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« Reconnaissance » de l’Etat palestinien : une revendication fondamentale dévaluée en leurre politique

Vivelepcf, 3 décembre 2014

Nos députés communistes ont voté pour hier. Pour nous tous, c’était une évidence. Pour autant, l’adoption par l’Assemblée nationale d’une résolution « invitant le gouvernement à reconnaître l’Etat de Palestine » n’a rien d’un événement historique. La force du symbole est même étouffée de façon dérangeante par le calcul politicien.

D’abord, la résolution proposée par le PS, en lien étroit avec le gouvernement, ne vaut pas du tout reconnaissance par la France de l’Etat palestinien. Les ministres Fabius et Désir ont été clairs. La résolution va uniquement permettre au gouvernement français de réaffirmer son souhait de la création d’un Etat palestinien, son appel à une « conférence internationale », à des négociations. Même Obama se prononce pour la création d’un Etat palestinien. Parce qu’actuellement, ces mots n’engagent à rien.

Ensuite, sur le plan politique, il est très douteux que le vote de l’Assemblée nationale française, après ceux de ses homologues espagnol, suédois ou britannique – ces coïncidences ne doivent rien au hasard – fasse avancer le rapport de force international en faveur de la cause palestinienne. L’admission de l’Autorité palestinienne à l’ONU comme observateur n’a déjà rien changé à la situation alors qu’il s’agissait d’une décision effective.

Il y a quelques mois à peine, l’Etat colonialiste israélien déversait des tonnes de bombes, répandait la mort et la désolation à Gaza, confirmant son option politique et stratégique fondamentale : maintenir sa domination par la terreur et l’oppression.

Les Hollande, Valls, Fabius et autres députés PS se distinguaient alors par un soutien ouvert, inédit en France, à l’agresseur israélien et allaient même jusqu’à interdire des manifestations de soutien aux populations palestiniennes. Et on les laisserait se faire passer maintenant pour des amis des Palestiniens ? Comment l’orateur du groupe GDR (où se retrouvent les députés PCF) a-t-il pu esquiver ce rapprochement ?

Agiter la perspective lointaine de la constitution de l’Etat palestinien est devenu l’astuce politique pour éviter les prises de positions et les actes nécessaires aujourd’hui pour rendre un jour possible un Etat palestinien viable. On laisse la guerre et la misère s’abattre sur Gaza, la colonisation atomiser la Cisjordanie et Jérusalem, mais, en échange, on promet une solution virtuelle à deux Etats. Le calcul est gros : cette duplicité des autorités françaises doit être dénoncée.

La perspective vague de l’Etat palestinien sert en outre à remettre en selle les dirigeants corrompus, dociles, disqualifiés de l’Autorité palestinienne derrière Mahmoud Abbas, réconciliés pour le moment avec le meilleur ennemi d’Israël, le Hamas.

En France, comme dans les autres pays où les opinions publiques ont vivement exprimé leur solidarité avec le peuple palestinien, le vote de l’Assemblée permet un apaisement opportuniste et un jeu de postures. Les ultra pro-Israël sont heureux de s’opposer à la résolution. Les autres donnent le change. Mais les vraies questions ne sont pas posées. Les députés, même PS, des circonscriptions où d’influentes communautés israélites (Sarcelles, Créteil, Alfortville…) sont organisées se désolidarisent de leur groupe parlementaire. Les députés des zones où, à tort, la situation palestinienne est transposée et identifiée au malaise des populations issues de l’immigration des pays où la religion islamique est majoritaire, redorent leur blason électoraliste à moindre frais. Ces calculs sont lamentables et dangereux.

Aussi, pour nous communistes, il faut s’en tenir aux revendications essentielles et immédiates, les porter devant les autorités françaises pour qu’elles les défendent, pour les mettre au pied du mur après l’opération politicienne du vote parlementaire :

-          La fin du processus de colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-est, le démantèlement des colonies existantes dans les frontières palestiniennes de 1967.

