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Résultats des élections européennes en Grèce : crise politique, banalisation de Syriza, montée de l’extrême-droite et reconsolidation du Parti communiste (KKE)

Vivelepcf, 2 juin 2014

Kostas Peletidis, nouveau maire KKE de Patras. La municipalité sortante divers gauche - Syriza, antisociale, a été éliminée.

La violence de la crise économique et de l’attaque de l’Union européenne sur la Grèce s’est traduite par une profonde crise politique depuis 5 ans. Des partis traditionnels, discrédités, ont été ébranlés, le Parti socialiste PASOK même laminé.

Une large recomposition politique a lieu. La bourgeoisie notamment renouvelle son écurie. Les législatives de 2012 ont lancé ce chamboulement sur le plan électoral. Les dernières élections européennes confirment que le processus est toujours en cours.

La comparaison entre les résultats des élections législatives de juin 2012 et ceux des européennes de 2014 est pertinente tant la question européenne est centrale dans le débat politique grec.

L’abstention a légèrement progressé, passant de 38,5% à 40%. Les bulletins blancs et nuls ont été multipliés par 4, atteignant 3,5% des inscrits.

Pour le reste, les mouvements de voix sont considérables témoignant de l’instabilité du cadre politique partisan. Des partis à peine nés s’effondrent, d’autres surgissent. Au moins le tiers des suffrages exprimés se sont déplacés.

Le parti socialiste dissident Dimar passe de 6,3% à 1,1%. Le Parti « La Rivière », peu identifiable, remporte 6,6% pour sa première apparition etc.

Les partis arrivés en tête en 2012 sont tous en recul. C’est le cas des partis de la coalition gouvernementale, à nouveau sanctionnés. Avec 22,7%, la Nouvelle démocratie (droite) du premier ministre Samaras perd 7% et 527.000 voix. Le Pasok, rebaptisé L’Olivier, recule encore, passant de 12,3% à 8,0%, soit une perte de 298.000 voix.

Ensemble, ils restent devant le nouveau parti d’alternance, le parti radical Syriza, ce qui les légitime à rester au pouvoir. Syriza arrive en tête – c’est la première fois – mais plafonne. Syriza perd 0,4% sur 2012 et 136.000 voix. On n’est loin du raz-de-marée que certains supporters étrangers éloignés veulent présenter. En fait, le vote Syriza est en train de se banaliser tout en se structurant.

D’un côté, le discours du leader Alexis Tsipras perd son aspect protestataire de « radicalité ». L’échéance européenne a accéléré le mouvement. Tsipras s’est érigé en défenseur absolu de l’euro. Il s’est inscrit dans le processus d’intégration européenne jusqu’à se présenter à la présidence de l’antidémocratique et haïe Commission européenne. Il n’a cessé de répéter ses références capitalistes, notamment dans le débat télévisé avec les autres prétendants au poste européen : le Plan Marshall et l’annulation de ses dettes octroyées l’Allemagne capitaliste post-nazie en 1953…

De l’autre côté, le recyclage de politiciens du Pasok dans Syriza, autour d’une contestation sage et conformiste de l’austérité, se poursuit dans les villes et régions.

Les restes du Pasok sont destinés à former un parti « centriste ». Syriza prend la place du parti socialiste. Pas de quoi s’extasier !

Un parti continue de progresser et dangereusement : le parti « Aube Dorée », ouvertement nationaliste, militariste, raciste et néo-nazi. Malgré l’arrestation de certains de ses leaders (ou grâce à elle), il passe de 6,9 à 9,4% et gagne 111.000 voix. Le système, dans sa crise, entretient une autre roue de secours, comme repoussoir voire un jour comme force de terreur.

C’est peu dire que rien de bon n’est sorti politiquement de ce nouveau scrutin, aucune alternative correspondant aux colères et aspirations des travailleurs et du peuple. Rien de bon sauf un début de redressement électoral du Parti communiste grec, le KKE, principal animateur des luttes de résistance anticapitalistes.

En 2012, le KKE a subi de plein fouet la propagande autour du vote « utile » pour Syriza. Le phénomène retombe. L’ancrage du KKE dans les luttes, l’action de ses militants, retrouvent une reconnaissance électorale. Avec 6,1%, le KKE regagne 1,6% et 72.000 voix.

Les élections locales dont le 2ème tour avait lieu le même jour que les européennes ont traduit le même mouvement (voir notre article sur le 1er tour en lien).

La situation de la ville industrielle de Patras, 4ème du pays par la population, est particulièrement intéressante. Le KKE remporte la municipalité, le camarade Kostas Peletidis est élu maire. Le KKE a manifesté sa capacité de rassemblement, non de groupes politiques aux positionnements changeants, mais de militants syndicaux, de travailleurs en obtenant 63% des voix au 2nd tour.

