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Maintenant, Mélenchon félicite Philippot ! Puisque nous ne le ferons pas taire, nous devons le désavouer publiquement !
Emmanuel Dang Tran, pour vivelepcf, mai 2015
Sur France 2, à l’émission Télématin du 12 mai 2015, Jean-Luc Mélenchon a proféré des propos d’une extrême gravité dont on peut s’étonner qu’ils aient été si peu repris, encore moins dénoncés.
Citons ses mots exacts : « Je félicite Monsieur Florian Philippot de nous avoir débarrassés de ce vieux fasciste, parce que nous, on y était pas arrivés, mais lui, il y est arrivé ». Ensuite : « Pour le reste, il est lui-même quelqu’un d’assez habile mais dont finalement le bobard finira par éclater ». « ll ne suffit pas de pomper mes discours et de voler dans le programme « l’Humain d’abord » pour finir par passer pour quelqu’un d’honnête politiquement ».
Certains de nos camarades du PCF se demandent s’il est encore important de relever les élucubrations, provocations et calculs politiciens de Mélenchon, tant ils sont las du personnage, tant – pour eux qui en ont l’expérience directe – l’opportunisme de son « parti de gauche » éclate.
Je fais partie des communistes qui ont dénoncé dès le départ le recrutement par la direction du PCF de Mélenchon afin de poursuivre, sous la dénomination « Front de gauche », la mutation réformiste du parti. Même si l’effet Mélenchon est largement retombé depuis 2012, je pense qu’il est encore malheureusement nécessaire de dénoncer de telles dérives. D’abord pour la gravité même des propos de Mélenchon au sujet du FN. Ensuite parce qu’il reste, objectivement, médiatiquement, le dépositaire de la parole du Front de gauche, engageant encore le PCF, tant que ce dernier ne sera pas complètement revenu de cette expérience destructrice.
Marine Le Pen et Philippot ne sauraient rêver meilleur appui à leur entreprise de dédiabolisation du Front National. Mélenchon donne à Philippot un blanc-seing : il n’est pas un fasciste comme Jean-Marie Le Pen mais un politicien comme les autres (comme lui-même ?), fût-il malhonnête. Pourtant, le discours du 1er mai de Marine/Philippot a entonné des accents racistes anti-immigrés d’une rare violence, assimilant notamment les réfugiés et demandeurs d’asile aux assassins des attentats de janvier. Marine Le Pen et Philippot ne sont pas en recul sur Jean-Marie Le Pen ! L’histoire nous montre qu’une partie des fascistes, à commencer par Mussolini, avait grenouillé au sein de la social-démocratie avant de se révéler comme Philippot.
Plein d’arrière-pensées, des leaders UMP comme Xavier Bertrand ou Christian Estrosi ont appelé Marine Le Pen à exclure Jean-Marie Le Pen pour mieux ouvrir la voie à des alliances avec l’extrême-droite. Mélenchon leur facilite le travail !
Peu nous importe, à nous progressistes, antifascistes, de mesurer quelle est la part de calcul politique et quelle est la part d’affrontement culturel et familial parmi ces fascistes de Le Pen et Philippot. Les vecteurs et expressions du fascisme changent au fil du temps. L’antisémitisme, ou, à une petite échelle, l’homophobie, ou encore la nostalgie du Pétainisme cèdent partiellement le pas, en France comme dans bien d’autres pays d’Europe, au déchaînement du racisme anti-immigrés, contre les personnes supposées de confession musulmane. La nostalgie des guerres coloniales perdues continue néanmoins d’unir les générations de fascistes français…
Peu nous importe aussi de démêler les fils des calculs politiciens de Mélenchon, admirateur et copieur brouillon de Mitterrand. Mais nous devons contrer ses dégâts.
Dans son interview sur France 2, il suit un autre disciple de Mitterrand, François Hollande qui vient de comparer les discours de Marine Le Pen « à des tracts du PCF des années 70 ». Tous les communistes avaient trouvé infâmes ces propos. Mélenchon les transpose en accusant Phillippot de « pomper ses discours » et le programme du Front de gauche (même s’ils sont très fades à côté du programme social et communiste du PCF des années 70). Mélenchon a-t-il dans l’idée de s’approprier les succès électoraux du FN, d’en profiter de son côté ? Dans tous les cas, comme Hollande l’a calculé, il donne un scandaleux quitus social « de gauche » au discours du FN et reprend sa comparaison insultante pour les progressistes et, en premier lieu, les communistes.
