquée par la suppression de milliers de kilomètres de voies, de dizaines d’arrêts et de gare, de centaines de trains et guichets, de postes de contrôleurs ! En revanche, le gouvernement trouve sans peine 60 millions d’euros à verser à un lobby américain pour que la SNCF aille faire rouler le train de la privatisation … aux Etats-Unis ! Usagers, contribuables, nous sommes rackettés pour financer la privatisation, la transformation de la SNCF en multinationale, pour financer les intérêts des banques qui se gobergent des dettes fabriquées du service public.

C’est sans doute à La Poste, en ce premier janvier, qu’apparaît toute la brutalité, tout le cynisme de ces directions, de ces gouvernements français successifs et de leur Union européenne. Le prix du timbre normal augmente de 15%, certains tarifs « économiques » augmentent de 25%. La direction prétend qu’il s’agit de compenser la perte de volume du courrier. Au contraire, il s’agit de l’accélérer, tout en rançonnant les usagers, en liquidant l’égalité de traitement, en liquidant des moyens et des personnels, pour détruire un service unique, inestimable – la venue d’un facteur dans tous les foyers 6 jours par semaine, un réseau unique de bureaux dans le pays – avant que tout projet d’adaptation et d’amélioration du service ait pu voir le jour.

Partout des luttes se développent. A la SNCF, la force de la grève contre la réforme ferroviaire rend plus difficile la casse du service public. A La Poste, des centaines de luttes locales se sont déclenchées en 2014 (voir notre dernier tract en lien : En 2015, nationaliser la lutte pour le service public de LA POSTE : C’est possible, c’est nécessaire !). En 2009, des millions d’usagers ont dénoncé la transformation en société anonyme et affiché leur volonté de défendre le service public. Dans la bataille idéologique, l’Union européenne a fini d’être démasquée comme le syndicat des prédateurs capitalistes. Le prétexte des directives européennes à la casse des services publics ne peut plus fonctionner. Les usagers, les salariés, la population finissent de faire le deuil des faux espoirs répandus avant les élections de 2012 entretenus pour les pousser à la résignation.

La solution est dans la lutte, dans la convergence des luttes entre salariés des différents services publics, entre salariés et usagers, contre cette politique de casse qui atteint directement, durement, chacun d’entre nous dans sa vie de tous les jours.

En 2015, communistes, nous serons de ceux qui impulseront la campagne nationale contre les hausses des tarifs publics.

Quel bilan tirer de la lutte du mois de juin 2014 contre la « réforme ferroviaire » ?

Entretien avec Matthieu BOLLE REDAT, secrétaire du syndicat CGT des cheminots de Versailles

Qu’est-ce que la loi de portant réforme ferroviaire ?

La loi portant réforme ferroviaire a 2 grands volets : l’un sur la structuration du système ferroviaire français et l’autre sur les conditions de travail et donc sur le statut spécifique des cheminots.

Sur le volet structuration, la loi dispose de la dissolution de la Société Nationale des Chemins de fer Français (SNCF) au 1° janvier 2015, et la création de 3 nouvelles entreprises publiques au sein d’un groupe :SNCF (holding de tête), SNCF Réseau (regroupant les 55000 agents de la maintenance de l’infrastructure et de la circulation ferroviaire) et SNCF Mobilité (compagnie regroupant les 100 000 agents du « produit train » : commerciaux en gare, conducteurs, contrôleurs, agents de maintenance des rames…). C’est la dislocation de la famille cheminote, avec d’un côté SNCF réseau quiprend en charge l’infrastructure et la dette du ferroviaire et restera publique ; et de l’autre SNCF Mobilité qui forme une compagnie « comme les autres », vouée à un marché concurrentiel comme air France ou EDF et ayant vocation à être privatisée.

Le tout, chapeauté par SNCF « de tête », pour donner l’illusion d’un pôle public intégré, mais qui a vocation à disparaître, comme on l’a vu en Belgique !

Sur le volet statut, la loi programme l’abrogation du régime spécifique de travail des cheminots, qui était un texte règlementaire émanant du ministère des transports et ne souffrant aucune dérogation, fruit de 70 années de luttes des cheminots pour de meilleurs conditions de travail (temps de repos, horaires, cadences…), condition essentielle à la sécurité des circulations et à la sûreté des agents dans l’exercice de leur travail.

La loi annonce donc l’ouverture de « négociations » entre « partenaire sociaux » pour mettre en place une Convention Collective Nationale (CCN) qui s’appliquera à l’ensemble des travailleurs du rail, dans le cadre de l’ouverture programmée à la concurrence.

