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Grèce : la supercherie politique de Tsipras et de l’UE finit enfin d’éclater au grand jour

EDT pour Vivelepcf, 11 juillet 2015

Manifestation à l'appel du PAME et du KKE contre le nouveau mémorandum et "l'union sacrée"

La « radicalité » de Syriza et Tsipras n’est qu’une vaste imposture politique. Qui sera aujourd’hui assez aveugle, ou d’assez mauvaise foi pour ne pas le reconnaître ?

Ceux qui n’ont pas vu ou pas voulu voir que Syriza et Tsipras ont choisi de faire alliance avec le parti d’extrême-droite ultra-libéral, ANEL, et donné ainsi, depuis leur arrivée au pouvoir, tous les gages aux puissants grecs, armateurs, armée, église… ainsi qu’à l’OTAN ? Ceux qui n’ont pas vu ou ne veulent pas voir que Syriza a servi à recycler la social-démocratie disqualifiée depuis la crise de 2009 ? Ceux qui n’ont pas vu ou voulu voir, éblouis par le mirage de « l’Europe sociale », que Syriza a enfermé toute perspective politique et économique dans le carcan de l’UE du capital ?

Les cinq longs mois de négociations avec l’UE, la BCE et le FMI n’ont été qu’une mise en scène relevant de la pédagogie de la résignation. Le référendum du 5 juillet l’a complétée sournoisement en cherchant à associer le peuple à cette politique de soumission au capital, à lui faire faire la fausse expérience que tout aura été fait pour « résister » jusqu’au bout. Ce message de Tsipras et des dirigeants de l’UE est aussi, voire essentiellement, destiné aux autres opinions publiques européennes.

Cette nouvelle phase de la crise grecque s’achève avec une « Union sacrée » derrière Tsipras au Parlement, associant tous les anciens partis au pouvoir pour valider un nouveau mémorandum, encore plus dur que les précédents, auxquels il vient s’additionner. Au moment de convoquer le référendum, le gouvernement Syriza-Anel était d’accord à 90% avec les propositions de l’UE. Trois jours avant sa tenue, à 95%, jusqu’à évoquer la possibilité de suspendre le référendum (vraiment pour qui prennent-ils le peuple !). Aujourd’hui, ils sont d’accord à 105% !

La TVA va être encore davantage augmentée. Les retraités vont être davantage ponctionnés – avec y compris la remise en cause de l’aide aux plus petites pensions – et l’âge de départ de retraite reporté à 67 ans. De nouvelles privatisations sont programmées après que Tsipras a déjà repris celle du port du Pirée, contre une de ses rares promesses électorales précises avec celle de la hausse du salaire minimum également abandonnée. Des dispositions contre le droit du travail, pour faciliter les licenciements, sont prévues.

Sur un pays martyrisé par la crise, étouffé par l’UE et l’euro, le nouveau plan Tsipras, c’est l’addition en une seule fois des lois Fillon, ANI, Rebsamen, Macron et du « pacte de responsabilité » !

De façon presque comique, c’est l’UE qui a demandé et obtenu une baisse des dépenses militaires, modeste, de 100 millions d’euros en 2016 et de 200 millions en 2017. Loin d’être pacifistes, les dirigeants européens appellent à professionnaliser l’armée et à couper dans les dépenses de personnel. Tsipras et son ANEL Kamenos, ministre de la défense, ont pris la précaution de faire passer avant le mémorandum un contrat de 500 millions d’euros pour moderniser les avions de surveillance de la Marine…  Un autre fait, plus que symbolique, ne doit pas resté ignoré à gauche en France : les manœuvres aéronavales avec Israël en avril dernier.

L’UE pourrait bien avoir maintenant le beau rôle sur ce qui va être avancé comme le principal acquis de l’accord avec Tsipras : la restructuration de la dette. Mais, hors de toute hypothèse de sortie de l’euro, ce n’est plus qu’un simple jeu d’écritures.

Le FMI sera remboursé intégralement, comme l’ex-ministre Varoufakis, économiste gréco-australien, spécialiste de la théorie des jeux, parti pour de nouvelles aventures, s’y est toujours engagé. Pas question de donner un mauvais exemple au monde de désobéissance à l’institution capitaliste internationale!

