Education

« L’enseignement de l’histoire : un enjeu de lutte » – débat autour du livre de J.Fontaine et G.Jamet

Conférence-débat organisée par le PCF Paris 15. Compte-rendu.

Le nouveau gouvernement n’a pas caché sa volonté, en matière d’enseignement, de continuer voire d’accentuer les attaques menées contre le service public d’éducation. Le programme du nouveau ministre Blanquer c’est la destruction du baccalauréat national, c’est le renforcement du rôle des chefs d’établissement devenus de véritables petits patrons, c’est la propagande patronale à l’école, c’est la continuité des manques de moyens pour enseigner et étudier… Face à tous ces mauvais coups à venir, la riposte doit se préparer dès maintenant ! C’est dans cette perspective, que la section du 15e arrondissement du PCF a organisé samedi 10 juin une conférence-débat sur le thème de « l’enseignement de l’histoire : un enjeu de lutte ». Trente camarades ont répondu présent pour venir écouter et débattre autour de la présentation faite par Joëlle Fontaine et Gisèle Jamet, toutes deux enseignantes d’histoire dans le secondaire et auteurs du livre Enseignement de l’histoire. Enjeux, controverses autour de la question du fascisme. Les interventions ont été suivies d’un débat riche sur les évolutions de l’enseignement de l’histoire en France. Ci-dessous, nous vous proposons un compte-rendu de cette rencontre.

Une histoire dogmatique au service de la défense du système capitaliste

Les interventions de Joëlle et Gisèle ont montré comment depuis les années 1970 les différentes réformes de l’éducation nationale, et en particulier les réformes des programmes d’histoire, ont contribué à grandement affaiblir les savoirs transmis et à gommer tout aspect critique de la discipline afin de présenter aux élèves le système capitaliste comme inéluctable. Au fil des réformes l’objectif semble être de plus en plus clair. L’histoire n’a plus vocation à donner aux jeunes les clés de compréhension du monde passé et actuel pour qu’ils puissent se forger un esprit critique face aux discours politiques ou médiatiques. Au contraire, l’enseignement de l’histoire cherche à présenter l’ordre capitaliste comme un modèle économique, social et politique seul porteur de progrès. Pour aboutir à cela, plusieurs réformes de fond ont été mises en place.

     La fin de l’approche chronologique

Sous couvert de suivre les évolutions historiographiques universitaires (évolutions d’ailleurs discutables et largement discutées à l’université) les programmes du secondaire ont abandonné la présentation chronologique pour la remplacer par une présentation thématique. C’est ainsi qu’en classe de première générale les élèves étudieront la seconde guerre mondiale avant d’avoir parlé du nazisme ou des empires coloniaux… Pour les concepteurs de ces programmes, les élèves sont censés acquérir les bases chronologiques au primaire, ce qui n’est bien que rarement le cas. Cette approche thématique aboutie alors à un brouillage très important chez les élèves qui ont du mal à replacer tous les évènements étudiés dans une suite logique. En classe de terminale, seule une minorité d’élèves maîtrise les grands repères historiques de l’histoire française et internationale. Il s’agit des élèves qui ont acquis l’autonomie suffisante pour replacer par eux-mêmes les évènements étudiés dans une évolution chronologique ou qui peuvent être aidés à la maison. Le constat est donc clair, la fin de l’approche chronologique (tant vantée par le ministère) abouti à un affaiblissement des connaissances chez les élèves et à une accentuation des inégalités sociales à l’école.

Avec la fin de l’approche chronologique, c’est aussi la fin la fin de la notion de causalité en histoire. Les programmes prescrivent ainsi aux enseignants d’étudier des phénomènes historiques sans en expliquer les causes, ou tout du moins en n’insistant pas dessus. C’est ainsi que la première guerre mondiale devient le simple résultat de l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo… C’est ainsi également que la seconde guerre mondiale se déclenche sans lien apparent avec la crise de 29, avec les tensions impérialistes ou encore avec le développement du fascisme en Europe ! Cela vient encore un peu plus brouiller les repères des élèves puisque les raisons profondes et toujours multiples des faits historiques étudiés sont éludées. Les élèves sont ainsi contraints d’étudier des faits qu’ils ne comprennent pas.

