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Grèce. Mémorandum ou Grexit : soumission pour rester dans l’euro ou punition pour pouvoir y revenir !

EDT pour Vivelepcf, 12 juillet 2015. Cet article complète et reprend en partie les précédents :

Grèce : la supercherie politique de Tsipras et de l’UE finit enfin d’éclater au grand jour – 11 juillet
Tsipras enferme le pays dans le chantage de l’UE du capital puis refile la responsabilité au peuple ! – 27 juin

 

La tragi-comédie politique gréco-européenne n’en finit pas de rebondir. Nous laissons aux parieurs le loisir de pronostiquer entre le scénario d’une acceptation par l’UE du nouveau plan de casse sociale proposé par Tsipras et celui d’une exclusion, éventuellement temporaire, de la Grèce de la zone euro.

Ce qui est sûr, dans les conditions actuelles, c’est que l’un ou l’autre scénario s’abattra sur les travailleurs et les couches les plus pauvres de la population. Dans un cas, la poursuite sans fin de la super-austérité, dans l’autre la faillite de l’Etat, des services publics et sociaux, le défaut de paiement des traitements et prestations sociales etc.

Il n’y a pas non plus une solution qui serait plus à « gauche » et une autre plus à « droite » selon qu’elle soit portée par Hollande-Renzi-Tsipras ou Merkel-Schaüble. A destination des opinions publiques européennes, dans le premier cas, le peuple grec signe sa soumission aux règles de l’UE du capital ; dans le deuxième cas, il subit sa dure punition tout en restant sous son entière domination.

Il y a 4 ans encore, la sortie de la Grèce de l’euro aurait eu une signification politique toute différente, susceptible d’ébranler l’Union européenne du capital, d’ouvrir une voie d’émancipation de sa dictature. En quatre ans, les dirigeants, les gouvernements grecs, Syriza en particulier ont éliminé ce risque politique pour l’UE.

Dans un précédent article, nous avons comparé la situation avant le projet de référendum du premier ministre social-démocrate Papandréou en 2011, que l’UE avait fait avorter, et la situation avant le référendum de Tsipras, le 5 juillet 2015 :

«  Souvenons-nous : en 2011, le premier ministre socialiste Papandreou avait déjà voulu organiser un référendum sur un précédent mémorandum européen, dans le même but de faire signer au peuple lui-même le plan de super-austérité qu’il allait subir. Mais Sarkozy et Merkel l’en avaient formellement dissuadé. Le risque politique d’une victoire du « non » était trop grand et elle aurait ébranlé l’UE et l’euro.

En 2015, la situation a changé sur bien des aspects. Les dirigeants européens ont réglé – sur le dos des travailleurs – la phase aigüe de la crise à Chypre, en Irlande ou même au Portugal. Depuis 2011, la dette grecque a été presque totalement transférée à des institutions publiques et les banques privées occidentales n’y sont plus exposées. Les capitalistes grecs ont eu tout le temps d’expatrier leurs fonds. Depuis 2011, l’essentiel des régressions économiques et sociales imposées au peuple grec a été adopté. Surtout, en 2011, le vote « non » aurait tout à la fois exprimé le rejet des mesures d’austérité, la sanction d’un gouvernement qui était perçu – à juste titre – comme co-responsable de cette politique et de la crise et il aurait ouvert la possibilité d’une alternative en rupture avec l’UE et l’euro et avec un gouvernement pro-européen. Depuis 2011, la quasi-disparition du parti de Papandreou, le PASOK et l’avènement et la promotion de SYRIZA à sa place ont complètement changé la donne. Syriza s’est posé et a été présenté comme porteur d’une alternative radicale à gauche du Pasok mais tout en se proclamant foncièrement pro-européen. »

Siryza et Tsipras ont servi à écarter toute alternative politique immédiate en rupture avec l’UE. Même contre ce qui aurait servi un point de vue réformiste, ils se sont délibérément privés de tout moyen de faire peser une menace d’une sortie de l’euro dans les négociations avec l’UE et la BCE. Ils ont contribué aussi à identifier le rejet de l’UE à l’extrême-droite. En organisant le référendum du 5 juillet sur une fausse question, ils ont fait peser sur le peuple lui-même la dureté des scénarios en vue, dont l’expulsion-punition de l’euro.

Plus que jamais, nous exprimons notre désaccord avec le soutien inconditionnel apporté par la direction du PCF à la politique du gouvernement SYRIZA-ANEL et demandons, dans le contexte de sinistre clarification de la situation, l’ouverture d’un grand débat dans le Parti.

