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Mélenchon/PCF/Libye : il faudrait savoir qui défend quelle position !

Vivelepcf, 16 mars 2011
Dans un récent article, nous avons constaté et dénoncé le vote de deux élus du Front de gauche au Parlement européen, Jean-Luc Mélenchon et Marie-Christine Vergiat en faveur d’une résolution invitant les Etats de l’UE à se « tenir prêts » à une forme d’intervention militaire en Libye.

Un article de Jacques Fath dans le supplément « Communistes » de l’Humanité du 16 mars 2011 confirme « l’opposition totale de la direction de notre parti, le PCF, à toute intervention militaire ».

Mais sur son blog, Jean-Luc Mélenchon affirme qu’il a « fixé son vote en accord avec la direction du PCF ». Les deux députés européens, membres du PCF, étaient absents.

Il faudrait savoir ! Mélenchon et ses concitoyens du PG ont la fâcheuse tendance à s’approprier les voix et la légitimité du PCF pour défendre leurs propreDs positions, souvent fondamentalement différentes, sinon de celles des plus ardents partisans du « Front de gauche » dans le PCF, de celles qu’ont toujours défendues les communistes, en l’occurrence l’anti-impérialisme.

Ces désaccords, sur des questions aussi importantes ne sauraient être occultés.

Une répartition des positions dans un « Front de gauche » attrape-tout, tiré vers la droite, est inacceptable.

Contre toute intervention militaire en Libye !

Deux députés européens « Front de gauche » votent au contraire une motion appelant l’UE « à se tenir prêt » à une intervention en Libye.  

 

Vivelepcf – 14 mars 2011

 

Le 10 mars, Sarkozy et Cameron annoncent qu’ils se proposent de frapper de « façon ciblée » la Libye. Le même jour, le Parlement européen votent, à une grande majorité, une motion appelant les gouvernements de l’UE à se « tenir prêts » à intervenir en Libye.

Cette motion s’en tient à la création d’une « zone d’exclusion aérienne », en cas de mandat de l’ONU.  Cela signifie bien déjà une intervention militaire pouvant aller jusqu’au bombardement des bases de défense antiaériennes libyennes.

Comme Sarkozy, le Parlement européen demande que soit reconnu et soutenu le « Conseil provisoire libyen ».

 

Communistes, nous ne pouvons que condamner cette perspective guerrière.

 

Depuis des années, la France et les autres pays européens figurent parmi les 1ers fournisseurs d’armes et investisseurs de la Libye de Kadhafi. On se souvient des tapis rouges étalés en son honneur par Sarkozy en 2007, notamment dans l’espoir de lui faire acheter des avions Rafales.

La contestation populaire contre la dictature a commencé – seulement commencé – à changer la donne en Libye.

Les impérialismes, d’abord l’OTAN et ses relais européens pensent à utiliser la situation pour renforcer leur position dans cet important producteur de pétrole. Le « Conseil provisoire », peu identifiable, dirigé par d’anciens ministres de Kadhafi, s’est mis à la tête de la révolte populaire à défaut d’organisations progressistes structurées. Il pourrait constituer un partenaire bien plus accommodant que Kadhafi pour les puissances occidentales. Un démembrement, avec ou sans maintien partiel de Kadhafi, du pays pourrait être le moyen de renforcer les intérêts des grands groupes capitalistes.

 

Il n’y a pas à voir d’autres objectifs aux interventionnistes européens, surtout pas humanitaires ou démocratiques. En janvier encore, on le sait, l’ex-ministre Alliot-Marie proposait d’aider Ben Ali à maintenir l’ordre en Tunisie…

Les Etats-Unis, d’autres pays d’Europe, restent en retrait sur les déclarations européennes. La possibilité d’un rétablissement militaire et politique rapide du pouvoir de Kadhafi invite à ne pas abattre d’un coup les anciennes cartes.

 

Cette analyse ne peut que conduire les communistes à refuser toute intervention militaire étrangère en Libye, y compris l’établissement d’une « zone d’exclusion aérienne ». Les précédents des guerres en Irak ou en Afghanistan sont édifiants quant aux conséquences tragiques pour les peuples des menées militaires impérialistes, de l’escalade guerrière, même auréolés des plus beaux prétextes. Elle constituerait aussi un nouveau précédent de violation du droit international.

 

La direction du PCF, dans un communiqué, a mis en garde contre « les risques d’engrenage guerriers avec les propositions de Sarkozy ».

 

Mais, au Parlement européen, les députés du « Front de gauche », Marie-Christine Vergiat et Jean-Luc Mélenchon (élus grâce aux voix communistes aux élections de juin) se sont associés à la motion émanant des groupes de droite, socio-démocrates, écologistes. Le député allemand de « die Linke », président du groupe GUE-NGL et ex-président du PGE, Lothar Bisky a fait de même, ainsi que les députés portugais du Bloc des Gauches et grecs de Synpsysmos, respectivement organisations du PGE qui combattent les partis communistes dans leur pays.

A l’inverse, la plupart des députés communistes des pays d’Europe ont voté contre. Les deux députés du PCF étaient absents.

Sur une question aussi grave, on mesure une fois de plus de quel côté pèse sur le PCF et les partis communistes la stratégie du « Front de gauche », celle du PGE.

En 1999, la même stratégie de dilution du PCF était déjà à l’œuvre avec la liste « Bouge l’Europe » aux élections européennes qui panachait un candidat membre du PCF et une personnalité de « gauche ». On s’était retrouvé, en pleine campagne électorale, avec un candidat sur deux favorables aux frappes aériennes en Yougoslavie !

 

La solidarité avec les peuples, avec les travailleurs en lutte contre les dictatures, dont celle de Kadhafi, ne viendra pas des Etats impérialistes qui l’ont soutenues et les soutiennent dans leur propre intérêt.