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La réconciliation franco-allemande, mythe fondateur de l’UE

Le projet européen, c’est-à-dire l’Europe supranationale du capital est tellement discrédité aux yeux des peuples que les gouvernements, notamment le gouvernement français, sont tentés d’en raviver un mythe fondateur : la réconciliation franco-allemande.

 

par Emile Torner, ancien déporté résistant, Buchenwald-Cologne-Langenstein, Mle 80655

 

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Maintenant, Mélenchon s’en prend à Pierre Laurent… Le Front de gauche: depuis le départ, un PACS pour le pire. Arrêtons là !

Emmanuel Dang Tran, vivelepcf, 24 août 2013

janvier 2013

Les propos tenus vendredi 23 août 2013 par Jean-Luc Mélenchon à l’encontre de Pierre Laurent sont inacceptables pour les communistes, d’autant plus de la part d’un « allié ».

Rappelons les mots employés. Il a accusé en conférence de presse Pierre Laurent de « répondre  de manière quasi instantanée, dans un garde à vous impeccable, aux injonctions d’Harlem Désir » avant d’ajouter en meeting à son endroit : « On ne gagne rien au rôle de tireur dans le dos ».

Dans la bouche de Mélenchon, spécialiste des « formules », on sait qu’il ne s’agit pas d’un écart de langage mais d’une déclaration réfléchie rentrant dans une tactique politique.

Jusque-là, Pierre Laurent avait été ostensiblement épargné. Maintenant, il a droit au même traitement que d’autres membres de la direction du Parti, que nombres de communistes dans les localités de la part des disciples de Mélenchon, notamment à l’approche des municipales.

Les derniers propos de Mélenchon ne peuvent rester sans suites, cette politique agressive du Parti de gauche à l’encontre du PCF sans réaction nationale. Je demande que cette question soit mise à l’ordre du jour du Conseil national du 12 septembre.

La question ne pourra pas se régler par une réconciliation entre dirigeants après les « universités d’été » et par un constat de la « diversité du Front de gauche ». Elle doit conduire pour les communistes au réexamen total de l’alliance avec le PG et, conséquemment, de la stratégie du Front de gauche, voulue par la direction du PCF. Les outrances calculées de Mélenchon doivent aussi ouvrir les yeux de ceux qu’un mirage ou un espoir électoral aurait aveuglés en absence de véritable alternative politique.

J’estime d’abord qu’il est plus que temps de se démarquer publiquement de certains positionnements personnels de Mélenchon, de les condamner. Combien de temps il aura fallu à Pierre Laurent pour commencer à s’inquiéter (dans l’interview de Libération qui lui vaut l’ire de Mélenchon) du mode de « la provocation et de l’invective » ! La surenchère populiste fait objectivement le jeu de la politique gouvernementale qu’elle prétend combattre, voire celui du pire populisme. Notre parti ne peut pas laisser passer encore des sorties telles que l’approbation d’une intervention militaire en Libye, la qualification de la guerre d’Algérie en « guerre civile (lien) » etc.

J’estime que la direction du Parti doit cesser de fermer les yeux devant les jeux politiciens de Mélenchon. Il reproduit, en farce, l’OPA de son inspirateur Mitterrand sur ce qu’il reste de l’électorat et de l’influence communistes. Sa « façon de faire de la politique », son opportunisme dans les postures « radicales », ses combinaisons à géométrie variable (main tendue à Cohn-Bendit puis Eva Joly) représentent le contraire de la conception communiste de la politique.

Une dernière fois, je l’espère, nous sommes obligés de déchiffrer le calcul de Mélenchon.

En attaquant Pierre Laurent et les communistes, Mélenchon ne cherche pas un instant à remettre en cause le Front de gauche ni à divorcer de la direction du PCF. Au contraire.

Il n’y a aucun intérêt, dénué qu’il est de véritables troupes et appareil. Il a besoin de la caution PCF pour être mis en avant comme chef de la gauche de la gauche. Pour les municipales, le PG est beaucoup plus prudent que ses déclarations n’en donnent l’image. Le résultat y est incertain : Mélenchon ne pourra pas compter les voix comme les participants à ses marches citoyennes, avec son coefficient multiplicateur de 6… D’où sa recherche d’alliances avec EELV. Il n’y aura sans doute de listes du PG seul que dans quelques villes centres, bourgeoises (aussi faute de candidats ailleurs!).

En attaquant le PCF sur ses alliances avec le PS, Mélenchon fait d’une pierre trois coups. Il taille des croupières à son partenaire sachant que l’attractivité du Front de gauche est principalement liée à sa posture d’opposition au PS. Il fait oublier ses 30 ans de sinécure dans le parti gouvernemental, comme, depuis, son appel à voter Hollande sans conditions. Enfin, il rend encore plus difficile à la direction du PCF de se séparer de lui : elle le ferait « sur la droite » et sortirait disqualifiée.

Mélenchon sait qu’il peut se permettre d’aller très loin sans rompre la corde. Grâce à la direction du PCF, c’est lui qui personnifie le Front de gauche. Sans lui, la stratégie initiée par la direction du PCF tombe à l’eau.

