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Crayons Rouges n°2 – le journal éducation de septembre/octobre est sorti !

Au sommaire du numéro de septembre/octobre

Page 1 : Edito – Rentrée 2019 : Blanquer a perdu la « confiance ». Les luttes gagnent en confiance.

Page 2/3 : Par la lutte, mettons en échec la privatisation et la marchandisation de la formation professionnelle au seul profit du patronat.

Page 4 : Fusion écoles-collèges : Blanque tente de remettre le projet sur la table ///  » J’invite un banquier dans ma classe ». Opération de propagande patronale.

 

Retrouvez l’intégralité des articles ci-dessous.

 

 

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Rentrée 2019 : Blanquer a perdu la « confiance ». Les luttes gagnent en confiance.

La rentrée s’effectue dans la continuité du mouvement de lutte 2018/2019 d’une ampleur inédite depuis 15 ans. Blanquer a perdu toute confiance (mot qui lui est pourtant cher…) par ses pratiques autoritaires et ses « fakes news » répétées.  Les réformes du « meilleur élève » de Macron ne passent pas  chez les enseignants du primaire et du secondaire, les lycéens ou les parents. Le défi, dès la rentrée, est de faire coïncider les luttes pour une riposte globale au projet de détricotage de tout le service public éducatif.

En deux ans, le ministre s’est complètement démasqué ! Déstabilisation du fonctionnement du lycée, réduction du bac à un diplôme local, coupe dans les moyens de l’enseignement pro, aggravation de la sélection à l’université, sortie de la formation des enseignants de leur temps de travail, création des établissements publics/privés « d’élite » … Une série d’attaques très cohérente pour affaiblir le service public, réduire les dépenses et faire la part belle au patronat et au privé.

L’année passée, les mouvements des lycéens, des enseignants du primaire, puis du secondaire se sont renforcés. Blanquer commence à être désarçonné. En novembre/décembre, les lycéens se sont fortement mobilisés. Au printemps, les enseignants du primaire se sont massivement mis en grève (jusqu’à 70% sur Paris), notamment pour refuser la création des Etablissements Publics des Savoirs Fondamentaux (EPSF – fusion écoles-collèges). Le secondaire a embrayé à partir de mai contre la « réforme » du lycée et la casse programmée du bac.

Pour la première fois depuis l’avènement de Macron, un mouvement de lutte a réussi à faire douter et même à faire reculer le pouvoir. Face aux lycéens, le duo Blanquer/Castaner a répondu par une répression inouïe symbolisée par l’intervention policière de Mantes-la-Jolie. Cela a laissé des traces. Face aux personnels du secondaire et à leur action symbolique au moment du bac, Blanquer a dévoilé aux yeux de l’opinion son projet de dévalorisation du diplôme. Face aux personnels du primaire, il a dû reculer sur une mesure importante : la mise des écoles sous la tutelle des collèges.
Ces expériences appellent à une riposte coordonnée, possible, dès la rentrée, face à un projet global de plus en plus identifié. EPSF : Blanquer s’apprête à remettre le couvert (voir page 4). La fermeture de nombreuses classes ou écoles va encore éloigner le service public de la population. Immanquablement, la rentrée souffrira du manque croissant d’enseignants, des effectifs alourdis par classe et de la dégradation des conditions d’apprentissage et de travail. Les dégâts de la  réforme du lycée, en vue de la fin du bac en 2020, vont éclater.

En cette rentrée, et comme à son habitude, Blanquer tente de noyer ces questions derrière un plan com’ préparé. L’annonce de la revalorisation des traitements est destinée à faire croire que le ministre entend les enseignants sur les revendications salariales. L’augmentation sera en réalité inférieure à 20€ net par mois. Une misère qui ne résoudra en rien la problématique des faibles salaires dans l’éducation. Autre plan com’ du ministre : le lancement d’un grand plan écolo pour l’éducation. L’art et la manière de cacher derrière un coup de peinture verte les vraies questions qui fâchent !