Elle proroge donc le régime spécifique de travail durant ces négociations, avec une date limite du 1° juillet 2016 où…… le régime spécifique des cheminots sera purement et simplement abrogé même si une CCN n’est pas signée !

Autant dire que les syndicats entreront dans ces négociations avec un flingue sur la tempe !

Y’a t-il un rapport entre  l’adoption de cette loi et le 4° paquet ferroviaire de l’Union Européenne ?

Une fois encore, l’UE a servi aux dirigeants nationaux de prétexte et de moyen pour justifier sa réforme ferroviaire, visant à détruire le monopole public de la SNCF, au nom de « l’ouverture à la concurrence libre et non-faussée », comme ils l’ont déjà fait dans l’aérien, l’énergie, l’eau, les communications….

Mais qu’on ne s’y trompe pas : cette « ouverture à la concurrence » ne vise qu’à transférer les marchés vers des boîtes privées, dont beaucoup sont en fait dans les mains de holdings issus des anciens monopoles publics (SNCF, DB…), c’est donc en vérité d’une privatisation du réseau dont il s’agit, du transfert des activités des monopoles publics vers de nouveaux monopoles privés au travers desquels des actionnaires pourront faire du business !

D’ailleurs si SNCF réseau (comme ERDF ou ADP par exemple…) a vocation à rester publique, c’est bien parce que le gouvernement compte faire peser sur cette entreprise le poids colossal des coût de l’infrastructure, qui décidément n’intéresse pas les actionnaires… c’est la nationalisation des dettes (44 milliards d’Euros) et la privatisation des profits !

La seule vraie mise en concurrence qu’il va y avoir, c’est bien celle des salariés entre eux, car c’est bien sous le prétexte de l’ouverture à la concurrence qu’on abroge leur régime spécifique de travail pour négocier une CCN au rabais !

Quels étaient les axes revendicatifs de ton syndicat ?

Dès la publication des premiers « rapports » parlementaires et gouvernementaux annonçant les grands axes de cette véritable contre-réforme, le syndicat CGT des cheminots de Versailles a mené une campagne de masse sur le site pour dénoncer cette véritable déclaration de guerre du gouvernement contre le corps cheminots. Nous avons diffusé des milliers de tracts, tenus des meetings publics, avec la présence de camarades de syndicats frères (RMT britannique et PAME grec) membre comme nous de la Fédération Syndicale Mondiale, pour décrypter cette réforme et comparer la volonté de notre gouvernement avec les « réformes » qui ont déjà eu lieu en Europe, comme en Angleterre ou en Grèce, dont les résultats furent catastrophiques, tant pour les usagers (hausse des tarifs, fermetures de lignes, sécurité ferroviaire en chute libre…), que pour les cheminots (suppressions de postes, accidents mortels, désorganisation du réseau, casse des conditions de travail, baisse des salaires et des pensions…).

Notre ligne était simple : Nous devons défendre le monopole public SNCF du transport de voyageur etrevenir sur l’ouverture à la concurrence au Fret dont les résultats sont catastrophiques, pour refondre une grande entreprise publique SNCF vouée non à la recherche du profit, mais à la satisfaction des besoins populaires en matière de transport ferroviaire de voyageurs et de marchandises.

Sur le volet social, nous refusons absolument l’abrogation du régime spécifique de travail des cheminots, et c’est tout naturellement que nous insistons sur la nécessité d’une harmonisation sociale par le haut, par l’intégration de TOUS les travailleurs du rail au statut, avec un régime spécifique unique au sein de la SNCF.

C’est sur ces bases que nous nous sommes inscrits massivement dans les mouvements de grève de 24h des 13 juin et 12 décembre 2013 et dans la manifestation nationale du 22 mai 2014, où 22 000 cheminots ont battu le pavé parisien (soit 15% de l’effectif national !). Dans le cortège du syndicat de Versailles, une vingtaine de camarades des syndicats RMT (Royaume-Uni) et USB (Italie), venus en délégation pour nous soutenir, suite à l’appel lancé par la FSM.

Mais face à un gouvernement PS qui semble prêt à se suicider politiquement en menant des attaques continues contre le monde du travail (ANI, pacte de responsabilité, réforme territoriale…) pour défendre les intérêts de classe du patronat et des monopoles financiers, nous n’avons jamais caché aux cheminots qu’il ne suffira pas de manifester ou de faire des grèves de 24h : la grève reconductible est nécessaire pour les faire plier !

