Congrès de la Fédération CGT de la santé et de l’action sociale, Montpellier, 28 mai-1er juin 2018

Intervention de Joran Jamelot, syndicat CGT de l’hôpital européen Georges Pompidou (AP-HP), le 31 mai 2018 

Chers camarades, 

J’ai écouté l’intervention de Philippe Martinez comme celles de Laurent Brun et de Baptiste Talbot.

J’en retire la nécessité de la « convergence des luttes » et la nécessité de la construire et non de la décréter et, aujourd’hui, de décider, en tant que fédération de la santé d’un acte immédiat dans ce sens. 

La convergence des luttes, ce n’est pas la juxtaposition de mobilisations disparates. 

La convergence des luttes, c’est le renforcement de chaque lutte, à partir de ses propres revendications, sur la base d’intérêts communs, en gagnant chacun sur la solidarité entre tous. Dans un objectif commun : mettre en échec la politique du capital, là où chaque victoire fait avancer toutes nos luttes. 

C’est pourquoi, aujourd’hui, agent de l’AP-HP, je me sens cheminot et je propose que la journée d’action décisive, envisagée par Philippe, soit choisie en fonction du calendrier de la lutte des camarades cheminots et portée, sur nos propres revendications, par notre fédé. 

La date du 12 juin, semble se préciser. Dans le même temps, nos camarades de Martinique de la CGTM qui sont intervenus hier se préparent à un blocage de l’économie à partir du 12 juin.

La question de fonctionner en intersyndicale est subordonnée, pour moi, à la question de la convergence pour gagner sur le fond. On le voit à la SNCF, quand la CGT impose son analyse et sa dénonciation du principal, la concurrence, la casse des statuts, les syndicats réformistes sont moins à l’aise pour négocier le poids des chaînes. L’intersyndicale sur le plus petit dénominateur, ou sur l’énumération la plus floue des revendications ne peut pas être un préalable.

Les convergences entre hospitaliers et cheminots ? Elles ne sont pas difficiles à trouver ! Conditions de travail, sous effectifs, bas salaires, etc.

Nos luttes ne sont pas catégorielles mais défendent le service public. 

L’attaque sur le statut de l’AP-HP et de la Fonction Publique coïncide avec celle du statut de la SNCF et des Cheminots.

Elle rentre dans une politique globale de précarisation, de déqualification et de dévalorisation des emplois et missions. Ce qu’ont combattu et combattent les cheminots face aux « réformes ferroviaires » de 2014/2016 et d’aujourd’hui : journée à rallonge, remise en cause des temps de repos, etc.

C’est exactement le plan Hirsch contre lequel se sont mobilisés, en mai et juin 2015, massivement les hospitaliers de l’AP.

Maintenant, on apprend que Hirsch veut casser le statut de l’AP, bien sûr parce qu’il est un verrou à la remise en cause générale du statut de la fonction publique hospitalière, à la généralisation de l’embauche de contractuelle, comme à l’éclatement et à liquidation à la découpe de l’AP [notamment par l’intégration directe dans les GHT, groupements hospitaliers de territoire].

Enfin, la concurrence que l’on veut imposer au service public SNCF, notamment régionale, c’est celle que nous subissons, notamment via les pouvoirs renforcés des ARS.

Toujours pomper plus de moyens publics et détourner les missions les plus rentables vers le privé. Faire pression, toujours plus, sur les salariés de tous les prestataires. Laisser au public, aux contribuables, les lignes non rentables, les services hospitaliers difficiles, la formation etc.

A Paris, nous avons pu mesurer la mauvaise foi des Korian ou Orpea qui instrumentalisent leur politique d’accueil dégradé ou indigne dans les EHPAD pour obtenir de nouvelles aides publiques qui leur serviront à développer leurs multinationales prédatrices. Avec des anciens dirigeants de l’AP-HP qui auront détruit les structures publiques de longs séjours… 

Tout cela sans parler – je n’ai pas le temps et d’autres l’ont dit – de l’attaque globale contre tous les régimes de retraite, que le gouvernement – soulignons-le – est obligé de reporter à l’an prochain tant il redoute la conjonction des luttes avec les cheminots.

Le 12 juin  se prépare une grosse action des cheminots, dont 24 jours de grève et 3 mois de lutte n’ont pas atteint la détermination, qui sentent que le pouvoir est incapable de gagner sur le fond. Travailleurs de la santé et de l’action sociale, et cégétistes en tête, nous pouvons et devons-y porter nos revendications communes !    

Notre fédération doit être aux avant-postes de la solidarité, sous toutes ses formes avec la lutte des cheminots, de nos camarades !  

Vive la fédé de la santé, vive la CGT !