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PROGRAMME DU PARTI COMMUNISTE ALGÉRIEN (18 avril 1962)

PROGRAMME

DU PARTI COMMUNISTE

ALGÉRIEN (18 avril 1962)

 

POUR L’INDÉPENDANCE TOTALE
LA TERRE ET LE PAIN
LE TRAVAIL ET L’INSTRUCTION
LA PAIX ET LA DÉMOCRATIE RÉELLE

 

POUR OUVRIR LA VOIE

AU SOCIALISME

 

 

SOMMAIRE :

POURQUOI CE PROGRAMME ?

CE QUE DEVRA ETRE LA REPUBLIQUE ALGERIENNE

- Une République indépendante, souveraine, une et indivisible

- Une République réellement démocratique

- Une République sociale

C’EST POUR CELA QUE LE PROGRAMME DU P.C.A.

A POUR OBJECTIF

- La réforme agraire

- Une industrialisation véritable

- Des mesures sociales

COMMENT REALISER CE PROGRAMME ?

LES CONDITIONS DUN SUCCES RAPIDE :

- Une orientation juste dans le choix de notre voie de développement

- La mobilisation totale et enthousiaste de notre peuple

- Une politique extérieure conforme à l’intérêt national

SUR LA VOIE DU SOCIALISME

 

 

Les accords d’Evian ont mis fin à la guerre. Ils ont constitué une grande victoire de notre peuple. Leur application effective ouvre la voie à la paix, à l’écrasement de l’OAS et surtout à l’indépendance, idéal pour lequel se sont levés et sont tombés dans le combat des légions de héros.

Mais les accords d’Évian n’ont pas donné et ils ne pouvaient donner immédiatement satisfaction à toutes nos revendications nationales. Vigilant et uni, notre peuple poursuivra donc la lutte dans des conditions et sous des formes nouvelles, et en utilisant les positions arrachées par les accords d’Évian, pour en finir avec l’emprise économique et militaire des néo-colonialistes. Dans un monde où l’impérialisme se présente essentiellement sous la forme du néo-colonialisme économique, le renforcement de l’indépendance sera une tâche constante, l’indépendance réelle sera une tâche continue.

Pour que l’indépendance soit complète, les institutions coloniales doivent être remplacées par un État réellement démocratique, permettant à chaque Algérien de participer effectivement à l’exercice de la souveraineté nationale, de sortir les pays de son sous-développement et de l’amener rapidement au rang de nation moderne et prospère.

 

POURQUOI CE PROGRAMME ?

Durant toute la guerre, le P.C.A. s’est efforcé d’expliquer quel devra être le contenu politique, économique et social de l’indépendance. Il l’a fait pour mieux mobiliser dans l’effort de guerre les masses les plus pauvres qui sont l’immense majorité de notre peuple. Il l’a fait aussi pour que, une fois la guerre finie, notre peuple connaisse déjà et juge d’un œil critique les expériences de tous les pays libérés du colonialisme comme l’Inde, la Tunisie, le Maroc, la RAU, etc., afin d’en tirer les leçons utiles et d’éviter les erreurs des dirigeants de ces pays.

Dans ces pays, en effet, les bourgeoisies au pouvoir n’ont pas apporté encore aux problèmes économiques et sociaux les solutions radicales fondamentales que souhaitent ardemment leurs peuples, alors que le Vietnam du Nord ou Cuba ont extirpé totalement l’emprise des monopoles impérialistes et avancent rapidement dans la voie du progrès et de l’édification du socialisme.

C’est pour la nouvelle étape qui suivra l’application de l’autodétermination que le Parti communiste algérien présente aujourd’hui son programme à toutes les couches sociales de notre peuple, à a classe ouvrière, aux paysans pauvres, aux artisans et commerçants, aux intellectuels, aux femmes et aux jeunes. Car il est bien entendu que, jusque là, la tâche principale c’est d’écraser l’OAS, d’assurer la paix, le respect des libertés, de préparer le passage de l’Algérie coloniale à l’Algérie indépendante.

Ce programme est un programme de libération nationale, de démocratie réelle et de progrès économique et social. C’est le programme de l’édification d’un État algérien de démocratie nationale qui doit ouvrir la voie à une Algérie socialiste.