Le gouvernement Macron/Philippe est également profondément contesté sur la question de l’hôpital public. Les parallèles et convergences avec l’éducation sont évidents. Le pouvoir marche aussi sur des œufs dans son plan de casse du système de retraite. La réforme annoncée va peser très lourd sur les pensions des futurs retraités, en particulier dans l’éducation (changement de la méthode de calcul de la pension, remise en cause des réversions, etc.).

Communistes, nous serons, dès la rentrée, de toutes les luttes pour dénoncer et pour mobiliser, sur la base de ces conditions de convergence de lutte manifestes. La défense du pilier que représente toujours le baccalauréat, diplôme national ouvrant l’accès aux études supérieures, peut et doit être un point de mire.

L’année scolaire dernière a montré que la lutte paye ! C’est par le rapport de force que nous pourrons mettre en échec Blanquer et défendre le service public d’éducation !

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Par la lutte, mettons en échec la privatisation et la marchandisation de la formation professionnelle au seul profit du patronat.

Les contre-réformes de la voie professionnelle et de l’apprentissage visent à favoriser l’intrusion du patronat et de la logique marchande dans l’école publique. In fine, leur but est d’entériner la privatisation et la marchandisation de la formation professionnelle. Blanquer poursuit l’application de la « stratégie de Lisbonne », définie en 2000 par l’Union Européenne, pour marchandiser l’éducation dans chaque pays. Au nom de la quête de « compétitivité », l’UE sert de prétexte et d’instrument aux gouvernements nationaux pour ouvrir tous les domaines potentiellement sources de profit au secteur privé marchand. L’éducation fait partie de ces domaines. Auparavant, conçue comme un lieu permettant aux jeunes d’apprendre dans un objectif d’émancipation, l’école, et en particulier le système de formation professionnelle, est de plus en plus destinée à faire de tous les jeunes des travailleurs exploitables et dociles !

Casse de l’enseignement professionnel public !

Avec la réforme de la voie professionnelle, l’idée est de regrouper dans une « famille de métiers » les métiers qui présentent des compétences communes et de structurer l’offre de formations sur la base de ces  familles de métiers. Par exemple, en seconde la famille « Métiers de la relation client » regroupera tous les métiers en lien avec la vente et le commerce. Présentées comme une « amélioration de l’orientation des élèves », les familles de métiers réduisent en fait d’un an la spécialisation professionnelle en « créant une seconde de détermination».

Après avoir réduit la formation en bac professionnel de 4 à 3 ans (2009), celle-ci est encore raccourcie d’un an, la faisant passer à 2 ans. Par ailleurs, de 80 actuellement, il ne resterait que 15 familles de métiers. Cette mise en œuvre par familles de métiers sert en réalité à réduire le nombre de diplômes et à supprimer des postes d’enseignants comme d’administratifs (au moins 6000 postes supprimés !). Par conséquent, cela va encore augmenter le remplissage des classes, ce qui est contraire à de bonnes conditions d’études des élèves et de travail pour les professeurs.

En parallèle, c’est la refonte des programmes de la voie professionnelle avec une réduction des volumes horaires dédiés aux enseignements professionnels et généraux entraînant la suppression de nombreux sujets d’étude. Exemple édifiant : l’histoire sociale de la classe ouvrière ne sera plus enseignée en CAP ! En bac professionnel, les enseignements de prévention-santé-environnement et d’économie-gestion disparaissent tout simplement ! L’idée de transmettre à tous les jeunes, non plus des savoirs et des connaissances, mais de les former vite avec des compétences réduites pour devenir un travailleur exploitable et docile, prend ici tout son sens !

Casse des diplômes nationaux remplacés par des blocs de compétences !

Aujourd’hui, le CAP, le BEP, le bac pro, le brevet professionnel, le BTS sont des diplômes nationaux reconnus par les conventions collectives (salaires de référence, grilles de classification). Le cadrage national des diplômes garantit l’égalité face aux diplômes.

