Brève, vivelepcf, 18 avril 2013

Le Parlement vient d’adopter définitivement le projet de loi du gouvernement modifiant le mode de scrutin pour les élections cantonales. L’innovation, « unique au monde » selon le ministre, représente à la fois un recul démocratique et une interférence malvenue dans des débats de société brûlants.

Au nom de la parité, pour corriger la faible proportion de femmes dans les conseils généraux, l’élection se déroulera dans le cadre de nouveaux cantons, deux fois moins nombreux que ceux qui existent actuellement. Dans chacune de ces nouvelles circonscriptions cantonales, les électeurs voteront, non pour élire un conseiller général, mais deux « conseillers départementaux », selon la nouvelle dénomination. Ils ne voteront pas sur des candidatures individuelles mais pour des ensembles de deux candidatures, nécessairement un homme et une femme.

On mesure la limpidité de ce nouveau système…

Comme les parlementaires communistes l’ont dénoncé, il aggrave encore l’injustice profonde du scrutin majoritaire. Le PS, tout comme l’UMP précédemment, a rejeté l’introduction de la proportionnelle. Avec des cantons deux fois plus grands, en moyenne de 30.000 habitants, l’expression locale est diluée. Pas de proportionnelle, moins de proximité : la « bipolarisation » est encore davantage favorisée.

D’ici 2015, et non 2014 puisque le gouvernement a fait voter le report d’un an des élections cantonales et régionales, on va assister au spectacle affligeant des manœuvres et jeux d’influence sur le redécoupage, le charcutage, des nouveaux cantons. Il a déjà commencé. C’est vraiment bienvenu dans un contexte de remise en cause des institutions !

Et que penser de l’obligation de constituer obligatoirement des couples hommes-femmes ? Un mariage paritaire forcé ? Ce serait presque risible !

La réflexion sur les effets de la « parité » doit s’approfondir. Il y a parité pour les scrutins de liste, municipal, régional depuis plusieurs élections. Pour autant, dès que le mode de scrutin est majoritaire, comme aux législatives ou aux cantonales, l’immense majorité des élus continue à des être des hommes. Voilà qui devrait poser question sur l’efficacité de la politique de quotas de femmes, pour donner son nom réel à la parité.

Proportionnelle intégrale, statut de l’élu, politique égalitaire volontariste en termes de garde des enfants, de limitation du travail partiel et tant d’autres choses : la « parité » ne remplace pas la transformation des conditions structurelles qui maintiennent la sous-représentation politique des femmes.  Le PCF, dès son origine a été le parti le plus féminisée dans ses responsables et ses élus. Pas par hasard, par sa nature de classe.

Sur la « parité », le débat reste ouvert.

Mais utiliser le prétexte de la parité pour justifier un nouveau recul démocratique, avec le nouveau mode de scrutin cantonal, c’est inacceptable !