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Régionales 2015. La « gauche » perd l’Ile-de-France : pas de joie mais pas de larmes
PCF Paris 15, 14 décembre 2015
Cela s’est joué à peu de choses : 42,2% contre 43,8%. La gauche plurielle, conduite par Claude Bartolone, a échoué à garder le contrôle de la région Ile-de-France.
Il n’y a évidemment rien de bon à attendre de l’équipe de Valérie Pécresse qui promet de détourner encore plus de moyens publics vers les intérêts du patronat et de la finance internationale, dans la région « capitale »- au nom de l’emploi bien sûr -, de privatiser plus, de remettre en cause les acquis sociaux des personnels.
Mais nous ne verserons pas une larme sur l’équipe sortante, aux commandes depuis 17 ans avec Jean-Paul Huchon. Nous assistons à rien d’autre qu’à une alternance, comme au plan national, entre deux équipes qui se complètent pour mener la même politique économique et sociale au service des puissances d’argent, se répartissant les rôles suivant leur étiquette, ne gardant de nuances que sur les questions de société.
De bout en bout, de sa contribution à la casse des régimes de retraites à son soutien à la « réforme ferroviaire », Huchon aura été un acteur zélé de la politique de marchandisation et de privatisation des transports, première prérogative régionale. Militants communistes, nous nous sommes constamment retrouvés face à lui. La « gauche » régionale n’a eu de cesse aussi que de faciliter l’intrusion des intérêts patronaux à court-terme dans l’enseignement professionnel. Aussi bien Huchon, Pécresse, Copé qu’Hidalgo – suivant les formules « Grand Paris » ou Région – se sont retrouvés dans la surenchère pour vanter « l’euro-région capitale », développer son « attractivité » dans l’intérêt de la finance et aux dépens des populations. Ils se retrouvent tous encore, avec Bartolone, derrière la « réforme » territoriale antidémocratique, qui, par exemple en matière de logement, va régionalement condamner les politiques sociales des municipalités communistes. Etc.
Tous ces sujets de fond, reflets régionaux de la politique antisociale nationale, ont été soigneusement éludés de la campagne électorale, par le consensus des partis de l’alternance, avant même les attentats du 13 novembre.
La très courte campagne s’est résumée, en Ile-de-France comme ailleurs, à des joutes politiciennes. Elle s’est déroulée dans le contexte national dramatisé que l’on sait, avec, d’un côté, le matraquage sur « l’unité nationale » derrière Hollande après les attentats, et, de l’autre, la polarisation du débat public sur la poussée prévisible du FN que Valls, notamment, aura tout fait pour provoquer. Ces manœuvres politiciennes cyniques du PS, jouant avec le feu, ont contribué à faire garder à la gauche 5 régions, mais finalement pas l’Ile-de-France.
Bartolone a échoué de peu. D’un point de vue strictement politique, il est utile d’analyser pourquoi. De toute évidence déjà, on peut dire son attitude symptomatique entre les deux tours y a bien contribué.
Bartolone n’a pas réussi à reproduire en Ile-de-France l’alchimie politicienne qui permet à la « gauche » (sur une politique globalement de droite) de gouverner la ville la plus bourgeoise du pays : Paris. L’Ile-de-France, même si c’est moins vrai qu’à Paris-ville, présente deux caractéristiques. La première, dans le centre économique du pays, est la surreprésentation dans la population active de salariés aux revenus intermédiaires et supérieurs, dont les préoccupations sociales, réelles, n’atteignent pas le niveau de détresse et de colère que le FN tente d’instrumentaliser. La deuxième, c’est une proportion plus importante que dans le reste du pays, parmi les populations les plus pauvres, de personnes issues de l’immigration et peu enclines à voter pour un parti ouvertement anti-immigrés.
Mais les trois ingrédients de la formule politique de la « gauche » parisienne ont moins bien fonctionné.
- Il a été plus difficile de masquer la politique « libérale » pratiquée régionalement par le PS, sous des symboles de « gauche », un marketing de « gauche », avec des cautions de « gauche ». L’exemple type de cette propagande a été la mise en avant « sociale », par toute la gauche, du Pass Navigo à tarif unique, en réalité voulue par le patronat, et payée très cher par une majorité d’usagers.
