Globule Rouge
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Hirsch au bord du « burn out » (sur RTL) ?
Brève, vivelepcf, 21 mai 2015
Interviewé ce jeudi matin sur RTL, jour de grève générale à l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris, le directeur général, Martin Hirsch est apparu très mal à l’aise. Il a réussi à énerver le journaliste Yves Calvi qui lui a reproché – à juste titre – de poser lui-même les questions et les réponses. Puis il s’est embrouillé dans l’explication de son plan.
Sur la défensive, après plusieurs témoignages sur la station d’agents hospitaliers littéralement « au bout du rouleau », Hirsch a multiplié les flatteries à l’égard de ses personnels, animés « d’une grande conscience professionnelle », partageant « la même passion » etc. Sa sollicitude va jusqu’à prétendre que sa remise en cause du temps de travail vise à « réduire leur stress ».
Logiquement, Calvi s’étonne logiquement que devant tant d’attention, tous les syndicats appellent à une grève si suivie (n’oublions pas de prendre en compte tous les personnels assignés). Hirsch concède : « ils ont peur ».
Mais de quoi ? Puisque – il l’a asséné – « on ne touche pas aux 35 heures » (nous savons pourquoi tant les lois Aubry ont contribué dans le privé comme à l’hôpital à renforcer l’exploitation des travailleurs). Hirsch est obligé de glisser qu’il y aura des « agents qui n’auront peut-être plus le même nombre de jours » de récupération. Ah quand même !
Même sur son projet – si mesquin – de suppression du jour de congé accordé aux mères de famille, Hirsch est en difficulté et doit reconnaître la légitimité de l’étendre aussi aux pères.
Hirsch cache la réalité de son plan de casse des rythmes de travail, de suppression de 6 jours de repos, d’intensification des journées. C’est parce qu’il n’ose plus avancer ses vraies motivations !
Jusqu’il y a quelques jours, il affirmait publiquement vouloir faire travailler plus longtemps pour « préserver des emplois ». Evidemment, c’est absurde et ce n’est que du chantage. Mis il n’ose plus le faire.
Ce matin, sur RTL, ce nouveau venu à l’AP-HP, déclare que depuis 10 ans, « l’hôpital a complètement changé » et que l’on y « bosse autrement ». La faute à qui ? A la politique qu’il poursuit ! Celle qui met les personnels à bouts ! Celle qui renvoie les patients chez eux le plus tôt possible et les expose à toutes les complications !
Et sur l’autre motivation principale du gouvernement et des puissances d’argent qu’il sert, Hirsch a fait profil bas, évoquant juste les cotisations sociales à ne pas augmenter, parce que « c’est l’argent des auditeurs ». Il s’agit surtout de faire payer les dizaines de milliards d’euros d’exonérations de cotisations sociales, accordées au profit capitaliste, à l’hôpital public et aux patients !
Mais Hirsch ne peut plus aller jusqu’au bout de la logique de son plan : faire travailler plus, plus difficilement, pour supprimer encore plus d’emplois.
L’opération Hirsch/Touraine est si grossière que Touraine pourrait lâcher Hirsch, l’ancien ministre de Sarkozy, promu par Hollande.
La grève d’aujourd’hui doit les faire tous reculer, eux et surtout leur politique !
Hôpital : « Travaillez plus pour que je supprime moins d’emplois ! » Non au marché de dupes de M. Hirsch! (ex-ministre de Sarkozy, placé par Hollande à la tête de l’AP-HP)!
Tract PCF Paris 15
Jeudi 21 mai 2015, les principaux syndicats de l’Assistance Publique – hôpitaux de Paris appellent les personnels à la grève contre la volonté du Directeur général Hirsch de supprimer jusqu’à 6 journées de repos compensatoire et d’alourdir encore la charge de travail journalière.
Patients, il est de notre intérêt, presque vital, de soutenir la lutte des hospitaliers.
Ce que les patrons comme M. Hirsch appellent « gains de productivité », nous savons ce que c’est. C’est des temps d’attente à rallonge pour obtenir une consultation. En revanche, c’est moins de temps pour nous écouter quand nous sommes hospitalisés. C’est le renvoi à domicile au plus vite au risque de complications etc.
