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Le rejet de la participation du PCF au gouvernement Ayrault ne peut pas être une décision tactique

Le second tour des élections législatives a strictement confirmé les tendances du premier. L’abstention atteint un nouveau record. La droite est sanctionnée après Sarkozy. Hollande et Ayrault bénéficient d’une majorité à gauche. L’extrême-droite continue à progresser dangereusement dans son rôle de fausse opposition au système. L’essoufflement du Front de gauche ramène le PCF à 7 députés, 2 apparentés (refondateurs) et le PG à 1 député.

 

Pour le PCF, c’est la plus faible représentation à l’Assemblée depuis 1920. Le Front de gauche n’a pas pu masquer le nouveau et grave recul du vote communiste. Cette stratégie, dans la poursuite des mutation, transformation du PCF etc. depuis 15 ans, effaçant l’organisation du Parti, alignant ses positions sur celle de la « gauche » donne les mêmes résultats, élection après élection.

Aujourd’hui, 18 juin 2012, le Conseil national du PCF se réunit avec un ordre du jour lapidaire : « Après les élections législatives, le positionnement et les engagements du PCF dans la nouvelle situation politique. » Aucun document portant une réflexion préalable n’a été mis en discussion des membres du CN, encore moins des communistes.

Pourtant, c’est entre aujourd’hui 18h00 et demain 20h00 que les adhérents du Parti seront consultés sur les conditions d’une éventuelle participation au gouvernement Ayrault.

Nous sommes quelques membres du Conseil national à demander avec insistance depuis des mois (voir les comptes rendus) que ce débat essentiel soit ouvert dans le Parti. C’est une orientation politique essentielle qui ne devait pas être esquivée devant les électeurs. Rappelons que les communistes ont été privés du congrès de 2011 qui aurait dû fixer un programme politique, comprenant les conditions d’une participation à une majorité de gauche plurielle.

La direction du Parti a refusé d’ouvrir le débat, arguant qu’il fallait attendre les législatives.

Le résultat n’était pourtant guère susceptible de changer fondamentalement l’orientation de Hollande et Ayrault ! L’échec historique du PCF, en termes d’élus, sanctionne, entre autres, ce refus de se positionner.

Avant les présidentielles, Mélenchon a pu se poser par sa grandiloquence et ses surenchères en critique de son parti d’origine le PS, bien que ses propositions et le programme « partagé » soient en réalité assez compatibles avec les premières orientations de Hollande.

Le soir du 1er tour, il se rallie « sans conditions » sur Hollande, au nom du Front de gauche, mais sans attendre l’avis des communistes ou des dirigeants du PCF. Objectivement, le Front de gauche a joué un rôle de rabatteur pour le PS.

Entre les présidentielles et les législatives, les dirigeants du PCF ont salué les premières mesures du nouveau gouvernement. Ils ont tendu des perches au PS, augmentation du SMIC, projet de loi sur les licenciements « boursiers », sur ce qui  pourrait représenter une inflexion à « gauche » de la politique de Hollande et une condition d’une entrée du PCF au gouvernement, comme Hollande et Ayrault le proposent.

Il est inacceptable que les communistes, en pleine campagne électorale, aient été réduits à conjecturer, d’après des interviews dans la presse, les intentions de la direction du Parti.

Nous sommes quelques uns au CN du 11 mai 2012 à avoir dénoncé les modalités de la consultation des communistes, sa précipitation. La direction s’est laissé toute latitude pour décider seule. Le principe d’organisation d’un vote n’avait même pas été retenu au CN. Le vote, sur un texte connu au dernier moment, n’a été décidé, sous la pression de la base, qu’ensuite.

On sait que la « Conférence nationale » qui se réunira mercredi pour ratifier la décision est structurellement représentative des directions du Parti.

Pour nous, le résultat des législatives ne changent rien. Mais il affaiblit la position de ceux qui voulaient justifier une participation au gouvernement par la possibilité de « tirer à gauche » le PS au Parlement. Ce n’est plus du tout crédible maintenant. Ce n’est pas le groupe au Sénat, octroyé par le PS, qui pourra peser…

La ligne, érigée en principe dans les années 90 avec la « Mutation », que les communistes sont plus efficaces dans les institutions, a été durement contredite par les faits entre 1997 et 2002, conduisant à l’affaiblissement que l’on sait. On pourrait étudier de même les résultats des participations aux exécutifs régionaux et départementaux PS. Plutôt que de tirer à gauche, le plus souvent, on donne une caution de gauche.