Toutes ces félicitations de Mélenchon à Philippot relativisent la gravité de la thèse de son dernier opuscule, titré « Le Hareng de Bismarck, le poison allemand ». Il n’y a pas 5 ans, Mélenchon, le Maastrichien, dans son précédent livre « Place au peuple » invitait à constitution d’un parlement commun franco-allemand pour souder l’Union européenne. Le voilà maintenant qui s’adonne à un discours nationaliste, flirtant à chaque phrase avec un chauvinisme et une xénophobie dignes des éditoriaux revanchards de la presse bon marché d’avant 1914. Heureusement que Mélenchon explique avoir écrit un « pamphlet » ! Cela fait mieux passer son absence totale de rigueur intellectuelle et historique, détournant superficiellement certaines analyses de l’économie et de la société allemandes, reprenant tous les lieux communs sur l’Allemagne et les Allemands. En ressort un nationalisme opportuniste proprement dégoûtant, regorgeant d’insultes, assimilant les Allemands à Merkel, Merkel à Bismarck, le peuple allemand à un peuple de rentiers, implicitement raciste et dominateur etc. Tout cela, en pleine phase avec la logique de l’UE, n’empêche absolument pas le Maastrichien de 1992 de réaffirmer sa foi dans l’euro !
L’interview à France 2 nous exempte d’une plus ample analyse de son « pamphlet » qui suit l’infâme « tweet » traitant une députée allemande de « caricature de boche de bande dessinée ».
Mélenchon joue un jeu très dangereux. Il essaie de se placer dans le sillage, à « gauche », du FN pour profiter d’un hypothétique effet d’aspiration, sur le mode populiste et démagogique.
Nous n’identifions absolument pas Mélenchon au FN. Cela ne nous empêche pas d’alerter sur le danger extrême de sa posture politique, « Front contre Front », telle qu’elle s’est déjà manifestée dans son parachutage désastreux à Hénin-Beaumont aux législatives de 2012.
Sur le mode du FN, Mélenchon sera toujours battu et aidera toujours la poussée du pire. Le FN fait son beurre du fait qu’il n’ait jamais été dans le « système » (en apparence !). Mélenchon insulte le « système » mais lui-même reconnaît qu’il en est un vieux cacique, naviguant entre les congrès du PS et les fauteuils parlementaires.
Mélenchon affiche une critique « radicale » de l’Union européenne. Mais il reste fondamentalement collé à l’euro, suivant son militantisme radical pour Maastricht. Dans la même démagogie anti-européenne, la famille Le Pen n’est pas plombée par de tels handicaps, aux yeux de l’opinion publique.
Mélenchon joue de la fibre nationaliste et choisit d’essayer de réveiller des sentiments anti-allemands. Là encore, sur ce terrain affreux, il ne fait qu’apporter de l’eau au moulin des Le Pen fille et père et de Phillippot qui entretiennent la xénophobie et le racisme contre des composantes de la population française, immigrés, originaires de pays où la religion musulmane est répandue, que le système met directement en concurrence avec autres composantes de la société nationale.
Pour nous communistes, je vois deux priorités concernant nos relations à venir avec Mélenchon.
La première, c’est de condamner formellement ses propos, ses dérives, sa conception, sans avoir peur, pour ceux que cela concerne, de faire son autocritique. Cela ne signifie pas de repousser les milliers de personnes, y compris dans le petit Parti de gauche en pleine crise, qui ont cru retrouver leur engagement dans l’illusion électoraliste de Mélenchon 2012. Mais, continuer à « couvrir » Mélenchon, c’est cautionner ses positions nauséabondes et dangereuses.
C’est aussi pour le PCF s’affaiblir encore davantage et pour plus longtemps. Le divorce entre Mélenchon et le PCF est inéluctable comme la reconnaissance de l’échec de l’opération « Front de gauche ». Mélenchon a intérêt à prolonger le processus pour continuer à bénéficier de la pension alimentaire du PCF, finir de plumer la volaille communiste. Au-delà – les propos de Hollande l’ont confirmé – le système capitaliste n’oublie jamais qu’il a rencontré en France avec le PCF son seul adversaire politique conséquent. Et il veut le liquider jusqu’au bout.