     Des programmes structurés autours de concepts dogmatiques

L’approche chronologique est aujourd’hui entièrement remplacée par des concepts universitaires là encore discutables et très discutés. L’enseignement du fascisme dans le secondaire est aujourd’hui traversé par deux concepts essentiels ; celui de brutalisation et celui de totalitarisme.

La brutalisation est un concept selon lequel la première guerre mondiale crée une « violence de masse » qui traverse l’ensemble de la population et qui va ainsi conduire l’Europe vers le totalitarisme et la seconde guerre mondiale. Le fascisme et la guerre ne seraient donc désormais que le résultat d’une population habituée et consentante à la violence. Ce concept permet ainsi de balayer d’un revers de main les raisons réelles de l’existence du fascisme. Rien ne sera dit aux élèves sur la crise structurelle du capitalisme après 1929, sur les tensions impérialistes ou encore sur la volonté d’une partie de la bourgeoisie de s’appuyer sur les organisations fascistes pour faire taire le mouvement ouvrier.  Ce concept de brutalisation permet en définitive de faire porter la responsabilité du fascisme sur l’ensemble de la population (une notion bien vague…) en laissant volontairement de côté les questions de classe.

Le second concept utilisé à outrance est celui de totalitarisme. Ce concept historique est forgé dans les universités américaines au début de la guerre froide afin de servir d’outil théorique de lutte contre l’URSS. Le principe est simple ; le fascisme et le communisme sont deux régimes similaires ! Ce concept caricatural est bien évidemment inopérant pour comprendre le XXe siècle mais cela ne semble pas déranger les concepteurs des programmes qui en font un concept structurant. En classe de première, on présente ainsi aux élèves l’Italie fasciste, l’Allemagne nazie et l’URSS comme trois régimes semblables, chacun placé sous la direction d’un homme fort : Mussolini, Hitler ou Staline. Les nombreuses différences sont gommées et tous les points qui ne rentrent pas dans cette grille de lecture sont tout simplement effacés des programmes. Rien ne sera par exemple dit aux élèves sur le rôle des communistes, en France, en Allemagne, en Italie ou encore en Espagne dans la résistance antifasciste. En effet, comment expliquer que le communisme et le fascisme sont deux mouvements similaires alors que les communistes ont été au premier rang de la lutte contre le fascisme ? A cela, les concepteurs des programmes y répondent par une simple réécriture de l’histoire.

     Des connaissances remplacées par des compétences

Une des grandes transformations récentes de l’enseignement est l’introduction des compétences. Désormais, l’objectif de l’école n’est plus de transmettre des connaissances et des savoirs aux élèves, mais des compétences, c’est-à-dire des savoir-faire et des savoir-être. L’origine de ces compétences se trouve au niveau européen où l’idée apparaît dès les années 1990, en particulier sous l’influence du grand patronat. En France, c’est en 2005 avec la loi Fillon qu’est introduit le Socle commun des connaissances et des compétences qui transcrit, presque mot à mot, les directives européennes. Désormais, un élève en fin de troisième devra maîtriser huit compétences, comme par exemple « la maîtrise de la langue française », « les compétences sociales et civiques » ou encore « l’autonomie et l’esprit d’initiative » (traduction de la directive européenne qui dit quant à elle les choses plus clairement « l’esprit d’initiative et d’entreprise »). Les compétences remplacent ainsi les savoirs et permettent de justifier la casse d’un enseignement exigeant en termes de connaissances. Cela vient aussi modifier le rôle même de l’école qui n’est plus conçu comme un lieu permettant aux jeunes d’apprendre dans un objectif d’émancipation. L’objectif de l’école est désormais beaucoup plus clair ; transmettre à tous les jeunes des compétences essentielles pour devenir un futur travailleur exploitable et docile !