La volonté du gouvernement est de casser le plus possible le caractère national des diplômes en les découpant en blocs de compétences et de supprimer les diplômes intermédiaires que sont le BEP et le CAP.

Cette casse des diplômes est à lier à la casse des conventions collectives par les Ordonnances Macron et la loi El Khomri : former une main d’œuvre adaptable et corvéable pour une employabilité immédiate, à bas prix avec un minimum de garanties collectives. Le découpage des référentiels de diplômes en blocs de compétences constitue une remise en cause du système de certification construit dans une logique d’acquisition complète de connaissances et de compétences. Ainsi, le patronat pourra déroger à loisir aux conventions collectives avec des salariés partiellement qualifiés.

Défendons le maintien des diplômes professionnels nationaux reconnus par les conventions collectives !

Attaque du statut des fonctionnaires d’état de l’Education Nationale garantissant la qualité de l’enseignement et la neutralité vis-à-vis du patronat.

La contre-réforme de la voie professionnelle s’inscrit dans le plan du gouvernement de réduction du nombre d’emplois dans l’Education Nationale (fonctionnaires comme contractuels, enseignants comme administratifs) et conduit également à la remise en cause du statut de fonctionnaire des professeurs de lycées professionnels (temps de travail, garanties liées au statut, etc.). Défendons et exigeons un recrutement massif sous statut dans l’enseignement comme dans l’administration pour améliorer les conditions d’études des élèves et des conditions de travail des personnels.

La formation professionnelle livrée au patronat !

Depuis les premières lois de décentralisation (1983), la compétence de la formation professionnelle et de l’apprentissage a été transférée aux régions pour répondre aux exigences de profits du patronat. Avec la contre-réforme sur la formation professionnelle, cette compétence ne sera plus pilotée par les régions mais directement par le patronat. Il est prévu, dès la rentrée 2019, l’ouverture de centres de formation par apprentissage (CFA) par les entreprises, sans accord préalable de la région. Couplée avec la contre-réforme de Blanquer, c’est le développement forcé des unités de formation par apprentissage des entreprises au sein même des lycées professionnels.

Les campus des métiers et des qualifications créés par la loi de « Refondation de l’école » en 2013, en lien avec les régions et les branches professionnelles, se développent un peu partout. Ils forment le cheval de Troie de la casse de la formation professionnelle publique en entraînant la mise en concurrence des lycées avec les centres de formation privés.

Le patronat n’a jamais accepté de se voir retirer, au lendemain de la guerre, la responsabilité de la formation professionnelle. Avec leur série de contres-réformes, les patrons tentent aujourd’hui de forcer le retour en arrière en privatisant la formation professionnelle. Ils veulent sa marchandisation avec des formations « à la carte », une main d’œuvre partiellement qualifiée répondant aux exigences de profits toujours plus élevés du patronat.  Ils veulent aussi, et surtout, étendre le marché capitaliste à tous les domaines qui lui échappent : protection sociale, services publics et en l’occurrence, le service public d’éducation.

Face à ces attaques, le Parti communiste français est dans la lutte. Le PCF appelle à la construction d’une large mobilisation des enseignants et des agents administratifs, des élèves et des parents d’élèves. Ensemble, nous défendons un service public d’éducation professionnel répondant aux besoins des jeunes du pays et protégeant les conditions de travail et le statut des fonctionnaires servant ce service public !

Par la lutte, mettons en échec le gouvernement Macron. Exigeons de l’argent pour l’enseignement public professionnel ! Pour que l’Education ne soit pas de l’apprentissage des compétences utiles au patronat mais un outil émancipateur pour la jeunesse.

