Luttes

12 et 21 septembre: faire grandir l’opposition jusqu’au RETRAIT DES ORDONNANCES MACRON !

Partons des mobilisations syndicales des 12 et 21 septembre pour faire grandir l’opposition jusqu’au RETRAIT DES ORDONNANCES MACRON !

(PCF Paris 15 – sept. 2017)

L’an dernier, l’opinion publique s’est opposée massivement – à 80% selon les enquêtes – à la loi El-Khomry. Une large sympathie, s’est exprimée pour les manifestations pour son retrait.

Cette année, les ordonnances Macron vont beaucoup plus loin dans la casse du code du travail, au-delà de la question du temps de travail. Nous affirmons que la même opposition existe qu’en 2016 dans le pays.

Quel travailleur, quel jeune à la porte de l’emploi, va croire que faciliter les licenciements, c’est « bon contre le chômage » ?

Avec les ordonnances, un salarié pourra être licencié pour refus d’une modification du contrat de travail pourtant signé avec son patron. S’il licencie abusivement sans cause économique réelle et sérieuse, un patron ne pourra plus être condamné qu’à des indemnités minimes aux prud’hommes. Les multinationales pourront déplacer leur profit vers des filiales à l’étranger pour mieux licencier et délocaliser en France. Les petits patrons pourront imposer des bouleversements de l’organisation du travail, remettre en cause les primes, malgré les accords de branches et le code du travail. Ils pourront organiser des « référendums » internes, là où ils disposent de tous les moyens de pression. Ils pourront faire sans les syndicats. Le repreneur d’un sous-traitant pourra remettre à zéro les acquis concédés aux salariés par l’ancien prestataire. Etc.

Il y en a pour 159 pages de mesures techniques et vicieuses concoctées par le patronat et que le gouvernement veut imposer par

une guerre éclair de 6 semaines contre le monde du travail.

Ce coup de force doit ouvrir une nouvelle étape dans la « libéralisation », le retour à la loi de jungle, du marché du travail. L’étatisation programmée de l’assurance chômage va finir de décharger le patronat de sa responsabilité dans le chômage. Le transfert des cotisations chômage vers la CSG n’est pas seulement dur et injuste pour les retraités (1,7% de prélèvement !) mais profondément grave pour tous les travailleurs.

Les dégâts des mêmes politiques dans les pays voisins, coordonnées par l’UE, sont connus, de la Grèce à l’Allemagne (où la proportion de travailleurs pauvres atteint 22% contre 7% en France). Il s’agit d’écraser les salaires, de généraliser la précarité, d’accentuer la surexploitation. L’aide aux PME est un alibi. Les profits sont absorbés par les donneurs d’ordres et vont à leurs dividendes. En fait de lutte contre le chômage, il s’agit de dissoudre la définition de l’emploi (aussi avec l’extension des CDI de « mission », en fait des CDD sans prime de précarité).

Il n’en est que plus important de stopper net Macron maintenant.

Partant de l’expérience de l’an dernier, le mouvement social peut gagner en 2017.

En 2016, la mobilisation des travailleurs, avec les syndicats revendicatifs, a été forte. Elle s’est heurtée à la répression scandaleuse de Manuel Valls, détournant son « état d’urgence » contre les salariés.

La convergence n’a pas été totalement réussie avec les mouvements des cheminots et des fonctionnaires, pourtant confrontés au même moment à de très graves atteintes, eux aussi, contre leurs statuts.

Surtout, le mouvement s’est trouvé court-circuité par le début de la campagne des présidentielles, les calculs politiciens et la propagation de nouvelles illusions électorales.

Cette année, les suppôts de Macron prétendent que les ordonnances faisaient partie de son programme. Quel mépris décidément de la part de ce président! Les textes ont été tenus au secret jusqu’au 31 août. La « concertation » de l’été avec les syndicats s’est effectuée dans le vide.

En début de quinquennat, il est risqué pour Macron d’envoyer les forces de répression contre des manifestants.

Choisissant d’imposer d’entrée sa ligne antisociale, Macron a de nouveau attaqué les cheminots en menaçant leur régime « spécial », pourtant associé à leur mission de service public. Aux fonctionnaires, il a déjà inflige le gel des salaires et des recrutements ; aux jeunes, la baisse des APL ; aux retraités, la ponction de 1,7% de CSG au-dessus de 1200 euros par mois. Les conditions d’une construction d’une large convergence de luttes existent, aujourd’hui comme hier, sur les statut et le marché du travail. Elle est nécessaire pour tous.