Tout cela, Mélenchon ne l’emportera sans doute pas au paradis. Mais les communistes doivent se dégager des impasses stratégiques du PCF qu’il prend soin d’exploiter.

Si nous n’avons pas de leçons à recevoir de transfuges du PS, la question de sortir de la dépendance institutionnelle du PCF au PS se pose. Celle-ci a été aggravée par les choix de la « Mutation » dans les années 90, liquidant l’organisation militante de base, les cellules, et priorisant la participation aux institutions sur l’action dans les luttes. La part des dirigeants locaux et nationaux du PCF liés à des mandats électifs, obtenus avec le PS, est devenue prépondérante, créant une condition structurelle à l’alignement sur la social-démocratie et son fonctionnement. Pour autant, on ne corrigera pas tout cela en quelques mois avant les municipales. C’est aux communistes localement de décider. Tous les cas de figure existent dans le PCF, de la poursuite d’une conception d’une union de combat à une désolante caution à des politiques locales social-libérales. A Paris, après 12 ans de collaboration avec le social-libéralisme, je me prononce pour des listes de rassemblement initiées par le PCF.

Mélenchon fait du chantage : « sans moi, plus de Front de gauche ». Pour les communistes, l’alternative ne saurait être : « Le Front de gauche sans Mélenchon ».

D’une part, parce que Mélenchon ne se trompe pas. La direction du PCF est allée le chercher en 2008 pour constituer le FdG (en doublant le congrès du Parti), après l’échec des « collectifs antilibéraux » de 2006, et celui en 2007 de la tentative de remise en cause de l’existence même du Parti. Les présidentielles ont fini de l’introniser comme dépositaire du Front de gauche.

D’autre part parce que toutes les composantes du Front de gauche, Mélenchon et la direction du PCF en tête, au-delà des divergences tactiques et structurelles, occupent le même espace politique et partagent les mêmes conceptions et perspectives.

J’estime que la rupture avec Mélenchon ne peut que coïncider avec une rupture avec la stratégie du Front de gauche :

- Une rupture avec la conception institutionnelle et électoraliste de la politique et de l’organisation

- Une rupture avec la perspective de recomposition de la gauche et d’émergence d’un deuxième pôle de « gauche » (réformiste) à côté du PS, entretenant l’illusion de tirer à gauche le PS et étouffant le PCF.

Le 5 mai à la Bastille, Mélenchon se dit prêt à devenir premier ministre de Hollande ou ministre de Montebourg. Il invite Eva Joly. Côté Pierre Laurent, le changement implique systématiquement de rassembler toute la gauche. Dans une interview au même journal Libération en août 2012 (lien), il estimait que le « PCF devait être l’héritier des traditions socialistes et communistes de la 1ère moitié du 20ème siècle » (donc de Blum !). Aux « assises citoyennes » du 16 juin convoquées par la direction du PCF, on retrouve ensemble sur la tribune principale aux côtés de Pierre Laurent, la PS Lienemann, l’ex bras droit de Delanoë, Autain, le secrétaire d’EELV Durand, Mélenchon…

- Une rupture avec les positionnements réformistes, dissimulés autant par l’utopisme, l’humanisme, le gauchisme que par les diatribes de Mélenchon.

Avec nombre de responsables d’organisations locales du PCF, de militants, nous proposons de commencer par ce dernier point, pour répondre à l’urgence et à la colère sociales, pour développer les luttes et rassembler les travailleurs, pour commencer à faire reculer la politique au service du capital.

Nous proposons de lancer notamment ces campagnes nationales :

- Pour le rétablissement de la retraite à 60 ans avec 37,5 annuités de cotisation (quand la pétition reprise par le FdG, « pas un trimestre de plus, pas un euro de moins », entérine les lois Fillon et Woerth et dédouane le pouvoir actuel).

- Pour la nationalisation intégrale des constructeurs automobiles et de la sidérurgie (quand le FdG privilégie une autre distribution des aides publiques aux entreprises – il faut tendre à les supprimer !)

- Pour la reconquête des monopoles publics des grands services publics et leur renationalisation à 100% (au lieu de vouloir rester « eurocompatibles »).

- Pour la rupture avec l’Union européenne et l’abandon de l’euro (quand le FdG, suivant le Parti de la gauche européenne, entretient l’illusion d’une réorientation sociale de l’UE).

Les calculs et polémiques de Mélenchon et du Front de gauche redeviendront ce qu’ils sont : dérisoires, anecdotiques, si le PCF joue son rôle dans la lutte des classes.

Mélenchon, ennemi du PS ? Son meilleur ennemi ! Et le plus mauvais ami du PCF !

EDT, vivelepcf, 20 août 2013

On aimerait se passer de commenter les jeux de politique politicienne. Mais malheureusement ils ont une influence sur le mouvement réel et aussi sur notre Parti.

