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« Je l’espère, un grand nombre de socialistes européens seront élus », Bernadette Ségol (Confédération européenne des syndicats -CES)

Vivelepcf, 6 mars 2014

Il est plus facile de faire passer une vessie pour une lanterne que la Confédération européenne des syndicats (CES) pour une force de contestation de l’Europe du capital. Il y a peu de temps encore, ce conglomérat d’appareils syndicaux réformistes se lançait dans une croisade pour le traité de Lisbonne, contre toute dissidence nationale, notamment en Irlande.

Aujourd’hui, le rejet par les travailleurs et les peuples de l’Union européenne, sa perte de légitimité, atteignent des niveaux inédits après le massacre des droits sociaux dans les pays avec l’euro, au nom de la crise.

Les technocrates de la CES ont adapté leur discours de promotion de « l’Europe sociale ». Ils critiquent maintenant « l’austérité aveugle », appellent à un « plan de croissance » européen (donc capitaliste), au développement du « dialogue social européen ». Ces formules n’ont qu’un but : venir à la rescousse de l’UE et de ses institutions, précisément elles qui coordonnent l’austérité avec l’euro, qui appuient les gouvernements nationaux de droite ou de « gauche » dans leur politique de casse sociale.

Le « modèle social européen » que défend la CES n’existe pas hors de la « concurrence libre et non faussée » énoncée priorité dès le traité de Rome de 1957. Rappelons-le !

La CES, comme d’autres acteurs, entend faire de la campagne des élections européennes un moment de propagande majeur pour réhabiliter l’UE. Le repoussoir des « populismes anti-européens », le mythe de la « paix avec l’Europe » sont repris en boucle.

La CES, lobbyiste professionnelle, promeut particulièrement le Parlement européen, la démocratie à l’échelon supranational où elle ne peut pas exister, même en caricature… Elle insiste sur son nouveau rôle factice et trompeur : le PE devra approuver la désignation du futur président de la Commission européenne (les autres membres sont nommés par le Conseil européen, c’est-à-dire les gouvernements).

Bernadette Ségol et Martin Schulz

Le 3 mars 2014, Bernadette Ségol, secrétaire générale de la CES (une technocrate française qui n’a jamais appartenu à un syndicat de salariés français…) est ainsi venue apporter le soutien de la CES au congrès électoral du Parti socialiste européen, le PSE qui regroupe le PS de François Hollande et ses alter ego des autres pays.

« Fin mai, je l’espère, un grand nombre de socialistes européens seront élus » dit-elle avant de conclure par un message : « Nous attendons des actes politiques courageux pour inverser les tendances actuelles. Martin, je suis certaine que tu as compris ce message. Nous continuerons alors comme nous l’avons fait jusqu’ici à travailler avec vous ». Quelle audace !

Martin ? C’est Martin Schulz, président social-démocrate allemand, du groupe PSE au PE et candidat à la présidence de la Commission européenne.

Les connivences de la CES avec la social-démocratie, comme avec les eurocrates, ne représentent guère un scoop. Mais il n’est pas inutile de les rappeler quand en France, les dirigeants du Parti de la gauche européenne (PGE), et certains leaders syndicalistes CGT, nous invitent systématiquement à nous aligner sur les initiatives de la CES.

Pour la présidence du la Commission, le PGE porte un autre héraut que Martin Schultz, le Grec Alexis Tsipras. La direction du PCF et Mélenchon en ont déjà fait le chef de file supranational de la campagne du Front de gauche en France (sans consulter les communistes).

Défendre une candidature à la présidence de la Commission européenne : on ne peut mieux collaborer à la mascarade et à la tentative de réhabilitation des institutions européennes ! Nous ne cessons de le dénoncer.

Soutenir Tsipras démarque-t-il malgré tout le PGE, Mélenchon et la direction du PCF de la CES social-démocrate ?

Que non ! Bernadette Ségol était invitée d’honneur du congrès du PGE à Madrid de décembre 2013 ! Son cœur est assez grand pour soutenir Schulz et Tsipras à la fois! Il faut dire que Tsipras érige en priorité absolue la défense de l’euro…  

La CES sait reconnaître ses amis, ceux de l’UE du capital ! Ses amis savent la reconnaître.

Communistes, syndicalistes révolutionnaires français, nous ne nous laisserons pas tromper.

Offre d’emploi : La CGT recrute un directeur de communication par petite annonce

Brève, vivelepcf, 22 août 2013

Un journaliste du Monde, Michel Noblecourt, fait visiblement une lecture plus exhaustive de l’Huma que nous. Il a ainsi repéré dans l’édition du 30 juillet une offre d’emploi par annonce qui l’a frappé : « La CGT recherche un(e) directeur(trice) de la communication ».

Les journalistes de la presse bourgeoise et du Monde en particulier n’ont cessé d’attaquer le mode de fonctionnement original des organisations révolutionnaires. Aujourd’hui, ils sont comme en manque devant sa banalisation, leur perte d’identité. Du coup, toujours aussi bien intentionnés, ils se moquent. D’une certaine façon, cela fait plus mal qu’hier. Mais cela appelle les militants à réagir.

Revenons à ladite annonce. Extraits :

-          « Sous l’autorité politique du membre du bureau confédéral chargé de la communication et de l’information de la CGT, vous aurez pour mission de participer à la définition de la stratégie de communication globale de la Confédération et de piloter sa mise en œuvre, afin de promouvoir l’image de la CGT. »

-          « Poste accessible avec un diplôme d’école spécialisée en communication et en relations publiques (CELSA, Ircom, EFAP, ISCOM, ISERP…), de formation supérieure  de type IEP ou écoles de commerce avec une spécialisation en communication ou d’un diplôme universitaire bac+5 et plus (master professionnel, master spécialisé…) en communication ou dans les relations publiques. »

-          L’offre « s’adresse à des profils confirmés justifiant d’expérience significative en communication interne et externe ainsi qu’en management« .

Renseigné, Noblecourt précise que le poste fait aussi l’objet d’une candidature en interne. On ne sait pas qui sera réellement embauché. Mais le seul fait qu’il y ait offre d’emploi par annonce publique et les critères recherchés sont révélateurs d’une dérive de la conception du syndicat.

Le siège de la CGT vu du ciel

Maintenant, à la CGT, un poste aussi important  – chapeautant la presse confédérale (la VO), le numérique, les relations avec les media – pourrait être confié à un spécialiste sans aucune expérience militante syndicale !

Un tel poste n’est pas d’abord technique, mais forcément politique, très politique, même placé sous l’autorité du bureau confédéral. Les formations et compétences attendues sont similaires à celles conçues et recherchées pour et par les entreprises capitalistes. Le mot « management » n’est plus tabou à la CGT, devons-nous comprendre ?

Que l’on ne nous dise pas qu’il n’y a pas de compétences dans le syndicat pour la « communication » ! Cela aussi, c’est une question de choix politiques, de conception de l’action syndicale.

La CGT doit-elle se rapprocher encore du fonctionnement des syndicats réformistes européens ? Leur organigramme est constitué essentiellement de technocrates plus ou moins spécialisés dans le social, qui peuvent avoir exercé le même poste dans l’entreprise privé. Ils sont parfaitement adaptés au paritarisme, à la cogestion avec leurs homologues et collègues du patronat.

Le meilleur exemple est tout en haut : La secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CES), la Française Bernadette Segol, n’a jamais milité dans un syndicat…

Une différence demeure toutefois à la confédération CGT. Pour l’instant, les technocrates, d’origine interne ou externe, n’occupent pas les tout premiers rangs. Aux militants de faire en sorte que cela ne devienne pas une question de communication !