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Fusion écoles-collèges ; Blanquer tente de remettre  le projet sur la table

Parmi les nombreuses contre-réformes lancées par Blanquer lors de l’année scolaire dernière, les Etablissements Publics des Savoirs Fondamentaux (EPSF) ont cristallisé la colère. Ce nouveau type d’établissement prévoyait la fusion entre écoles et collèges placés sous la direction du principal du collège. Cela permettait ainsi au gouvernement de faire d’importantes économies en supprimant les moyens accordés aux directeurs d’école tout en accentuant encore un peu plus la logique managériale dans laquelle est poussée l’éducation nationale avec la création de ces super-principaux. Suite à la forte mobilisation des enseignants et parents d’élèves au printemps dernier, le ministre Blanquer avait finalement été contraint de reculer sur la création des EPSF.  Cette victoire obtenue par la lutte n’a pas été du goût du ministre qui remet le sujet sur la table ! Alors qu’une multitude de rapports commandés par le ministère ne sont jamais publiés, deux rapports rédigés par des inspecteurs généraux et préconisant la fusion école-collège ont été publiés à quelques jours de la rentrée. En plus de la fusion, ces rapports vont dans le sens de la création d’un corps unique des « enseignants du socle » qui rassemblerait enseignants du primaire et du collège qui pourraient alors travailler aussi bien dans les écoles que dans les collèges. C’est un moyen évident pour le gouvernement de faire des économies d’échelle afin de supprimer des postes. C’est aussi un projet qui, en niant toute spécificité de l’apprentissage en primaire ou en collège, aggraverait les conditions d’enseignement. Blanquer semble vouloir s’entêter, mais la lutte des enseignants et parents d’élèves lui montrera une nouvelle fois qu’il est hors de question de créer ces EPSF !

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« J’invite 1 banquier dans ma classe ». Opération de propagande patronale

 

La Fédération bancaire française, organisation patronale du secteur, organise chaque année une opération nommée « J’invite 1 banquier dans ma classe ». L’objectif est de faire intervenir un banquier dans les classes de CM1/CM2 pour « sensibiliser les élèves aux questions de l’argent ». Il s’agit en réalité d’une énième opération destinée à faire rentrer la propagande patronale à l’intérieure de l’éducation nationale. Sous couvert des « jeux pédagogiques » on distille la bonne pensée libérale. On apprend par exemple aux enfants à gérer un budget serré. Evidemment, les fins de mois difficiles s’expliquent par une mauvaise gestion des familles plus que par des salaires trop bas… L’opération est accréditée par le ministère, et malheureusement elle est loin d’être la seule de ce type. Les professeurs de Sciences Economiques et Sociales au lycée sont par exemple incités de façon récurrente et appuyés, y compris par leur hiérarchie, à participer à un stage appelé « Entretiens Enseignants Entreprises » organisé tous les ans en août juste avant la rentrée. L’opération est organisée par l’Institut De l’Entreprise, vitrine du MEDEF. L’école doit rester un lieu d’émancipation, et non un laboratoire pour la propagande patronale.

Réforme du lycée, réforme du bac, Parcoursup : trois réformes, trois attaques contre l’éducation nationale. Enseignants, élèves et parents d’élèves, par la lutte battons-nous pour un vrai service public d’éducation

Le gouvernement précédent avait fait fort en termes d’attaques contre le service public d’éducation (rythmes scolaires de Peillon, réforme du collège de Belkacem…). Sans surprise aucune, Macron et son ministre Blanquer continuent dans la même voie en s’attaquant désormais frontalement à l’organisation du lycée, du baccalauréat et de l’orientation. Leurs mots d’ordre ? Economies, concurrence et autonomie des établissements. Enseignants comme élèves seront touchés de plein fouet par ces réformes qui visent à faire des économies tout en portant un projet idéologique d’attaque contre le service public d’éducation. Le 12 novembre prochain un mouvement d’ampleur du monde enseignant s’annonce. Le Parti communiste français s’impliquera entièrement dans cette mobilisation pour faire monter la contestation, pour mettre en échec Macron et son ministre Blanquer, pour défendre les conditions de travail des enseignants et pour exiger un service public d’éducation qui réponde aux besoins des jeunes du pays.

