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Hommage à Henri Alleg

EDT pour Pcf Paris 15, 20 juillet 2013

Henri Alleg est mort le 17 juillet 2013, à la veille de ses 92 ans.

Jusqu’il y a à peine un an, avant qu’un accident de santé le freine, Henri restait un infatigable militant communiste. Pour beaucoup, dont remarquablement de nombreux jeunes, Henri constituait un repère, un référent, notamment dans les débats secouant le PCF et le mouvement communiste français.

Toujours disponible, toujours guidé par le marxisme-léninisme, toujours subtilement attentif à l’état des luttes et aux conditions du rassemblement, Henri a été jusqu’au bout un précieux conseil, un acteur entier du maintien et du renforcement d’un parti communiste authentique en France.

Sa mort invite à revisiter l’ensemble de son œuvre militante communiste, internationaliste, dont une part essentielle s’est déroulée en Algérie. Déjà la parution de ses « Mémoires algériennes » avait été l’occasion d’échanges passionnants.

Le nom d’Henri Alleg est lié à « la Question », ce témoignage implacable, au retentissement mondial, contre la torture pratiquée par la puissance impérialiste française. (Lire la suite…)

Hommage à Henri Maillot, communiste algérien, militant anticolonialiste, patriote

Anniversaire de la mort d’Henri Maillot : cérémonie de recueillement à Alger

APS samedi 9 juin 2012 – repris de http://www.alger-republicain.com

ALGER – De nombreux citoyens ont rendu hommage, samedi au cimetière chrétien de Diar-Essaâda (El Mouradia) à Alger, au martyr Henri Maillot lors d’une cérémonie de commémoration du 56ème anniversaire de sa mort, le 5 juin 1956, sous les balles des forces d’occupation coloniale.

Devant la tombe du défunt, abondamment fleurie à l’occasion, des habitants d’El Madania accompagnaient des membres de la famille d’Henri Maillot, aux côtés d’anciens Moudjahidine et Moudjahidate, de personnalités politiques et culturelles ainsi que d’officiers supérieurs retraités de l’Armée nationale populaire (ANP). La cérémonie a été marquée par la lecture de la célèbre lettre envoyée par Henri Maillot aux rédactions parisiennes, alors qu’il avait déserté l’armée coloniale en 1956 pour rejoindre les maquis de la guerre de libération nationale algérienne, après avoir détourné un camion d’armes.

Dans sa missive, il expliquait son choix de combattre pour l’indépendance de l’Algérie avec ses compatriotes algériens, estimant que sa place était « aux côtés de ceux qui ont engagé ce combat libérateur (qui n’était pas), comme voudraient le faire croire les gros possédants de ce pays, un combat racial mais une lutte d’opprimés sans distinction d’origine contre leurs oppresseurs ».

Certaines personnalités présentes, notamment d’anciens combattants, se sont ensuite succédés pour rendre hommage au défunt et réitérer l’appel de la famille Maillot à nommer un lieu dans la capitale à la mémoire de ce militant de la cause nationale, d’autant plus que l’Algérie célèbre cette année le cinquantenaire de sa libération du joug colonial. Les organisateurs de la cérémonie ont par ailleurs tenu à associer au souvenir d’Henri Maillot le nom de son compagnon d’arme et militant communiste Maurice Laban, tombé au champ d’honneur le même jour que lui.

Né le 11 janvier 1928 à Alger, d’une famille européenne, Henri Maillot grandit à El Madania (Alger). Il rejoint très tôt le PCA (Parti communiste algérien) après avoir été secrétaire général de l’Union de la jeunesse démocratique algérienne. Employé en tant que comptable au quotidien Alger Républicain, il est mobilisé par l’armée française comme aspirant en 1956 dans la région de Miliana. Le 4 avril de la même année, il déserte et prend le maquis en détournant un camion d’armes. Il meurt sous les balles de l’armée coloniale le 5 juin 1956 à Chlef.