Pour sa rentrée, Mélenchon n’a pas fait dans l’originalité. Dans son interview au Journal du dimanche du 18 août, il teste une nouvelle série de formules pour mieux invectiver Hollande et ses ministres. Ses anciens camarades du PS ont réagi au quart de tour en condamnant ses propos et en demandant même au PCF de les désavouer. Pour le porte-parole du PS, David Assouline, « Mélenchon n’a d’ennemis qu’à gauche et cela commence à plus que se voir ». PS et Mélenchon, des amis de 30 ans, ennemis aujourd’hui ? Pas si sûr.

En 2009

On commence à connaître la musique. Avant les présidentielles de 2012, Mélenchon se répand en mauvais mots sur Hollande. Mais le soir du 1er tour, il appelle à voter pour lui comme si c’était lui-même. Remis de sa défaite aux législatives, il conspue à nouveau copieusement le président. Mais, avant son show du 5 mai à la Bastille, il lui propose de constituer un nouveau gouvernement avec comme premier ministre, lui-même ou bien Arnaud Montebourg. (Lire la suite…)

Corse : les contradictions du Front de gauche commencent à éclater.

Vivelepcf, 14 août 2013

Une élue Front de gauche participe aux journées nationalistes de Corte. Des communistes ne laissent pas passer. Lire ci-dessous la tribune de Francis Riolacci (adjoint PCF-Front de gauche à Bastia).  

 

En quelques semaines cet été, plusieurs contradictions fondamentales du Front de gauche en Corse sont apparues au grand jour.

Aux élections régionales de 2010, un accord politique, allant bien au-delà d’un arrangement électoral de 2nd tour, a été signé entre Paul Giacobbi, héritier d’une longue dynastie de notables de Haute-Corse, chef d’une liste radicale-dissidente-PS et Dominique Bucchini, tête de liste du Front de gauche. L’alliance, regroupant deux autres formations, a gagné les élections face à la droite et aux nationalistes (autre droite…).

A Bucchini, le poste de Président de l’Assemblée de Corse, très symbolique mais principalement honorifique. A Giacobbi, la présidence du Conseil exécutif et le pouvoir régional. Le Front de gauche participe avec deux membres au Conseil exécutif.

Nombre d’observateurs avaient jugé ce partenariat « contre-nature ». Giacobbi, homme du patronat local, s’était montré un sympathisant quasiment avoué de Sarkozy. Bucchini est une figure historique du mouvement communiste en Corse-du-Sud (sans que nous oubliions ses prises de position « rénovatrices » anti-Marchais des années 80).

Dans la lignée de ses positions, Giacobbi vient de lancer une nouvelle provocation en juillet. Il se prononce pour un droit de propriété dérogatoire en Corse, opérant une distinction entre « résidents » et « non-résidents ».  Des responsables du PCF ont réagi vivement. Ange Rovere, adjoint au maire de Bastia dénonce une proposition « attentatoire au principe d’égalité devant la Loi, voulant institutionnaliser le communautarisme ». Ils démontent le prétexte de « lutte contre la spéculation » : « Qui vend la terre ? Des Corses ! Qui spécule ? Des Corses ! » ou bien d’autres de toute l’UE et d’ailleurs à travers des prête-nom.

Etape par étape, depuis des décennies, les « radicaux-libéraux », « sociaux-libéraux », « libéraux » et les « nationalistes » travaillent à saper en Corse les acquis sociaux et démocratiques nationaux au profit des milieux patronaux, financiers, sinon mafieux. L’Europe des régions, l’Union européenne sont leurs premiers alliés dans cette besogne, en Corse comme ailleurs. Les gouvernements français accompagnent. La population résiste comme en 2003 quand elle a fait gagner le NON au référendum supprimant les départements.

« L’Europe des régions », les bourgeois « nationalistes » n’ont qu’elle à la bouche aux « journées de Corte » qui réunissent chaque année les mouvements similaires de toute l’Europe. Voilà que cette année, la conseillère exécutive Front-de-gauche (non PCF), également adjointe au maire d’Ajaccio, Mme Maria Guidicelli choisit d’apporter sa caution à ce mouvement en participant à ces journées. Cette décision personnelle, mais prise par l’intéressée au nom du Front de gauche, suscite la profonde colère de nombreux communistes. Mme Giudicelli est-elle naïve ou cynique quand elle prétend « présenter et défendre une approche résolument sociale qui place l’humain au cœur » à des personnalités « nationalistes » comme Jean-Guy Talamoni ?

Francis Rioalacci, adjoint PCF au maire de Bastia, syndicaliste CGT, a vivement réagi. Il n’accepte pas une attitude qui « fait fi des différences fondamentales entre les indépendantistes et les communistes ».

Et quelle rupture avec le libéralisme imaginer en intelligence avec les ultra-libéraux nationalistes et européens ?

Nous reproduisons ci-dessous, de notre propre initiative (passages soulignés par la rédaction), le message de Francis Riolacci. Pour nous, en Corse comme partout ailleurs, des clivages fondamentaux entre l’engagement communiste et la ligne portée par le choix stratégique du Front de gauche ne manqueront pas d’apparaître.

 

MESSAGE DE FRANCIS RIOLACCI (Lire la suite…)