Finalement, les attaques menées contre les programmes d’histoire, et plus généralement contre le service public d’éducation, sont très cohérentes. Les connaissances et les repères chronologiques sont affaiblis et remplacés par des concepts flous et dogmatiques. Les savoirs sont remplacés par des compétences conçues comme le plus petit dénominateur commun. On ne donne ainsi plus aux élèves les éléments leur permettant d’être critique mais au contraire on les incite à ne surtout pas questionner le monde qui les entoure. Toutes les tentatives historiques de contestation de l’ordre capitaliste sont associées au fascisme et le libéralisme est érigé en doctrine unique et seule capable de mener la société vers le progrès. Les programmes d’histoire actuels sont avant tout dogmatiques et servent à préserver un capitalisme en crise structurelle ! L’école est de plus en plus pensée comme un lieu de formation de futurs travailleurs exploitables et dociles ! Les attaques à venir contre le système éducatif accentueront encore un peu plus ces dérives. Face à cela, il semble urgent de travailler à la reconstruction d’une organisation de classe capable de porter un projet politique et intellectuel global permettant de remettre en cause l’hégémonie de l’idéologie capitaliste. Il est également urgent de préparer la riposte pour empêcher les attaques à venir contre le système éducatif et pour construire une école qui réponde aux intérêts de l’ensemble de la jeunesse du pays. Une école gratuite, une école critique, une école émancipatrice !

Possibilité d’achat de l’ouvrage auprès de la section (mail : pcfparis15@orange.fr) ou directement sur le site l’éditeur.

L’école publique comme outil de formatage impérialiste : Ou comment faire de nos enfants de la chair à canon consentante

Article AJ, PCF Saint-Quentin, pour vivelepcf.fr, septembre 2016

Après avoir déstabilisé tout le Moyen-Orient en appuyant les puissances obscurantistes comme le Qatar ou l’Arabie Saoudite qui soutiennent et financent directement les organisations terroristes, l’idéologie dominante continue d’utiliser la guerre qu’elle sème à travers le monde pour mieux asservir les populations, aussi bien dans les pays dominants que dans les pays dominés ou convoités.

Quoi de mieux qu’une unité nationale dernière un ennemi commun pour faire oublier les politiques de casse sociale et réprimer la contestation ? Pourquoi stopper les politiques impérialistes internationales, mères du terrorisme, puisque celles-ci permettent à la fois de continuer d’enrichir une minorité de nantis et de détourner et bâillonner les peuples face à la dégradation de ses conditions de vie, toujours au service du grand patronat.

L’idéologie dominante a été propagée à grand coup de battage médiatique mais le contexte actuel permet au pouvoir d’aller encore plus loin dans la propagande guerrière et de franchir une nouvelle étape.

Alors, quoi de mieux que l’école pour endoctriner la population. On touche à la fois les jeunes esprits plus facilement manipulables et les parents sensibles émotionnellement à la sécurité de leurs enfants et prêts à (presque) tout accepter pour apaiser leurs craintes.

Après l’état d’urgence, le (faux) filtrage à l’entrée des écoles, les mesures d’annonce autant tape à l’œil qu’inefficaces et le climat de peur entretenu, le gouvernement passe à l’étape supérieure et vise directement l’utilisation des enfants pour aboutir à ses fins.

Jusqu’ici, ce sont essentiellement le personnel et les parents qui étaient informées des différentes mesures (surveillance accrue, interdiction aux parents d’entrer dans l’école, fin des kermesses et fêtes d’école…).

Cet été, la ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a communiqué et envoyé plusieurs directives pour renforcer les mesures sécuritaires. Le langage est clair, le virage sécuritaire est flagrant.

Développer la culture sécuritaire

Le guide diffusé par le gouvernement à destination des parents d’élèves titre sa première partie : « Comment développer une culture commune de la sécurité ? ». Il l’introduit par « La sécurité et la vigilance sont l’affaire de tous ».

Le vocabulaire employer est clair : il faut développer la culture sécuritaire. Chacun doit y prendre part. L’unité nationale est au centre du discours. L’ennemi commun est identifié, la mission de chacun est de contribuer à lutter contre celui-ci.

Nouvelles mesures dans l’école

Ici aussi, on comprend que l’objectif est moins d’éviter un incident que d’entretenir un climat de peur tant les consignes sont ridicules.