La situation de pénurie est devenue critique. La direction en donne une nouvelle preuve en assignant une grande majorité des grévistes annoncés. Oui, les services fonctionnent au mieux à flux tendu !
Depuis l’application à l’hôpital des lois Aubry et des soi-disant « 35 heures » en 2002, la situation s’est dégradée. Certains chiffres sont parlants. Le nombre d’emplois d’agents hospitaliers a baissé de 3000, passant de 78.000 à 75.000. La « flexibilisation » du temps de travail, l’intensification de la charge de travail se sont traduites par une aggravation flagrante de la pénibilité dont témoignent les rapports des administrations officielles eux-mêmes : cas de « burn-out », explosions des maladies professionnelles entraînant même une baisse de l’espérance de vie à terme.
Aujourd’hui, Martin Hirsch veut revenir sur les maigres compensations accordées en 2002 avec la RTT mais aussi sur des acquis parfois vieux de dizaines d’années comme la Fête des mères. Les lois Aubry étaient trompeuses.
Le plan Hirsch, qui siégeait au gouvernement avec Roselyne Bachelot, sous les ordres de Sarkozy, relève d’un véritable jeu de dupes ! Il assène aux médias que si les agents n’acceptent pas de travailler plus longtemps et d’accroître encore leur productivité, il devra supprimer encore plus de postes. C’est absurde ! Ou plutôt, c’est du chantage, cynique et écœurant !
Hirsch est moins malhonnête quand il affirme que les « profits » de sa politique doivent revenir aux abaissements de cotisations sociales, grassement accordés par les gouvernements successifs aux patrons et aux actionnaires. Il serait encore plus honnête s’il reconnaissait que la politique de casse de l’hôpital de casse de l’hôpital public vise à gonfler les profits, à développer la médecine marchande, « libérale », gaspilleuse et injuste.
Hirsch a déjà bien sévi depuis son arrivée à l’AP-HP, embauché pour un contrat de mission de casse sociale.
L’Hôtel-Dieu ne rouvrira pas en tant que véritable hôpital. Le peu qui se sera maintenu le sera au prix de la liquidation du Val-de-Grâce.
Il a innové en étendant la privatisation au sein de l’AP-HP en détournant les moyens de la médecine publique, des services entiers, vers les soins aux dictateurs-Emirs du Golfe. Pas question pour ces gens-là de généraliser l’ambulatoire (ambulatoire : on vous renvoie chez vous le plus tôt possible et on fait payer les complications au profit de la médecine « libérale ») !
Il a couvert et développé la politique du « management par le flicage » de tous les personnels, comme la révélation du fichage illégal des médecins de l’HEGP l’a dévoilé.
Hisch est aussi le promoteur de la destruction programmée des prestigieux hôpitaux Bichat et Beaujon (voire d’une partie de Lariboisière) pour liquider 600 lits, le double de postes et nourrir une opération spéculative de surcroît. Ce projet « hôpital Nord », soutenu par la municipalité de « gauche » de Paris est un nouveau scandale, similaire à la destruction de Boucicaut/Broussais/Laënnec pour construire, à force de surcoûts, l’HEGP dans le 15ème.
A Paris et notamment dans le 15ème, cette municipalité de « gauche plurielle », à l’unisson de la politique antisociale du gouvernement supprime les centres de santé (Balard, Beaugrenelle), dernièrement le centre municipal Anselme Payen, pour mieux détourner l’argent public vers le privé, tout en engorgeant les urgences de l’HEGP. Une lutte est engagée localement pas plusieurs associations, la CGT, avec le soutien du PCF.
Au plan national, la récente loi Touraine donne aux Agences régionales de santé (ARS), instituées par la Loi Bachelot, de nouvelles prérogatives (« groupements hospitaliers de territoire ») pour détruire l’offre publique de santé au profit du privé.
La ministre Touraine ne peut plus contester que sa politique « d’austérité » implique, encore, 70.000 suppressions d’emplois dans les hôpitaux publics en France d’ici 2017.
Enduit des cosmétiques de l’hypocrisie de l’humanitaire et du « dialogue social», Martin Hirsch n’est que le mercenaire des pires intérêts financiers, passant de Sarkozy à Hollande, de Bachelot à Touraine. Avec lui, l’AP-HP est toujours au centre de la casse de l’hôpital public nationalement.
