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Fidel Castro recadre la visite d’Obama à Cuba

Repris de l’édition en français de Granma

Le frère Obama, par Fidel Castro

Nous n’avons pas besoin que l’empire nous fasse cadeau de quoi que ce soit. Nos efforts seront légaux et pacifiques, parce que tel est notre engagement envers la paix et la fraternité de tous les êtres humains qui vivons sur cette planète

Auteur: Fidel Castro Ruz | internet@granma.cu

28 mars 2016 18:03:39

Les rois d’Espagne nous ont amenés les conquistadors et les propriétaires, dont les traces sont restées empreintes dans les parcelles de terre circulaires assignées aux chercheurs d’or dans les sables des rivières, une forme abusive et honteuse d’exploitation dont on peut apercevoir encore les vestiges depuis les airs dans de nombreux endroits du pays.

Le tourisme, aujourd’hui, consiste en grande partie à montrer les délices des paysages et à savourer les mets exquis de nos mers, à condition de les partager avec le capital privé des grandes sociétés étrangères, dont les recettes ne méritent aucune attention si elles ne se chiffrent pas par milliards de dollars per capita.

Puisque je me suis vu obligé de mentionner le sujet, je me dois d’ajouter, notamment à l’attention des jeunes, que rares sont ceux qui se rendent compte de l’importance d’une telle condition en ce moment singulier de l’histoire humaine. Je n’irai pas jusqu’à dire que le temps a été perdu, mais je n’hésite pas à affirmer que nous ne sommes pas suffisamment informés, ni vous, ni nous, des connaissances, de la prise de conscience qu’il nous faudrait pour relever les défis de la réalité. La première chose à prendre en compte, c’est que nos vies sont une fraction de seconde au regard de l’Histoire, qu’il faut aussi partager les besoins vitaux de tout être humain. Une des particularités de celui-ci réside dans la tendance à la surévaluation de son rôle, ce qui contraste par ailleurs avec le nombre extraordinaire de personnes qui incarnent les rêves les plus élevés.

Personne, cependant n’est bon ni mauvais en soi. Aucun d’entre nous n’est préparé au rôle qu’il est appelé à assumer dans la société révolutionnaire. En partie, nous, les Cubains, avons eu le privilège de compter sur l’exemple de José Marti. Je me demande même s’il aurait dû mourir ou pas à Dos Rios, lorsqu’il dit « Pour moi, il est temps », et qu’il chargea les forces espagnoles retranchées derrière une solide ligne de feu. Il ne voulait pas retourner aux États-Unis et personne n’aurait pu l’en obliger. Quelqu’un arracha quelques feuilles de son journal. Qui a bien pu commettre cette faute perfide, si ce n’est sans aucun doute un intrigant sans scrupules ? On connaît les divergences qu’il y avait entre les Chefs, mais jamais d’indisciplines.

« Quiconque tentera de s’emparer de Cuba ne recueillera que la poussière de son sol baigné de sang, s’il ne périt pas dans la bataille ! », s’était écrié le glorieux leader noir Antonio Maceo. Maximo Gomez est également reconnu comme le chef militaire le plus discipliné et discret de notre histoire.

Vu sous un autre angle, comment ne pas être saisi d’admiration devant l’indignation de Bonifacio Byrne lorsque, depuis l’embarcation lointaine qui le ramenait à Cuba, ayant aperçu un autre drapeau à côté de la bannière de l’étoile solitaire, déclara : « Mon drapeau est celui qui n’a jamais été mercenaire… », avant d’ajouter aussitôt l’une des plus belles phrases qu’il m’ait été donné d’entendre : « Si un jour mon drapeau est déchiré en petits morceaux / nos morts levant les bras / sauront encore le défendre ! » Jamais je n’oublierai non plus les paroles enflammées de Camilo Cienfuegos ce soir-là, lorsqu’à plusieurs dizaine de mètres des bazookas et des mitrailleuses d’origine nord-américaine aux mains de contre-révolutionnaires, était braquées sur la terrasse où nous étions. Obama était né en août 1961, comme il l’a lui-même expliqué. Plus d’un demi-siècle devait s’écouler depuis ce moment-là.