Derrière les économies, un vrai projet idéologique : la concurrence de tous contre tous

La réforme prévoit, à partir de la rentrée prochaine, de transformer entièrement le lycée en supprimant les filières générales S/ES/L. A la place de cela, tous les élèves auront des cours de tronc commun et devront choisir en fin de classe de seconde des spécialités au nombre de trois en première et de deux en terminale parmi une liste de 12 spécialités définies par le ministère. Problème, aucun établissement ne sera en mesure d’ouvrir autant de spécialités. Le ministre prévoit alors que les spécialités seront ouvertes dans un « périmètre raisonnable » ce qui est porteur d’une concurrence de tous contre tous inacceptable.

Concurrence d’abord entre établissements puisque les chefs d’établissement chercheront à ouvrir les spécialités permettant d’attirer les élèves au détriment des autres établissements. La carte scolaire est depuis longtemps mise à mal, elle sera encore un peu plus sacrifiée par cette réforme qui ne fera que renforcer les inégalités entre lycées. Concurrence ensuite entre les disciplines puisqu’on demande aux enseignants de faire de la publicité pour leur matière en classe de seconde afin d’inciter les élèves à la prendre en spécialité. Les chefs d’établissement font alors planer la menace d’une perte de volume horaire et donc de potentielles suppressions de poste. Blanquer transforme le prof en VRP de sa discipline ! A mille lieues du métier d’enseignant et des intérêts des élèves qui n’ont pas besoin de publicité mais de suivi et de conseils pour leur parcours scolaire.

La réforme entérine même une attaque gravissime contre la notion d’établissement. Puisque toutes les spécialités ne seront pas ouvertes dans chaque établissement, il est prévu que les élèves puissent suivre des cours dans divers lycées. Afin de permettre la mise en place de la réforme, le ministère envisage également que les enseignants titulaires d’un poste dans un établissement puisse aller enseigner dans un autre qui serait en besoin d’heures dans sa discipline. C’est une évidente dégradation des conditions d’étude pour les élèves et de travail pour les enseignants. Le ministère rassure en disant que cela se fera dans un « périmètre raisonnable ». Nous savons que ce qui est « raisonnable » pour eux, ne l’est pas pour les travailleurs.

La réforme continue de casser le cadrage national en renforçant l’autonomie des établissements et le pouvoir des proviseurs

Les réformes présentées visent par bien des aspects à faire sauter les cadrages nationaux. C’est une nouvelle étape dans l’autonomisation des établissements et dans le renforcement des pouvoirs des proviseurs. Par exemple, la liste des spécialités ouvertes dans l’établissement est définie par le proviseur. Cela revient à lui donner le pouvoir d’ouvrir ou de fermer des postes dans telle ou telle discipline. Un pas de plus vers le recrutement local et la casse du statut. Autre exemple, la réforme prévoit d’allouer une enveloppe appelée « marge d’autonomie » de 12h par semaine en seconde et de 8h par semaine en classe de première et de terminale. Ces heures serviront à mettre en place les dédoublements, les groupes de langue ou encore l’accompagnement personnalisé. Autant d’éléments qui sont absolument indispensables, aussi bien pour les élèves que pour les enseignants. Ce sera alors au chef d’établissement de décider de ce qu’il fera de cette enveloppe, pouvant ainsi privilégier telle ou telle discipline, tel ou tel enseignant en fonction de ses préférences personnelles.

Cette réforme s’inscrit donc dans une longue suite de mesures qui visent à l’autonomisation des établissements que nous pouvons faire remonter au moins à 1985 et la création des EPLE. C’est une attaque très claire contre la notion de service public qu’il faut combattre en affirmant la nécessité d’une même éducation partout sur le territoire et pour tous les jeunes du pays. C’est aussi une réforme qui vise à renforcer le rôle du chef d’établissement comme « manager » d’une équipe enseignante ouvrant ainsi la porte à toutes les dérives que nous pouvons observer là où ces méthodes managériales ont été mises en place.