Comment s’est déroulée la lutte sur ton site et plus largement en Ile-De-France ?

La grève reconductible nationale a commencée le mardi 10 juin à 20h.

Les remontées étaient très bonnes sur notre site, nous avions que se serait suivi, mais le gouvernement a été surpris par la force du mouvement au niveau national, et particulièrement en Ile-de-France, où d’habitude les chiffres sont très en-deçà de la province. Dès le premier jour, les grévistes étaient nombreux en AG et la combattivité était très forte, particulièrement chez les jeunes qui vivaient leur premier mouvement reconductible et qui voulaient se défendre contre cette attaque sans précédent du gouvernement.

Dès le premier jour, nous avons occupé pacifiquement le poste d’aiguillage de Versailles Chantiers et chaque jour des manifs, des rassemblements étaient organisés sur site ou sur Paris, avec parfois des « after », comme lorsque les grévistes sont allés occuper les voies à Paris Montparnasse ou le 19 juin quand les manifestants ont fini sous la Tour Eiffel !

C’est donc tout naturellement que quand le ministre Cuvillier, pris de panique seulement 2 jours après le début du conflit, a proposé des « amendements » au projet de loi (qui ne modifiaient le projet qu’à la marge) à la fédération CGT des cheminots et à Sud Rail, les AG de grévistes dans tout le pays ont massivement rejeté ces propositions.

Le fait que le lendemain le ministre ait décidé de passer en force en faisant signer ces propositions aux syndicats non-grévistes, CFDT et UNSA, a vraiment mis le feu aux poudres et les cheminots grévistes de tout le pays ont unanimement décidé de poursuivre et d’amplifier le mouvement !

As-tu une vision sur le déroulement de la grève au niveau national ?

D’après les nouvelles qu’on pouvait avoir, la détermination des grévistes était la même partout, grève massivement suivie, manifs et rassemblements et refus des calculs politiciens de Cuvillier.

Le mot d’ordre du retrait se faisait de plus en plus entendre dans les AG, et la revendication du « Monopole public SNCF » était reprise partout, y compris au plus haut niveau de notre fédération CGT des cheminots, qui était encore frileuse sur le sujet avant le conflit.

Malgré des convergences avec le combat d’autres secteurs en lutte, pourquoi la « coagulation » des luttes n’a pas été possible ?

Lorsque les premières convergences ont eu lieu avec les intermittents, tant en province qu’à Paris, il nous est apparu que cette « coagulation » des lutte devait devenir un enjeu pour gagner tous ensemble. Dans beaucoup d’AG, l’idée d’une confédéralisation du combat contre ce gouvernement de casse sociale était à l’ordre du jour. Il faut savoir qu’au même moment, en plus des intermittents, de nombreux centres postaux étaient en grève, mais aussi les territoriaux, sans parler des marins de la SNCM, qui souffre des mêmes problèmes et qui se préparaient à la lutte.

Oui beaucoup de CéGéTistes ont été scandalisés que la confédération ne prenne pas l’initiative d’avancer la mobilisation nationale du 26 au 19, ce qui aurait pu faire basculer les choses. Pire encore, les déclarations démobilisatrices de Thierry Lepaon sur les « avancées » obtenus lors du débat parlementaire ont été très mal ressenties à la base, c’est la moins qu’on puisse en dire !

C’est par nous-mêmes, par l’impulsion des secteurs parisiens en lutte, que l’UD de Paris et l’UR CGT d’Ile-de-France ont organisé « à l’arrache » la manif de convergence du 19 juin (qui s’est finit sous la tour Eiffel) qui a été un grand succès et nous a regonflés à bloc !

Cette impulsion a permis aux cheminots grévistes d’Ile-de-France de reconduire massivement la grève jusqu’au mardi 24, alors que la reprise se généralisait en province à partir de jeudi, faute de perspectives…

Quelle est ton analyse sur la position du PCF sur ce dossier et son action durant le conflit ?

Franchement, cela fait des mois que le dossier est sur la table et que le PCF en parle à peine (à part des sections locales), même pendant la campagne des européennes où le lien en 4° paquet ferroviaire et réforme ferroviaire était évident.

Mais surtout c’est l’ambivalence quant à sa position durant le conflit qui a beaucoup choqué les cheminots, y compris les sympathisants communistes et même de nombreux adhérents !

En effet, Pierre Laurent est venu faire un discours aux grévistes lors du premier rassemblement aux Invalides, le jour de l’ouverture des débats à l’Assemblée Nationale, j’y étais. Il nous a dit que la PCF serait notre « porte-voix » autant dans la rue, qu’au parlement, pour défendre nos revendications, dont acte.