Mais la dette vis-à-vis des institutions européennes est remboursée … par « l’aide » européenne. Comme l’a suggéré Strauss-Kahn, sa successeuse au FMI Lagarde, et le reprennent même les dirigeants allemands, cela ne change rien d’en biffer une partie et de diminuer « l’aide » d’autant. 7 milliards d’euros de remboursement tombent à échéance cet été, la suite n’arrive qu’en 2017. Après 2011, une première restructuration de la dette grecque a eu lieu – sous les auspices, côté grec, du même conseiller financier que celui choisi par Tsipras, la banque française Lazard. Elle a servi de désengager les banques privées occidentales et à transférer leurs créances dévaluées vers les institutions publiques. Plus de risque pour elle maintenant…

La question de la dette est devenue avant tout politique. Sa nouvelle restructuration, mise en scène, va rentrer dans la campagne idéologique pour essayer de relégitimer l’Union européenne  (« pas si anti-démocratique que cela »), et pour, si c’est encore possible, prolonger la supercherie Syriza-Tsipras.

Nous faisons partie des communistes qui ont suivi et relayé les analyses du Parti communiste grec, KKE, et de son émanation syndicale, le PAME. Les médias occidentaux n’ont pas pu occulter – enfin –  la puissante manifestation à leur appel devant le Parlement le soir du 10 juillet, de « l’Union sacrée » contre le peuple. La justesse de leurs positions, complètement à contre-courant de l’idéologie dominante, se confirme et éclate aujourd’hui. En France, nous avons refusé de confondre la solidarité avec le peuple grec et tout soutien au gouvernement Syriza-Anel. Dans la semaine de campagne référendaire, nous avons relayé la position du KKE. Des questions légitimes sont venues chez certains camarades pour savoir s’il n’y avait pas de possibilités de subvertir le piège du référendum par le vote ou s’il n’était pas plus important de refuser de le cautionner pour préparer la suite. Il était impossible pour les communistes français de se positionner, loin de la connaissance précise du rapport de force, à la place des camarades.

Le KKE et le PAME amplifient leurs luttes contre les mesures antisociales du pouvoir, contre les capitalistes grecs qui en profitent, dans une perspective de rupture avec l’Union européenne et de pouvoir populaire. Nous renouvelons notre soutien. La solidarité active en France avec le peuple grec est de poursuivre nos propres luttes contre les mêmes ennemis.

La situation grecque donne lieu à une campagne idéologie en France, y compris et en particulier à « gauche ». Hollande et Valls ont pris une posture relativement favorable à Tsipras, se sont distingués de Merkel et de Sarkozy. Ils se réjouissent bruyamment de l’accord en vue. La « gauche de la gauche » a érigé Tsipras en héraut et en inspirateur de ses projets de recomposition politique. Les dirigeants de cette « gauche » ont rivalisé pour poser avec Tsipras et être adoubés « leader de la gauche radicale » en France, à commencer, bien sûr par Mélenchon. L’exemple grec a été mobilisé pour faire avancer le rapprochement du Front de gauche, des « frondeurs » du PS et des « écologistes », la constitution d’un pôle social-démocrate de « gauche ». Un appel de parlementaires a, par exemple, été signé, le 7 juillet, dans lequel 43 députés, dont 16 PS et l’intégralité des députés EELV et FdG pour demander au gouvernement français « de s’engager pleinement pour le maintien de la Grèce dans la zone euro », se référant « aux choix hardis des grandes étapes de la construction européenne ». Les dirigeants de cette « gauche de la gauche », y compris ceux de notre parti, le PCF, se sont alignés intégralement et unilatéralement sur la politique de Syriza et ont, de fait, fait la propagande de sa supercherie : poser en alternative « radicale » des propositions d’aménagement du capitalisme et une pratique de collaboration. Sur l’Europe, de la même façon que le Parti de gauche européenne, PGE, ils ont à nouveau mis en avant la perspective trompeuse de « l’Europe sociale » et de la réorientation de l’UE du capital.