La situation de Patras a particulièrement embarrassé le politicien Tsipras. Il se trouve que Syriza faisait partie de l’équipe municipale sortante, qui s’est illustrée, notamment, par l’application zélée des coupures d’eau courante aux plus pauvres…

Le parti de Tsipras recule de 21 à 15% à Patras par rapport aux municipales de 2010. Le KKE progresse de 16 à 25%. En bon opportuniste, son camp éliminé, l’opportuniste Tsipras a appelé à voter Peletidis au 2ème tour. Mais sa basse récupération n’a trompé personne…

Les municipalités communistes, plus que jamais, en phase avec la politique du KKE, organiseront le contre-pouvoir local, une véritable solidarité ouvrière dans la résistance aux capitalistes, notamment le rejet de l’application des directives européennes, dans une perspective de rupture avec l’UE du capital. Les électeurs communistes ne seront pas trompés.

Malgré son peuple, la Grèce est le laboratoire des politiques de super-austérité, l’objet de toutes les observations et interprétations. Communistes français, en lien avec nos camarades grecs, nous devons analyser sa situation avec précision et lucidité !

Elections locales en Grèce : des résultats très inquiétants

Vivelepcf, 20 mai 2014

Il faut être sacrément myope pour se réjouir, comme Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, des résultats du premier tour des élections locales, régionales et municipales, qui avait lieu en Grèce le 18 mai 2014 avant le 2nd tour qui coïncidera avec les élections européennes.

Dans le pays « cobaye » de la super-austérité, dont le peuple a subi les plus lourds sacrifices pour sauvegarder l’euro, instrument de l’intégration dans l’UE du capital et de la désintégration des acquis sociaux et démocratiques nationaux, le système est parvenu à museler électoralement la contestation populaire. Quitte à jouer avec le feu.

Le parti ouvertement néo-nazi, « l’Aube dorée », atteint 16,1% aux municipales à Athènes, 8,1% dans l’ensemble du pays aux régionales malgré son inexistence au plan local. Cette formation, qui appelle à des ratonnades publiques, ne présentait pas de candidats en 2010. La mise en prison de 6 de ses députés n’a pas signifié, bien au contraire, la fin de la complaisance du pouvoir à son égard. L’irruption du fascisme comme roue de secours de l’UE du capital doit être l’enseignement, l’avertissement premier du scrutin de dimanche en Grèce.

Dans les conditions d’une consultation locale, les formations de notables ont à peu près réussi à maintenir leurs positions quitte à changer d’étiquette. Avec 26,3%, le parti à la tête de la coalition au pouvoir, « Nouvelle démocratie », perd 6% sur 2010, mais seulement 3% sur les législatives de juin 2012. Il parvient à atténuer le vote sanction.

Le processus de recyclage électoral de la social-démocratie continue. Le Parti socialiste, PASOK, caché derrières différentes dénominations, dont « l’Alliance pour une Grèce nouvelle », à 16,2% perd la moitié de ses voix de 2010 mais remonte de 4% sur les législatives de 2012, s’appuyant sur son réseau d’élus. Les socialistes dissidents, de la formation nouvelle « Dimar », recueillent 3,8%.

Le parti de gauche, Syriza, obtient 17,7% dans le pays et arrive en tête dans la région la plus peuplée, l’Attique. Cela n’a aucun sens de comparer ce résultat à celui de la coalition de groupes socialistes, gauchistes, et communistes repentis qu’était Syriza en 2010. Depuis, à la faveur de la débâcle du Pasok, fusible sauté, Syriza et son ambitieux dirigeant européen Alexis Tsipras se sont vus octroyé un nouveau rôle : celui de contenir et canaliser à « gauche » la protestation contre l’Union européenne et l’euro, celui de regrouper les caciques socialistes en déshérence.

Tsipras et Syriza jouent bien leur rôle de bons élèves de l’UE. Un côté « contre l’austérité », comme tout bon parti « socialiste » (du moins dans les mots), l’autre, le principal, pour la sauvegarde de l’euro en Grèce et pour la défense de l’UE. Les modèles de M. Tsipras sont les démocrates américains, Roosevelt, le plan Marshall… La droite grecque peine de plus en plus à le dépeindre comme un dangereux révolutionnaire tant Tsipras fait de concessions au système, jusqu’à aller légitimer la dictature de la Commission européenne en se portant candidat à sa présidence.

L’opération fonctionne moins bien que prévu. Syriza reste aux régionales, très en deçà, de 9,2%, de son résultat aux élections législatives. L’objectif d’être présent au second tour dans 10 des 13 régions est loin d’être atteint : dans 3 seulement.