Ainsi, un nouvel exercice de PPMS (Plan Particulier de Mise en Sûreté contenant les exercices incendie, des confinements en cas d’acident industriel…) prévoit une alerte intrusion.

En lisant la circulaire ou les différents fichiers à disposition des parents et des directeurs d’écoles (et des potentiels terroristes… en téléchargement libre), on apprend que les directeurs recevront un SMS en cas d’attaque (l’éducation nationale découvre les télécommunications), que les enseignants doivent se cacher ou fuir avec leur classe (on n’y avait pas pensé, merci le gouvernement) ou encore qu’il ne faut pas courir en direction du ou des terroristes. Quelle imposture !!!

Si les enseignants en maternelle ne sont pas obligés d’expliquer à leurs élèves le pourquoi de l’exercice, à partir du CP (6 ans) et jusqu’à la fin de la scolarité, les professeurs sont invités à être plus explicites sans pour autant préciser jusqu’à quel point. Quel est l’impact psychologique sur un enfant de 6 ans à qui on explique qu’une personne peut entrer à tout moment dans son école pour lui faire du mal ? Quelle justification du geste va être amener ?

L’exercice est à mettre en place avant les vacances de la Toussaint et à renouveler tous les ans. Il ne s’agit ni plus ni moins qu’un endoctrinement violent de notre jeunesse au service d’une idéologie dominante va-t-en guerre.

Un jumelage entre le ministère de l’éducation et le ministère de l’intérieur ?

La circulaire commune du ministère de l’Éducation nationale et du ministère de l’intérieur du 29 juillet, adressée aux préfets, recteurs, inspecteurs d’académies, directeurs académiques des services de l’éducation nationale, fixe le cadre.

Elle annonce un renforcement des liens entre le préfet de police, les collectivités territoriales (missions de police des municipalités) et l’éducation nationale. Chaque écoles et chaque établissement aura un référent police ou gendarmerie identifié. Les autorités académiques doivent, pour chaque département, nommer un référent sûreté en charge de vérifier l’effectivité des mesures de sécurité. Ils assurent le lien entre les établissements scolaires et le maire au titre de ses pouvoirs de police. La circulaire prévoit aussi des formations des cadres de l’éducation nationale à ces mesures de sécurité qui seront assurées avec l’aide de l’École supérieure de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Un exercice-cadre est aussi prévu entre le préfet et les autorités académiques pour renforcer la collaboration entre l’administration éducative et la police.

Des formateurs « sûreté » de l’éducation nationale seront chargés de mettre en place un module de formation ou de sensibilisation pour les équipes pédagogiques ou éducatives qui sera également mis à disposition des écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE, école de formation des professeurs).

La première réunion de rentrée avec les parents doit être assuré par les directeurs d’école (école primaire), les chefs d’établissement (collèges et lycées) pour rappeler les règles de sécurité, leur exposer les mesures de sécurité prises et pour solliciter, leur aide pour la sensibilisation et la mise en œuvre des règles de sécurité. Un représentant de la commune est aussi invité à se rendre à cette réunion.

Les consignes du ministère imposent aussi un adulte à chaque entrée d’établissement pour contrôler les entrées et sorties, éventuellement effectuer un contrôle visuel des sacs et pour vérifier l’identité des personnes étrangères à l’établissement. Le gouvernement ne prévoit, bien entendu, aucun budget supplémentaire pour le recrutement de ce personnel. Ces tâches seront donc assurées par du personnel de l’établissement (administratif, assistant d’éducation, enseignant…) au détriment de leur travail habituel auprès des élèves. Le personnel éducatif n’a pas à exercer des missions de police.

Dans le second degré, l’apprentissage des gestes de premiers secours est mis en lien avec la « menace terroriste ».

La dénonciation des élèves et personnels « en voie de radicalisation »

Les autorités académiques doivent communiquer à la préfecture les élèves et personnels signalés comme « en voix de radicalisation », la préfecture doit aussi faire redescendre ses données vers l’administration académique.

