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Tel Aviv à Paris plage: lettre du secrétaire de la section du PCF de Thil à la Maire de Paris

Sur le dossier, voir nos articles en lien.

Parmi les très nombreuses réactions et interpellations des autorités municipales, nous reprenons la lettre adressée par notre camarade Pierre Virgilio, (à droite sur la photo), secrétaire de la section du PCF de Thil en Meurthe-et-Moselle et militant actif de la cause de la paix et de la justice en Palestine.

Objet : A l’attention de Madame Anne HIDALGO, Maire de PARIS.

Madame Anne Hidalgo, Maire de Paris,

Le 6 décembre 2013 vous avez déclaré sur les réseaux sociaux « La vie de Nelson Mandela est une leçon pour celles et ceux qui aspirent à la paix et la réconciliation ».

Mais voilà, nous avons appris récemment que le 13 août prochain aura lieu dans votre ville un «événement » qui porte le nom de Tel-Aviv sur Seine, manifestation festive aux couleurs et à l’effigie de la capitale politique et économique de l’état d’Israël.

Madame Hidalgo, permettez-moi de vous faire part de mon indignation quant à votre volonté de vouloir donner une image festive et un son amical aux nuit israéliennes, alors que la réalité et ô combien plus…malsaine!! Apparemment, vous n’avez tiré aucune leçon de la vie de Madiba.

A tout juste un an de la dernière offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza, faisant état de 2310 morts, dont 530 enfants et après que le premier ministre Israélien Benyamin Netanyahu ait annoncé la poursuite de la colonisation avec quelques 300 logements de plus dans la colonie de Beit-el située au nord de Ramallah, en votre qualité d’élue de la République Française, pays des libertés et de la démocratie, comment osez-vous vous faire VRP du tourisme israélien et de son gouvernement Fasciste?

Madame la Maire, l’initiative que vous avez prise, sans délibération aucune du conseil de Paris, est une trahison envers le triptyque que sont censés défendre les élus de la République Française, à savoir LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ.

Vous n’êtes pas sans savoir, que la politique coloniale israélienne prive tous les citoyens palestiniens de leur liberté (passage par les check-points, interdiction pour les Palestiniens de Cisjordanie de se rendre à Gaza, blocus illégal de la bande de Gaza, arrestations et enfermements intempestifs et sans aucune motivation, colonisation…).
Vous n’êtes pas sans savoir non plus, que sur les terres de celle qui se revendique faussement comme une démocratie, l’égalité n’existe pas. J’en veux pour preuve les dix-sept lois recensées par les Nations unies comportant des discriminations envers les citoyens arabes (les lois qui interdisent la participation aux élections de tout parti arabe n’ayant pas reconnu le caractère JUIF de l’Etat, les lois de 1945 qui permettent la confiscation de terres appartenant aux Arabes, la loi sur l’éducation qui fixe parmi ses objectifs principaux la promotion de la culture juive et l’idéologie sioniste, les lois discriminatoires envers la population Arabe en matière de services publics, les budgets alloués aux villes arabes étant bien inférieurs à ceux alloués aux villes juives…). Enfin, vous ne pouvez nier l’évidence que la fraternité ne fait pas partie des ambitions gouvernementales israéliennes (opération « Plomb durci » en 2009, vingt-deux jours de conflit, 1330 morts palestiniens ; opération « Pilier de défense » en 2012, sept jours de conflit 150 mort palestiniens, la Guerre de Gaza 2014, un mois et dix-huit jours de conflit 2310 morts, 1743 civils dont 302 femmes et 530 enfants). Construction du mur illégal qui sépare les Palestiniens entre eux et de leurs terres, arrestation et enfermement sans motif de sportifs et des citoyens palestiniens, poursuite de la colonisation reconnue illégale par l’ONU, passage de check-point, militarisation des colons, escapades meurtrières continues dans les villages palestiniens et plus récemment l’assassinat du petit ALI DAWABCHA âgé de 18 mois et brulé vif par un terroriste juif ayant mis le feu au domicile de ses parents …

Aujourd’hui vous êtes face à vos responsabilités, face au regard des Français et des progressistes du monde entier. Prétendument socialiste, vous ne pouvez faire la promotion, non pas d’une simple ville, mais d’une Capitale, quartier général d’un gouvernement qui mène une politique sectaire, anti-laïque et hors les lois internationales. En votre qualité d’élue de la République Française, vous ne pouvez prendre la responsabilité de troubler l’ordre public en donnant tribune à des groupuscules fascisants comme la LDJ qui a d’ores et déjà annoncé son soutien et sa participation à l’événement.

