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Casse de la sidérurgie : une analyse de la stratégie spéculative et liquidatrice d’ Arcelor-Mittal

Le 15 février 2016, le patronat européen de l’acier et certains syndicats réformistes appelaient à une euromanif à Bruxelles contre les importations chinoises à prix cassé. Le péril jaune a bon dos pour les trusts qui détruisent l’industrie sidérurgique des pays d’Europe depuis des années, avec le soutien de l’UE et des gouvernements.

La CGT d’Arcelor-Mittal, notamment, a refusé de s’associer à la mascarade. Elle a dévoilé que Mittal, importait lui-même des aciers de Chine, où il est implanté, contre les productions françaises.

Nous reprenons un article d’Ali Ruckert, secrétaire général du PC luxembourgeois sur Arcelor-Mittal qui résume la situation de quasi-faillite du trust Mittal.

L’épisode lamentable de Florange 2012 reste dans toutes les têtes. Hollande et Montebourg, suivant Sarkozy à Gandrange, ont accompagné la liquidation des activités. 4 ans plus tard, Mittal n’a aucune intention de remettre en route les hauts-fourneaux mis « sous cocon », aux frais de la collectivité. Le rapport de force politique dans le pays a existé pour obtenir une nationalisation (Montebourg étant même obligé de donner le change en agitant une fumeuse « nationalisation temporaire »). Aujourd’hui, la question de la socialisation, de la nationalisation de la sidérurgie et de Mittal en particulier, éventuellement dans une perspective de coopération entre plusieurs pays, mais sans préalable « européen », est plus que jamais posée.

Pertes record, montagnes de dettes et maintenant, Monsieur Mittal ?

Par Ali Rückert, Parti communiste luxembourgeois, KPL-PCL, repris du journal « Zeitung vum
Lëtzebuerger Vollek » et traduit par MlN pour « Solidarité internationale PCF – vivelepcf », 12 février 2016

Le voilà de retour, le « péril jaune ». Parce que la Chine devient en concurrent de plus en plus sérieux, les trusts de l’acier des pays de l’Union européenne appellent tout d’un coup les ouvriers sidérurgistes, ceux qu’ils ont traités sans aucun respect les années passées, ceux dont ils ont anéanti les postes de travail par dizaines de milliers pour le compte de leur cher profit, à une marche le 15 février à Bruxelles contre « l’acier bradé » en provenance de Chine. Le groupement d’intérêt des maîtres de forge, Eurofer, parle de 330.000 emplois qui seraient menacés sur le continent européen et appelle à des mesures censées empêcher que le « marché européen » soit « détruit » par des produits importés de Chine à prix cassé.

Pourquoi tout à coup maintenant cette campagne antichinoise ? Son déclenchement n’est pas seulement le fait de la poursuite de la crise de surproduction dans l’acier, mais il est directement lié au fait que l’UE s’apprête à reconnaître cette année à la Chine, 15 années après son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le statut « d’économie de marché » ce qui permettra aux marchandises chinoises de ne plus être surtaxées par les douanes.

Parmi ceux qui crient le plus fort « au voleur » (chinois) se trouve comme par hasard le trust sidérurgique Arcelor-Mittal. En l’espace de dix ans, il est devenu l’un des marchands de matières premières les plus endettés du monde. Mais cela n’a rien à voir avec les Chinois, mais tout avec le capitaliste Mittal. Il n’a pas seulement pris le contrôle d’Arcelor en 2007 mais, depuis, il a acheté, avec de l’argent emprunté, des entreprises sidérurgiques, des mines de fer et de charbon dans toutes les parties du monde dans le but d’être encore plus puissant et de supplanter tous ses concurrents.

Mais Monsieur Mittal, qui, sans sourciller, secondé par des porteurs d’eau locaux, a fermé les usines de Florange, Liège et Schifflange, avait compté sans la crise capitaliste et l’effondrement des cours de l’acier et des matières premières, si bien que nombre de ses acquisitions lui sont devenues des boulets et que la hauteur de sa montagne de dettes n’a pas diminué. Arcelor-Mittal subit même encore plus violemment la baisse des prix de l’acier que ses concurrents. Ceux-ci, en général, signent des accords avec leurs clients sur la base de quantité et de prix négociés à plus long terme. Mais Mittal, à la recherche du profit maximal à court terme, a longtemps joué sur le « marché spot » avec de hauts prix au jour le jour, faisant littéralement chanter les négociants. Aujourd’hui cela se retourne négativement sur son groupe.