Certains se souviennent de la consultation des communistes de 1997 et de comment la direction d’alors a fait passer la participation au nom d’un accord « secret » avec Jospin qui aurait prévu l’augmentation de 8% du SMIC et l’arrêt des privatisations. Un mois plus tard France Télécom était partiellement privatisé avec l’appui des ministres communistes et le SMIC n’était revalorisé que de 4%.

Les communistes n’accepteront pas la même opération en 2012.

Pour nous, la question de la participation au gouvernement ne peut pas être une question tactique. La question n’est pas non plus de savoir comment le PCF peut soutenir le mieux la majorité, avec ou sans ministres. Mélenchon, ancien ministre, a déjà annoncé que lui-même et le PG refuseraient de participer au gouvernement Ayrault. Mais c’est pour mieux le soutenir de l’extérieur sur un positionnement gauchiste.

Pour nous, il est nécessaire de caractériser la politique de Hollande et ce n’est pas difficile. Le gouvernement mène et mènera une politique d’austérité au service du capital, sous l’égide de l’UE, donnant quelques gages très légers « à gauche », avant d’engager un virage encore plus antipopulaire.

L’heure est à préparer la riposte, lancer de grande campagnes de lutte, ce qui implique évidemment de ne pas participer au gouvernement, mais aussi de ne pas se ranger dans sa majorité.

Nous invitons les communistes à exprimer cette opinion lors de la consultation des 18 et 19 juin. Chacun appréciera si la déclaration qui va être présentée au CN d’aujourd’hui permettra de l’exprimer par un vote.

Robert Hue successeur, 10 ans après, de Mélenchon au gouvernement ?

Robert Hue devrait faire son entrée au gouvernement Ayrault lors du remaniement limité qui aura lieu ces prochains jours. Ce ne serait pas une surprise. Il s’est affiché comme l’un des plus francs soutiens de François Hollande depuis des mois.

Sa nomination attendue devait attendre les législatives dont le résultat allait fixer l’étendue de la caution « communiste » du gouvernement.

Réduit à 7 députés, la direction du PCF a découvert lundi 18 juin que les conditions n’étaient pas rassemblées pour y aller. Du côté des « ex », Patrick Braouezec (de la FASE – 2 députés rescapés) et Jean-Pierre Brard, tous les deux battus dans les circonscriptions dont ils étaient sortants, ne peuvent plus prétendre à rentrer au gouvernement.

Ne reste donc que Robert Hue.

Depuis 2009, il est à la tête d’une nouvelle formation politique groupusculaire, le « MUP », Mouvement unitaire pour le progrès. Mais il continue de se prétendre communiste et doit sa notoriété à son passé de secrétaire national du PCF de 1993 à 2001 (puis président du PCF jusqu’en 2003).

Le PS aide le MUP à avoir une existence minimale en termes d’élus et de moyens. Le successeur de Robert Hue comme maire de Montigny-lès-Cormeille, Jean-Noël Carpentier, vient d’être élu député du Val d’Oise. Il était soutenu par le PS au 1er tour. Le PS avait déjà octroyé au MUP quelques places de conseillers régionaux en 2011.

En revanche, Patrice Carvalho, qui vient de retrouver un siège de député dans l’Oise l’a été sous l’étiquette Front de gauche et non MUP. Il avait adhéré au mouvement de Robert Hue en 2009 puis figuré sur la liste PS aux régionales en Picardie (ni sur la liste Front de gauche, ni sur la liste communiste conduite par Maxime Gremetz). Mais il a choisi cette année de faire campagne pour Mélenchon au 1er tour et, dans sa circonscription, le PS a fini par désigner un candidat « divers gauche » à côté de lui.

On aurait tort de penser que Robert Hue et la direction du PCF n’ont plus du tout de rapport.

Jusqu’il y a quelques semaines, il était encore président de la fondation politique du PCF, la fondation « Gabriel Péri ». En septembre 2011, il était candidat désigné par le Front de gauche et le PCF sur la liste socialiste aux sénatoriales. Sa nomination au gouvernement fera d’ailleurs perdre un siège au groupe CRC-SPG au Sénat.

 

Robert Hue, Marie-George Buffet, Pierre Laurent ont initié ensemble le processus de « mutation » du Parti à partir de 1994 qui s’est poursuivi jusqu’aux transformations actuelles, en passant par la participation au gouvernement Jospin. Après l’effondrement électoral de 2002, la personne de Robert Hue a été disqualifiée, sinon sacrifiée. Après le 1,9% de Buffet en 2007, il a pu resurgir mais plus comme avant dans le PCF.

Buffet a été ministre entre 1997 et 2002. Sans doute au poste de ministre délégué à la formation professionnelle, occupé 10 ans auparavant par Mélenchon, Robert Hue le sera à partir de 2012.

A son tour de bénéficier de la récompense de son action politique !