Voyons cependant comment pense aujourd’hui notre illustre visiteur :

« Je suis venu pour enterrer les derniers vestiges de la guerre froide dans les Amériques. Je suis venu tendre la main de l’amitié au peuple cubain ».

Tout de suite après, un déluge de concepts, complètement nouveaux pour la plupart d’entre nous :

« Vous comme nous, nous vivons dans un nouveau monde colonisés par les Européens », devait ajouter le Président des États-Unis. « Cuba, à l’instar des États-Unis, a été construite en partie par les esclaves amenés ici en provenance d’Afrique. Comme les États-Unis, le peuple cubain a un héritage d’esclaves et d’esclavagistes ».

Les populations autochtones n’existent en rien dans l’esprit d’Obama. Il ne dit pas non plus que la discrimination raciale fut balayée par la Révolution ; que les retraites et les salaires de tous les Cubains furent décrétés par cette même Révolution avant que M. Obama lui-même n’est fêté ses 10 ans. L’odieuse habitude bourgeoise et raciste d’engager des sbires pour que les citoyens noirs soient expulsés des centres de loisirs fut balayée par la Révolution cubaine. Celle-ci entrera dans l’Histoire pour la bataille qu’elle a livrée en Angola contre l’apartheid, en mettant fin à la présence d’armes nucléaires dans un continent de plus d’un milliard d’habitants. Tel n’était pas le but de notre solidarité, mais d’aider les peuples d’Angola, du Mozambique, de Guinée Bissau et autres de la domination coloniale fasciste du Portugal.

En 1961, à peine un an et trois mois après le triomphe de la Révolution, une force mercenaire équipée de canons et d’infanterie blindée et d’avions, entraînée et escortée par des bâtiments de guerre et des porte-avions des États-Unis, lança une attaque surprise contre notre pays. Rien ne pourra justifier cette attaque en traître qui coûta à notre pays des centaines de pertes, entre morts et blessés. Sur cette brigade d’assaut pro-yankee, il n’est établi nulle part qu’un seul mercenaire aurait pu être évacué. Des avions de combats yankees furent présentés aux Nations Unies comme appartenant à des forces cubaines mutinées.

Nous connaissons largement l’expérience militaire et la puissance de ce pays. En Afrique, ils ont également cru que la Cuba révolutionnaire serait facilement mise hors de combat. L’attaque lancée par le sud de l’Angola par les brigades motorisées de l’Afrique du Sud raciste les amena aux abords de Luanda, la capitale de ce pays. Ici s’engagea une bataille qui allait durer pas moins de 15 ans. Je ne parlerais même pas de ces choses-là, s’il n’avait pas été de mon devoir élémentaire de répondre au discours d’Obama au Grand théâtre de La Havane Alicia Alonso.

Je ne tenterai pas non plus de donner des détails. Je tiens juste à souligner que sur ces terres fut écrite une page glorieuse de la lutte pour la libération de l’être humain. D’une certaine manière, j’aurais souhaité que la conduite d’Obama fût correcte. Ses origines humbles et son intelligence naturelle étaient évidentes. Mandela était prisonnier à vie et il était devenu un géant de la lutte pour la dignité humaine. Un jour, j’ai pu avoir entre mes mains une copie du livre qui raconte une partie de la vie de Mandela, et quelle ne fut pas ma surprise en découvrant qu’elle était préfacée par Barack Obama. Je l’ai feuilleté rapidement. C’était incroyable de voir l’écriture minuscule de Mandela, ses notes précisant des données. Cela vaut la peine d’avoir connu des hommes tels que lui.