-          La destruction du Mur de ségrégation

-          La fin du blocus économique sur la bande de Gaza et la Cisjordanie

-          La libération des prisonniers politiques palestiniens

-          Le retrait des troupes israéliennes des territoires occupés depuis 1967 et du plateau du Golan

-          La reconnaissance du droit au retour des réfugiés palestiniens et de leurs descendants

-          Des réparations payées par les Israéliens pour les destructions à Gaza, l’inculpation de l’Etat et de l’armée israéliens devant les tribunaux internationaux pour crimes de guerre

Sans cela, tous les discours ne sont qu’hypocrisie, même quand ils reprennent les revendications finales essentielles :

-          La reconnaissance de l’Etat palestinien comme membre à part entière des Nations-Unies

-          La création d’un Etat indépendant, viable et souverain de Palestine, dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-est comme capitale, à côté de l’Etat d’Israël

Si le vote de l’Assemblée hier doit servir à quelque chose, en contradiction avec les intentions de ses initiateurs, c’est à ces revendications, pour la paix, pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Le Parti communiste grec (KKE) remporte la municipalité de Kaisariani (26000 habitants) dans la banlieue d’Athènes

Vivelepcf, d’après les pages internationales du site du Parti communiste grec KKE, 2 décembre 2014

Des élections municipales partielles avaient lieu le 30 novembre dans la ville de Kaisariani, 26.000 habitants, dans la proche banlieue est d’Athènes. En mai, la liste du « Rassemblement populaire » impulsé par le Parti communiste grec (KKE) avait été éliminée du second tour pour une seule voix. Son recours pour irrégularités multiples et flagrantes n’a pas pu être rejeté. Un nouveau second tour a donc été organisé.  

En mai, opposée à une liste de l’ancienne social-démocratie PASOK, la liste de la nouvelle social-démocratie Syriza l’avait largement emporté.

Cette fois-ci, Syriza est battue par le « Rassemblement populaire-KKE ». Le communiste Ilias Stamelos a été élu maire avec 51,52% des voix. Syriza a échoué à rassembler sur les thèmes contradictoires du changement et de l’anticommunisme. L’abstention atteint 67%.

La ville ouvrière de Kaisariani, comme le rappelle le KKE, possède une longue tradition progressiste. Elle est peuplée d’une importante composante issue des réfugiés expulsés d’Asie Mineure et notamment de Smyrne après la guerre gréco-turque en 1922. Des liens de sang unissent la ville au KKE, ceux des 200 résistants communistes exécutés par les nazis au stand de tir le 1er mai 1944.

A propos des résultats des élections municipales à Kaisariani, le Bureau de presse du Comité central  du KKE a notamment exprimé dans sa déclaration ce qui suit:

« Nous saluons les électeurs qui ont choisi la liste du « Rassemblement populaire » à Kaisariani comme nouvelle municipalité. Nous les appelons dès demain à continuer à soutenir, par leur action militante et par leur participation, les efforts de la nouvelle municipalité pour soulager les familles pauvres de la ville et pour être un point d’appui à leurs revendications et à leurs luttes.

Kaisariani rejoint Patras, Petroupoli, Haidari et Ikaria où des municipalités de «Rassemblement populaire» ont été élues en mai. Elles ont engagé aussitôt la lutte contre la ligne politique du gouvernement et le cadre institutionnel réactionnaire local suffocant, pour mettre en œuvre des mesures de secours pour les familles populaires, les travailleurs, les chômeurs,  pour mettre en échec les plans du gouvernement contre les travailleurs communaux, pour soutenir, dans la pratique, les luttes au jour le jour.

Le résultat dans Kaisariani envoie un message encourageant de lutte et de résistance contre la logique de la gestion et de la soumission à ligne politique antipopulaire relayée par les autorités municipales et régionales qu’elles appartiennent aux partis de la coalition gouvernementale ou à SYRIZA.

