Le ministre veut la concurrence en France entre SNCF, RATP et Transdev, trois entreprises publiques. Dans l’intérêt de qui?
Transports urbains : le gouvernement veut la « concurrence » entre RATP, SNCF et Transdev, contre les statuts, le service public, les salariés, les usagers, les contribuables…
Par la lutte, nous pouvons imposer d’autres choix!
Tract du Collectif PCF-RATP-Bus
Le nouveau ministre PS des transports, Frédéric Cuvillier a lâché sa conception du transport urbain dans le journal Les Echos du 4 octobre.
Question du journaliste : « La France compte trois grands groupes de transport urbain qui ont tous comme actionnaire direct ou indirect l’Etat. Est-il rationnel qu’ils se fassent concurrence à l’étranger ? » Réponse du ministre : « En France, cette compétition est nécessaire. A l’étranger, je ne crois pas qu’on puisse se partager l’Europe ou le monde ».
C’est l’aveu que la concurrence est montée de toutes pièces en France (suivant les directives de l’Union Européenne). Pour quoi faire ? Pour écraser nos statuts, nos salaires, nos conditions de travail, pour racketter les usagers et les contribuables, pour satisfaire l’intérêt privé.
2012 : ce n’est pas le changement maintenant ! Est-ce une réellement une surprise ? A la RATP, nous avons fait l’expérience depuis des années de la politique du STIF et de son président PS, Jean-Paul Huchon, pour la « libéralisation » des transports franciliens. Mais droite ou « gauche » au pouvoir, les capacités de rassemblement existent pour faire prévaloir d’autres choix, par la lutte.
Depuis des années, la dégradation constante de nos conditions de travail, la stagnation de nos salaires, sont justifiées, par la direction de la RATP, sous le prétexte qu’il « faudrait gagner de la productivité pour faire face à la concurrence».
Mais de quelle concurrence parle-t-on ?
3 groupes se partagent quasiment l’intégralité du « marché » des transports en commun : La RATP (via RATP-dev.), entreprise nationale, la SNCF, via sa filiale de droit privé Kéolis, et Transdev-Véolia, contrôlée par la Caisse des dépôts, institution financière publique.
Où sont donc ces terribles concurrents privés au nom desquels on nous impose autant de sacrifices ? Après des années de libéralisation des transports en commun, aucune entreprise réellement privée n’a trouvé son intérêt à exploiter les transports d’une agglomération de plus de 100 000 habitants. Véolia vient de lâcher pour cause de profits insuffisants. L’Etat tire donc toutes les ficelles ! Il met en concurrence les salariés de ces 3 entreprises qu’il contrôle, qui sont financées avec de l’argent public, pour mieux revenir sur les acquis sociaux des agents.
En province déjà, la méthode est classique. Tous les 5 ans, l’autorité organisatrice lance un appel d’offre. Puis, elle choisit le « moins cher » (c’est-à-dire celui qui paie le moins !). Transdev remplace Kéolis ou RATP-dev et vice-versa. Le nouvel exploitant reprend les agents (en se débarrassant quand même des plus revendicatifs…), mais en profite pour revenir sur toutes les avancées que les salariés avaient obtenues, en termes de salaire et de conditions de travail.
Pour la RATP, le but est clair : casser notre statut, éviter qu’il ne serve de référence aux autres salariés des transports et à l’ensemble des salariés en général (ex : pénibilité et 1/5ème).
RATP – Etat – STIF, main dans la main pour casser le service public et le statut.
Depuis des années, la RATP justifie ses plans de productivité par le fait qu’ils lui seraient « imposés » par le STIF. Mais qui est à la tête de STIF ? La Région dirigée par la gauche et le PS. Qui est à la tête de l’Etat et donc de la RATP ? Le gouvernement de gauche PS. Ce sont donc maintenant les mêmes, qui pilotent la privatisation des transports d’Ile-de-France. De la même manière, c’est le PS, la droite et les Verts qui votent ensemble les directives de marchandisation au Parlement européen. Ne les laissons plus se défausser les uns sur les autres !
La réponse aux besoins de transport des usagers, de la région et du pays nécessite plus que jamais un service public. Elle est contradictoire avec la recherche du profit capitaliste.
Historiquement, le monopole public, avec la RATP et la SNCF, entreprises nationales, sur le réseau de Paris et de proche banlieue, a fait la démonstration de son efficacité. Elle est indissociable des acquis sociaux et des statuts conquis par des générations d’agents.
Aujourd’hui, la question n’est pas d’accompagner le processus hypocrite de privatisation en demandant la création d’un vague « pôle public des transports » comme certains le proposent à gauche.
Elle est bien de défendre, de reconquérir le monopole public de la RATP et de la SNCF sur leur réseau historique et de l’étendre à toute l’Ile-de-France, de défendre sans concession notre statut, de lutter, ensemble, pour l’étendre à tous les agents des filiales.
Les conditions du rassemblement, partant d’intérêts objectifs, existent entre les agents de la RATP, de la SNCF, des autres sociétés, les usagers. Le nouveau pouvoir redoute notre capacité de mobilisation. C’est pour cela qu’il maintient le soi-disant « service minimum » contre ses promesses.
Communistes, nous ferons tout pour développer les luttes particulières et générales à la RATP, la convergence avec l’ensemble des salariés.