Concernant l’épisode d’Afrique du Sud, j’aimerais rappeler une autre expérience. Je souhaitais vraiment connaître plus en détails la manière dont les Sud-africains s’étaient procuré les armes nucléaires. Je ne disposais que de l’information précise selon laquelle ils n’avaient pas plus de 10 ou 12 bombes. Une source de confiance serait le professeur et chercheur Piero Gleijeses, qui avait rédigé le texte de « Missions en conflit : La Havane, Washington et l’Afrique 1959-1976 », un excellent travail. Je savais qu’il constituait la source la plus sûre sur ces événements, et je le lui ai fait savoir. Il m’a répondu qu’il n’avait plus reparlé de la question, car dans le texte il avait répondu à la question du camarade Jorge Risquet, qui avait été ambassadeur ou coopérant cubain en Angola, et dont il était un ami très proche. J’ai réussi à joindre Risquet, qui s’acquittait d’autres tâches importantes et était attelé à terminer un cours qui devait encore lui prendre quelques semaines. Cette tâche coïncida avec un voyage assez récent de Piero à notre pays. Je lui avais fait savoir que Risquet avait un certain âge et que son état de santé n’était pas optimal. Quelques jours après, il s’est passé ce que je redoutais. L’état de Risquet a empiré et il est décédé. À l’arrivée de Piero, il n’y avait plus rien à faire, à part des promesses, mais j’avais quand même pu obtenir des informations sur ce qui avait trait à ce genre d’armes et sur l’aide que l’Afrique du Sud raciste avait obtenue de Reagan et d’Israël.

J’ignore ce qu’Obama aura à dire sur cette histoire. J’ignore ce qu’il savait ou pas, même s’il est difficile de croire qu’il ne savait absolument rien. Ma modeste suggestion est qu’il réfléchisse et qu’il n’essaie pas d’élaborer des théories sur la politique cubaine.

Il y a une question importante :

Obama a prononcé un discours où il utilise des mots mielleux pour signaler : « Il est temps d’oublier le passé, laissons le passé en arrière, regardons vers l’avenir, regardons-le ensemble, un avenir d’espoir. Et ceci ne sera pas facile, il y aura des défis, et nous allons leur laisser le temps. Mais mon séjour ici me remplit d’espoir sur ce que nous pouvons faire ensemble comme des amis, comme des familles, comme des voisins, ensemble ».

Il est à supposer que chacun d’entre nous a frôlé l’infarctus en écoutant ces paroles du Président des États-Unis. Après un blocus impitoyable qui dure depuis près de 60 ans… et ceux qui sont morts victimes des attaques mercenaires contre des bateaux et des ports cubains… un avion de ligne plein de passagers fait exploser en plein vol, des invasions mercenaires, toutes sortes d’actes de violence et de force ?

Que personne ne se fasse d’illusions sur le fait que le peuple de ce pays noble et désintéressé renoncera à la gloire et aux droits, à la richesse spirituelle qu’il a acquise par le développement de l’éducation, la science et la culture.

J’avertis en outre que nous sommes capables de produire des aliments et les richesses matérielles dont nous avons besoin grâce aux efforts et à l’intelligence de notre peuple. Nous n’avons pas besoin que l’empire nous fasse cadeau de quoi que ce soit. Nos efforts seront légaux et pacifiques, parce que tel est notre engagement envers la paix et la fraternité de tous les êtres humains qui vivons sur cette planète.

Solidarité avec Cuba! Déclaration d’organisations pacifistes, membres du Conseil mondial de la Paix, à l’occasion de la visite d’Obama à Cuba

Déclaration d’organisations pacifistes, membres du Conseil mondial de la Paix, à l’occasion de la visite d’Obama à Cuba

Traduction MlN pour « Solidarité internationale PCF – vivelepcf », 21 mars 2016  (Sur la visite d’Obama, voir aussi « Si le Gouvernement des États-Unis souhaite vraiment aider le peuple cubain, le blocus doit être levé »

A l’occasion de la visite du Président des Etats-Unis à Cuba, du 20 au 22 mars 2016, les organisations signataires de cette déclaration décident :

-          De manifester leur solidarité avec Cuba et son peuple héroïque qui résistent, depuis plus de 50 ans, à l’inadmissible blocus économique, commercial et financier imposé par les Etats-Unis. Il est toujours en vigueur, y compris avec ses dispositions extraterritoriales. Nous en exigeons la levée immédiate.