Ce programme ne doit pas être considéré comme un ensemble de principes rigides, qui ne changeront jamais. Il devra être adapté et corrigé au fur et à mesure des réalités et questions nouvelles qui naîtront de son début d’application. Bien mieux notre Parti appelle tous les patriotes à l’étudier dès à présent sous un angle critique pour l’améliorer et l’enrichir. Car l’Algérie de demain sera l’œuvre non d’une seule classe ou d’un seul parti, mais de tous les Algériens dans le cadre d’une émulation de masse fraternelle et enthousiaste et d’une discipline commune librement consentie pour le bien suprême de la nation.

 

EN LIEN : L’ensemble du programme en PDF

Message du Parti communiste algérien au Parti communiste français – mars 1962

Bchir Hadj Ali, mars 1962

Chers camarades, chers frères,

C’est avec émotion que nous avons lu votre message de salutation à notre Comité central après l’accord d’Evian. Nous vous en remercions du fond du cœur.

L’ensemble des patriotes algériens, et d’abord les communistes, seront très sensibles aux sentiments chaleureux et fraternels que vous exprimez à notre parti et à notre peuple.

L’accord d’Evian, victoire de notre peuple, est une aussi une victoire du vôtre. A cette grande victoire, votre parti a contribué d’une façon décisive en France.

Il a été le seul parti français à soutenir, avant la guerre de libération, l’aspiration de l’Algérie à l’indépendance. Au lendemain du 1er novembre 1954, il a été le seul parti français à donner les raisons politiques du soulèvement et à préconiser des négociations sur la base de la satisfaction des aspirations nationales de notre peuple.

Il n’a cessé de déployer durant ces années de guerre, des efforts patients pour rassembler les masses dans de larges actions, moyen décisif pour imposer en France la paix négociée aux colonialistes. Il a mené avec persévérance le combat politique et idéologique contre le chauvinisme et la thèse de « l’Algérie française ». Il a expliqué inlassablement aux Français le sens et la justesse de notre lutte nationale. Il a combattu les obstacles et manœuvres sur le chemin de la négociation ; telle l’idée de la « table ronde » qui tendait à diminuer la représentativité du FLN et du GPRA.

Ainsi, votre glorieux parti a défendu, en même temps que les droits de notre peuple, les intérêts et l’honneur du vôtre.

Nombre de patriotes algériens n’ont pas toujours apprécié l’importance de l’activité de votre parti contre la guerre coloniale. Aujourd’hui, les masses algériennes mesurent mieux les résultats féconds de cette activité, en particulier depuis les grandes manifestations de décembre 1961 en France.

Notre parti a toujours mis l’accent sur l’alliance naturelle de combat entre notre peuple et le prolétariat français. Le 9 juin 1959, dans le message adressé à votre 15ème congrès, notre Comité central affirmait :

« Malgré les incompréhensions passagères et parfois contre le courant, nous poursuivons cette tâche d’éclaircissement avec patience, persévérance et calme, avec la certitude qu’en jour l’ensemble des patriotes et notre peuple nous donneront raison ».

Notre Parti enregistre avec satisfaction et fierté les progrès du mouvement de libération au sujet de cette alliance, non seulement parce qu’il y a contribué largement, mais surtout parce que ces progrès sont bénéfiques à l’Algérie.

Certes, la victoire n’est pas complète. La paix est encore fragile. L’OAS continue ses crimes monstrueux pour saboter l’accord d’Evian. Des entraves néocolonialistes existent.

Mais le peuple algérien, qui a arraché son indépendance et l’intégrité de son territoire vaincra toutes ces difficultés. Il est et sera soutenu par tous les hommes de progrès dans le monde. Sa lutte rejoint celle des forces ouvrières et démocratiques françaises contre le fascisme, le pouvoir personnel, pour la rénovation de la démocratie. Les succès respectifs de nos deux peuples donneront à la coopération franco-algérienne un contenu de moins en moins contraignant pour notre pays et la rendront solide parce que librement consentie et fondée sur l’égalité.

Alors, commencera à s’épanouir à l’échelle de nos deux peuples la fraternité profonde qui unit nos deux partis et qui, telle une flamme dans la nuit coloniale, n’a cessé d’éclairer malgré la tempête la voie de l’amitié véritable entre les hommes et les peuples.

La Comité central du Parti communiste algérien,

Pour le Comité central,

Bachir Hadj Ali