Le capital et le patronat comptent sur le blocage de la perspective politique

pour faire passer leur plan historique de recul social. Avec leurs médias, ils ont réussi à faire élire Macron et à brouiller le jeu politicien. Logiquement, la cote de popularité de Macron redescend vite et reviens à son faible socle du 1er tour de la présidentielle : 24% des voix correspondant à ceux qui ont le moins intérêt au changement.

Macron ne bénéficie pas d’un soutien majoritaire pour sa casse du marché du travail. Mais il n’existe pas d’opposition du côté des institutions et des organisations politiques pour l’empêcher.

Le président dispose d’une majorité pléthorique de « fans »  à l’Assemblée, élue grâce à une abstention record. La présidentielle a laissé à l’extrême-droite et à la droite le terrain de l’opposition politique principale. L’extrême-droite, dangereusement renforcée, reprend déjà son discours mêlant démagogie sociale, nationalisme et haine anti-immigrés. L’élimination de Fillon a libéré un espace à une droite libérale-réactionnaire située entre Macron et Le Pen.

Ce n’est quand même pas le général de Villiers qui va être le champion de la lutte contre l’austérité en pleurant hypocritement sur les dépenses de surarmement (alors qu’encore 850 millions d’euros ont été détournés des budgets civils vers les opérations extérieures)

De l’autre côté, l’opération « En Marche » a phagocyté une grande partie du PS faisant passer pour « radicaux » des politiciens réformistes comme Hamon, fils spirituel du père de la CSG Rocard et ministre de Hollande, où Mélenchon qui – souvenons-nous – appelait à voter Hollande au 2ème tour de 2012 comme pour lui-même.

Le populisme, l’agitation de Mélenchon de ses « fans » ne doivent pas cacher l’absence de tout anticapitalisme et de lutte des classes – jusqu’aux mots – dans leur programme. Communistes, nous condamnons l’opération de JLM et FI, leur tentative de détournement politicien du mouvement social qui ne fait que renvoyer toute perspective de changement à 2022.

Le monde du travail ne peut pas se permettre d’attendre à nouveau 5 ans une prochaine duperie électorale, comme le conçoit le système. Il n’existe aucun début de majorité le week-end derrière un hypothétique sauveur et le « coup d’Etat social » de FI.

Mais un rapport de force existe pour mettre en échec, tout de suite, les mesures antisociales commandées par le patronat. C’est seulement dans la lutte, la grève qu’il peut et doit s’exprimer. Sur ce terrain, les diversions de droite et d’extrême-droite sont également disqualifiées.

Aussi, communistes, nous ferons tout pour développer la lutte, les actions, les grèves pour LE RETRAIT DES ORDONNANCES MACRON, à commencer par les manifestations initiées par la CGT les 12 et 21 septembre 2017.

Les jours et les semaines qui viennent doivent être utilisées pour démonter les ordonnances, expliquer comment la plupart des salariés risquent concrètement de les subir, à construire les convergences de lutte contre la remise en cause des statuts du travail.

Dans l’histoire récente, d’autres dirigeants politiciens, frais émoulus, péroraient  sûrs d’eux, « droits dans leurs bottes », après leur avènement. Le mouvement social peut envoyer à Macron et à ses ordonnances la même claque qu’à Juppé et à son plan en 1995, à Villepin et à son CPE en 2006.

Son amie, c’est la finance ! Ne laissons pas Macron, élu par défaut, gouverner par défaut ! Sans attendre, ripostons, préparons les luttes ! – Tract

juin 2017

Macron président, ancien ministre de Hollande, recrute un premier-ministre de droite et d’anciens ministres de Sarkozy. Nous ne sommes pas surpris. Depuis 30 ans, droite et « gauche » se succèdent pour infliger la même politique antisociale à notre peuple. Communistes, nous n’avions pas, déjà en 2012, été de ceux qui ont propagé de graves illusions sur Hollande. Le système de l’alternance arrivait à bout de souffle. Fillon était trop clairement marqué à droite, risquant de déclencher une révolte sociale, comme Juppé en 1995. Face à ces réalités, le système, c’est-à-dire la finance, le grand patronat et leurs médias, a réussi à imposer Macron, le candidat de la confusion, sous l’emballage marketing du renouvellement. Cela s’est fait péniblement, après une suite de coups bas, de unes de magazine « people », avec en fin de compte, les voix au 1er tour de seulement 1 électeur sur 6. Le Pen a joué pleinement son rôle de diversion, de repoussoir et de faire valoir de la politique du capital, « moindre mal ». Ce faisant, et nous en mesurons la gravité, l’hypothèse d’un recours à la droite extrême par le système s’est renforcée.
Macron ne bénéficie d’aucun état de grâce. Travailleurs, ne lui laissons aucun répit !