L’issue de la crise grecque, le discrédit enfin de Tsipras, ne peuvent maintenant que limiter les effets de cette campagne. Nous ferons tout pour combattre dans le PCF la transposition de la ligne Syriza. Et s’il y a bien une chose qui ressort avec évidence, c’est la nécessité pour les travailleurs et pour les peuples de rompre avec l’UE, comme notre parti l’a historiquement défendu quand il était puissant, seul en France,  comme aujourd’hui le KKE seul en Grèce.

Tsipras enferme le pays dans le chantage de l’UE du capital puis refile la responsabilité au peuple !

Vivelepcf, 27 juin 2015

Depuis le début de l’année, la tragédie économique et sociale grecque s’aggrave encore. Les budgets des hôpitaux ont encore été amputés. Les trésoreries des collectivités locales et des maisons de retraites sont à sec : l’Etat les a ponctionnées pour rembourser le FMI. Le processus de privatisation du port du Pirée a redémarré etc.

La comédie politique s’est poursuivie aussi.  et devient dramatique. La Grèce est un laboratoire économique des politiques capitalistes européennes les plus violentes. Elle est en passe de devenir un exemple politique, à l’attention des peuples : un exemple de résignation et de soumission à l’ordre capitaliste européen.

Alexis Tsipras et son parti Syriza sont arrivés au pouvoir aux élections anticipées du 25 janvier, avec 36% des voix, sur la base d’une attente d’une rupture avec les politiques d’austérité. Après 5 mois d’allers-retours entre Athènes et Bruxelles,  de « négociations » avec les dirigeants du FMI, de l’UE et des autres pays d’Europe, ils en sont arrivés au début de cette semaine à accepter un nouveau volant de mesures d’austérité antisociales, comprenant entre autres, une hausse de l’impôt le plus injuste, la TVA, des cotisations pesant sur les retraités, la fin de dispositifs de pré-retraites etc.

La semaine a amené de nouvelles péripéties politiques en Grèce.

Le gouvernement de Tsipras se trouve dans l’impossibilité de trouver une majorité au Parlement, au sein de sa coalition, pour approuver le plan. Son parti Syriza est très divisé. Rappelons qu’il s’agit d’un regroupement récent et disparate, sans base de masse, faiblement organisé, mêlant des trotskystes, des maoïstes, des communistes repentis, des notables issus de la social-démocratie. Tsipras courrait le risque de voir le nouveau mémorandum adopté grâce aux voix du centre et de ses prédécesseurs de la droite libérale et de se voir profondément disqualifié par ce qui ne manquerait pas d’apparaître comme un reniement total.

C’est la raison politique immédiate de la convocation d’un référendum, vendredi 26 juin dans la soirée, pour le 5 juillet.

La tenue du référendum revient à faire assumer au peuple grec l’impasse politique complète, l’enfermement dans le chantage de l’UE, du FMI et des puissances européennes dans lesquels la politique de la coalition Syriza-ANEL a placé le pays depuis 5 mois. C’est le choix entre la peste et le choléra, avec quelques jours de réflexion seulement, dramatisés, sous pression, dans l’affolement. Le vote « oui » signifie l’acceptation du nouveau plan antipopulaire et donc des précédents. Le vote « non » ouvre la voie à la faillite du pays et à d’autres sacrifices pour les travailleurs et le peuple.

Si nous jugeons qu’une politique de rupture, décidée souverainement et démocratiquement, n’est réellement possible qu’avec une sortie de l’euro, nous jugeons qu’une politique antisociale est parfaitement possible dans une Grèce exclue de l’euro, mais toujours sous contrôle des capitalistes européens (dont les Grecs). C’est à quoi amène le « non ».

La situation grecque est très largement médiatisée dans tous les pays d’Europe. Depuis des mois Syriza et Tsipras sont présentés comme « de gauche radicale », aussi bien par certains qui les dénoncent que par certains qui les soutiennent. Leur échec politique et l’aggravation de la crise grecque sont et seront utilisés pour disqualifier toute véritable alternative politique au capitalisme européen. Communistes, il est important pour nous en France de contrer cette offensive idéologique et de lever la supercherie politique de Syriza.