Une réforme destinée à faire des économies : 2 600 postes supprimés l’année prochaine dans le secondaire

Dernier objectif affiché de la réforme, faire des économies sur le dos de l’éducation nationale. Cela se traduit directement par un abaissement des volumes horaires pour toutes les classes. Ainsi, un élève de seconde perd, avec la réforme, 2h30 de cours par semaine. Un élève de première qui avait 30h de cours par semaine avant la réforme, n’en aura plus que 28. Difficile de justifier une amélioration du service d’éducation rendu quand on supprime des heures !

A cela s’ajoute une gestion purement comptable des choses. En supprimant les filières, le gouvernement souhaite optimiser le remplissage des classes et ainsi réduire le nombre d’enseignants. Désormais, ce sera 36 (voire parfois 37) élèves par classe de la seconde à la terminale. Dans bien des établissements, par faute de moyens, les dédoublements existants (en particulier en langues) seront supprimés. Quand on sait l’importance qu’a le nombre d’élève par classe dans l’enseignement, on sait d’avance que cette réforme mènera à une dégradation et des conditions de travail des enseignants, et des conditions d’étude des élèves.

Au total, le SNES a fait les comptes. Chaque élève perdra en moyenne entre 7 et 10% d’heures de cours par an de quoi permettre la suppression de 12 000 à 17 000 postes. Cela fait écho avec l’annonce par Blanquer, il y a quelques semaines, de la suppression de 2 600 postes dans le secondaire en 2019. Dans le même temps, ce seront 40 000 lycéens en plus que les établissements devront accueillir à la rentrée 2019 du fait de la hausse démographique. Le gouvernement répond donc à ces nouveaux besoins par la suppression de milliers de postes. Il faut bien trouver l’argent quelque part pour financer les milliards de cadeaux au patronat.

La réforme du bac met fin au diplôme national ; une nouvelle étape dans la casse des références communes

En parallèle de la réforme du lycée, le duo Macron/Blanquer lance une très grave attaque contre le baccalauréat. Il est bon de rappeler que le baccalauréat est aujourd’hui le premier diplôme du supérieur, qu’il est une référence commune et qu’il donne droit à une place dans le supérieur pour tout bachelier. Le baccalauréat, en tant que référence commune, sert aussi sur le marché du travail, non pas toujours pour trouver un travail, mais comme un des éléments constitutif des statuts d’emploi.

La réforme prévoit de faire sauter le bac que nous connaissons pour le remplacer par une véritable usine à gaz. Le slogan du gouvernement est « simplifier un examen devenu trop complexe », mais en y regardant dans le détail c’est tout l’inverse. Aujourd’hui, les élèves passent entre 12 et 13 épreuves pour la très grande majorité en fin d’année de première (épreuves anticipées) ou de terminale. Avec le nouveau bac sauce Macron/Blanquer ce sera désormais 21 épreuves réparties pendant les deux années du cycle terminal (première/terminale). Ces épreuves se dérouleront pour une grande majorité pendant l’année ce qui prendra un temps incroyable aux enseignants et aux élèves réduisant encore un peu plus le temps consacré aux enseignements disciplinaires, déjà bien amaigris par la réforme.

Plus grave encore, le baccalauréat sera désormais composé d’épreuves nationales en fin d’année mais aussi d’un « grand oral », d’épreuves communes et de contrôle continu. Au final, 40% de la note totale résultera d’épreuves sans cadrage national. Il s’agit donc de la fin programmée du baccalauréat national qui sera remplacé par un « bac maison » qui n’aura pas la même valeur selon l’établissement dans lequel l’élève sera.