Les 80% d’opposition, en 2016, à la loi EL-Khomri existent toujours alors qu’il veut encore l’aggraver ! Le candidat aux discours creux dissimule de moins en moins son programme de casse sociale. Bien sûr, le flou va persister encore quelques semaines jusqu’aux législatives. Une « personnalité » comme Nicolas Hulot, courtisée par toute la « gauche », même « radicale », nommée ministre y contribue. Le présentateur de la télé commerciale, VRP en shampoing hier, est plus que jamais aujourd’hui le VRP du capitalisme « vert », par lequel le pouvoir justifie de nouvelles taxes.
Les législatives vont servir à la recomposition politique destinée à égarer le peuple dans les 5 ans à venir.

Dans la suite de la présidentielle, le FN va essayer de se poser en principal opposant, de fait en son meilleur faire-valoir. Le parti de la division et de la haine hésite entre accentuer sa démagogie sociale ou renforcer son ultra-conservatisme. L’alliance avec le bourgeois propret Dupont-Aignant montre à quel point l’opposition du FN à l’UE du capital et à l’euro est factice et n’est que phrases nationalistes. L’épisode confusionniste gauche+droite Macron va permettre à la droite et la « gauche » de se reconstituer. La droite est partie pour le faire sur une ligne toujours aussi économiquement « libérale » mais socialement encore plus réactionnaire avec des ponts tendus à l’extrême-droite. La « gauche » espère se refaire une virginité par une cure d’opposition. On a remarqué comment Hollande et Cazeneuve ont voulu s’afficher « socialistes » et « de gauche » après la passation de pouvoir, tout comme Cambadélis. Les clans Aubry, Hidalgo ou Hamon, s’organisent au PS pour incarner des courants de « gauches » de nouvelle social-démocratie. Le politicien maastrichien Mélenchon, sur un mode populiste et mégalo, entend le faire hors du PS qu’il veut ouvertement « remplacer ». La recomposition d’une gauche réformiste, avec un pilier populiste et un autre socio-démocrate, pour mieux faire patienter d’ici 2022 ? Non merci!

Vu ce constat, communistes, nous considérons que, dans la période, seule les luttes sociales, peuvent et doivent, sans attendre, faire face à la politique de Macron et préparer la véritable alternative politique. La reconstruction du PCF, parti révolutionnaire historique de la classe ouvrière en France, à l’origine des plus importants acquis sociaux (36/45/68) s’inscrit dans cette nécessité immédiate.
Les axes de riposte et de rassemblement du monde du travail se précisent en même temps que les attaques présidentielles et gouvernementales s’annoncent. Ce sont nos priorités !

NON AUX GUERRES FRANCAISES ! Le jour de son avènement, Macron a voulu parader en véhicule militaire, avant de jouer au chef au Mali. Quelques jours auparavant, Hollande posait, dans le 15ème à Balard, la première pierre d’un monument aux soldats français morts dans les guerres étrangères de la France depuis les années 60. Il ne s’agissait pas de pleurer la mémoire de nos morts, encore moins des victimes des interventions françaises, mais de préparer l’opinion à de nouvelles opérations extérieures ruineuses en argent, dramatiques en pertes humaines. La hausse à 2% du PIB, 8% du budget de l’Etat des dépenses militaires va représenter une ponction de 9 milliards d’euros sur les budgets sociaux. Ce n’est pas avec des armes de guerre, en exacerbant les tensions au Moyen-Orient ou en Afrique que l’on va contrecarrer des tireurs isolés à Paris. Sortie de l’Otan et de toute défense intégrée européenne ! Retour de tous les soldats français déployés à l’étranger ! Baisse du budget militaire et suppression unilatérale de l’arme atomique française !