A côté de cette première priorité – forcer la rupture au lieu de la subir – une autre est essentielle, notamment face au rôle assigné par le système au FN : assumer les positions historiques du PCF, notamment le rejet internationaliste, sur une base de classe, de l’Union européenne, instrument irréformable de collaboration entre les impérialismes européens sur le dos des peuples.
On a les adversaires, on a les alliés que l’on mérite.
Remettons Mélenchon à sa place, loin ! Reprenons les positions historiques du PCF, celles de ces « tracts des années 70 » que Hollande veut conjurer !
Sur Canal +, Hollande poursuit sa campagne de promotion éhontée du FN en osant scandaleusement le comparer au « PCF des années 70 ».
Emmanuel Dang Tran, pour Vivelepcf, 19 avril 2015
François Hollande était l’invité de l’émission « le Supplément » ce 19 avril. Pour ses trois ans de mandat à l’Elysée, en toute connivence avec les journalistes aussi complaisants que faussement décontractés de Canal +, toujours sur son ton en mineur, il a multiplié les provocations au nez et à la barbe de ses propres électeurs de 2012.
Malgré le rejet massif de sa politique antipopulaire, encore exprimé aux élections départementales, il a réaffirmé qu’il la poursuivrait sans changement, aussi bien au plan national qu’international.
A nouveau, il a pris le prétexte de l’emploi, sans vergogne, malgré trois ans d’envolée du chômage. Plus que jamais, avec le patronat, avec les capitalistes de France et de l’UE, c’est au contraire sur le chômage que leur serviteur Hollande mise pour détruire les acquis sociaux et démocratiques, les salaires, la sécurité sociale etc.
Parmi d’autres provocations, on aura noté l’attaque contre les derniers contre-pouvoirs démocratiques du Parlement, qualifiés de « survivances des 19 et 20ème siècles », car il faut aller toujours plus vite dans l’intérêt des possédants. Hollande, Valls, Macron, après Sarkozy et Fillon, toujours avec l’Union européenne, c’est toujours le « Coup d’Etat permanent » pour reprendre la formule de Mitterrand.
Mais on retiendra surtout de cette émission comment, après les déclarations de Valls avant les départementales, Hollande a passé les bornes dans la promotion du Front national de Marine Le Pen. Porte-parole du système, Valls et Hollande s’appliquent à polariser la vie politique sur les élections de 2017 et la « menace Le Pen », à détourner la colère des travailleurs vers le vote FN.
Hollande a osé valoriser Marine Le Pen en comparant son discours « à un tract du Parti communiste des années 70 ». Encore plus anticommuniste dans le texte, Hollande réduit ainsi la différence entre le FN et le PCF : « Le PCF avait encore un certain nombre de principes » … Il n’appelait pas « à chasser l’étranger et les pauvres ».
Hollande rentre en plein dans la démagogie sociale du FN. Cela fait plusieurs années que nous analysons et dénonçons les tentatives des nouveaux dirigeants du FN de dévoyer les positions historiques et l’image du PCF comme parti des travailleurs.
Le calcul de Hollande et du système coïncide avec celui du FN. Le FN, repoussoir xénophobe et nationaliste, version Jean-Marie comme Marine, sert pour eux à dénigrer des positions progressistes aussi fondamentales que le rejet de l’Union européenne du capital ou – Hollande le reprend dans l’interview d’aujourd’hui – l’exigence de nationalisations démocratiques de secteurs clés de l’économie.
Sauf qu’entre le FN et le PCF, il n’y a pas seulement ces rivières de sang qui séparent historiquement les fascistes, les colonialistes, des résistants, des défenseurs des droits des peuples. Il y a une différence fondamentale, un fossé de classe, qu’évidemment Hollande a intérêt à ignorer. C’est là que ses propos et son calcul politiciens sont inacceptables et inquiétants.
La démagogie lepéniste, uniquement tournée vers les élections, s’arrête aux intérêts concrets du patronat. La priorité du FN, c’est de défendre la dictature de la propriété privée, de combattre les syndicats, la sécurité sociale (les « charges »), les luttes des travailleurs.