L’impasse politique grecque est tout sauf une surprise justement parce que Syriza n’a jamais porté pas de véritable politique de rupture.

La première décision politique de Tsipras, le lendemain matin de sa victoire électorale, a été de sceller une alliance avec un parti d’extrême-droite libérale, clérical, nationaliste et xénophobe, les « Grecs indépendants – ANEL ». Son président Kamenos a été nommé ministre de la défense. Il avait été le ministre de la marine d’un gouvernement de droite qui a lancé la privatisation du port du Pirée.

Ainsi, dès le départ, Syriza a cherché à ménager les puissants de Grèce, armateurs, Eglise, armée. Les premiers restent largement épargnés par l’impôt. L’armée s’est vue attribuer un contrat exceptionnel de 500 millions d’euros en avril pour moderniser ses avions de reconnaissance. Kamenos sert aussi à rassurer les Etats-Unis et l’UE contre tout éloignement de l’OTAN et a même présidé à des manœuvres aéronavales avec  l’armée israélienne. Quelle rupture !

Le gouvernement Tsipras ne s’est laissé aucuns moyens financiers et politiques pour mettre en œuvre son – modeste – plan social et son plan de relance (capitaliste). Les caisses sont vides. La Grèce ne peut plus emprunter sur les marchés financiers depuis le déclenchement de la crise. Syriza s’est privé de la possibilité d’augmenter les impôts des grands capitalistes (le mémorandum prévoit des augmentations limitées des impôts sur les classes moyennes supérieures et les entreprises qui restent).  Si elle réussit, la campagne pour diminuer la fraude fiscale prendra des années. Syriza, malgré les recommandations de l’UE (un comble !) ne s’attaque pas vraiment aux dépenses militaires, très élevées en Grèce.

On imagine mal des aides de la Chine – sauf pour racheter des entreprises privatisables – et encore moins des aides de la Russie de Poutine qui iraient renflouer les caisses de la BCE et contribuer à des dépenses en faveur de l’OTAN.

Enfin et surtout, Syriza, en affirmant son attachement indéfectible à l’euro et l’UE, s’est privé économiquement de toute perspective de création monétaire et s’est politiquement placé à la merci de l’ex-troïka. UE, BCE et FMI ont laissé traîner les « négociations » le temps que le gouvernement grec s’enfonce encore plus.

Le gouvernement a encore raclé les fonds de tiroir pour assurer plusieurs milliards d’euros de remboursements au FMI depuis janvier. Dans le climat d’incertitude, sans mesure pour la combattre, la fuite des capitaux a repris et ne cesse de s’accélérer. La croissance économique et les rentrées fiscales ont été revues à la baisse.

Aujourd’hui, Tsipras a besoin de l’argent de l’UE non seulement pour honorer les prochains remboursements de la dette mais pour envisager n’importe quelle mesure économique, même pour faire fonctionner l’Etat, assurer les payes…

La question de la dette est avant tout politique. Elle ne sera jamais intégralement remboursée. Après cet été, les prochaines traites importantes sont beaucoup plus éloignées (2017). En excluant d’envisager et de préparer une rupture avec l’UE, une sortie de l’euro, Tsipras et son gouvernement se sont dénués de tout moyen politique pour résister au chantage de la Troïka, pour sortir la Grèce de sa situation de dépendance.

Maintenant, une éventuelle sortie de la Grèce de l’euro, avec Syriza, ne représenterait plus politiquement une libération du pays, un exemple d’émancipation pour d’autres peuples, mais une exclusion, une punition décidées par l’UE, entraînant un climat de panique et la faillite du pays.

Le passage de Syriza au pouvoir, et maintenant le référendum, parachèvent le règlement politique, conduit depuis 5 ans, de la crise grecque par le capitalisme européen dans le but de sauver l’euro et de continuer à faire payer aux peuples sa propre crise générale.