Les habitants de Kaisariani, avec leur expérience et leurs traditions militantes, peuvent contribuer à la lutte globale du peuple contre les politiques et les exactions du gouvernement, ainsi que contre ceux qui conduisent les gens vers de nouvelles illusions et impasses pour continuer à aller dans la même voie, celle de l’UE et du capital, celle de l’acceptation et la reconnaissance de la dette. Ils doivent contribuer à renforcer le mouvement des travailleurs, l’Alliance populaire, à renforcer le KKE, pour une vraie solution conforme à l’intérêt du peuple ».

Article en relation: 2 juin 2014 – Résultats des élections européennes en Grèce : crise politique, banalisation de Syriza, montée de l’extrême-droite et reconsolidation du Parti communiste (KKE)

Suisse/30 novembre 2014 : référendum sur le maintien des privilèges fiscaux aux riches étrangers. Analyse du Parti suisse du travail (communiste)

Vivelepcf, 26 novembre 2014

Les mousquetaires? Une belle brochette de patriotes qui résident tous, entraîneur compris, sur la rive suisse du lac Léman!

On va peut-être bientôt pouvoir vérifier si les tennismen, les chanteurs et autres millionnaires français qui y résident aiment la Suisse pour ses paysages ou bien pour son système fiscal.

Le 30 novembre en effet a lieu au niveau national une votation (un référendum) pour ou contre le maintien du régime fiscal dit du « forfait » qui permet aux riches résidants étrangers de payer des impôts, non pas sur la base de leur revenu ou de leur fortune, mais sur l’estimation opaque de leurs dépenses en Suisse.  

Le richissime fondateur suédois d’Ikea, Ingvar Kamprad, s’acquitte ainsi d’un impôt annuel direct équivalent à 0,00005% de sa fortune…

L’existence, au cœur de l’Europe de ce paradis pour les évadés fiscaux a de quoi scandaliser les peuples des pays où ces gens-là font fructifier leur fortune et où ils échappent à toute solidarité nationale.

Elle révolte aussi nombre de Suisses. Certes, les milieux patronaux et financiers helvétiques reprennent l’antienne libérale universelle de « l’attractivité économique » qui rapporterait quelques pourboires pour la Suisse et surtout pour eux-mêmes. Au contraire, les progressistes condamnent un système porteur de pourrissement moral, choquant devant l’austérité imposée aux travailleurs de Suisse, nourrissant de surcroît une logique de concurrence interne au moins disant fiscal entre cantons.

Nous reproduisons ci-dessous l’analyse de nos camarades du Parti suisse du travail (communiste) et leur souhaitons une bonne fin de campagne référendaire.

Halte aux privilèges fiscaux des multimillionnaires !

Communiqué du Parti suisse du travail

Selon l’art. 14 de la Loi fédérale sur l’Impôt fédéral direct, les forfaits fiscaux autorisent les personnes physiques qui ne sont pas ressortissants helvétiques et qui n’exercent pas d’activité lucrative en Suisse à se faire imposer sur leurs dépenses et non sur leurs revenus ou leur fortune. Dans les faits, cela signifie que ces multimillionnaires marchandent leur participation fiscale avec les autorités. Il s’agit d’une injustice révoltante face aux travailleurs qui, eux, sont imposés jusqu’au dernier franc.

S’ils n’ont officiellement pas d’activité lucrative en Suisse, ces multimillionnaires peuvent profiter de cette imposition à forfait. Le montant forfaitaire calculé par l’administration représente en règle générale cinq fois la valeur locative du logement des bénéficiaires. La plus grande opacité règne dans ce domaine ; il est impossible d’obtenir le moindre renseignement de l’administration sur le nombre de forfaits accordés ni leur montant. L’acceptation de cette initiative le 30 novembre prochain mettra fin à ce privilège fiscal scandaleux.