La circulaire du 29 juillet 2016 conclut comme suit : « La sécurité des écoles et des établissements scolaires est une priorité absolue. Elle concerne au premier rang l’État, mais implique aussi les collectivités territoriales et l’ensemble de la communauté éducative, qui doit être impliquée pour prévenir la menace et développer une culture pérenne de la gestion des risques. »

Les courriers envoyés aux présidents des associations des élus des collectivités territoriales (régionales, départementales, municipales) rappellent : « La sécurité des établissements scolaires est l’affaire de tous : État, collectivités, chefs d’établissement, personnels, parents d’élèves. C’est l’ensemble de nos efforts conjugués qui permettra à l’école de rester un lieu protégé pour que les élèves puissent réaliser leur scolarité en toute sérénité »

C’est pourtant en lisant toutes ces mesures que nous prenons conscience que l’indépendance et le lieu privilégié que sont l’école et les établissements scolaires subissent un recul historique. Son utilisation à des fins d’endoctrinement est flagrante. L’utilisation et la formation du personnel scolaire à une autre mission qui est la sienne : l’éducation de la jeunesse, nous ramène aux pires périodes de l’histoire ou aux régimes actuels à tendance fasciste.

Nous ne nous faisons pas d’illusion sur l’objectif réel de cette orientation. Il s’agit bien de détourner les regards des véritables enjeux décisions : la casse sociale, la liquidation de nos services publics, le transfert de notre argent vers le Capital, vers cette minorité de nantis qui engrange des millions sur notre misère.

S’il est un danger qui est bien réel, c’est celui de la disparition de notre liberté d’expression. Ces mesures de pseudo sécurité sont une porte ouverte à toutes les dérives autoritaires : interdiction des manifestations, interdiction des distributions de tract, interdiction de toute contestation réelle sous prétexte d’une priorité à la sécurité nationale.

Si l’État voulait lutter contre le terrorisme, qu’il cesse de l’alimenter avec ses accords internationaux avec le Qatar et l’Arabie Saoudite, principaux financiers de DAESH ; qu’il cesse, le temps d’assurer la sécurité du territoire, ses mesures austéritaires, sa liquidation de nos droits, de nos emplois, de nos hôpitaux et de nos écoles ;

Si l’on fait un ratio entre le risque d’une telle attaque, l’inefficacité des mesures et l’impact psychologique sur toute une génération d’enfants et de parents, on comprend à nouveau que les objectifs sont très éloignés de ceux affichés. Ces mesures ne sont pas faites pour rassurer, ni pour protéger et encore moins un aveu de l’impuissance d’un gouvernement. Elles sont volontaires et réfléchies. Elles ont clairement un rôle dans les plans du Capital : accentuer encore le formatage idéologique de la population.

Le dernier article du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la recherche en date du 24 août 2016 met l’accent sur la nécessité de consacrer des temps à la sécurité, non seulement au sein des équipes éducatives mais aussi avec les parents d’élèves.

Communistes, enseignants et personnels de l’éducation nationale communistes, nous appelons nos collègues, les parents d’élève, toute la communauté éducative à ne pas accepter cette campagne idéologique sécuritaire et militariste à l’école. Nous appelons au contraire, chacun dans nos fonctions, à promouvoir la culture de paix et de fraternité.

Communistes, dans et hors l’école, nous appelons à se mobiliser pour l’arrêt immédiat des ventes d’armes aux dictatures qui alimentent les milices terroristes, à toutes les dictatures, pour l’arrêt immédiat des interventions militaires françaises à l’étranger et le retour de tous les soldats français sur le sol français, à la baisse des dépenses d’armement, au désarmement nucléaire unilatéral de la France. Nous demandons la levée immédiate de l’état d’urgence.

L’argent pour l’école, pas pour la guerre !

Rentrée scolaire 2016 : loin des boniments ministériels ! Violence contre un surveillant, manque de personnel : deux semaines de grève d’alarme au lycée Suger de Saint-Denis.

« Lire, écrire, compter pour tous », Nadjat Vallaud-Balkacem place la barre bas dans un de ses « tweets» qui lui tiennent lieu de politique à cette rentrée. Gestionnaire de façade de la pénurie organisée des moyens et de la crise de l’éducation nationale, la ministre est bien obligée d’entendre les alarmes qui montent à 30 minutes de métro du ministère, venant des lycées les plus en détresse.