Aujourd’hui, un plus grand nombre de capitalistes grecs voient eux-mêmes d’un bon œil la perspective d’une sortie de l’euro. Le secteur touristique par exemple serait plus concurrentiel, toujours payé par des touristes en devises. Il ne tient pas aux hausses de TVA du projet de nouveau mémorandum. Ceux qui ont pu expatrier leurs fonds en euros pourraient les faire revenir pour racheter des actifs à vil prix, en drachmes dévaluées.

Du côté des puissances européennes, les divergences dans les négociations actuelles traduisent une concurrence inter-impérialiste au sein de l’UE, une lutte d’influence dans la « gouvernance » de la zone euro. Mais leur complicité prévaut : tous veulent maintenir l’euro, instrument de domination capitaliste contre les peuples, canaliser tout le débat politique au niveau européen sur lequel les peuples et leurs luttes n’ont pas de prise.

Notre parti, le PCF, a combattu avec force l’établissement de la monnaie unique en 1992, lors du référendum sur Maastricht, en 1998 avant la signature par la « gauche plurielle » du traité d’Amsterdam. Tous les effets antisociaux, antidémocratiques, la montée des peuples les uns contre les autres aussi, que nous avions dénoncés se sont vérifiés. Nous faisons partie des communistes qui n’ont pas renoncé à combattre l’euro. Le cas de la France n’est pas celui de la Grèce. L’abandon de l’euro en France signerait la fin de l’euro. Ce ne serait pas l’avènement du socialisme mais un coup important porté aux capitalistes européens et à leur cartel, l’UE.

En Grèce, une période de grave instabilité politique risque de s’ouvrir. Tous les partis de gouvernement vont être disqualifiés. L’extrême-droite néonazie, « l’Aube Dorée », pourrait servir de force d’appoint pour exploiter la détresse, détourner  la colère populaires, préserver les intérêts capitalistes.

Il est plus important que jamais pour les communistes français de manifester notre solidarité avec le peuple grec et notre soutien aux organisations de classe, le Parti communiste grec, le syndicat PAME qui défendent avec clairvoyance et courage les intérêts des travailleurs et du peuple et poursuivent l’amplification de leur riposte dans cette étape très dure de la lutte des classes en Grèce.

Les dirigeants de l’UE veulent modérer les dépenses militaires du gouvernement grec ! Le monde à l’envers? Pas si sûr!

Vivelepcf, 23 juin 2015

Les dirigeants de l’UE seraient en passe d’obtenir du gouvernement grec un engagement de baisse de 200 millions d’euros du budget militaire grec en 2016. Les rôles pourraient paraître inversés mais pourtant…

Depuis son élection en janvier, le gouvernement alliant le parti de gauche Syriza du premier ministre Tsipras et le parti d’extrême-droite nationaliste ANEL du ministre de la défense Kamenos a, au contraire, montré son attachement à maintenir un haut niveau de dépenses militaires, l’un des plus élevés d’Europe.

Ainsi, le gouvernement Tsipras a signé en avril un contrat de 500 millions d’euros avec le groupe américain Lockheed, qui devrait en sous-traiter une partie au lobby militaro-industriel grec, pour la modernisation de 5 avions de reconnaissance de la Marine grecque. Le montant a fait hurler certains politiciens: « 200 millions pour la crise humanitaire, 500 millions pour des armes » s’est notamment exclamé le leader du parti de centre-gauche « To Potami », de Stravros Theodorakis qui aurait pu être un allié alternatif à ANEL.

Cette décision illustre encore un peu plus la farce politique que représentent, à usage grec et européen, Syriza et sa soi-disant « radicalité ». Nouveau mémorandum d’austérité avec la Troïka, professions de foi en l’euro, poursuite des privatisations, attentions particulières aux armateurs, au clergé, à l’armée : Syriza c’est la triste continuité présentée comme « rupture » pour mieux éteindre chez les peuples toute véritable perspective de changement.

Le logo des manoeuvres communes aéronavales avec Israël

Le parti ANEL de Kamenos, ancien ministre de la mer sous la droite, en est la caution et le symbole. Le ministre nationaliste annonce l’entrée de la Grèce dans le dispositif anti-Daech de l’OTAN. Il vient de présider, fin avril, aux manœuvres aéronavales conjointes avec les armées américaine et israélienne en mer Egée.