Le choix de Bartolone, personnalité nationale, président de l’Assemblée, a mis en évidence le lien entre les politiques régionales de la « gauche » et sa politique nationale antisociale, profondément rejetée ; de même que le soutien appuyé de Valls dans la campagne : 45 minutes au meeting d’avant le premier tour. Certains non-élus de gauche doivent regretter que les noms moins exposés de Huchon ou de La Gontrie n’aient pas été retenus comme tête de liste…
- A Paris plus que partout ailleurs, la « gauche » centre le débat politique sur des questions de société avec des slogans plus audacieux que progressistes, en direction notamment des populations pour lesquelles les préoccupations alimentaires ne sont pas primordiales. Mais cette « gauche » n’a plus le monopole de l’offensive sur les questions de société. Notamment après l’opération « mariage pour tous », la droite a développé (avec un succès peu réconfortant) une ligne conservatrice tirant notamment profit des outrances ce certains lobbys. La droite a même réussi à marquer des points, sur ce plan, en prétendant s’opposer à la destructrice « réforme » du collège.
- Enfin, pourtant expert en la matière en Seine-Saint-Denis, Bartolone a plus de mal que jamais à se présenter comme un rempart devant le racisme et l’extrême-droite. Le concept du « Think Tank » Terra Nova invitant le PS à capter cet électorat par une forme de clientélisme, au moins moral, ne marche plus comme en 2012. Bartolone est un proche de Hollande et Valls qui viennent, après les attentats, de tendre la perche au FN, notamment sur la déchéance de nationalité !
Les propos de Bartolone sur la « race blanche », assimilée aux richards de Versailles et de Neuilly, ont également certainement détourné nombre de voix. Ils sont proprement inacceptables, d’autant qu’il a refusé de les retirer. Qui, quelles que soient ses origines, peut maintenant faire confiance à Bartolone pour combattre le racisme ? Déjà, le dimanche soir du 1er tour, les images de liesse, malgré de score du FN (ou à cause de lui !), vues à la télévision chez les cadres du PS, dans le QG de Bartolone, qui se croyait en ballotage favorable, ont choqué. Nous les premiers.
L’Ile-de-France offre un aspect un peu particulier du dangereux processus de dégénérescence de la démocratie bourgeoise auquel nous assistons.
Ces circonstances alourdissent encore les conséquences des choix de la direction de notre parti pour ces élections, en Ile-de-France en particulier.
Le soir du 1er tour, nous faisions partie des camarades qui appelaient à ne pas présenter (après fusion des listes) de candidats PCF sur la liste Bartolone, même en vue de quelques places d’élus (6 ou 7 au final, dont une transfuge d’un groupuscule gauchiste…).
L’image donnée au pays a été déplorable : le secrétaire national du Parti, tête de liste en Ile-de-France, Pierre Laurent, s’est retrouvé bras dessus, bras dessous toute la semaine avec Bartolone, le complice de Hollande et Valls, jusqu’à intervenir en première partie au meeting où Bartolone a dérapé.
Mais ce n’est pas qu’une question d’image, c’est une question d’orientation de fond. Bartolone ne s’y est pas trompé en louant la contribution, jusqu’au bout, des élus PCF au bilan de Huchon : une véritable caution de gauche. Jusqu’aux intitulés similaires dans la niaiserie des listes : « une Ile-de-France humaine »/ « Nos vies d’abord » !
On ne peut pas reprocher à Pierre Laurent d’avoir été hypocrite. Son ralliement au PS était annoncé. Mais il aurait pu et dû changer d’avis. Il ne se retrouve pas comme ses alliés du PG ou Mme Clémentine Autain à prendre les places en faisant la fine bouche. L’ancienne filleule politique de Delanoë, a conspué un temps la politique de Valls, pour mieux finir deuxième placée derrière Bartolone en Seine-Saint-Denis. Cette « petite gauche » disposait de 5 têtes de liste départementales sur 8 en Ile-de-France. Au 1er tour, elle a réussi à grappiller, surtout à Paris et dans les zones petites bourgeoises, 0,08% des voix (6,63% en 2015) qui s’étaient portées sur Besancenot en 2010, absent en 2015. Quels alliés pour le PCF, alors que la fiction du « Front de gauche » se meurt !
Cette absence du vote communiste, cet effacement du Parti communiste dans le consensus de l’alternance est dramatique pour le pays. Le rejet de classe de la politique au service du capital est énorme. Des luttes conséquentes se développent et recherchent une perspective politique de rupture avec le capitalisme. Le danger fasciste, peut-être sous des formes différentes des expériences historiques, point.
Quel camarade de bonne foi aujourd’hui peut accepter l’idée que quelques élus PCF/FdG vont « tirer à gauche » la social-démocratie ou l’Union européenne ? L’heure est au changement de cap dans le parti révolutionnaire historique de la classe ouvrière en France !
A notre niveau, section du PCF de Paris 15ème, nous allons continuer à y contribuer avec plus encore de détermination. Au plan régional, nous faisons ces propositions de lutte parmi d’autres :
- Intensifier la lutte contre l’application régionale de la « réforme ferroviaire » et la « régionalisation » des transports contre les monopoles historiques SNCF et RATP. La création spécifique, unique en France, d’un comité d’entreprise régional en Ile-de-France de « SNCF Réseau » laisse voir la perspective d’un nouveau démantèlement de la SNCF comme le veulent les promoteurs du Grand Paris. Nous nous y opposerons.
