Briser le consensus en faveur de la « dissuasion » nucléaire ! (Mélenchon inclus)

Vivelepcf, 5 juillet 2012

A peine élu, François Hollande a tenu à marquer symboliquement sa décision de poursuivre intégralement le programme nucléaire militaire français. Le 4 juillet 2012, il a plongé à bord du sous-marin nucléaire lanceur de bombes, « le Terrible », en rade de Brest.

Giscard avait fait pareil en 1974. En 1995, suscitant une protestation planétaire, Chirac avait décidé de poursuivre les essais nucléaires à Mururoa jusqu’à la mise au point des essais en laboratoire.

Les présidents se succèdent. La politique militaire nucléaire demeure, toujours avec le même discours doctrinaire sur la « dissuasion nucléaire, élément de notre sécurité » et avec les mêmes phrases nationalistes : « tenir le rang de la France ».

3,5 milliards d’euros par an, somme officielle, continueront donc d’être prélevés pour les armes atomiques sur les dépenses publiques et sociales, malgré la politique d’austérité et les discours sur les déficits publics. C’est la lourde contribution du peuple français à l’arsenal nucléaire de l’impérialisme occidental dans l’OTAN, à celui de sa composante européenne, l’UE.

Les pressions sont très fortes pour qu’aucune contestation politique ne s’élève dans les rangs des partis de gouvernement, de droite bien sûr, mais aussi de gauche.

Côté PS, il y a quelques jours sur une chaîne de télévision, l’ancien premier ministre, Michel Rocard, a eu cette réflexion de bon sens : les milliards d’euros pour les bombes nucléaires « ne servent strictement à rien ». Il a dû se rétracter en soutenant qu’il avait sorti une « boutade ». Comme on le croit !

Côté « écolo », le fossé est béant entre la condamnation obsessionnelle du nucléaire civil, destiné au développement de l’activité humaine, et la discrétion sur le nucléaire militaire destiné à détruire et à tuer.

Côté Front de gauche, Mélenchon n’a pas cette retenue. Converti au discours écologiste ambiant contre le nucléaire civil, il reste un farouche partisan de la dissuasion nucléaire à la française. Le 1er février 2012 sur France Inter, il l’a exprimé directement : pas question de désarmement français en attendant celui des Américains et des Russes ! Pourquoi ? Parce que, selon Mélenchon, « nous, les Français, nous ne menaçons personne, ni n’agressons personne ». Et la Libye, la Côte d’Ivoire, L’Afghanistan ? Mélenchon pousse, dans la même émission, sou soutien à l’impérialisme militaire bleu-blanc-rouge jusqu’à saluer en Serge Dassault « un grand industriel efficace » à l’occasion de l’annonce de la vente d’avions Rafale à l’Inde (aux frais du contribuable français…).

Communistes, nous ne pouvons que dénoncer l’ensemble de ces positions. Brisons ce consensus!

Notre parti, le PCF est revenu peu à peu dans les années 90 à l’analyse qui lui avait fait condamner en 1960 le lancement du programme militaire atomique français par De Gaulle, dans la suite de son engagement pour l’Appel de Stockholm à partir de 1950.

En 1975, déjà pour biffer un point de divergence, fondamental, avec la social-démocratie, dans le cadre du programme commun, la direction du PCF en 1975 avait changé de position. Elle était rentrée dans la fable de la force de dissuasion nucléaire, « élément de l’indépendance nationale ». Ce revirement avait suscité une profonde incompréhension chez nombre de camarades.

En 2012, quelle que soit la position de Mélenchon et du Front de gauche, engageons-nous  pleinement dans la bataille pour l’abolition de l’arme nucléaire et le désarmement nucléaire unilatéral de la France !