La défense de l’Hôtel-Dieu porte la défense de toute l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris. C’est le moment de faire reculer le gouvernement et la direction de l’AP-HP!

PCF Paris 15, le 4 août 2013

Tant bien que mal, la direction de l’AP-HP était parvenue à démanteler progressivement 75% des activités de l’Hôtel-Dieu. L’arrêt de mort du plus vieil hôpital parisien était même fixé au 4 novembre 2013 avec la fermeture programmée des urgences.

Mais voilà que cela ne marche plus !

Même en rusant ! Vendredi 2 août, dès potron-minet, les déménageurs affrétés par la direction étaient là pour emballer le service de médecine interne. Ils sont repartis camion vide. En effet, une quarantaine de militants syndicaux leur ont bloqué l’accès et ont remis en place le service.

Se sentant en difficulté, la direction de l’AP-HP s’est précipitée, lamentablement.

La ministre Marisol Touraine venait d’annoncer que la fermeture des urgences sera « décalée » car « elle ne veut prendre aucun risque sur la prise en charge des urgences à Paris au début de l’hiver ». De son côté, avec son cynisme propre (en toute complicité avec le plan de liquidation) le professeur Loïc Capron, président du Comité médical d’établissement, venait d’alerter bruyamment l’opinion devant les dangers de maintenir des urgences sans services d’aval (vers où transférer les patients).

On a bien compris la logique fumeuse des directions : Nous serons obligés de fermer les urgences parce que nous aurons fermé tout le reste… Vont-elles aller jusqu’à couper l’électricité ? En tout cas, ce n’était vraiment pas le bon moment pour chercher à vider à la sauvette le service de médecine interne !

La direction de l’AP-HP ressort doublement discréditée, après le désaveu ministériel.

Démonstration est faite que des possibilités de commencer à faire bouger les choses existent!

Le contexte change évidemment avec l’approche des élections municipales. Profitons-en ! Aucun candidat ne voudra endosser la fermeture des urgences de tout le centre de Paris. Plus que jamais dans la période, la mobilisation des agents, sur des positions précises, l’élargissement du mouvement aux autres hôpitaux confrontés à la même politique, sont décisifs face aux postures politiciennes, aux promesses évasives, pour aller jusqu’à une victoire.

La ministre n’a parlé que de « décaler » la fermeture sans remettre en cause le projet de l’AP-HP. Elle espère évidemment laisser passer le temps de la campagne. Anne Hidalgo et Bertrand Delanoë espèrent s’en sortir avec quelques engagements sans frais. Il est amusant de voir l’ex-collègue de Roselyne Bachelot, démolisseuse en chef de l’hôpital public, Nathalie Kosciusko-Morizet prendre la défense de l’Hôtel-Dieu…

Hors du chœur des hypocrites, Jean-Marie Le Guen est désigné pour contre-attaquer pour le compte des tueurs de l’Hôtel-Dieu. Le député PS, adjoint PS à Delanoë et président du conseil de surveillance de l’AP-HP continue à réclamer la fermeture des urgences et à mettre en avant le projet fumeux « d’hôpital debout », sans lits, ni services. La vérité, c’est que ce ne serait qu’une sorte de grand centre de santé (Que Le Guen commence par défendre les centres de santé existants !). Leur « Nouvel Hôtel-Dieu » constitue avant tout un alibi médical à une opération immobilière et financière.   

Reprenons étape par étape. L’AP-HP vend son siège de l’avenue Victoria pour sans doute 80 à 100 millions d’euros. Elle a déjà vendu pour 35 millions d’euros l’hôtel de Miramion (faisant disparaître un grand musée parisien).

Avec cet argent et plus encore – elle a besoin d’au moins 140 millions d’euros – elle transforme l’Hôtel-Dieu en immeuble de bureaux pour y transférer son siège qui doit occuper les deux-tiers de la surface. Les urgences ophtalmiques et les urgences médico-judiciaires restant en place, un centre de formation devant s’installer, il ne restera quasiment rien pour l’hôpital sans lits !

Bilan annoncé de l’opération:

- D’un côté : un hôpital en moins, des patients repoussés, des services, notamment d’urgences (40.000 patients par an à redistribuer), engorgés dans les autres hôpitaux

- De l’autre côté, 15.000 m2 de bureaux en plus (il y a 1,5 millions de m2 de bureaux vides à Paris !), des spéculateurs contents, des groupes privés de travaux publics ravis (on sait qu’avec l’AP-HP, ils ont l’habitude de gonfler leurs devis en cours de route).

- Financièrement, le solde va même être négatif pour l’AP-HP. La direction pourra continuer à se servir de son pseudo-déficit pour prétexter sa politique de casse et de pression sur les agents. Et cela sans compter les services de l’Hôtel-Dieu qui venaient d’être coûteusement rénovés ! Il n’est pas improbable que l’AP-HP, suivant d’autres entreprises, décide d’ici quelques années de vendre un nouveau siège si bien placé, pour louer un autre bâtiment et dégager provisoirement de la trésorerie.

L’Hôtel-Dieu est l’exemple le plus flagrant de la politique de sabotage de l’AP-HP menée par les gouvernements successifs pour gonfler le profit capitaliste sous toutes ses formes. Dans les mois qui viennent, il va devenir le symbole de la lutte pour l’hôpital public.

Sa défense peut et doit fédérer toutes les luttes, pensons à celle des agents et patients de Beaujon et Bichat, les colères devant la dégradation inacceptable des conditions de travail, de l’offre et de la qualité des soins dans tous les hôpitaux.

Mobilisons, appuyons le projet alternatif proposé par la CGT assurant le maintien des urgences et comprenant le rétablissement d’un hôpital de proximité généraliste.

Au centre de la capitale de la France, pour 200.000 habitants, des millions de visiteurs, il y a place pour un hôpital !  C’est le cas depuis l’an 656 ! Il n’y a aucune (bonne) raison que cela change !