Du 6 au 19 septembre, et pas de gaieté de cœur, les enseignants et les personnels du lycée Suger de Saint-Denis, largement soutenus par les élèves, ont fait grève. Pour être sûrs d’être mieux entendus, ils sont allés manifester sous les fenêtres du lycée des privilégiés de la République « Louis le Grand ».

A Suger, à Saint-Denis, la rentrée scolaire a été marquée par l’agression sauvage d’un surveillant à la porte du lycée dès le premier jour de cours. Ce dernier, après avoir interdit l’entrée à une personne extérieure à l’établissement, a été violemment pris à partie par trois individus. Il s’en ressort avec un nez cassé, un traumatisme crânien et 15 jours d’ITT.

Le jour même, les enseignants réunis en assemblée générale, à l’appel des syndicats SNES, CGT et SUD, ont décidé de se mettre en grève pour apporter leur soutien au surveillant et pour pointer du doigt le manque criant de moyens pour l’exercice de leur mission.

Le lycée Suger compte 1 300 élèves. Il est situé dans un quartier pauvre (ex-classement ZEP) où les familles sont frappées de toutes les difficultés sociales que l’on connaît. Pour autant le lycée Suger ne compte que 7,5 postes de surveillants en équivalent temps plein : soit un surveillant pour 175 élèves ! Bien moins encore en termes de travail de terrain d’accompagnement des élèves quand on sait la multitude de tâches – en particulier administratives – qu’ils ont à effectuer! Pour compléter le tableau, depuis la rentrée, un poste de CPE du lycée n’est pas pourvu.

Ce manque d’encadrement est directement pointé du doigt dans l’agression de la rentrée. La direction du lycée a dû envoyer un surveillant s’occuper seul de l’entrée du lycée, alors même qu’il venait tout juste d’arriver dans l’établissement. L’agression n’aurait pas eu lieu, ou tout du moins pas dans ces proportions, si une équipe de surveillants s’occupait de l’entrée, comme cela doit toujours être le cas. Mais pour cela, encore faut-il encore avoir un minimum de personnel!

Pour les grévistes, enseignants, personnels administratifs ou ouvriers, il s’agit de défendre leur travail, l’éducation à Saint-Denis, l’éducation nationale. La revendication précise a porté sur la création de 7,5 postes de surveillants supplémentaires ainsi que la nomination immédiate d’un nouveau CPE. Un minimum.

Le mouvement, très largement suivi, fortement soutenu par les élèves (qui ont mené différentes actions conjointement avec leurs enseignants) et par les parents d’élèves est parvenu à gagner un poste de surveillant et un « contrat d’insertion » à mi-temps. On est loin du compte. Mais la cohésion de la communauté éducative s’est renforcée et cela pèsera. Elle a enregistré les appuis des élus locaux de « gauche » qui ont soutenu ou soutiennent encore la politique antisociale du gouvernement. Elle connaît la logique de casse, de division sociale, de rabaissement de l’éducation nationale proposée par la droite et l’extrême-droite.  Elle sait que sa propre lutte, avec celles des travailleurs, sera déterminante.

Pour nous communistes, l’illustration est à nouveau montrée que seule la voie de la lutte paie et ouvre une perspective, y compris politique. Dans des centaines d’établissements, face aux fermetures de classe, aux manques d’enseignants, ou parfois à des situations de crises aigües comme à Saint-Denis, la rentrée s’est faite sous tension.

Le gouvernement prétend imposer l’état d’urgence, le climat de peur, la méfiance généralisée aux élèves et aux enseignants tout en continuant sa politique de casse du fondement même du développement de notre pays. Coupes dans les budgets, non recrutement, non revalorisation des métiers, précarisation des personnels, destruction de l’éducation prioritaire…  autant d’éléments qui aggravent les conditions de travail des personnels et les conditions d’étude des élèves.