Souvenons-nous : en 2011, le premier ministre socialiste Papandreou avait déjà voulu organiser un référendum sur un précédent mémorandum européen, dans le même but de faire signer au peuple lui-même le plan de super-austérité qu’il allait subir. Mais Sarkozy et Merkel l’en avaient formellement dissuadé. Le risque politique d’une victoire du « non » était trop grand et elle aurait ébranlé l’UE et l’euro.

En 2015, la situation a changé sur bien des aspects. Les dirigeants européens ont réglé – sur le dos des travailleurs – la phase aigüe de la crise à Chypre, en Irlande ou même au Portugal. Depuis 2011, la dette grecque a été presque totalement transférée à des institutions publiques et les banques privées occidentales n’y sont plus exposées. Les capitalistes grecs ont eu tout le temps d’expatrier leurs fonds. Depuis 2011, l’essentiel des régressions économiques et sociales imposées au peuple grec a été adopté. Surtout, en 2011, le vote « non » aurait tout à la fois exprimé le rejet des mesures d’austérité, la sanction d’un gouvernement qui était perçu – à juste titre – comme co-responsable de cette politique et de la crise et il aurait ouvert la possibilité d’une alternative en rupture avec l’UE et l’euro et avec un gouvernement pro-européen. Depuis 2011, la quasi-disparition du parti de Papandreou, le PASOK et l’avènement et la promotion de SYRIZA à sa place ont complètement changé la donne. Syriza s’est posé et a été présenté comme porteur d’une alternative radicale à gauche du Pasok mais tout en se proclamant foncièrement pro-européen.

Tsipras ou son ministre des finances, Varoufakis, peuvent bien prôner maintenant le vote « non » à leur référendum, fanfaronner à nouveau dans une posture de « résistants ». Ils n’ont aucune alternative à proposer s’il devait l’emporter qu’un « plan B ». Toutes leurs positions et leur politique depuis janvier, les négociations, les concessions à l’UE (jusqu’à la semaine dernière !), leur rejet d’une sortie de l’euro, ont, au contraire, travaillé idéologiquement pour l’acceptation d’un nouveau mémorandum.

Elles ont aussi travaillé à associer le rejet de l’UE au nationalisme et à faire potentiellement le jeu de l’extrême-droite, à la veille d’une période ouvrant à des risques d’instabilité politique. Deux groupes au Parlement, en dehors de Syriza, ont voté en faveur de la tenue du référendum : le partenaire ANEL, parti pro-européen dont les dirigeants déversent des diatribes xénophobes, anti-immigrés comme antiallemandes le parti ouvertement néonazi « l’Aube dorée ».

La vie politique grecque pourrait se décaler très à droite. Le Parti de droite libérale, Nouvelle démocratie se tient prêt à revenir au pouvoir dans l’hypothèse très envisageable  d’élections anticipées.

Le référendum du 5 juillet pourrait conclure la pédagogie de la résignation politique engagée avec Syriza en direction du peuple grec et des peuples d’Europe.

Les députés du Parti communiste grec, KKE, ont pour leur part voté contre la convocation du référendum et le KKE devrait appeler à voter nul et surtout à intensifier les luttes dans les entreprises et dans le pays. Avec son émanation, syndicale, le PAME, il est à l’origine de mobilisations nombreuses et puissantes contre les mesures antisociales.

C’est la seule voie. Etre solidaires avec le peuple grec, pour nous communistes, c’est lutter parallèlement contre les mêmes politiques, pour la rupture avec l’UE, instrument de coordination contre les peuples des capitalistes de nos pays et de leurs représentants politiques.

L’expérience grecque de Syriza et Tsipras ne pourront qu’alimenter, par ailleurs, les critiques fondamentales exprimées sur le Parti de la gauche européenne et l’appartenance du PCF à cette organisation.

Royaume-Uni : victoire électorale en trompe-l’œil des Conservateurs mais nouvelles menaces bien réelles pour les travailleurs

Brève, vivelepcf, 10 mai 2015

Le Parti conservateur britannique a remporté la majorité des sièges à la Chambre des Communes à l’issue des élections législatives du 7 mai 2015. Il n’en faut pas plus à certains observateurs et politiciens en France pour vanter un soutien populaire à la politique « néo-libérale » poursuivie par le premier ministre reconduit, David Cameron, et à sa prétendue réussite.

