PCF Paris 15 & JC Paris 15, 8 avril 2015

Depuis le 19 mars, les personnels de Radio-France sont en lutte contre les projets qui menacent leurs conditions de travail et un service public national de référence. Leur grève connaît un large mouvement de soutien parmi les auditeurs et dans le pays. Il est totalement justifié. Cette lutte fait éclater au grand jour la stratégie de démantèlement rampant du service public de l’audiovisuel poursuivie sous Hollande comme sous Sarkozy.

L’actuel PDG de Radio-France, Mathieu Gallet est l’illustration flagrante de cette continuité. Ancien collaborateur de la ministre UMP Albanel, il a été la cheville ouvrière de l’assèchement des ressources publicitaires de France Télévisions en 2009. Le gouvernement PS le récompense en 2014 en le désignant, en connivence avec le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), à la tête de Radio-France. Le CSA, dont – rappelons-le – les membres sont nommés par le pouvoir et qui n’a rien « d’indépendant ».

Gallet se voudrait droit dans ses bottes. Il est plutôt péteux. Depuis 2001, la rénovation de la tour, puis de l’ensemble de la Maison de la radio, a été le moyen de vider les comptes de Radio-France. Budgétisés à 175 millions d’euros, les travaux – à force de marchés livrés au privé, de malfaçons – atteindront 584 millions d’euros. Symbole de la politique de gabegie, le réaménagement du bureau du PDG – avec des bois précieux – aura coûté, avec l’approbation de Gallet, 105.000 euros au lieu de 34.000.

Ces chiffres dévoilés détruisent le prétexte avancé par le PDG et le gouvernement pour justifier leur plan antisocial. Le pseudo déficit – entièrement fabriqué l’Etat lui-même – de 21 millions d’euros paraît-il en 2015 ne représente que le 20ème du surcoût des travaux !

Il y a bien un plan d’affaiblissement du service public de Radio France. Il consiste à livrer des activités entières à des sous-traitants privés, ce qui finit toujours par coûter plus cher pour des prestations de moindre qualité. Il consiste à faire pénétrer un peu plus l’esprit commercial dans l’entreprise (par exemple avec le mercato des animateurs ou la recherche de sponsors). Il consiste à affaiblir la position des radios de Radio-France dans la concurrence avec le privé. La qualité des émissions publiques obligent les concurrents à une certaine tenue, même relative. Il s’agit enfin d’attaquer la diversité culturelle, le sérieux de l’information, l’éducation à l’esprit critique, aussi leur rayonnement international, qui sont au cœur des missions de Radio-France.

Comme d’habitude, un rapport de la Cour des comptes (présidée par l’ex-dirigeant du PS, Didier Migaud) est tombé juste avant l’annonce du plan antisocial. Mais il risque de se retourner contre ses instigateurs, vu l’intensification et l’écho croissant de la lutte. La Cour dévoile le pot-aux-roses . Elle incite notamment à liquider un orchestre sur deux, deux rédactions sur trois (fusion de celles de France Inter, France Infos et France Culture). A France Télévisions, la même politique est à l’œuvre avec la remise en cause de la rédaction nationale de France 3. Le pouvoir ne veut entendre qu’une seule voix ! Mais la Cour des comptes est bien obligée également de constater la politique de sabotage financier dénoncée par les grévistes.

En difficulté, le gouvernement temporise sur ces projets. Il charge le PDG qui pourrait éventuellement servir de fusible. Les grévistes ont raison : Mathieu Gallet n’est pas le problème, seulement un symptôme. Mais le gouvernement veut avant tout faire passer le plan de suppression de 380 emplois, étape décisive pour la poursuite de sa politique de casse. Il est inacceptable socialement. Mais il est aussi inacceptable parce qu’il démembrait des services entiers, parfois uniques, en les privant des moyens humains et des compétences.

Communistes, nous soutenons entièrement et appelons à soutenir les salariés en lutte de Radio France. Leur combat pour ce service public fondamental et structurant est d’enjeu national. Avec eux, nous refusons toute suppression de poste, toute externalisation. Nous exigeons que ce soit les responsables et non le service public qui payent les frais de la gabegie passée. Nous demandons que soient restituées les ressources notamment de France Télévisions (publicité après 20h00), que soit limitée la publicité dans le privé, pour que la redevance puisse être redistribuée dans l’intérêt de l’ensemble du service public de l’audiovisuel.

La lutte des personnels de Radio-France est exemplaire. Elle peut et doit gagner. Elle sera l’un des fers de lance de la journée de grève et de manifestation interprofessionnelle du 9 avril. Manifestation nationale : 13h00, Place d’Italie.