Parcoursup instaure la sélection à l’université pour cacher les manques de moyen

En utilisant les échecs réels d’APB, le gouvernement a mis en place l’année dernière Parcoursup, nouvelle méthode de gestion de l’orientation post-bac qui trouve toute sa cohérence avec ces réformes du lycée et du bac. Après un an de fonctionnement, et malgré les réjouissances des ministres Blanquer/Vidal, aucun bilan chiffré sérieux n’a été fait sur ce nouveau dispositif et ne peut être fait tant l’opacité est totale. Parcoursup a été présenté comme le moyen de répondre aux manquements de la plateforme APB, ce qui est bien impossible puisque le problème central réside dans la baisse des moyens alloués aux universités en cette phase de hausse démographique. Parcoursup n’a donc fait que maquiller les chiffres en poussant de nombreux candidats à démissionner de la plateforme ou à accepter des formations dans lesquelles ils ne souhaitaient pas aller.

Plus grave encore, Parcoursup a instauré pour la première fois à l’échelle nationale, un principe de sélection à l’université, ce qui est en cohérence totale avec la réforme du bac. Désormais, le bac ne sera plus le premier grade universitaire et ne donnera plus le droit à une place dans le supérieur. Cette sélection s’appuie sur une opacité la plus totale et sur une absence de cadrage national qui a permis toutes les dérives. On a ainsi observé le cas d’universités parisiennes qui ont intégré dans les critères de sélection la distance entre le lieu d’habitation de l’élève et l’université afin de privilégier les élèves issus de l’académie de Paris au détriment des autres.

Parcoursup et la réforme du lycée font désormais porter le choix de l’orientation post-bac dès la classe de seconde. En effet, les formations supérieures sont amenées à rentrer dans la plateforme des attendus qui, à partir de la rentrée prochaine porteront sur les spécialités choisies par l’élève en fin de classe de seconde. Ainsi, un élève qui aura pris des spécialités peu demandées dans le supérieur se verra fermer de très nombreuses portes sur Parcoursup. Tout enseignant, ou tout parent d’élève, sait que pour bon nombre d’élèves de seconde, il est impossible de se projeter dans le supérieur et dans la vie professionnelle. Les familles qui auront les moyens financiers et les connaissances du système pourront bien aiguiller leurs enfants dès la seconde. Quant aux autres, ils se perdront encore un peu plus dans les méandres du système scolaire.

Réforme du lycée, réforme du baccalauréat, Parcoursup : trois réformes, trois attaques contre le service public d’éducation. Comme toute la politique du gouvernement, ces réformes portent un contenu de classe évident. Elles cassent le service public d’éducation dans le but d’économiser pour financer les mesures fiscales faites au patronat. Elles font sauter à tous les niveaux les cadrages nationaux afin de renforcer une éducation à deux vitesses : de qualité pour les enfants de la bourgeoisie, dégradée pour les autres. L’attaque contre le baccalauréat est une attaque contre les références communes et les statuts du travail. Parcoursup attaque quant à lui le droit de tous à poursuivre des études supérieures. Face à ces attaques de classe, le Parti communiste français appelle à y répondre par la seule manière qui permette de l’emporter ; la lutte. Le PCF appelle à la construction d’une large mobilisation à partir du 12 novembre prochain pour mettre en échec le gouvernement. Enseignants, élèves et parents d’élèves, tous réunis pour défendre le service public d’éducation. Non à la réforme du lycée ! Non à la réforme du baccalauréat ! Non à Parcoursup ! Oui à un service public d’éducation qui réponde aux besoins des jeunes du pays !

Le Parti communiste français appelle à une large mobilisation pour exiger :

-l’abandon des réformes du lycée et du baccalauréat.

-l’abandon de Parcoursup et la mise en place d’un dispositif transparent et démocratique d’orientation post-bac assurant à tous l’orientation de son choix.

-l’arrêt des suppressions de poste et le recrutement massif dans le primaire, secondaire et supérieur pour répondre aux besoins et réduire le nombre d’élèves par classe.