Ses amis, c’est les riches financiers ! Macron a annoncé la suppression de l’impôt sur les grandes fortunes financières, maintenant l’ISF uniquement sur les patrimoines immobiliers. Ce cadeau aux actionnaires et spéculateurs est inacceptable. Il représente 3 milliards d’euros par an. On mesure le sens et les limites de la « moralisation » de la vie publique présentée par Macron !

Suppression de la taxe d’habitation : piège ! Macron projette la suppression de la taxe d’habitation (TH) pour 80% des foyers. La TH est un impôt très inégal. Mais la « réforme » de Macron est dangereuse. Au lieu d’équilibrer les contributions, il s’agit de priver les communes de leur dernière recette indépendante, de les mettre sous tutelle avant de mieux les mettre à la diète, aux dépens de tous les services publics et emplois municipaux.

L’école de l’inégalité comme principe ? Macron et son nouveau ministre, M. Blanquer, ancien collaborateur sous Sarkozy, s’apprête à poursuivre et aggraver la politique de Mme Belkacem. C’est notamment un théoricien de la dissolution de l’éducation nationale dans des structures « autonomes », plus ou moins délaissées et/ou dépendantes des potentats locaux, contre l’école laïque et républicaine. Quelques mesures démagogiques vers les zones d’éducation prioritaire serviront à camoufler la destruction du système. Aucun moyen supplémentaire n’est d’ailleurs alloué pour mettre en place ces mesures.

Sécurité sociale/Santé/hôpital : danger ! CICE transformé en baisse de cotisations patronales. Hausse de 17 milliards de la CSG par basculement de cotisations salariales et ponction (1,7%) sur 50% des retraités. Nouvelle étape structurelle dans la sape du financement solidaire de la Sécu par le salaire socialisé. Aggravation avec la retenue à la source même repoussée à 2019. Conséquences directes sur l’assurance maladie et l’hôpital public.

Marché du travail/Assurance chômage. Provocation dans l’aggravation par ordonnances de la loi El-Khomri. Le modèle : contrat zéro heure au Royaume-Uni ou plan Hartz en Allemagne. Assurance chômage : les entreprises lavées de leurs responsabilités. Une étatisation de l’Unedic dans le sens de baisser les indemnités, d’obliger les chômeurs à accepter des emplois sous-qualifiés et sous-payés, d’instaurer un service du travail obligatoire.

Le jour de son « sacre », Macron a donné un autre signal symbolique, à côté de sa descente des Champs-Elysées en « command car ». Il est venu apporter à Anne Hidalgo son soutien total aux JO 2024 à Paris devant le Comité olympique international. Une gabegie pour tout le long du quinquennat ! Tous les budgets prévisionnels des JO depuis 1988 se sont avérés outrancièrement sous-estimés. Il faut en moyenne multiplier la note par deux : de 6,5 milliards d’euros à 13 pour Paris 2024 ? Les principaux bénéficiaires sont les grands groupes capitalistes. Les perdants, les budgets publics parfois jusqu’à la faillite comme au Brésil et en Grèce. Les retombées sociales sont symboliques. Les JO à l’ère de la marchandisation n’ont plus grand-chose à voir avec le sport amateur mais tout avec la débauche de publicité. Les habitants de Munich, de Hambourg, de Rome et de Budapest ont pu faire valoir leur refus des JO auprès de leurs autorités. Paris (et l’Ile-de-France) sera-t-elle la seule ville à exclure la population de toute consultation ? Exigeons un référendum !

La victoire de Macron à la présidentielle ne marque assurément pas un renouveau politique, mais bien au contraire la continuation et l’aggravation des politiques libérales en faveur du patronat. Travailleurs, soyons prêts dans nos entreprises et dans nos quartiers à riposter, dès les semaines qui suivront les élections législatives, aux provocations lancées par le banquier Macron. Non à la casse des services publics, non à la destruction du droit du travail, non aux guerres impérialistes ! Oui à une politique qui réponde aux intérêts populaires !

Après les présidentielles : Intensifier la résistance sociale et les luttes ! – tract 1er mai

Contre la casse sociale, l’exploitation, Pour la paix. Manifestons le 1er mai!

Repris de PCF Paris 15.

Avec l’élection présidentielle au suffrage direct (que, communistes, nous avons toujours dénoncée), aggravée par le quinquennat, le système dispose d’un formidable outil politique et idéologique pour contourner la volonté du peuple.