Henri Maillot, « l’aspirant félon » (EVOCATION)

ALGER – Il avait 28 ans et des rêves. Rêves d’une Algérie fraternelle, plurielle, débarrassée de l’oppression et de la domination coloniales. Lui, c’est Henri Maillot. Aspirant dans l’armée française. Mort les armes à la main pour l’indépendance de l’Algérie, un 4 juin 1956. Deux mois auparavant, le 5 avril, la population pieds-noirs d’Algérie se réveilla groggy. Sur toutes les unes de la presse coloniale s’étale en gros caractères une information à peine croyable : un sous-officier du 57e BTA de l’armée française stationné à Miliana avait détourné la veille un camion d’armes avant de s’évanouir dans la nature… Ce détournement spectaculaire d’armes dans l’Algérie insurgée depuis novembre 1954 contre l’ordre colonial, mit en émoi les chefs militaires français et la presse coloniale aux ordres qui hurlait à la trahison de « l’aspirant félon ».

Mais en ce deuxième printemps de la lutte armée, l’étau se resserre sur « El Khawa » (les Frères Moudjahidine) dans les villes, alors que dans les djebels les armes manquent cruellement à l’ALN (Armée de libération nationale), confrontée à la puissance de feu de l’occupant appuyé par l’armada de l’Otan.

Robert Lacoste, ministre résident, a désormais les mains libres en Algérie, grâce aux pleins pouvoirs votés par le parlement français. Parallèlement à la chasse aux nationalistes, son administration interdit le PCA (Parti communiste algérien) dont la direction, entrée en clandestinité, continue d’activer et les militants, nombreux, piaffent d’impatience de gagner les maquis. Maillot était de ceux-là. Avec l’accord de son parti, il détourne la cargaison d’armes qu’il devait convoyer de Miliana à Alger. Audacieux tour de force qui mit à la disposition de la lutte armée cent trente-deux mitraillettes, cent quarante revolvers, des caisses entières de grenades, entre autres. H. Maillot rejoint le maquis le 5 mai 1956, après une cavale d’un mois. A Chlef, région de son affectation, il retrouvera Maurice Laban, un ancien des brigades internationales en Espagne en compagnie d’une petit groupe d’hommes, qui formaient les CDL (Combattants de la libération) de l’Ouarsenis. Avec d’autres groupes disséminés dans les monts de Tlemcen et des Aurès, les CDL devaient constituer les premiers noyaux de maquisards communistes que la propagande colonialiste s’empressa d’étiqueter de « maquis rouges ».

La vie des CDL fut de courte durée. Un mois seulement pour Maillot et ses compagnons, au cours duquel ils combinent attentats et opérations de sabotage avant d’être accrochés par les « harkas » -supplétifs- du bachaga Boualem et la soldatesque française dans la forêt de Beni-Boudouane (Chlef). Le groupe fut quasiment décimé. L’intégration des communistes algériens dans les rangs de l’ALN interviendra le 1er juillet 1956, suite à l’accord FLN-PCA, moins d’un mois donc après la disparition de Maillot et de ses compagnons (Belkacem Hanoun, 18 ans, Djillali Moussaoui, Maurice Laban et Abdelkader Zelmatt). Des témoignages recoupés attestent que Maillot a été pris vivant. Face aux militaires qui le sommaient de répéter « vive la France », il criera le slogan vengeur « vive l’Algérie », avant d’être arrosé d’une rafale de mitraillette. Le corps criblé de balles de l’aspirant fut exposé pendant de longues heures sur la place de Lamartine (El Karimia aujourd’hui).

Dans une lettre d’une rare lucidité publiée par la presse parisienne, en réponse à ses détracteurs, Maillot affirmait avec force : « Je ne suis pas musulman mais Algérien d’origine européenne. Je considère l’Algérie comme ma patrie (et) je dois avoir à son égard les mêmes devoirs que tous ses fils. En livrant aux combattants algériens les armes dont ils ont besoin pour le combat libérateur (…) J’ai conscience d’avoir servi les intérêts de mon pays et de mon peuple ».

En cette année du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, Henri Maillot se rappelle au souvenir de l’Algérie libérée. Reconnu membre de l’ALN en 1986, aucun espace ou édifice publics ne porte à ce jour son nom.