-          D’exprimer leur soutien avec la lutte de Cuba pour la suppression de la base navale américaine implantée à Guantanamo, depuis plus de 100 ans contre la volonté du peuple cubain et de réaffirmer leur exigence que la souveraineté de Cuba sur ce territoire soit respectée et qu’il soit restitué à Cuba ;

-          De réaffirmer l’exigence que la volonté souveraine du peuple cubain, la souveraineté et l’indépendance de Cuba soient respectées et que cessent toutes les pressions et formes d’ingérence des Etats-Unis contre Cuba, que soit mis fin au plan politique de « changement de régime à Cuba ».

-          De saluer la solidarité de Cuba avec les peuples et les pays menacés par les ingérences et les agressions impérialistes, comme la République Bolivarienne du Venezuela et le peuple vénézuélien, qui défendent leur souveraineté face à l’opération de déstabilisation des Etats-Unis.

-          De saluer, une fois encore, le rôle constant de Cuba dans la défense de la Paix, encore récemment avec son engagement dans la proclamation de région Amérique latine et Caraïbes comme « zone de paix » dans le cadre de la CELAC (Communauté des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes) réunie à La Havane les 28 et 29 janvier 2014. Cette proclamation comprend la reconnaissance absolue de l’indépendance et de la souveraineté, du droit inaliénable de tout Etat de décider de son système politique, économique, social et culturel sans aucune ingérence, des principes d’égalité et de réciprocité entre les Etats.

-          De saluer la résistance, le courage et la cohérence de Cuba et de son peuple dans la défense de leur cause patriotique et internationaliste, de leur Révolution, porteuse d’espoir pour les luttes des peuples pour la liberté, les droits humains, la souveraineté, la justice et le progrès social, pour la Paix.

Signataires :

Centre brésilien de Solidarité entre les peuples et de lutte pour la Paix

Association civile des soldats contre la guerre – République Tchèque

Conseil de la Paix de Chypre

Comité finnois pour la Paix

Conseil allemand de la Paix

Comité grec pour la détente internationale et la Paix

INTAL – Belgique

Mouvement de la Paix, France

Alliance pour la Paix et la neutralité – Irlande

Association pour la Paix de Turquie

Conseil portugais pour la Paix et la coopération

Si le Gouvernement des États-Unis souhaite vraiment aider le peuple cubain, le blocus doit être levé

La visite et l’accueil du président des Etats-Unis, Barack Obama, à Cuba du 20 au 23 mars 2016, marquent une nouvelle étape dans le processus de détente entre les deux pays, après le rétablissement des relations diplomatiques l’été dernier. L’affrontement politique et économique, depuis toujours inégal mais marqué par la formidable capacité de résistance du peuple cubain, persiste. Mais il prend une nouvelle forme, moins agressive, dans des conditions internationales, continentales et nationales qui ont changé. Derrières les sourires présidentielles cependant, de nombreuses questions restent en suspens. L’impérialisme US se garde toujours de restituer, par exemple, à Cuba la base militaire de Guantanamo. Il dose savamment le relâchement du blocus économique sans le lever. Sur ce sujet, nous reprenons ci-dessous une déclaration du ministre cubain des relations extérieures. Le gouvernement français suit l’impérialisme américain dans sa nouvelle stratégie, comme en a témoigné récemment la visite du président Raul Castro à Paris et le dîner donné en son honneur. On notera que les autorités françaises s’abstiennent, malgré le changement de cours, de demander aux Etats-Unis le remboursement, du moins pour du préjudice subi par le fisc français, des amendes indignes et scandaleuses qu’ils ont infligées au Crédit Agricole et à la BNP-Paribas pour leurs échanges avec Cuba…   (Solidarité internationale PCF – vivelepcf)

Si le Gouvernement des États-Unis souhaite vraiment aider le peuple cubain, le blocus doit être levé

Déclaration du 17 mars 2016, de Bruno Rodriguez Parrilla, ministre cubain des relations extérieures, à propos de la visite à La Havane du président des Etats-Unis, Barack Obama, traduction reprise de l’édition en français du journal Granma, organe officiel du Comité central du Parti communiste cubain.  