Notons que l’abstention a atteint 38,5% et les votes blancs et nuls 7,9% aux régionales.

La contestation et la mobilisation populaires contre les capitalistes grecs et européens n’a pu trouver qu’une seule traduction électorale : le vote pour le seul Parti qui les organise réellement, le Parti communiste grec KKE. Avec 8,8% des voix, le KKE est en repli de 2,1% sur 2010 mais remonte de 4,6% sur les législatives. Le matraquage autour du vote utile pour les opportunistes de Syriza commence à moins opérer.

Le résultat du KKE est le seul point encourageant dans ces élections, parce qu’il reflète, seul, les luttes réelles des ouvriers, employés, paysans, travailleurs indépendants, étudiants et retraités, pour leurs intérêts de classe immédiats, contre le capitalisme grec, contre l’Union européenne du capital, pour une vraie alternative.

Grèce : le PAME appelle à la grève générale le 6 novembre 2013

TOUS ENSEMBLE DANS LA GREVE GENERALE DU 6 NOVEMBRE 2013 !

Déclaration du PAME, groupement syndical interprofessionnels, où se retrouvent les communistes (KKE), 31 octobre 2013 – traduction vivelepcf  

Nous appelons toutes les organisations syndicales, les syndicats de base, les comités populaires, les travailleurs de tous les secteurs, les jeunes, les chômeurs, les retraités, les femmes et les immigrés au soulèvement général !

Il s’agit d’empêcher de nouvelles mesures contre les travailleurs, il s’agit de renverser la barbarie !

Tous doivent sentir le souffle qui émane du mouvement populaire et du mouvement ouvrier. L’appel à la grève doit gagner chaque recoin du pays.

Dans chaque secteur, nous devons gagner les travailleurs, un à un et collectivement, au succès de la grève. Les assemblées générales doivent décider de la participation à la grève et travailler concrètement au succès de la mobilisation. L’appel à la grève ne saurait rester une chose formelle, mais doit être un acte conséquent pour traduire la combativité, l’esprit de résistance, dans chaque secteur, dans chaque entreprise, dans chaque atelier.

Ils nous trompent ceux qui disent qu’aucune nouvelle mesure ne va être prise. Notre vie est devenue insupportable.  Ils nous mènent à un appauvrissement de masse pour que les profits d’un petit nombre soient préservés, pour que les puissants deviennent plus puissants. L’avidité des grands groupes n’est jamais satisfaite. Ils veulent faire de nous des esclaves, réduits au silence et désorganisés. Nous ne devons pas renoncer à nos droits !

Ils préparent une nouvelle série d’attaques. La suppression des conventions collectives et la généralisation des contrats de travail individualisés conduisent à de nouvelles mesures qui imposeront des salaires de misère de 300 euros. Ils programment de nouvelles coupes claires dans les indemnités de départ, les retraites complémentaires, les retraites principales. Nous ne pouvons tolérer qu’ils fassent de notre vie un enfer ! (Lire la suite…)

Grèce : Sur fond de crise, l’inquiétante ascension des néonazis

A Athènes ou au Pirée, la vie des réfugiés est devenue un enfer. En journée, la police recherche les sans-papiers pour les déporter. Le soir, des néonazis organisent des ratonnades, sous l’œil complice de la police. Face au chômage qui touche 2 millions de Grecs, le parti néonazi Aube dorée propose sa solution finale.

Article de Cécile Chams, extrait de l’hebdomadaire « Solidaires » du PTB (Belgique)

« Chaque matin, je me pose la question : comment échapper à la police ? Et chaque soir : comment échapper aux racistes ? Voilà à quoi ressemble ma vie ici. »1 Saleh Ibrahim, jeune Somalien de 26 ans et sans-papier, a été agressé par un groupe de néonazis qui lui ont cassé le bras alors qu’il traversait la place Aghios Pantéléïmonas, dans un quartier populaire au Nord d’Athènes.

La situation des immigrés et réfugiés en Grèce s’est considérablement dégradée depuis les élections du 6 mai, quand les néonazis d’Aube dorée sont entrés pour la première fois au parlement. Aube dorée a obtenu 6,9 % des voix et 18 sièges au parlement aux élections du 17 juin.

« Ils frappent pour tuer »

Contrairement à d’autres partis d’extrême droite en Europe à la façade légaliste, Aube dorée affiche ouvertement ses symboles nazis. Ses membres portent la croix gammée, des T-shirt de la Waffen SS et font le salut nazi. La principale activité d’Aube dorée aujourd’hui, c’est l’organisation de pogroms dans les rues d’Athènes et d’autres villes.

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