Spéculation/Ventes à la découpe : est-ce toujours au contribuable parisien d’engraisser Gecina (ou Unibail) ?
Les locataires de la rue Pradier dans le 19ème arrondissement vont sans doute pouvoir rester chez eux. Ils étaient menacés par une opération de « vente à la découpe » programmée par leur propriétaire, la « foncière », plutôt le spéculateur immobilier, Gécina, tristement connu dans notre 15ème. La vente appartement par appartement n’aura pas lieu car la Ville de Paris a décidé de faire racheter l’immeuble par Paris Habitat.
Nous comprenons la satisfaction des locataires, a priori tirés d’affaire. La plupart était hors d’état d’acheter au prix du marché. Ils le doivent à leur lutte, indiscutablement. Ils le doivent aussi à une situation scandaleuse que d’autres luttes, notamment les nôtres dans le 15ème, ne cessent de dénoncer.
Gecina n’est pas une vieille société. Elle fait partie, avec Unibail ou Klépierre, de ses sociétés parasitaires, tantôt promoteurs, tantôt seulement spéculateurs immobiliers, qui se sont constitué des patrimoines gigantesques depuis la fin des années 90, grâce à des législations d’exception et à la bienveillance de collectivités locales comme la Ville de Paris.
Gecina a déjà pratiqué à l’envi la vente à la découpe, en complicité avec le dépouilleur américain W… De 1999 à 2002, des centaines de locataires ont été exclus de leur logement par exemple rue Alexandre Cabanel dans le 15ème. A l’époque la municipalité n’avait pas réagi sinon avec de belles paroles.
Depuis, la municipalité de gauche a fait de Gecina un de ses partenaires privilégiés. Dans le 15ème, elle lui a concédé l’opération Beaugrenelle avec l’implantation du 2 ou 3ème plus grand centre commercial de la capitale. Gecina finalise l’opération et annonce 200 millions de bénéfices en 2014 lorsqu’elle retirera ses billes. Les transactions entre Gecina et la Ville se multiplient : de vrais arrangements sur fond de profit pour les parasites et de dépouillage du patrimoine municipal. Nous vous renvoyons vers notre dossier Beaugrenelle.
Ce scandale dans le 15ème en particulier, soulevé par des associations opiniâtres, avec le concours de la section du PCF Paris 15, n’est pas pour rien dans l’issue plus acceptable de la vente des logements de la rue Pradier.
Dans un arrondissement de « gauche » comme le 19ème, il est ennuyeux que des habitants appartenant aux classes moyennes soient expulsés par une société cliente et fournisseur de la Ville. Mais le résultat n’est guère satisfaisant que ce soit pour le contribuable parisien ou pour le logement social.
Gecina obtient ce qu’elle veut : elle encaisse la vente de l’immeuble à un prix très correct (que la Ville n’ose pas divulguer !). C’est ainsi la collectivité qui paye pour un immeuble déjà habité, dont les loyers sont en dessous de la moyenne. C’est l’argent du contribuable et celui du logement social (emprunt sur le Livret A) qui sont sollicités. Espérons qu’il n’y a pas encore de compensations tacites pour Gecina !
Au cœur de l’affrontement contre Gecina à Beaugrenelle, contre Unibail à la Porte de Versailles, nous n’acceptons pas le double langage des élus de « gauche » qui paradent avec les découpés tout en ayant voté pour les opérations immobilières de ces promoteurs en toute connaissance de leurs dégâts antisociaux.
La municipalité de Paris ne mérite aucun compliment. L’adjoint à l’habitat, Jean-Yves Mano le sait et a plus de retenue en se gardant de crier victoire et en appelant – c’est de bonne guerre puisque c’est l’affaire du gouvernement – une législation limitant les ventes à la découpe et contraignant les investisseurs institutionnels.
Nous allons pousser dans le sens de paroles dont nous n’acceptons pas qu’elles restent gratuites. Voir nos propositions contre les ventes à la découpe.
Nous continuons plus que jamais à dénoncer les opérations de connivence entre la Ville et les « foncières ». La lutte contre la spéculation immobilière à Paris est une politique d’ensemble.