Le 15 mars, les Départements du Trésor et du Commerce ont émis de nouvelles dispositions qui modifient l’application de certains aspects du blocus exercé par les États-Unis contre Cuba.

Il s’agit de la quatrième annonce de ce genre de la part du gouvernement des USA après le 17 décembre 2014, date à laquelle les présidents des deux pays ont annoncé leur décision de rétablir les relations diplomatiques.

À l’heure actuelle, nous étudions leur portée afin de confirmer leur viabilité.

Toutefois, à titre préliminaire, on peut affirmer que ces mesures sont positives.

Certaines d’entre elles élargissent la portée de celles qui avaient adoptées auparavant, comme c’est le cas de la disposition autorisant les voyages individuels pour les échanges éducatifs « de peuple à peuple ». Cependant, il faut rappeler que l’interdiction aux citoyens des États-Unis de voyager librement à Cuba est toujours en vigueur, cette compétence relevant du Congrès.

L’autorisation d’utiliser le dollar dans les transactions internationales de Cuba, qui a été ajoutée à ce nouveau paquet de mesures, concerne un aspect important du blocus. Pour que cette mesure soit viable, il faudrait une déclaration politique et des instructions claires et précises de la part du Gouvernement des États-Unis offrant une sécurité juridique et politique aux banques, pour qu’une fin soit mise à la traque financière et inverser les effets intimidants des sanctions imposées au fil des ans aux institutions financières nord-américaines et de pays tiers pour avoir entretenu des rapports légitimes avec Cuba.

Dans les prochains jours, nous allons tenter d’effectuer des transferts en dollars pour vérifier s’ils peuvent vraiment être réalisés, et si les banques ont reçu les instructions leur permettant de faire des opérations avec Cuba sans crainte d’être pénalisées.

Par ailleurs, nous espérons que, dorénavant, des sanctions comme celles infligées à d’importantes banques comme la Commerzbank et le Crédit Agricole, pour ne mentionner que les cas les plus récents, ne se répéteront plus, et que des institutions financières étrangères ne refuseront plus d’entretenir des rapports avec notre pays.

La mesure concernant l’utilisation du dollar ne signifie pas une normalisation des relations bancaires entre Cuba et les États-Unis. Les banques cubaines ne peuvent pas ouvrir de comptes dans les banques nord-américaines. En conséquence, il nous faudra continuer de réaliser nos transactions à travers des pays tiers, ce qui renchérit le coût des opérations et complexifie les démarches.

Le reste des mesures mises en vigueur ne modifient pas l’application des éléments médullaires du blocus. Par exemple :

•    On ne permet pas d’investissements dans notre pays au-delà de ceux déjà approuvés dans le secteur des télécommunications.

•    L’interdiction frappant les importations de produits cubains aux États-Unis, y compris de médicaments et de produits biotechnologiques, est toujours en vigueur, si bien que le commerce bilatéral restreint autorisé demeure essentiellement unidirectionnel. Seule la prohibition absurde aux citoyens étasuniens de consommer des produits et recevoir des services cubains dans des pays tiers a été modifiée.

•    Les restrictions en vigueur concernant les exportations des USA vers Cuba ne changent pas. Elles sont limitées et excluent des secteurs clés de l’économie cubaine.

•   La disposition qui interdit l’accès aux ports nord-américains, pour une période de 180 jours, aux navires de tiers pays ayant qui mouillent dans des ports cubains –ce qui occasionne des pertes au titre des frets –, est toujours en vigueur. La seule disposition adoptée à ce sujet n’avait pas pour but de favoriser Cuba, mais de rendre plus rentables les opérations des compagnies de navigation étasuniennes.

•   Des citoyens et des entreprises cubaines et d’autres pays figurent toujours sur une liste arbitraire connue comme « nationaux spécialement désignés », qui les empêche de réaliser des transactions avec des entités des États-Unis et leurs filiales.