Communistes, nous apportons tout notre soutien au surveillant agressé ainsi qu’aux travailleurs de l’éducation nationale en lutte en ce début d’année. Partout nous nous battons pour exiger :

  • la création de postes d’enseignants et de surveillants à la hauteur des besoins ;
  • l’augmentation des moyens alloués à l’éducation nationale. Plutôt que de financer les guerres et l’armée, finançons les écoles !
  • l’arrêt de la précarisation des métiers d’enseignement ou d’encadrement ;
  • la revalorisation des métiers de l’enseignement ;

A Saint-Denis, comme dans tout le pays !

ABROGATION DE LA RÉFORME DU COLLÈGE !FACE À LA SURDITÉ DE LA MINISTRE, FAISONS ENTENDRE NOTRE VOIX.

Texte du tract repris de PCF

Paris 15, 26 Janvier 2016

Malgré les fortes mobilisations de l’année 2015, malgré l’opposition des syndicats et malgré un refus presque unanime du monde enseignant, le gouvernement s’entête à vouloir appliquer sa « réforme » du collège. Cette réforme s’insère dans le processus de casse du service public d’éducation débuté par la droite et prolongé aujourd’hui par la « gauche ». Elle est l’équivalent au collège de la réforme des lycées de Luc Châtel dont les effets sont aujourd’hui décriés par le monde ensei-gnant. Elle s’insère également dans un ensemble de mauvais coups portés par le gouvernement à l’éducation (qui était pour-tant censée être une priorité du quinquennat) : aucuns nouveaux moyens alloués, embauches qui se font attendre, casse de l’éducation prioritaire, formation des nouveaux enseignants au rabais… Depuis plusieurs mois, la ministre Najat Vallaud-Belkacem semble ne pas vouloir entendre le refus de sa réforme. Faisons du 26 janvier le début de la riposte à la politique du gouvernement ! Retrait immédiat de la réforme du collège !

Les forces existent pour faire reculer le gouvernement et gagner le retrait de la réforme !

Une marche inacceptable vers « l’autonomie » des établissements !

Ne laissons pas d’ambiguïté sur la conception gouvernementale de « l’autonomie » des établissements (de la maternelle à l’université en passant par le collège)! Il ne s’agit en rien de stimuler l’initiative des équipes pédagogiques locales – de plus en plus limitées au fil des réformes – mais, au contraire, de briser la cohésion nationale sur laquelle elles s’appuient et se défendent contre la remise en cause de leurs conditions d’enseignement. Il s’agit de soumettre notamment les collèges à l’arbitraire de chefs d’établissement transformés en « managers », à l’austérité transférée au niveau des départements (en charge techniquement déjà des collèges), aux pressions du monde patronal.

La réforme prévoit d’abord d’éclater le cadre national des horaires en donnant aux établissements le pouvoir de moduler la répartition des heures par discipline et par année. Très concrètement, tout en conservant le volume global d’heures, l’établissement pourra décider de mettre davantage d’heures de maths en 5e et 4e et peu en 3e. La répartition des heures sera votée par le Conseil d’Administration dans lequel le chef d’établissement a une voix de plus en plus prépondérante.

Le chef d’établissement disposera ainsi d’un nouvel outil de « management ». Il pourra, çà et là, ajouter ou retirer des heures selon sa volonté et la plus ou moins bonne « disposition » des enseignants. Les fluctuations annuelles des horaires sont également de nature à généraliser le recrutement de contractuels précarisés. La soi-disant « autonomie » se confirme être un moyen de remettre en cause le statut d’enseignant, ses garanties en matière sociale mais aussi en termes de liberté pédagogique dans le cadre national.

Avec la modulation des horaires suivant les classes, il sera désormais encore plus simple de faire un collège à plusieurs vitesses ; 4000 collèges en France, ce sera 4000 organisations horaires différentes. De quoi aggraver encore son rôle de « gare de triage » dans l’orientation. La « réforme » de Vallaud-Belkacem va en sens contraire de la réforme nécessaire du collège.

Les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI) : appauvrissement et réorientation idéologique des enseignements

La « réforme » prévoit d’instaurer des « Enseignements Pratiques Interdisciplinaires ». Cette innovation se fait au détriment des heures d’enseignement des disciplines, jugées par la ministre et ses idéologues « contre-productives » et « ennuyeuses ». Derrière ce discours se cache une volonté de réorienter les programmes enseignés, comme cela a déjà été fait au lycée à la suite de la « réforme » Châtel. Adieu aux savoirs rigoureux permettant la construction intellectuelle des élèves ! Bonjour aux thématiques fumeuses dans l’air du temps !