Madame la Maire de Paris, vous n’avez, ni les compétences, ni le devoir de redorer le blason de la politique criminelle israélienne, bien au contraire, de par le mandat qui vous a été confié, vous êtes dans l’obligation de ne pas donner quelconque légitimité à une politique mainte et mainte fois condamnée par la communauté internationale et l’ONU.

Par conséquent, Madame Hidalgo, Maire socialiste de Paris, afin que les eaux de notre capitale ne deviennent pas un bassin où stagne avec complaisance le sang d’innocents, victimes du colonialisme, je vous demande expressément d’annuler la tenue de cette manifestation qui remet en cause les fondements mêmes de notre république.

Avec mes salutations citoyennes,

Pierre – A. VIRGILIO
Conseiller Municipal de THIL
Secrétaire de la Section de THIL du Parti Communiste Français

Stéphane Hessel : Décès d’une bonne conscience

Vivelepcf, 28 février 2013

L’ancien diplomate et essayiste Stéphane Hessel est mort le 27 février 2013. Les hommages politiques à l’auteur du best-seller « Indignez-vous » sont unanimes, allant de Jean-François Copé à Harlem Désir en passant par Jean-Luc Mélenchon.

Rarement la bien-pensance et la bonne conscience auront eu un sens aussi peu péjoratif que s’appliquant à Stéphane Hessel. Sa personnalité jubilatoire, sa constance et sa ténacité dans ses positions, son passé d’ancien déporté-résistant l’auront atténué comme son impertinence et son humour – du moins dans son grand âge.

Cependant, communistes, il nous est difficile de partager la communion politique autour du défunt, tout respect pour la personne mis à part. Son engagement s’est trouvé bien plus souvent opposé au nôtre qu’il ne l’a rejoint.

L’idéalisme de la bourgeoisie libérale et cosmopolite qui l’animait l’a dressé contre le fascisme et le racisme. Il ne l’a pas conduit à s’indigner devant le colonialisme de l’Etat qu’il servait en diplomate des années 40 aux années 60. Il n’a cessé de se féliciter de la politique occidentale, après la Libération, favorisant la renaissance de l’Allemagne impérialiste et revancharde, la RFA. Par idéalisme plus que par naïveté, voudrions-nous croire.

Une constante, soixante ans durant, dans l’engagement de Stéphane Hessel aura été jusqu’aux derniers mois son soutien inconditionnel à l’Union européenne, à l’institution supranationale du capital dont les impérialismes européens se sont dotés pour écraser les peuples. Idéalisme mal placé ? Sans doute ! Naïveté de caution morale: nous ne ferons pas injure au défunt.

« L’indignation » du vieillard, conforme à aux partis-pris du haut-fonctionnaire, a rencontré, dans la dernière période de crise du capitalisme, un accueil favorable et a priori insolite de toute part. Dans sa révolte sociétale, dans ses scrupules moraux, brillamment valorisés par le grand âge et la diction pédagogique, se sont retrouvés aussi bien la colère des milieux sociaux nouvellement fragilisés que le discours de l’idéologie dominante contre les « excès » du capitalisme. Son adhésion à l’UE du capital, à la démocratie bourgeoise, ont constitué une garantie de conformité au conformisme pour les éditeurs et les médias. Dans ces conditions, les quelques pages bien inoffensives « d’Indignez-vous » sont devenues un produit de grande distribution, même exportable en placebo à la détresse espagnole ou grecque.

De gauche ou de droite, Stéphane Hessel ? On mesure avec lui la perte de sens de cette unité de mesure. On l’aurait longtemps classé au centre-droit, par exemple quand il suivait le démocrate-chrétien Pierre Abelin, ou au centre avec le « radical » anti-communiste Mendès-France. Ces dernières années, il a soutenu des leaders de parti de gauche, auxquels il a voulu identifier ses prescriptions.

Les noms de ceux-ci parleront plus concrètement à la jeunesse, à celle dont on voudrait détourner la révolte et l’aspiration à s’organiser dans le mouvement révolutionnaire.

Stéphane Hessel n’a pas cherché à feinter dans le temps de vie court qu’il lui savait rester. Il a appuyé successivement Michel Rocard, Lionel Jospin, Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn, François Hollande ou encore, avec enthousiasme, Daniel Cohn-Bendit, notamment aux élections européennes de 2009. Il a accepté de servir de figurant sur la liste EELV aux régionales en Ile-de-France de 2008 et d’appui sur une motion au congrès du PS en 2012, l’organisation la plus « à gauche » qu’il ait jamais soutenue.

L’affront suprême à Stéphane Hessel serait de le représenter comme un militant révolutionnaire. Par respect pour sa mémoire, qui rejoindra, à sa bonne place, celles de tant et tant d’anciens résistants, nous ne le ferons pas.