Ce n’est pas – et loin de là – la vérité traduite dans les résultats électoraux en voix.

Les partis de la coalition au pouvoir sortante, le Parti conservateur et le Parti Libéral-Démocrate, avaient remporté 57,3% des suffrages exprimés en 2010. En 2015, ils reculent à 44,7%. La sanction est indiscutable. Mais le PLD s’effondre seul. Il est objectivement victime de l’écart entre ses positions affichées vaguement socio-démocrates et son alignement total au gouvernement sur les Conservateurs.

Le système électoral britannique est l’un des plus iniques. Le mode de scrutin est majoritaire uninominal à un tour dans les 650 circonscriptions découpées dans le pays. Il a permis aux Conservateurs d’obtenir la majorité absolue avec 331 sièges bien que n’ayant obtenu que 36,8% des votes.

Les Libéraux-démocrates sont quasiment rayé de la chambre des Communes, passant de 56 à 8 sièges.

Le parti de Cameron va gouverner désormais seul. Mais il n’a reçu le soutien – en tenant compte de l’abstention (33%)- que de seulement un électeur inscrit sur quatre. On est très loin d’un vote populaire de confiance !

Le Parti travailliste, malgré un léger progrès – il passe de 28,9% à 30,4% – perd 24 députés. Dans le  détail, le Labour gagne des sièges en Angleterre mais en perd 50 en Ecosse, où le Parti national écossais (Scottish National Party – SNP) est arrivé en tête dans 56 des 59 circonscriptions. Avec 4,7% nationalement, le SNP remporte 8,6% des sièges.

S’il est erroné d’interpréter les résultats de ces élections comme un soutien à la politique d’austérité, d’aide effrénée au patronat et à la finance, d’abandon social et de guerre de Cameron, on doit reconnaître que le système et l’idéologie dominante ont su étouffer toute alternative, même éviter toute alternance et su détourner les colères populaires.

Le leader travailliste, maintenant démissionnaire, Ed Miliband a certes infléchi à gauche le programme du Labour, réclamant notamment un renforcement de la fiscalité des plus privilégiés. Mais l’expérience des mandatures de casse sociale de Tony Blair et Gordon Brown, auxquelles il a personnellement participé, est encore très fraiche. Le Labour porte aussi des positions pro-européennes. Les luttes sociales n’ont pas (encore) atteint un niveau amenant le système à recourir à une alternance travailliste.

Le système a réussi à promouvoir plusieurs expressions politiques de diversion.

La poussée de l’extrême-droite nationaliste est peu soulignée dans les médias, elle n’en est pas moins inquiétante. Si le Parti UKIP (« Garder le Royaume-Uni ») ne remporte qu’une seule circonscription, il atteint nationalement 12,6% des voix, en progression de 9,5% par rapport à 2010. UKIP a pris des voix dans les classes laborieuses longtemps acquises aux travaillistes. Son discours xénophobe, violemment anti-immigrés (notamment dirigé contre les travailleurs surexploités d’Europe de l’Est) a pris dans les catégories condamnées aux contrats de travail « à zéro heure ».

Dans les conditions spécifiques du capitalisme financier britannique, UKIP dévoie encore plus facilement que dans les pays du continent, sur un mode nationaliste, le rejet de l’Union européenne du capital. L’annonce confirmée après sa reconduction par Cameron d’un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne d’ici deux ans est de nature à enfermer tout le débat politique dans le faux dilemme entre les replis nationalistes et la collaboration de la finance britannique (hors zone euro) avec les capitalistes européens continentaux.

Parallèlement, les Conservateurs et la grande presse ont érigé le Parti nationaliste écossais (SNP) au rang d’adversaire privilégié, susceptible de tenir en otage le Labour. Ils ont abondamment fait vibrer la fibre nationaliste « britannique » contre le nationalisme écossais. La tactique a parfaitement fonctionné en Ecosse en faisant perdre la quasi-totalité des députés travaillistes écossais sortants au profit du SNP.