-l’augmentation des salaires et l’amélioration des conditions de travail des enseignants afin d’enrayer la crise de recrutement dans le métier.

-la fin du processus d’autonomisation des établissements et le retour à un vrai cadrage national seul élément à même de garantir un réel service public d’éducation.

Au tour de l’éducation nationale d’être attaquée par Macron ! Le gouvernement supprime 2 600 postes dans l’enseignement secondaire en 2018.

Le gouvernement a dévoilé son Projet de Loi de Finance pour 2018 au caractère de classe incontestable. D’un côté les attaques pleuvent contre les travailleurs, les services publics et le logement social, de l’autre les cadeaux se multiplient pour les plus riches. Du côté de l’éducation nationale, le budget 2018 prévoit, entre autres, la suppression de 2 600 postes au CAPES 2018.

Dans le Projet de Loi de Finance pour 2018, le gouvernement vient d’annoncer la suppression de 2 600 postes au CAPES 2018. L’argumentation du ministre est pour le moins cynique. Selon lui, cela n’affectera nullement la rentrée 2018, puisque la suppression de 2 600 postes correspond simplement aux postes non pourvus au concours 2017.

En effet, compte tenu de la dégradation des conditions de travail et de la faiblesse des traitements, tous les postes ouverts au CAPES ne sont plus pourvus, ce fut le cas en 2017 avec 2 232 postes sur les 13 961 ouverts. L’annonce de la suppression de postes au concours, tout comme le retour du jour de carence et le gel du point d’indice ne vont faire qu’aggraver cette situation. Ainsi, plutôt que de répondre aux raisons profondes qui expliquent le manque de candidats pour devenir enseignant, le ministre Blanquer préfère utiliser cela pour dégrader encore un peu plus les conditions de travail des enseignants et les conditions d’étude des élèves.

Supprimer 2 600 postes au concours revient à baisser de près de 20% le nombre de nouveaux enseignants recrutés l’année prochaine dans  le secondaire alors que le manque de personnel est tous les ans un peu plus criant dans les établissements.

La rentrée 2017 a ainsi été marquée par de très nombreux établissements dans lesquels tous les postes n’étaient pas pourvus en septembre. Les classes à 30 élèves au collègue et à 35 voire 36 au lycée sont aujourd’hui devenues la norme. Les quelques remplaçants encore existants dans les académies sont tous affectés à l’année sur des postes non pourvus empêchant ainsi tout remplacement des enseignants arrêtés au cours de l’année. Des élèves n’ont ainsi plus cours pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois. Pour faire face à la pénurie, les rectorats ont alors recours à des contractuels aux conditions de travail dégradées et précaires et souvent envoyés devant les classes sans aucune formation ni aide.

Et cela ne risque pas de s’arrêter rapidement compte tenu de la dynamique démographique. En effet, les enfants nés du baby-boom de l’année 2000 passeront leur bac en 2018 mais toutes les prévisions montrent que pendant au moins dix ans encore, le nombre d’élèves dans l’enseignement secondaire restera à ce niveau très élevé et continuera même de croitre légèrement.

Face à cette situation, le gouvernement préfère donc utiliser des arguments cyniques pour justifier une nouvelle baisse des effectifs dans l’éducation nationale afin de faire des économies. Il faut bien, après tout, financer les exonérations fiscales faites au plus riches !

En s’appuyant sur la journée de mobilisation massive du 10 octobre dans la fonction publique il est urgent de se battre pour avoir davantage de postes aux concours afin de répondre à l’essor démographique et de diminuer le nombre d’élèves par classe. La bataille du recrutement est essentielle pour fournir à tous une éducation de qualité. Se battre pour un service public d’éducation c’est aussi se battre pour une amélioration des conditions de travail des enseignants ainsi qu’une revalorisation des traitements afin de résoudre la crise de recrutement. Combattons les coupes budgétaires dans l’éducation nationale qui servent à financer les cadeaux aux plus riches !