PROGRAMME DU PARTI COMMUNISTE ALGÉRIEN (18 avril 1962)

PROGRAMME

DU PARTI COMMUNISTE

ALGÉRIEN (18 avril 1962)

 

POUR L’INDÉPENDANCE TOTALE
LA TERRE ET LE PAIN
LE TRAVAIL ET L’INSTRUCTION
LA PAIX ET LA DÉMOCRATIE RÉELLE

 

POUR OUVRIR LA VOIE

AU SOCIALISME

 

 

SOMMAIRE :

POURQUOI CE PROGRAMME ?

CE QUE DEVRA ETRE LA REPUBLIQUE ALGERIENNE

- Une République indépendante, souveraine, une et indivisible

- Une République réellement démocratique

- Une République sociale

C’EST POUR CELA QUE LE PROGRAMME DU P.C.A.

A POUR OBJECTIF

- La réforme agraire

- Une industrialisation véritable

- Des mesures sociales

COMMENT REALISER CE PROGRAMME ?

LES CONDITIONS DUN SUCCES RAPIDE :

- Une orientation juste dans le choix de notre voie de développement

- La mobilisation totale et enthousiaste de notre peuple

- Une politique extérieure conforme à l’intérêt national

SUR LA VOIE DU SOCIALISME

 

 

Les accords d’Evian ont mis fin à la guerre. Ils ont constitué une grande victoire de notre peuple. Leur application effective ouvre la voie à la paix, à l’écrasement de l’OAS et surtout à l’indépendance, idéal pour lequel se sont levés et sont tombés dans le combat des légions de héros.

Mais les accords d’Évian n’ont pas donné et ils ne pouvaient donner immédiatement satisfaction à toutes nos revendications nationales. Vigilant et uni, notre peuple poursuivra donc la lutte dans des conditions et sous des formes nouvelles, et en utilisant les positions arrachées par les accords d’Évian, pour en finir avec l’emprise économique et militaire des néo-colonialistes. Dans un monde où l’impérialisme se présente essentiellement sous la forme du néo-colonialisme économique, le renforcement de l’indépendance sera une tâche constante, l’indépendance réelle sera une tâche continue.

Pour que l’indépendance soit complète, les institutions coloniales doivent être remplacées par un État réellement démocratique, permettant à chaque Algérien de participer effectivement à l’exercice de la souveraineté nationale, de sortir les pays de son sous-développement et de l’amener rapidement au rang de nation moderne et prospère.

 

POURQUOI CE PROGRAMME ?

Durant toute la guerre, le P.C.A. s’est efforcé d’expliquer quel devra être le contenu politique, économique et social de l’indépendance. Il l’a fait pour mieux mobiliser dans l’effort de guerre les masses les plus pauvres qui sont l’immense majorité de notre peuple. Il l’a fait aussi pour que, une fois la guerre finie, notre peuple connaisse déjà et juge d’un œil critique les expériences de tous les pays libérés du colonialisme comme l’Inde, la Tunisie, le Maroc, la RAU, etc., afin d’en tirer les leçons utiles et d’éviter les erreurs des dirigeants de ces pays.

Dans ces pays, en effet, les bourgeoisies au pouvoir n’ont pas apporté encore aux problèmes économiques et sociaux les solutions radicales fondamentales que souhaitent ardemment leurs peuples, alors que le Vietnam du Nord ou Cuba ont extirpé totalement l’emprise des monopoles impérialistes et avancent rapidement dans la voie du progrès et de l’édification du socialisme.

C’est pour la nouvelle étape qui suivra l’application de l’autodétermination que le Parti communiste algérien présente aujourd’hui son programme à toutes les couches sociales de notre peuple, à a classe ouvrière, aux paysans pauvres, aux artisans et commerçants, aux intellectuels, aux femmes et aux jeunes. Car il est bien entendu que, jusque là, la tâche principale c’est d’écraser l’OAS, d’assurer la paix, le respect des libertés, de préparer le passage de l’Algérie coloniale à l’Algérie indépendante.

Ce programme est un programme de libération nationale, de démocratie réelle et de progrès économique et social. C’est le programme de l’édification d’un État algérien de démocratie nationale qui doit ouvrir la voie à une Algérie socialiste.