L’humanitaire, la santé, l’offre de soin la meilleure pour tous, défendons-la ensemble, agents hospitaliers, médecins, patients et citoyens ! Soutenons la grève du 21 mai et préparons ses suites !
Pour la santé, le plan Hirsch/Touraine ne doit pas passer !
Rassemblement, jeudi 21 mai à partir de 11h, devant le siège de l’AP-HP, avenue Victoria.
Pénibilité du travail à l’hôpital : les chiffres qui exigent des mesures
Repris de PCF Paris 15 pour « Globule rouge 15 », 8 janvier 2015
En ce début d’année, on parle beaucoup de la pénibilité au travail. Dans le peu de mesures sociales que le président Hollande essaie de mettre en avant figure l’établissement – pénible après 2 ans de pourparlers – au 1er janvier du « compte pénibilité » dans les entreprises. Nous avons déjà analysé et critiqué ce dispositif dans des articles précédents (voir en lien « Collectionner les points « pénibilité » pour pouvoir partir aussi tard qu’auparavant… » ).
Coup sur coup ces dernières semaines, deux enquêtes sont sorties sur les conditions de travail, notamment à l’hôpital. Pour les professionnel(le)s, il s’agit surtout de confirmation d’une situation vécue et connue et qui s’aggrave avec les manques croissants de personnel et les nouvelles organisations du travail. Mais ces données écrites, validées, sont un point d’appui pour des revendications plus essentielles que jamais pour les travailleurs hospitaliers.
Une étude américaine, réalisée par des spécialistes de l’université de Harvard, vient d’être publiée. Elle porte spécifiquement sur la profession d’infirmière et le travail de nuit. Elle de grande ampleur puisque 85000 infirmières – uniquement des femmes – ont été suivies médicalement pendant 25 ans, depuis 1988. Les résultats sont accablants : au bout de 5 ans de travail de nuit, la mortalité est augmentée de 11%. Au bout de 15 ans, la mortalité par cancer du poumon est de 25% supérieure à la moyenne.
Dans l’étude du ministère de travail, précisément de sa « Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques », la DARES, portant sur les conditions de travail, on retrouve que le travail de nuit concerne 32,3% des fonctionnaires hospitaliers, bien davantage chez les soignants. L’enquête montre que les personnels hospitaliers cumulent les situations de pénibilité et de risque au travail. 52% d’entre eux subissent au moins trois de ces 5 contraintes physiques : travail longtemps debout, posture pénible, déplacements longs et fréquents, port de charges lourdes, exposition aux vibrations. S’ajoutent, sans surprise, une exposition record aux risques infectieux, 83% des personnels concernés, mais aussi la contrainte fréquente pour 78% « d’interrompre une tâche pour une autre non prévue ». Pudiquement la DARES conclut en constatant que le « manque de personnel est davantage ressenti dans la fonction publique hospitalière » que dans les autres catégories étudiées.
Vraiment à qui le dit-elle ! A cette pénibilité croissante à l’hôpital et ses graves conséquences, le gouvernement répond, comme ses prédécesseurs, par de nouvelles suppressions de poste. Après la suppression de la catégorie « active » pour les nouveaux personnels soignants, il remet en cause les départs anticipés à la retraite. Le projet de loi Touraine ignore la question de la prise en compte de la pénibilité mais, dans la suite de la loi Bachelot (HPST) renforce l’austérité, les pouvoirs des Agences régionales de santé pour l’imposer, notamment pour « fusionner » de force des services et des hôpitaux, c’est-à-dire en supprimer.
La bataille des personnels hospitaliers, notamment avec leur syndicat CGT, pour le rétablissement de la prise en compte antérieure de la pénibilité, pour l’amélioration des conditions de travail, un relâchement des rythmes de travail, pour des embauches, pour une meilleure médecine du travail etc. ne concernent pas qu’eux. Elle porte une meilleure prise en charge des patients, un service plus humain et donc plus efficace.
Selon la DARES, 91,4% des fonctionnaires hospitaliers sont en contact avec le public et 85,4% avec des personnes en situation de détresse. Mieux vaut être en forme pour accueillir et soigner !
Cette évidence, seule la lutte la fera accepter par le gouvernement au service du patronat !