Le SNP est pourtant un parti bourgeois dont le nationalisme modéré masque le soutien aux possédants. Sa rhétorique démagogique consiste à dénoncer violemment la politique antisociale de Londres tout en approuvant exactement les mêmes orientations, mais discrètement, à Edimbourg et à Bruxelles.

A peine les élections passées, le gouvernement autonome écossais, tenu par le SNP, vient d’annoncer une nouvelle étape dans la privatisation des chemins en Ecosse et le passage de « ScotRail » sous le contrôle d’un groupe … néerlandais. Comme quoi, nationalisme bourgeois et souveraineté populaire n’ont pas grand-chose à voir !

Les militants progressistes écossais, notamment syndicalistes, qui s’étaient laissés abusés, lors du référendum, par le mirage d’une alternative sociale avec l’indépendance, dénoncent maintenant heureusement la politique du SNP et rengagent la lutte.

Ecossais, Anglais, Gallois, pour tous les travailleurs britanniques, c’est la seule voie politique contre l’aggravation prévue de la politique de Cameron.  

Dérive populiste et xénophobe (antiallemand): Le « Bloc de gauche » portugais, nouvel exemple au sein du PGE

Brève, vivelepcf, 20 mars 2015

Le « Bloc de gauche » (Bloco de esquerda) est un parti politique portugais issu de la fusion de groupes de la petite gauche trotskyste, maoïste, mouvementiste et de socio-démocrates. Il est sponsorisé massivement par le Parti de la gauche européenne, face au Parti communiste portugais qui, lui, rejette l’alignement du PGE sur l’Union européenne du capital.

Le Bloc de gauche vient de faire parler de lui en éditant une affiche censée dénoncer la politique d’austérité au Portugal. L’affiche représente le premier ministre portugais, Pedro Passos Coehlo, et la chancelière allemande Angela Merkel, avec cette légende dénonciatrice, en grand en langue allemande (imprécise), en plus petit traduite en portugais : « Un gouvernement qui est plus allemand que les Allemands ».

Ce dérapage xénophobe a suscité la condamnation de nombreux progressistes portugais. Comme s’il n’y avait pas de travailleurs et de progressistes en Allemagne ; comme s’il n’y avait pas de capitalistes, de colonialistes, de fascistes au Portugal !

Le Bloc de gauche s’inscrit dans la dérive populiste d’autres composantes du PGE. En Grèce, Syriza s’est associé, à son arrivée au gouvernement, avec le parti d’extrême-droite nationaliste des « Grecs indépendants », ANEL, qui développe un racisme anti-immigrés, une rhétorique outrancièrement antiallemande pour masquer ses liens avec les milieux d’affaires grecs. En France, avec son habituelle grossièreté, Jean-Luc Mélenchon du Parti de gauche/ Front de gauche / Mouvement 6ème République, a traité de « caricature de boche » une députée allemande (voir notre réaction en lien).

En utilisant de tels raccourcis  xénophobes, ces composantes du PGE font dangereusement le lit des partis nationalistes.

Dans le même temps, à l’instar du Maastrichien Mélenchon, avec le PGE, ils  se veulent les meilleurs défenseurs de l’Union européenne et de son instrument économique majeur de domination supranational au service du capital, l’euro, contre la souveraineté des peuples.

On ne doit pas y voir de contradiction mais une cohérence que le PCF avait dénoncée dès la fondation des premières institutions de l’Europe du capital. Les capitalistes et impérialistes des pays d’Europe s’associent contre les acquis sociaux et démocratiques nationaux de leurs propres peuples. Ils les mettent en concurrence, exacerbent les oppositions nationalistes, pour mieux les exploiter et les dominer.

Le PGE est objectivement complice de cette démarche dont les ravages s’étendent sur le continent jusqu’au développement, jusqu’aux portes du pouvoir, de partis fascistes.

Pour le PCF, il est temps d’en sortir, de retrouver nos positions de classe, nos positions internationalistes ! En ce qui concerne le Portugal, nous devons travailler avec nos camarades du PCP et repousser ce « bloc de gauche ».