En 2010, plus de 70% des travailleurs s’opposaient à la casse de la retraite à 60 ans par Sarkozy. En 2016, la même proportion a rejeté la casse du code du travail par Hollande (loi El-Khomri). Pourtant, avec le résultat des présidentielles 2017, les puissances d’argent et le grand patronat sont en état d’aggraver encore ces politiques, également d’engager le pays puis loin dans la logique de militarisation et de guerre. La situation est grave pour le monde du travail.

Le système, avec son idéologie dominante, a atteint trois objectifs, à l’occasion de la présidentielle :

Le système a réussi à dépasser son modèle d’alternance, à bout de souffle, qui voyait droite et ce qui reste de « gauche » se succéder et se compléter pour appliquer la même politique, depuis au moins 1983. Hamon, social-démocrate, pourtant frondeur, mais lâché de tous côtés, a payé pour le bilan de Hollande. Le soldat Fillon a été sacrifié, livré en pâture pour ses petites affaires, peu reluisantes certes, mais si banales. Les projecteurs dirigés sur quelques milliers d’euros ont ébloui suffisamment pour aveugler sur les milliards d’euros transférés vers le capital.

Le système a réussi, de justesse, à introniser le produit politique marketisé Macron, candidat « ni droite, ni gauche », fusionnel et confusionniste, au discours creux, en tant que figure du renouvellement politique. Malgré son passé de grand banquier et de suppôt de Hollande.

Depuis le 1er tour, le programme antisocial de Macron se précise, avant la consécration électorale annoncée du 7 mai.

Le système réussit à établir l’extrême-droite comme principale force d’opposition pour les années qui viennent. Le Pen est au plus haut électoral, en voix, de l’histoire du FN. Elle est renforcée dans son rôle de diversion de la colère et de repoussoir, fausse opposition légitimant la politique au service du capital. Elle l’est d’autant plus devant les ralliements aussi bien de personnalités de « gauche » que de droite à Macron et le dépassement du « clivage gauche-droite ». Par ailleurs, le FN a affiné sa démagogie sociale, ce qui le rapproche d’un parti fasciste. Le duo avec Macron se fait beaucoup sur des sujets de société, comme le multiculturalisme », loin de l’affrontement de classe. Des ponts commencent à être tendus avec la droite « classique » réactionnaire comme avec Dupont-Aignan.

Nous sommes loin de sous-estimer le risque d’utilisation de la droite extrême et de d’extrême droite comme recours prochain du système, comme l’histoire nous le fait craindre.

Troisième sujet de satisfaction pour les tenants du système, ce qui reste de la « gauche », même de « gauche de la gauche », est en passe de se recomposer hors de toute orientation de combat de classe. Sous des formes encore imprécises, un amalgame pourrait se réaliser entre les restes du PS, les socio-démocrates rocardiens, version Hamon ou Aubry, socio-libéraux version Hidalgo et le mouvement populiste institutionnel de Mélenchon. L’effacement du parti historique des travailleurs en France, pas seulement pour ces élections, notre parti, le PCF pèse aussi très lourd.

C’est à partir de ce début d’analyse, à approfondir, que nous nous positionnons dès les semaines qui viennent.

Pour le 2ème tour, l’opération de propagande s’amplifie encore, visant à conditionner la vie politique et sociale des prochaines années. L’idéologie dominante somme les électeurs de choisir le moindre mal contre Le Pen. Communistes (section PCF Paris 15), nous ne disons pas « blanc bonnet/bonnet blanc ». Non, mais Macron et Le Pen sont deux aspects, l’un très grave, l’autre critique pour le peuple, des pouvoirs  au service du capital. Nous refusons de considérer Macron comme un « rempart » contre l’extrême-droite et de nous laisser enrégimenter dans une « Union sacrée » derrière lui. En fait le duo se complète dramatiquement: la politique de l’un fait le lit de la démagogie de l’autre et vice versa.

Voilà pourquoi, nous avons décidé de ne pas donner de consigne de vote pour le 2nd tour. Individuellement, chacun fera selon son âme et conscience. Tous, nous sommes d’accord pour tout faire pour dissuader voisins, collègues, citoyens de voter Le Pen. Tous, nous nous préparons à combattre la politique ultracapitaliste de Macron, auquel nous ne voulons donner aucune caution.

Mais nous disputer entre opposants aux mêmes politiques, tomber dans la dramatisation orchestrée du 2nd tour, c’est rentrer dans le calcul de l’idéologie dominante et faire le jeu et de Macron et de Le Pen, aux dépens des travailleurs.