Parmi les huit thèmes définis par le ministère, nous trouvons « Développement durable », « Corps, santé et sécurité », « Information, communication, citoyenneté » ou encore « Monde économique et professionnel ».

Selon les cas, la porte est ouverte au n’importe-quoi ou à la propagande patronale ! Pour nous, l’objectif de l’école doit rester la construction intellectuelle et critique de la jeunesse.

Dans le contexte général de la baisse des moyens, les langues sont les premières sacrifiées

Réduire les enseignements fondamentaux comme le français, les mathématiques ou la géographie est socialement irresponsable. Les enseignements des langues sont quant à eux les premiers sacrifiés.

Par exemple, l’enseignement des langues anciennes sera désormais circonscrit aux EPI, si encore des heures y sont allouées par le collège, ce qui sera l’exception, vu l’insuffisance générale de la dotation horaire. La restriction de l’enseignement du latin menace la maîtrise et le rayonnement du français : nous partageons cette grave inquiétude largement exprimée. C’est aussi les classes bilingues ou euro qui sont menacées d’être supprimées.

En raison des nouvelles modalités de gestion des heures (au niveau de l’établissement), la réforme porte en elle une restriction de la diversité des langues vivantes enseignées, sans que l’apprentissage de l’anglais et de l’espagnol n’en soit amélioré.

La réforme du collège ; ou comment faire le jeu de l’enseignement privé !

Le collège public a aujourd’hui plus que jamais besoin d’une réforme. Mais cette réforme doit aller dans le sens d’une augmentation des moyens alloués, d’une réduction du nombre d’élèves par classe et d’un recrutement massif d’enseignants. Il faut également remettre en place une réelle carte scolaire afin de favoriser la mixité sociale dans les établissements. Ce n’est que par de telles mesures que les problèmes actuels du collège pourront se régler.

Les propositions du gouvernement vont complètement à l’opposé de tout cela ! En réduisant de nouveau les moyens de l’éducation publique le gouvernement favorise directement le privé. La suppression des langues anciennes, des sections euros ainsi que des dotations horaires permettant de mettre en place par exemple des clubs ou des ateliers va encore davantage pousser les familles qui en ont les moyens à mettre leurs enfants dans le privé. Car le privé continuera de proposer tout cela, mais cette fois ce sera aux familles de payer si elles souhaitent que leurs enfants apprennent le latin ou participent à un club de théâtre.

La réforme du collège c’est donc détruire l’enseignement public, faire le jeu du privé et réduire encore un peu plus la mixité sociale dans nos établissements !

Gagner le retrait des décrets : le rapport de force existe !

Après les fortes mobilisations de l’année 2015, la très grande majorité des travailleurs de l’éducation nationale, ainsi qu’un large front syndical (représentant 80% du personnel), s’opposent à cette réforme. Les conditions sont donc réunies pour lancer un large mouvement de lutte permettant de mettre en échec le gouvernement.

Communistes, enseignants, parents d’élève ou simples citoyens, nous portons cette lutte et demandons notamment:
-L’abrogation immédiate de la « réforme » des collèges et l’ouverture d’un large débat public sur l’avenir des collèges.
-L’augmentation des moyens alloués à l’éducation nationale : « L’argent pour l’école, pas pour la guerre » !
-Le recrutement, sur concours, de nouveaux enseignants et personnels fonctionnaires, au minimum des 60.000 postes promis par Hollande en 2012 d’ici 2017.
-Le maintien et le renforcement du cadrage national de l’enseignement secondaire.
-Le maintien des moyens consacrés aux enseignements disciplinaires fondamentaux.
-La sauvegarde d’une offre diversifiée d’enseignement des langues vivantes et anciennes dans tous les collèges.
-L’établissement d’une carte scolaire contraignante permettant la mixité et la cohésion sociales.
-L’intégration de l’enseignement privé à cette sectorisation et l’interdiction de toute subvention publique extra -conventionnelle à leur profit.