Toutes ces restrictions peuvent être éliminées à travers des décisions exécutives.

La réalité, c’est que le blocus est toujours en vigueur. Le Secrétaire du Trésor Jack Lew a lui-même reconnu, il y a deux jours, que le blocus limite encore « très, très significativement» le volume des transactions entre Cuba et les États-Unis.

Le blocus a aussi des composantes dissuasives et punitives. Voici quelques exemples :

•   Des entreprises étasuniennes et étrangères ont encore récemment été condamnées à verser des amendes pour avoir offert des services et du matériel d’origine étasunien à Cuba.

•    Des entreprises étrangères qui commercialisent du nickel et du rhum cubain ont été privées de leurs lignes de crédits, et leurs transferts ont été refusés, même dans des monnaies autres que le dollar US.

•   Des banques étrangères ont fermé les comptes bancaires dans d’autres monnaies à du personnel de la santé cubain qui apporte sa coopération dans des pays d’Afrique.

•   Des filiales d’entreprises étasuniennes dans des pays tiers refusent leurs services aux missions diplomatiques et aux entités cubaines à l’étranger.

Le blocus constitue le principal obstacle au développement économique de Cuba et impose des privations au peuple cubain.

C’est pourquoi son élimination sera essentielle pour normaliser les relations entre nos deux pays.

De hauts fonctionnaires étasuniens ont affirmé que l’objectif des mesures approuvées était d’ « autonomiser » le peuple cubain. Si le Gouvernement des États-Unis souhaite vraiment aider le peuple cubain, le blocus doit être levé.

Nous reconnaissons la position du président Obama contre le blocus, ainsi que les nombreux appels qu’il a lancés au Congrès en faveur de sa levée.

Nous espérons que le Congrès des États-Unis agira en conséquence face à une revendication quasi-unanime de la communauté internationale et de secteurs de plus en plus vastes de la société et de l’opinion publique des États-Unis.

Cuba est engagée dans la construction d’une nouvelle relation avec les États-Unis, dans le plein respect de sa souveraineté et fidèlement attachée à ses principes de justice sociale et de solidarité.

Cependant, personne ne peut prétendre que Cuba doive renoncer à un seul de ses principes, ni à sa politique extérieure engagée envers les causes justes du monde et la défense de l’autodétermination des peuples.

Dans les prochains jours, nous accueillerons le Président des États-Unis avec l’hospitalité qui nous distingue, et avec le respect et la considération qui lui sont dues en sa qualité de chef d’État.

Ce sera pour lui l’occasion de connaître notre réalité et un peuple noble, digne et doté d’un sens élevé du patriotisme, un peuple qui lutte pour un avenir meilleur malgré toutes les adversités qu’il a dû affronter.

Le président des États-Unis pourra apprécier directement une nation absorbée dans son développement économique et social, dans son travail pour améliorer le bien-être de ses citoyens. Un peuple qui jouit de droits et peut afficher des acquis qui constituent une chimère pour beaucoup de pays du monde, en dépit des limitations découlant de son double statut de pays soumis à un blocus et de pays sous-développé.

Ce sera aussi une occasion importante pour identifier les nouveaux pas qui pourraient être franchis dans les prochains mois, comme une contribution au processus d’amélioration des relations, sur des bases de respect et d’égalité, au profit de nos deux pays et de nos deux peuples.

Scandale des navires Mistral remboursés à la Russie : à quels intérêts obéissent Hollande et le gouvernement ?

vivelepcf, 13 août 2015

Il est revenu au ministre de la Défense Le Drian d’essayer de minimiser l’ampleur du scandale, au cœur de l’été. Mais à hauteur de 1, de 1,5 ou de 2 milliards d’euros, le coût définitif pour l’Etat du refus de livrer les Mistral à la Russie sera de toute façon colossal, même s’il se retrouvait un jour un autre acheteur les navires (après lourdes transformations). Pour donner une idée, cela représente entre 30 et 60 euros de plus sur l’avis d’imposition que chaque foyer fiscal reçoit en ce moment, au moment où tout est bon pour appeler la population à se serrer la ceinture.