La bataille pour « faire barrage à l’extrême-droite » s’engage, dans des conditions nouvelles, pour une longue période, bien au-delà du 7 mai. Elle est pour nous indissociable de la lutte contre la politique ultracapitaliste, la purge antisociale dont Macron sera le nom et Le Pen le sinistre faire-valoir, dans un contexte d’approfondissement de la crise du capitalisme.

L’alternative politique ne peut partir, dans les conditions actuelles, que du développement des luttes. En nombre, en conscience et en organisation. Pour combattre la politique de Macron, la mystification et les organisations de l’extrême-droite, pour reconstruire une perspective de progrès pour le monde du travail. Le duo Macron/Le Pen se met en place, notamment sur des questions de société comme le « multiculturalisme ». Remettons la question sociale au centre !

Les mouvements pour les retraites ou contre El-Khomri, ou pour les services publics, l’hôpital, La Poste, la SNCF, ont montré de grandes possibilités de mobilisation. Quand ces luttes dominent, la millionnaire Le Pen et l’énarque Philippot sont démasqués, hors jeu. Ils ne se préoccupent alors que d’attaquer les syndicats de lutte.

Dans la campagne, le FN a franchi un pas dans la démagogie sociale, tout azimut. Mais elle a une limite : l’argent ! La mise en cause du capital est abstraite. Le FN se retrouve toujours, à la fin, dans le camp du patronat. Le discours de haine raciste et de division a aussi sa limite. Qui peut croire que ce sont nos collègues, issus de l’immigration, ou les pauvres réfugiés des guerres impérialistes qui empochent les milliards d’euros de cadeaux fiscaux aux entreprises ?

Communistes, nous n’entendons pas laisser l’opposition à l’UE du capital, que nous avons condamnée depuis sa fondation, il y a 60 ans, au discours nationaliste et hypocrite de Le Pen. Elle s’applique à canaliser l’opposition de classe à l’UE pour mieux dévoyer et renvoyer aux calendes grecques la rupture nécessaire (mais non suffisante) avec les directives, les traités européens et l’euro. Sur la question de l’UE, le duo confusionniste entre Macron et Le Pen ne fait que commencer.

Avec Macron, les contre-réformes du plan Attali apparaissent. Elles pourraient être imposées par un coup de force, par ordonnances (sans débat parlementaire et surtout public). Tout y passe : la poursuite de la sape du financement de la sécurité sociale, la « loi travail » puissance 2, l’attaque contre les statuts, contre la fonction publique en s’y prenant par la territoriale etc. Il annonce notamment la casse de l’UNEDIC et de l’assurance chômage par son étatitsation. Le peu de responsabilité reconnue du patronat dans le chômage disparaîtrait, remplacé par une sorte de service du travail obligatoire.

Sur le plan extérieur, Hollande sera allé jusqu’au bout dans l’alignement sur l’impérialisme américain, notamment en Syrie. Macron s’annonce prêt à prendre la suite de cette politique guerrière de surarmement en haussant le budget militaire, notamment.

Face à cette perspective, la mobilisation du 1er mai, pour la défense et la reconquête des droits sociaux, pour les salaires et retraites, pour les services publics, pour la réponse aux besoins (industrie, agriculture), pour les libertés démocratiques, pour la paix et le désarmement, est essentielle.

C’est la meilleure riposte à Macron et le meilleur barrage à Le Pen.

 

Au 1er tour, nous (PCF Paris 15) n’avons pas donné de consigne de vote, en l’absence de candidat communiste. Les voix se sont réparties « à gauche », notamment sur Mélenchon, souvent sans illusion. Nous exprimons clairement notre désapprobation des conceptions de Mélenchon – culte de la personnalité, dédain des partis, populisme -, notre désaccord avec sa conception dirigiste d’un capitalisme d’Etat, avec de faibles revendications immédiates et une négation de la lutte des classes dans non programme, notre inquiétude devant la perspective politique qu’il propose de changement de régime institutionnel. Populisme, renversement de régime : c’est un terrain dangereux où l’extrême-droite est bien plus à l’aise.

Dans toute la France, des organisations du PCF militent et travaillent à la reconstruction de notre parti, dont nous reconnaissons la crise, mais dont l’histoire de notre pays connaît l’importance.