- La lutte au niveau régional s’impose contre la mainmise sur la politique du logement par le Grand Paris, remettant en cause les politiques sociales – et de mixité sociale – de certaines communes de banlieue au profit d’une logique de parcage des pauvres dans le logement social, aux frais du contribuable, et de stimulation de la spéculation ailleurs (ex : ville de Paris).
- La « réforme territoriale » additionnée au « protocole sur les parcours professionnels et les rémunérations » – PPCR – dans la fonction publique, imposé en force par le gouvernement, fait peser de lourdes menaces sur les fonctionnaires territoriaux. Défendons-les, c’est aussi défendre le service public, notamment régional, face aux annonces précises de Pécresse.
- Enfin, comme lutte rassembleuse contre la mainmise des multinationales sur notre région, nous proposons de lancer une grande campagne contre l’organisation des JO 2024 à Paris portant l’exigence d’un référendum régional, comme nos amis et camarades allemands de Hambourg l’ont obtenu et gagné.
Tapis rouge pour Philippe VI à l’Assemblée nationale: les députés PCF-FdG debout dans le concert de vivats pour le monarque! Un outrage aux Républicains !
Brève, vivelepcf, 7 juin 2015
En Espagne, être « républicain » a encore un sens fort. C’est se revendiquer de ceux qui combattirent pour la République, la démocratie, les libertés pendant la Guerre civile contre le fascisme entre 1936 et 1939. C’est refuser la monarchie que les tenants de la dictature franquiste ont rétablie en 1975 pour couvrir la préservation des intérêts capitalistes et impérialistes devant l’inévitable transition vers la « démocratie » bourgeoise.
Certes le nouveau roi Philippe VI, Felipe VI, s’est juste de donné la peine de naître – et de poser pour les magazines avec la reine – pour devenir chef de l’Etat. Il n’a pas eu à travailler, encore moins à être élu. Contrairement à sa sœur et son beau-frère, il n’est pas inculpé pour escroquerie. Contrairement à son père Juan-Carlos, il ne s’adonne pas à des loisirs aussi choquants que la chasse aux éléphants en Afrique. Il n’est est pas moins son fils, le fils de l’héritier désigné par Franco.
Au vue de ce que représente cette monarchie espagnole, communistes, nous ne pouvons qu’être révoltés par l’accueil à la fois fastueux et obséquieux que des institutions de la République française ont fait à ce couple de tête couronnée le 3 juin dernier.
La Maire de Paris, Anne Hidalgo a convié l’héritier de l’héritier de Franco pour inaugurer une plaque en l’honneur des « Combattants de la Nueve », ces Républicains espagnols qui participèrent à la Libération de Paris en août 1944 dans la deuxième DB. Cet acte de révisionnisme est un affront pour la mémoire de ces militants républicains, majoritairement anarchistes et communistes.
A l’Assemblée Nationale, le Président Claude Bartolone a mobilisé la Garde Républicaine en grandes pompes pour accueillir le couple royal. Sur le ton habituel à l’animateur de télé Stéphane Bern, alternant les « majesté » et les « sire », il a ensuite donné la parole en séance publique au roi pour trente minutes de fadaises pro-européennes.
Notre réaction politique de réprobation et de dégoût s’arrêterait là si plusieurs députés du groupe GDR-FdG-PCF n’avaient décidé de participer à la séance et de se joindre aux vivats pour le monarque.
En octobre 1995, le président RPR Philippe Seguin avait déjà innové en invitant un chef d’Etat étranger, en l’occurrence le roi Juan-Carlos, à l’Assemblée. Les députés PCF de l’époque avaient boycotté la séance et l’avaient fait savoir.
Cette année, les députés André Chassaigne, Marie-George Buffet, Patrick Carvalho, Gaby Charroux et le détenteur depuis 1980 du siège de Robert Ballanger, l’ex-PCF François Asensi, se sont dressés pour applaudir le roi d’Espagne.
Chassaigne s’est trouvé à l’aise pour se justifier aux journalistes interloqués du Figaro : « Je ne suis pas choqué par cette intervention dans la mesure où elle a une dimension essentiellement symbolique pour valoriser les liens qui unissent nos deux pays » – « Le discours du roi a eu une tonalité et un contenu allant dans ce sens. Bien évidemment, il n’avait pas à s’immiscer dans nos choix politique. Il a su garder la hauteur nécessaire ».
La « hauteur » ? Après 18 ans de normalisation du PCF : quel dégât !