Les forfaits fiscaux contreviennent à l’article constitutionnel prévoyant l’égalité de traitement des contribuables proportionnellement à leur capacité financière. Il s’agit d’un détournement légalisé de fonds publics qui doit cesser.

Les opposants rétorquent que ces millionnaires quitteraient la Suisse s’ils ne pouvaient pas jouir de ces arrangements fiscaux. Mais quel est l’intérêt de retenir à tout prix sur le territoire des personnes qui paient aussi peu d’impôt ? D’ailleurs, pour exemple, cette prédiction n’a pas eu lieu à Zurich après l’abolition de la taxation à forfait, car malgré le départ d’une partie des grandes fortunes, ce canton reste largement bénéficiaire grâce à ceux qui sont restés et qui sont depuis lors normalement imposés. 70% des évadés fiscaux zurichois ont changé de canton sans quitter la Suisse. La concurrence intercantonale est un grave problème en Suisse.

C’est pourquoi il est absolument nécessaire d’adopter cette initiative fédérale.

Actuellement, plus de 5’000 millionnaires sont imposés à forfait dans notre pays, dont plus de la moitié en Suisse romande. Parmi eux, il y a toujours plus de nomades du business et de prétendus rentiers qui pilotent en réalité leurs sociétés depuis la Suisse.
Le plus riche d’entre eux est le milliardaire Ingvar Kamprad, propriétaire d’IKEA et première fortune de Suisse. Si un contribuable ordinaire, possédant une fortune de 100’000 CHF était imposé au même taux que le propriétaire d’IKEA, il ne paierait que 50 centimes d’impôts par an !

De nombreux riches étrangers accepteront d’être imposés normalement plutôt que de quitter notre pays qui présente pour eux de nombreux autres avantages. Avec la suppression de ces forfaits fiscaux, on peut escompter quelques milliards de revenus supplémentaires, ce qui permettra de réparer une injustice criante. Sur ce point au moins, nous diminuerons les différences avec nos pays voisins ou même plus éloignés. L’enjeu est d’enrayer une spirale de concurrence fiscale diminuant les ressources des États, provoquant l’endettement, la dégradation des services publics et la diminution des prestations sociales.

Elections anticipées au Japon : réaction du Parti communiste japonais

Communiqué du PCJ – Traduction vivelepcf, 21 novembre 2014

Le premier ministre Abe Shinzo a annoncé le 18 novembre qu’il dissoudrait la Chambre des députés et programmerait des élections anticipées pour le 14 décembre.

Lors de sa conférence de presse tenue à la résidence du premier ministre, il a également annoncé qu’il allait reporter de 18 mois l’augmentation prévue de l’impôt sur la consommation, à avril 2017.

A la suite des déclarations d’Abe, le responsable du Parti communiste japonais, Shii Kazuo, a exprimé sa détermination à faire connaître la politique du PCJ, dans le cadre de la campagne précipitée à venir, telle qu’elle a été formulée pour restaurer à la fois l’économie nationale et le budget de l’Etat.

Il a critiqué le premier ministre pour son incapacité à justifier valablement devant l’opinion publique la dissolution de la Chambre et la convocation d’élections anticipées. « Il ne le fait que parce qu’il sait que le gouvernement ne serait pas en situation de conserver le pouvoir à terme sans la dissolution. Il n’a jamais pris en compte les besoins et les attentes de la population » a affirmé Shii.

Rappelant qu’Abe a assuré que, quelle que soit la situation économique du pays, il procéderait à l’augmentation de l’impôt sur la consommation, de 8 à 10% en 2017, Shii a déclaré : « Cela constituera un des thèmes majeurs des élections générales. Le PCJ posera la question aux électeurs. Souhaitent-ils autoriser que cela se produise ou bien choisissent-ils de s’opposer à l’augmentation des impôts ? Partagent-ils la proposition d’établir une fiscalité progressive comme y appelle le PCJ ? »