Coopération militaire renforcée avec Israël du gouvernement Tsipras : là encore de quoi étonner et ouvrir les yeux !

Elections locales en Grèce : des résultats très inquiétants

Vivelepcf, 20 mai 2014

Il faut être sacrément myope pour se réjouir, comme Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, des résultats du premier tour des élections locales, régionales et municipales, qui avait lieu en Grèce le 18 mai 2014 avant le 2nd tour qui coïncidera avec les élections européennes.

Dans le pays « cobaye » de la super-austérité, dont le peuple a subi les plus lourds sacrifices pour sauvegarder l’euro, instrument de l’intégration dans l’UE du capital et de la désintégration des acquis sociaux et démocratiques nationaux, le système est parvenu à museler électoralement la contestation populaire. Quitte à jouer avec le feu.

Le parti ouvertement néo-nazi, « l’Aube dorée », atteint 16,1% aux municipales à Athènes, 8,1% dans l’ensemble du pays aux régionales malgré son inexistence au plan local. Cette formation, qui appelle à des ratonnades publiques, ne présentait pas de candidats en 2010. La mise en prison de 6 de ses députés n’a pas signifié, bien au contraire, la fin de la complaisance du pouvoir à son égard. L’irruption du fascisme comme roue de secours de l’UE du capital doit être l’enseignement, l’avertissement premier du scrutin de dimanche en Grèce.

Dans les conditions d’une consultation locale, les formations de notables ont à peu près réussi à maintenir leurs positions quitte à changer d’étiquette. Avec 26,3%, le parti à la tête de la coalition au pouvoir, « Nouvelle démocratie », perd 6% sur 2010, mais seulement 3% sur les législatives de juin 2012. Il parvient à atténuer le vote sanction.

Le processus de recyclage électoral de la social-démocratie continue. Le Parti socialiste, PASOK, caché derrières différentes dénominations, dont « l’Alliance pour une Grèce nouvelle », à 16,2% perd la moitié de ses voix de 2010 mais remonte de 4% sur les législatives de 2012, s’appuyant sur son réseau d’élus. Les socialistes dissidents, de la formation nouvelle « Dimar », recueillent 3,8%.

Le parti de gauche, Syriza, obtient 17,7% dans le pays et arrive en tête dans la région la plus peuplée, l’Attique. Cela n’a aucun sens de comparer ce résultat à celui de la coalition de groupes socialistes, gauchistes, et communistes repentis qu’était Syriza en 2010. Depuis, à la faveur de la débâcle du Pasok, fusible sauté, Syriza et son ambitieux dirigeant européen Alexis Tsipras se sont vus octroyé un nouveau rôle : celui de contenir et canaliser à « gauche » la protestation contre l’Union européenne et l’euro, celui de regrouper les caciques socialistes en déshérence.

Tsipras et Syriza jouent bien leur rôle de bons élèves de l’UE. Un côté « contre l’austérité », comme tout bon parti « socialiste » (du moins dans les mots), l’autre, le principal, pour la sauvegarde de l’euro en Grèce et pour la défense de l’UE. Les modèles de M. Tsipras sont les démocrates américains, Roosevelt, le plan Marshall… La droite grecque peine de plus en plus à le dépeindre comme un dangereux révolutionnaire tant Tsipras fait de concessions au système, jusqu’à aller légitimer la dictature de la Commission européenne en se portant candidat à sa présidence.

L’opération fonctionne moins bien que prévu. Syriza reste aux régionales, très en deçà, de 9,2%, de son résultat aux élections législatives. L’objectif d’être présent au second tour dans 10 des 13 régions est loin d’être atteint : dans 3 seulement.

Notons que l’abstention a atteint 38,5% et les votes blancs et nuls 7,9% aux régionales.

La contestation et la mobilisation populaires contre les capitalistes grecs et européens n’a pu trouver qu’une seule traduction électorale : le vote pour le seul Parti qui les organise réellement, le Parti communiste grec KKE. Avec 8,8% des voix, le KKE est en repli de 2,1% sur 2010 mais remonte de 4,6% sur les législatives. Le matraquage autour du vote utile pour les opportunistes de Syriza commence à moins opérer.

Le résultat du KKE est le seul point encourageant dans ces élections, parce qu’il reflète, seul, les luttes réelles des ouvriers, employés, paysans, travailleurs indépendants, étudiants et retraités, pour leurs intérêts de classe immédiats, contre le capitalisme grec, contre l’Union européenne du capital, pour une vraie alternative.