« Emplois d’avenir » : à la précarité de l’emploi des jeunes, le gouvernement répond par plus de précarité.
P.D. pour vivelepcf.fr
Le Parlement a voté à la va-vite en septembre la loi sur les « emplois d’avenir ». La priorité à la jeunesse affichée par le candidat Hollande se traduit par un nouveau dispositif de contrats précaires, subventionnés par l’État, concurrençant les emplois stables. Plus précaires encore que les emplois-jeunes de la gauche plurielle de 1997, les contrats d’avenir pourront être utilisés par le privé et touchent même les professions d’enseignant. Le texte a bénéficié du vote favorable des députés Front de Gauche. Leurs collègues du Sénat se sont pudiquement abstenus.
Pour beaucoup de jeunes communistes, la question ne se pose pas : il faut dénoncer et combattre les emplois d’avenir.
Pour les jeunes, rien de neuf : la précarité institutionnalisée
Les jeunes, entre 16 et 25 ans, jusqu’à bac + 3, en « emploi d’avenir » ne pourront signer que des CDD de douze mois, éventuellement renouvelables trois fois. Le volet « insertion et formation », tant vanté par le Président, est laissé au bon vouloir des employeurs. La perspective d’un emploi stable à la sortie est encore plus aléatoire.
Souvenons-nous : Les emplois-jeunes de 1997 duraient 5 ans, ce qui n’avait pas empêché la moitié de leurs titulaires de se retrouver au chômage six mois après la fin de leur contrat et les autres de toucher un salaire de 250 euros inférieur à celui des embauchés par les voies normales.
Pour les patrons, une aubaine
Les « emplois d’avenir » ne devaient initialement concerner que le secteur non-marchand (collectivités locales, associations …). Finalement l’Assemblée nationale les a étendus au secteur privé, pour certains métiers. L’effet d’aubaine est évident. Ces emplois seront subventionnés à hauteur de 35% : autant de travail gratuit pour le patronat, qui pourra ainsi éviter la création d’emplois sous CDI et tirer encore un peu plus l’ensemble des salaires de l’entreprise vers le bas par la mise en concurrence des salariés.
Une nouvelle attaque contre l’emploi public statutaire
Dans les associations et collectivités locales, les nouveaux contrats aidés seront pris en charge à 75% du SMIC brut par l’Etat, pour un coût total annuel prévu à terme de 2,5 milliards d’euros. Le gouvernement promet la création de 150.000 « emplois d’avenir » dont 100.000 en 2013. Création « d’emplois d’avenir » mais pas d’emplois ! Dans de telles conditions, avec l’étranglement financier dû à la politique de super-austérité, les collectivités vont tout simplement substituer au recrutement de personnels statutaires l’embauche « d’emplois d’avenir » sous-payés et précarisés. Au minimum, l’embauche des jeunes, les débuts de carrière vont se généraliser sous ce statut dégradé. On n’est pas loin du CPE de Villepin avec une période d’essai étendue à trois ans. Mais c’est l’ensemble de l’emploi public, des jeunes et des moins jeunes, le statut de fonctionnaire territorial qui sont une nouvelle fois attaqués, et par la gauche !
Un mauvais coup contre l’éducation nationale
La loi s’en prend en même temps à une autre soi-disant priorité du gouvernement : l’éducation. Elle vise à faire recruter par les établissements jusqu’à 18.000 étudiants boursiers d’ici 2015 comme « emplois d’avenir professeurs » (à temps partiel). Il ne s’agit plus d’emplois de « pions ». Quoiqu’il s’en défende, le gouvernement est en train de développer une nouvelle catégorie de personnel pédagogique, à la formation dégradée. Ce sera autant de postes d’enseignant fonctionnaire qui ne seront pas créés, autant de remplacements qui ne seront pas effectués par des vrais enseignants. C’est aussi une nouvelle façon d’étendre l’autonomie pédagogique des établissements (c.à.d. les inégalités entre eux) amorcée par la droite.
Le Front de Gauche vote pour en contradiction avec les luttes de nombreux jeunes communistes.
Le vote des députés Front de gauche (dont les 7 députés PCF), enthousiastes ou à peine critiques, en faveur du texte gouvernemental est grave.
Il prend à rebours les campagnes engagées par plusieurs fédérations de la JC contre les « contrats d’avenir » et leurs analyses de fond sur l’emploi des jeunes.
La majorité des jeunes rentre sur le marché du travail avant 21 ans. La majorité des jeunes n’obtient un emploi stable qu’après 27 ans. Pour nous, la précarité qu’ils subissent entre temps ne résulte pas d’un problème « d’employabilité » qui justifierait des aides publiques et des statuts spéciaux comme le patronat le demande. Il résulte de la position de force du patronat dans la lutte des classes qui lui permet d’exploiter pour son profit les spécificités de la condition des jeunes (comme des femmes, comme des « seniors »).
Aussi nous ne pouvons que combattre aussi bien les dispositions que la logique des « emplois d’avenir » de M. Hollande.
Plus que jamais, les jeunes communistes ont raison de porter leur mots d’ordre pour la transformation des contrats précaires en CDI, la hausse des salaires, l’embauche de fonctionnaires, pour les moyens nécessaires à un système public de formation débarrassé des intérêts à court terme du patronat.