Vivelepcf, 20 avril 2014

Il y a 70 ans, le 21 avril 1944 était promulguée, par le Gouvernement provisoire de la République française (siégeant à Alger), l’ordonnance dont l’article 17 déclare : « les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes ».

Après 1918, le Sénat et sa majorité de notables de droite et de « centre gauche » n’avait cessé de bloquer une réforme adoptée dans la plupart des pays se disant démocratiques. On aura pu penser qu’au printemps 1944, à la veille de la Libération, avec le rôle joué par les femmes dans la vie économique et la Résistance, la digue réactionnaire, une dernière fois colmatée par le régime de Vichy, céderait sans peine.

Et non ! Au sein de la Commission de l’Assemblée nationale consultative, les partisans du droit de vote des femmes ont encore dû batailler ferme, notamment son président, le député communiste et résistant communiste Fernand Grenier.

Des  politiciens « radicaux », « socialistes » (dont le futur président Vincent Auriol), ou le futur corédacteur (si honoré) de la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948, René Cassin, font de l’obstruction. Eligibilité oui, mais droit de vote, pas tout de suite ! Il y aurait trop de femmes en France en proportion, avec tous les hommes retenus en Allemagne. L’administration ne serait jamais prête à temps pour dresser les listes électorales à la libération…

Fernand Grenier doit déjouer leurs calculs antiféministes en imposant le vote d’un amendement stipulant le droit de vote et d’éligibilité des femmes « dans les mêmes conditions que les hommes ».

« L’éloignement de leur foyer de nombreux prisonniers et déportés qui ont été remplacés dans leurs tâches par leurs femmes confère à ces dernières un droit encore plus fort de voter dès les premières élections » argumente-t-il les prenant à revers.

L’amendement est adopté par 51 voix contre 14.

Fernand Grenier était déjà intervenu en séance en janvier 1944 au nom de la Résistance intérieure : « La femme de France doit avoir le droit et le devoir de s’occuper de la chose publique…

… Il serait même de mon désir que l’Assemblée consultative affirmât que la femme française est électrice et éligible, afin que nous lui manifestions notre solidarité et notre volonté de ne plus la traiter en mineure et en inférieure. »

Fernand Grenier prolonge la position constante d’avant-garde du PCF qui l’avait conduit, par exemple, à présenter et faire élire des femmes aux élections municipales de 1925 alors qu’elles n’étaient pas officiellement éligibles.

De l’égalité des droits, de la fin des discriminations légales, à l’égalité réelle, le pas est loin d’être franchi. Par l’implication des femmes, notamment des travailleuses, dans la vie sociale et politique, par la revendication permanente des conditions de cette implication dans la société (loin d’une logique de quotas), le PCF n’a cessé de poursuivre son combat, auquel Fernand Grenier aura apporté une contribution historique.