Honnêtement, nous nous attendions à une bataille parlementaire homérique, sans illusions sur la possibilité d’infléchir les débats, mais le dépôt de milliers d’amendements pour y faire obstruction, afin de faire traîner pour nous soutenir dans la lutte et nous laisser nous battre « mano à mano » contre le gouvernement.

Nous espérions aussi une campagne active du PCF pour alerter les usagers sur les conséquences dramatiques pour eux de cette loi, peut-être même l’organisation d’une collecte nationale de soutien, comme en 1986…

Sauf que le soir même, on voyait le député Chassaigne défendre ses « amendements » au perchoir, copies conformes du texte signé entre Cuvillier et les syndicats jaunes UNSA et CFDT, c’est à dire des amendements à la marge qui ne modifient en rien le fond de la réforme, c’est à dire des amendements issus d’un texte UNANIMEMENT rejeté par les cheminots grévistes !

Donc, en toute logique, ses amendements ont été validés par le gouvernement et le député Chassaigne s’est tout simplement ABSTENU lors du vote de l’article 1 du projet de loi [dissolvant la SNCF], un véritable scandale !

L’image de cette bande de 32 notables qui votent la dissolution de la SNCF par 27 POUR et 5 CONTRE (une partie de la droite) et 1 ABSTENTION a tourné en boucle sur Facebook… Ce jour-là, il y avait plus de monde à l’AG des grévistes de Versailles pour voter la grève, alors où était la démocratie ?

Je ne parle pas de son interview clownesque chez Bourdin sur RMC [le 19 juin] où le député Chassaigne nous a carrément appelé à la démobilisation puisque ses amendements étaient retenus, le jour même où nous faisions une manif monstre à Paris contre cette nouvelle mouture de la réforme, où le secrétaire général de notre fédération a publiquement qualifié ces amendements d’ »enfumage » !

Tout cela a donné du PCF l’image d’un parti de politiciens combinant avec le PS, d’un parti déconnecté des lutte de classe en France, dont les députés s’entendent en sous-main avec le pouvoir pour nous faire « faire passer la pilule », et dont le chef de file à l’Assemblée appelle carrément les grévistes à la reprise alors qu’aucune de leurs revendications n’est satisfaite.

Par ailleurs, il faut rendre hommage à tous ces militants du « parti profond » à ces fédérations, à ces sections qui se sont jetés dans la bataille à nos côtés, sur les piquets, dans nos AG, dans les manifs et qui nous ont soutenus jusqu’au bout !

Je voudrai aussi rendre hommage aux responsables de sections, de fédérations ou des JC qui ont pris l’initiative de rendre publique une « lettre ouverte » aux députés PCF pour condamner la position défendue par leur porte-parole et les appeler à voter CONTRE la réforme. Il est évident que cela n’a pas été sans effet sur le fait que, contre toute logique vu le contexte que j’ai décrit plus haut, les députés PCF ont finalement voté CONTRE la réforme lors du vote solennel du projet de loi à l’Assemblée.

Il est d’ailleurs intéressant de voir que les prétendus « oppositionnels » de la majorité (EELV ou autres « frondeurs ») ont votés comme un seul homme la réforme ferroviaire !

Selon toi, quelle sont les perspectives de lutte pour la rentrée de septembre ?

Lorsque nous avons voté la suspension du mouvement, il était clair pour nous que le combat ne faisait que commencer !

La réforme ferroviaire a ouvert un cycle d’attaques sans précédent contre notre corporation, mais aussi contre la satisfaction des besoins populaires en matière de transport ferroviaire, car les usagers vont payer très cher la facture de la privatisation de la SNCF.

Mais le fait que le gouvernement ait réussi à gagner une bataille aussi symbolique contre les cheminots, dont la combattivité n’est plus à démontrer, va aussi donner des ailes au patronat et au gouvernement pour démultiplier les attaques contre l’ensemble de la classe ouvrière.

Il nous faut donc, dès aujourd’hui, continuer à travailler à la confédéralisation des lutte contre la généralisation des attaques que nous allons subir, construire ce fameux « tous ensemble » qu’on scande dans les manifs afin de défendre nos intérêts de classe sans concession.

Cela implique aussi une bagarre au sein de nos organisations historiques de la classe ouvrière, contre la démobilisation, le réformisme et l’opportunisme, pour nous remettre d’urgence sur les rails de la lutte de classe !