En fait, nous devons retenir une chose des paroles anticommunistes, proprement dégueulasses, de Hollande : l’hommage décerné à notre parti, à ce qu’il continue à représenter dans le pays. Le PCF, Parti de classe et de masse, organisé dans les quartiers, les entreprises, les campagnes, incarnés, dans les années 70, par des centaines de milliers de militants, d’une certaine façon aussi par une personnalité comme celle de Georges Marchais, reste la terreur des classes possédantes, de leurs serviteurs du système politique PS+UMP+FN.
Raison de plus pour le faire vivre, le renforcer sur ces bases de classes historiques, contre les forces du capital, contre leur recours au fascisme !
Elections départementales: analyse de la section du PCF Saint-Quentin
A contre-courant de l’évolution nationale, les candidats communistes dans les 3 cantons de Saint-Quentin ont fait marquer des points au PCF, malgré le contexte national, malgré la vague FN orchestrée dans le pays, très fortement sensible dans l’Aisne, malgré une candidature de division du FDG-PGE. La prochaine étape essentielle pour nos camarades: la journée sociale du 9 avril.
Résultats des élections départementales : communiqué de la Section du PCF de Saint Quentin
Parti communiste français – Section de Saint-Quentin – 23 mars 2015
Déclaration-Lundi 23 mars 2015
La direction de section du PCF de Saint-Quentin a procédé à une première analyse des résultats du 1er tour des élections départementales en France, dans les 3 cantons du Saint-Quentinois en particulier.
Nous remercions les 2310 électeurs qui se sont saisis du vote communiste pour exprimer leur volonté de changement, leur refus des politiques de casse sociale, au service des puissances d’argent, alignées sur l’Union européenne. Nous remercions les 120 camarades et sympathisants qui se sont investis dans la campagne électorale à nos côtés malgré un contexte politique confus.
Électoralement, nous faisons progresser le vote communiste à 8,94% sur l’ensemble des 3 cantons, dans des configurations différentes, à 10,66% sur la seule commune de Saint-Quentin. Suivant la dynamique des municipales, notre section se renforce, notamment parmi les travailleurs et les populations qui ont le plus intérêt à lutter contre le capitalisme.
Nous nous en félicitons. Dans les grandes batailles qui s’annoncent, pour la Sécurité sociale, pour les services publics, pour préserver ce qui reste de notre industrie, de notre agriculture, cela comptera.
Mais il reste beaucoup à faire à Saint-Quentin et avec nos camarades communistes dans le pays. Le résultat du 1er tour montre que le désaveu du pouvoir s’exprime d’abord par l’abstention, 50% en France comme à Saint-Quentin. Cela relativise tous les autres votes.
Tour à tour, UMP et PS se renvoient la balle pour poursuivre la même politique. Cette fois-ci l’UMP s’en tire un peu mieux – 38% des suffrages exprimés pour la droite unie – et la social-démocratie prétend avoir limité les dégâts avec 25%. En réalité, celle-ci a détruit un peu plus gravement la notion même de « gauche ».
Nous dénonçons le calcul cynique et dangereux de Manuel Valls. Le premier ministre socialiste a choisi de polariser toute la vie politique sur la question du FN, dangereux auxiliaire du patronat et des politiques de casse sociale. Le calcul politicien dépasse évidemment les départementales et vise à enfermer la perspective politique sur les alliances, les primaires, et autres choix du moindre mal, d’ici les élections présidentielles de 2017. Tout cela pour mieux laisser passer les mauvais coups tels les projets de loi Macron ou Touraine.
Nous continuerons à dénoncer et combattre le FN et son rôle de diversion puante au service du système. Nous continuerons à convaincre, dans l’action, les travailleurs, les retraités, les jeunes, qui sont détournés vers ce parti d’opportunistes millionnaires et fascistes, qu’ils se trompent de colère. Nous condamnons aussi les positions, calculs et agissements des partis qui font le lit de l’extrême-droite.
Dès maintenant nous appelons à la journée de grève et la manifestation nationale à Paris du 9 avril, à l’initiative de la CGT, pour faire converger nos luttes. De là seulement sortira la perspective politique de rupture, démarrant immédiatement, pour laquelle, communistes, nous militons.
Le combat continue.
Corinne Bécourt, secrétaire de la section du PCF Saint-Quentin