 

 

 

Le revenu universel de Benoît Hamon : une attaque déguisée contre la sécurité sociale

Présenté comme un marqueur de gauche, le revenu universel de Benoît Hamon constitue un véritable cheval de Troie de la remise en cause de la sécurité sociale et de l’ensemble du système de protection sociale.

Le revenu universel suppose de verser tous les mois à chaque citoyen un revenu d’un montant identique sans contrepartie et sans conditions de ressources. Cette mesure s’oppose donc à la logique des minimas sociaux qui  dépendent en France des difficultés et des besoins particuliers de chacun.

Cette proposition, aussi bien défendue à gauche qu’à droite (comme Nathalie Kosciusko-Morizet ou Christine Boutin), est aujourd’hui largement associée à Benoît Hamon qui en a fait la mesure phare de son programme. Pour « éradiquer la grande précarité », il propose d’instaurer un revenu universel en trois étapes. Dans un premier temps, il s’agit de verser automatiquement le RSA, revalorisé à 600 euros (+10%), à tous les ayant-droits ainsi qu’aux jeunes de 18-25 ans. Dans un deuxième temps, ce revenu universel sera versé à toute la population. Enfin, dans un troisième temps, il s’agit d’organiser une « grande conférence citoyenne » pour préciser les conditions de mise en œuvre du revenu universel, notamment son financement et son montant – tout en annonçant l’ambition de le porter à 750 euros.

En l’état, le revenu universel constitue un double piège pour les salariés et les citoyens. Pour s’en rendre compte, il suffit de se poser la question de son financement.

Le revenu universel : un moyen de réduire les minimas sociaux

Pour un revenu universel de 600 euros, cette mesure coûterait environ 360 milliards par an (600 x 12 x 50 millions) et il est certain que les financements des minimas sociaux en France seront fusionnés et affectés à cette nouvelle mesure. C’est là le premier piège du revenu universel car, en plus d’être inférieur au seuil de pauvreté (960 euros par mois), la somme prévue (600 euros) se révèle inférieure à ce qu’une personne en situation de précarité pourrait prétendre avec le système actuel de protection sociale. Neuf types de prestations sociales répondent aujourd’hui aux situations de précarité, comme le minimum vieillesse ou l’allocation adulte handicapés qui prévoient toutes les deux une allocation maximale de 800 euros. Par ailleurs, certaines de ces aides sociales peuvent être cumulées avec les prestations sociales, de telle sorte qu’en région parisienne un bénéficiaire du RSA et de l’APL peut prétendre parfois à une allocation supérieure. Derrière ses dehors progressistes, le revenu universel est en réalité une mesure destinée à réduire les minimas sociaux.

Le revenu universel : un moyen de casser la sécurité sociale

Par ailleurs, même en mobilisant l’ensemble des financements réservés aux minimas sociaux (24 milliards d’euros en 2015), on est encore loin du compte. Et ce hic du financement du revenu universel ne fait que s’aggraver dès lors qu’on prévoit, comme Benoit Hamon, d’en porter le montant à 750 euros – il en coûterait alors 450 milliards d’euros. Pour financer sa mesure, Benoît Hamon prévoit de nouvelles recettes issues essentiellement de la lutte contre l’évasion fiscale ou la taxation des robots… Cela serait largement insuffisant et ne peut pas être pris au sérieux de la part d’un ancien ministre socialiste d’un gouvernement champion des cadeaux aux entreprises et aux plus riches. A l’inverse, il paraît évident qu’il lui faudra mobiliser une large partie du budget de la Sécurité sociale (450 milliards). Une éventualité qui correspond d’ailleurs au projet de la fondation Jean Jaurès, dont s’inspire Benoit Hamon, qui prévoit que le revenu universel se substitue aux dépenses d’assurance vieillesse (les retraites) et celles d’assurance maladie (sauf pour les affections de longue durée… ce qui rejoint la proposition de François Fillon). Voilà le deuxième piège du revenu universel : sa mise en œuvre implique nécessairement la fin de notre système actuel de Sécurité sociale, reposant  sur les cotisations et la solidarité entre salariés.

Que le revenu universel séduise autant la gauche social-démocrate que la droite ne doit rien au hasard. Comme le projet de fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG, défendu – sans faire trop de bruits – par la quasi-totalité des candidats à la présidentielle, cet alignement nous pousse, plus que jamais, à faire monter le rapport de force pour la défense de la sécurité sociale et faire barrage à sa casse programmée.

 

MR pour PCF Paris 15, février 2017