La perte record de 7,9 milliards de dollars enregistrée en 2015 – la plus élevée depuis 2007 -, la décision d’augmenter le capital de l’entreprise de plusieurs milliards pour abaisser l’endettement à 12 milliards, l’annonce qu’aucun dividende ne sera servi, et la prévision selon laquelle un résultat brut encore plus mauvais est à attendre pour 2016 que l’année précédente, tout cela a conduit à ce que l’action d’Arcelor-Mittal s’effondre littéralement au point que le trust mondial de l’acier vaut désormais moins que l’exploitant du parc de loisirs Legoland.

Aussi une période de tempête s’annonce dans laquelle Arcelor-Mittal va vendre ou fermer encore d’autres usines métallurgiques et d’autres mines, couper dans les investissements pour honorer ses dettes et abaisser le versement des intérêts.

Mais que va-t-il se passer si Monsieur Mittal continuer à spéculer, si la baisse de l’endettement ne se produit pas ou insuffisamment, et si le résultat brut de la firme recule tellement que la ligne de crédit de 6 milliards (conditionnée à un rapport défini entre l’endettement net et le résultat brut) ne puisse plus être accordée ? Est-ce que ce sera la descente aux enfers, la liquidation générale ? Cette évolution confirme que la production d’acier est une activité trop importante pour être laissée aux capitalistes qui, dans leur quête de pouvoir et de profits n’ont à rien à faire des intérêts des producteurs et de la société sans même parler de respect pour eux.

La socialisation et la planification de la production ne sont pas des formules idéologiques mais des questions de raison et de survie.

Ali Ruckert

CAC 40 : des dividendes « en petite hausse » en 2013

Brève, vivelepcf, 8 mars 2013

Tous les résultats des entreprises du CAC 40 pour 2012 ont maintenant été publiés. Ceux qui se faisaient des soucis pour elles et leurs actionnaires peuvent être rassurés par les 53 milliards d’euros de profits cumulés enregistrés. Cela représente, par exemple, l’équivalent de 4 fois le déficit (fabriqué) de la Sécurité sociale pour la même année 2012.

Et encore, il ne s’agit que des profits comptables. Officiellement, le résultat du CAC40 a reculé de 73 à 53 milliards d’euros par rapport à 2011. Mais la baisse des bénéfices de GDF-Suez ou de la Société Générale par exemple, ou les pertes d’Arcelor sont largement dues à des manipulations comptables, notamment à ce qu’on appelle des « dépréciations d’actifs ».

Ainsi le Crédit agricole enregistre une perte inédite de 6,47 milliards d’euros. Mais elle est due aux dépréciations des investissements financiers hasardeux des années 2000 en Grèce, en Italie et en Espagne. Autant dire que l’argent de l’ancienne « banque des paysans » est bien allé dans les poches de la finance internationale. Qui va éponger les frais ? Vous et moi, les prêts à l’activité productive, au monde rural, à l’agriculture, les clients des Caisses régionales. Celles-ci ont enregistré un profit net de 3,54 milliards d’euros en progression de 3,4%, englouti par les pertes à l’international.

Le désordre est tel que la direction du Crédit agricole a payé une campagne de pub télévisée pour expliquer le contraire de la réalité…

Deuxième raison d’être rassuré: les experts s’attendent, selon le journal Les Echos, à des dividendes « en légère hausse » : 37 milliards d’euros en 2013 contre 36 milliards en 2012. Tout va bien … pour certains du moins.

Quand l’exigence de nationalisation devient incontournable, le pouvoir s’efforce de la contourner !

Pcf Paris 15, 1er décembre 2012

François Hollande et son gouvernement poursuivent leur jeu de l’impuissance et leur pédagogie de la résignation.

Ils avancent, quand ils ne peuvent pas faire autrement, des idées marquées à gauche. Mais ils s’appliquent à démontrer qu’on ne peut pas les mettre en œuvre. C’est à quoi depuis une semaine, le chœur dissonant de Montebourg, Ayrault et Hollande, s’évertue pour contrecarrer une exigence qui monte : celle des nationalisations. Avec les hauts-fourneaux d’Arcelor-Mittal à Florange comme cas d’école.

Dans l’automobile, la sidérurgie, la pharmacie, les raffineries, les chantiers navals… la recherche du profit capitaliste amène à la suppression de dizaines de milliers d’emplois, à la casse même de l’outil de production. La France est ainsi devenue lourdement importatrice net de biens automobile depuis 2002 (année du lancement de l’euro). Elle est en passe de le devenir pour l’acier etc.

Devant un tel gâchis, l’idée monte : celle de l’appropriation collective par la nationalisation. Elle s’appuie sur l’histoire de notre pays, celle des grandes nationalisations de la Libération notamment, qui ont été des points d’appui pour l’ensemble du monde du travail, pour la réponse aux besoins du pays comme pour la coopération internationale.

En une semaine, le gouvernement a dû reprendre le mot, mais pour mieux le déformer. (Lire la suite…)