Vivelepcf, 12 mai 2013

Une nouvelle fois, M. Nicolas Dupont-Aignan a tendu la main au « Front national ». Le 10 mai sur France Info, il a proposé, à son tour, de constituer un « gouvernement d’union nationale » intégrant des éléments du FN.

En septembre dernier, il prônait « un dialogue avec le FN » dans l’objectif de « rassembler tous les patriotes de droite comme de gauche ».

La place laissée par le système à l’ex-candidat à la présidence est petite mais dangereuse à son niveau.

Avec son ton policé, il est mis en avant pour servir d’intermédiaire avec l’extrême-droite, pour rendre le FN fréquentable.

Surtout, il est là pour déconsidérer l’opposition à l’Union européenne et à l’euro en l’associant au nationalisme.

Dupont-Aignan en conférence avec Jacques Nikonoff

Dans son « cabinet fantôme », le député de l’Essonne, ex-UMP, verrait bien Henri Guaino de l’UMP, Jean-Pierre Chevènement, Arnaud Montebourg du PS, et « pourquoi pas » Florian Philippot du FN et François Delapierre du Parti de gauche.

La sélection n’est pas innocente. Il n’est évidemment pas question pour nous de mettre un trait d’égalité entre ces personnages. M. Dupont-Aignan ne les a pas consultés.

Mais ils ont tous un point commun : leur « souverainisme ». Cette posture anti-européenne n’a pas empêché Guaino de se ranger derrière Sarkozy (comme Dupont-Aignan en 2007), Chevènement derrière Ségolène Royal etc. Le « patriotisme économique » de Montebourg se limite au port d’un pullover à grosses mailles et s’accompagne de nouvelles privatisations. Le PG est guidé par un Maastrichien, toujours demandeur de plus de fédéralisme européen.

On mesure quel crédit accorder à ses soi-disant opposants à l’UE!

Jean-Marie Le Pen était chaud partisan dans les années 80 de la construction européenne, d’une Europe chrétienne et ultralibérale. Il a pris un virage antieuropéen à partir de 1992 et de Maastricht. Le calcul du FN reste le même depuis : détourner une partie de la colère populaire à l’encontre de l’UE du capital, disqualifier toute opposition à l’UE en l’associant, avec toute la publicité médiatique, à la xénophobie et au racisme.

Sans aller tout à fait aussi loin, après Philippe de Villiers, Dupont-Aignan n’hésite pas à accuser l’immigration de tous les maux. De même qu’il approuve aussi toutes les lois antisociales, comme la casse des retraites.

Les choses sont claires pour nous communistes : M. Dupont-Aignan n’est pas politiquement fréquentable. Il n’y a rien de commun entre l’opposition de classe à l’Europe supranationale du capital et les nationalismes français (ou européen).

Les groupes de « gauche », si petits soient-ils, qui s’affichent avec M. Dupont-Aignan ou avec quelque autre officine cocardière, au nom du rejet de l’UE et/ou de l’euro, portent une dangereuse confusion qui sert bien en définitive les partisans de l’UE.

Ainsi M. Jacques Nikonoff, qui fut,  entre bien d’autres aventures politiques, bras droit de Robert Hue dans les années 90, avant d’échouer dans son OPA sur ATTAC, se convertit maintenant avec son mouvement M’PEP à des positions euro-critiques. D’un côté il frappe à la porte du « Front de gauche » pour en être l’alibi euro-critique, de l’autre il appelle à voter pour Dupont-Aignan (contre le PS) et confère avec celui-ci dans toute la France.

Quel crédit accorder à ces gens-là ? Aucun !

L’opposition de classe à l’UE ne cesse de progresser avec l’expérience de la politique de casse, qu’elle inspire et anime, des acquis sociaux et économiques, des acquis démocratiques nationaux.

Il est plus que temps que le PCF renoue avec tous ses combats historiques contre l’Europe du capital, contre son instrument principal actuel, la monnaie unique.

Et ce n’est pas que nous aurions peur de M. Dupont-Aignan…