On peine à imaginer que Hollande et son gouvernement aient pris une telle décision à la légère, d’autant plus qu’elle fait la pire publicité mondiale possible à l’une des rares activités économiques qu’ils choient : les ventes d’armes. Ils semblent avoir d’ailleurs hésité pendant presque deux ans.

La raison officielle invoquée est l’impossibilité de livrer des armes à un acteur présumé de la guerre (civile) en Ukraine. Elle n’est pas du tout convaincante.

On peut balayer d’un revers de main toute considération  morale. Parmi les premiers acheteurs d’armes françaises, on trouve certaines des plus sordides dictatures de la planète, à commencer par le tout premier, l’Arabie Saoudite, vite suivie par les Emirats, le Qatar, le Maroc. Les armes françaises ont, pour ces régimes agressifs, une importance sans comparaison avec ce que les 2 porte-hélicoptères Mistral peuvent bien représenter dans l’arsenal de la superpuissance militaire russe.

Concernant la guerre en Ukraine, susceptible de repasser à une phase « chaude », les deux Mistral ne sont pas des armements opérationnels. Toujours dans le domaine de l’hypocrisie, le soutien militaire de l’OTAN, y compris en mercenaires, au pouvoir de Kiev est avéré.

Si Hollande voulait vraiment sanctionner la Russie, l’annulation de la vente des Mistral est un échec complet. L’Etat russe rentre largement dans ses fonds (d’autant plus qu’entre-temps le rouble s’est fortement déprécié). Les transferts de technologie de la France vers la Russie ont eu lieu, pour la plus grande satisfaction de l’état-major et du complexe militaro-industriel russes, ce dernier récupérant le contrat de construction des porte-hélicoptères.

Sans effet militaire ou économique, la décision de Hollande est donc exclusivement politique. Trois signes politiques semblent donnés au peuple français et au monde:

1°- La France cède au régime de Kiev de Porochenko, issu d’un coup d’Etat, favorisant les fascistes, la xénophobie et la guerre et lui apporte un soutien encore plus appuyé.

2°- La France choisit de faire de la surenchère dans la montée de l’antagonisme entre les impérialismes occidentaux et la puissance russe, dont la lutte d’influence en Ukraine est un théâtre.

3°- La France obéit aux pressions extérieures, d’abord celles des autorités américaines – Obama sur ce sujet en juin 2014 : « je pense qu’il serait préférable d’appuyer sur le bouton pause » –  également d’autres pays comme la Pologne qui a conditionné certains marchés à la non-livraison des Mistral.

En outre, les marchands d’armes étrangers ne sont pas mécontents de voir le concurrent français discrédité…

On notera, presqu’avec amusement, qu’Israël a continué depuis 2009 et continue en 2015 de vendre des drones militaires (de « Isreli Aerospace Industries ») à la Russie, en prenant soin de rester neutre sur l’Ukraine. Seule une éventuelle aide militaire russe à l’Iran pourrait clore cette opération cette année.

L’annulation de la vente des Mistral est un scandale susceptible d’avoir de lourdes répercussions. Communistes, nous la condamnons.

D’autres le font avec des positions totalement opposées aux nôtres : les défenseurs du lobby militaro-industriel français, les partisans d’une plus grande autonomie de l’impérialisme français dans le bloc OTAN-UE, les relais poutiniens en France (souvenons-nous que Poutine a fait financer le FN…) etc. Un appel regroupant, entre autres, des députés et personnalités comme Dupont-Aignan, Goasguen, Mariani, Balkany, Sapir … réunit ces tendances. Nous n’avons rien à voir avec ces gens-là.

Le Parlement devrait être saisi de l’accord de remboursement de la Russie. Il est temps d’ici là de dénoncer le scandale, le préjudice au peuple français, d’élever la lutte contre les orientations de la politique extérieure du gouvernement, combinées à celles de l’UE et de l’OTAN.