Ce programme ne doit pas être considéré comme un ensemble de principes rigides, qui ne changeront jamais. Il devra être adapté et corrigé au fur et à mesure des réalités et questions nouvelles qui naîtront de son début d’application. Bien mieux notre Parti appelle tous les patriotes à l’étudier dès à présent sous un angle critique pour l’améliorer et l’enrichir. Car l’Algérie de demain sera l’œuvre non d’une seule classe ou d’un seul parti, mais de tous les Algériens dans le cadre d’une émulation de masse fraternelle et enthousiaste et d’une discipline commune librement consentie pour le bien suprême de la nation.

 

EN LIEN : L’ensemble du programme en PDF

Message du Parti communiste algérien au Parti communiste français – mars 1962

Bchir Hadj Ali, mars 1962

Chers camarades, chers frères,

C’est avec émotion que nous avons lu votre message de salutation à notre Comité central après l’accord d’Evian. Nous vous en remercions du fond du cœur.

L’ensemble des patriotes algériens, et d’abord les communistes, seront très sensibles aux sentiments chaleureux et fraternels que vous exprimez à notre parti et à notre peuple.

L’accord d’Evian, victoire de notre peuple, est une aussi une victoire du vôtre. A cette grande victoire, votre parti a contribué d’une façon décisive en France.

Il a été le seul parti français à soutenir, avant la guerre de libération, l’aspiration de l’Algérie à l’indépendance. Au lendemain du 1er novembre 1954, il a été le seul parti français à donner les raisons politiques du soulèvement et à préconiser des négociations sur la base de la satisfaction des aspirations nationales de notre peuple.

Il n’a cessé de déployer durant ces années de guerre, des efforts patients pour rassembler les masses dans de larges actions, moyen décisif pour imposer en France la paix négociée aux colonialistes. Il a mené avec persévérance le combat politique et idéologique contre le chauvinisme et la thèse de « l’Algérie française ». Il a expliqué inlassablement aux Français le sens et la justesse de notre lutte nationale. Il a combattu les obstacles et manœuvres sur le chemin de la négociation ; telle l’idée de la « table ronde » qui tendait à diminuer la représentativité du FLN et du GPRA.

Ainsi, votre glorieux parti a défendu, en même temps que les droits de notre peuple, les intérêts et l’honneur du vôtre.

Nombre de patriotes algériens n’ont pas toujours apprécié l’importance de l’activité de votre parti contre la guerre coloniale. Aujourd’hui, les masses algériennes mesurent mieux les résultats féconds de cette activité, en particulier depuis les grandes manifestations de décembre 1961 en France.

Notre parti a toujours mis l’accent sur l’alliance naturelle de combat entre notre peuple et le prolétariat français. Le 9 juin 1959, dans le message adressé à votre 15ème congrès, notre Comité central affirmait :

« Malgré les incompréhensions passagères et parfois contre le courant, nous poursuivons cette tâche d’éclaircissement avec patience, persévérance et calme, avec la certitude qu’en jour l’ensemble des patriotes et notre peuple nous donneront raison ».

Notre Parti enregistre avec satisfaction et fierté les progrès du mouvement de libération au sujet de cette alliance, non seulement parce qu’il y a contribué largement, mais surtout parce que ces progrès sont bénéfiques à l’Algérie.

Certes, la victoire n’est pas complète. La paix est encore fragile. L’OAS continue ses crimes monstrueux pour saboter l’accord d’Evian. Des entraves néocolonialistes existent.

Mais le peuple algérien, qui a arraché son indépendance et l’intégrité de son territoire vaincra toutes ces difficultés. Il est et sera soutenu par tous les hommes de progrès dans le monde. Sa lutte rejoint celle des forces ouvrières et démocratiques françaises contre le fascisme, le pouvoir personnel, pour la rénovation de la démocratie. Les succès respectifs de nos deux peuples donneront à la coopération franco-algérienne un contenu de moins en moins contraignant pour notre pays et la rendront solide parce que librement consentie et fondée sur l’égalité.

Alors, commencera à s’épanouir à l’échelle de nos deux peuples la fraternité profonde qui unit nos deux partis et qui, telle une flamme dans la nuit coloniale, n’a cessé d’éclairer malgré la tempête la voie de l’amitié véritable entre les hommes et les peuples.

La Comité central du Parti communiste algérien,

Pour le Comité central,

Bachir Hadj Ali