Solidarité Internationale PCF, Brésil ,08 oct. 2018, traduction NK pour Solidarité Internationale PCF

Le Parti communiste brésilien (PCB) et les militants de tous nos collectifs de lutte, tout au long de cette campagne électorale, ont marché fermement, hardiment et combativement pour défendre la candidature de Guilherme Boulos et Sônia Guajajara à la présidence de la République, un fait qui s’est traduit par la formation d’une alliance historique entre le PCB, le PSOL, MTST, l’APIB, Ninja Media et plusieurs autres mouvements populaires du pays, avec un programme clair de confrontation avec les privilèges, le capital financier, l’agrobusiness, les monopoles en général, révélant ainsi la possibilité d’une alternative socialiste et d’un nouveau cap pour le Brésil. Cette option était correcte et nous ferons tout notre possible pour maintenir notre alliance dans les luttes quotidiennes au-delà de ces élections.

La crise systémique du capitalisme suscite des contradictions inter-impérialistes et inter-bourgeoises. Dans les pays périphériques, comme le Brésil, la bourgeoisie, associée à l’impérialisme, mobilise toutes ses forces pour s’attaquer aux droits du travail, aux droits sociaux et à la sécurité sociale, diminuer les salaires, réduire les investissements publics et les programmes sociaux, accroître l’exploitation, privatiser et dénationaliser les entreprises publiques et exporter nos ressources naturelles. Le coup d’État bourgeois de 2016, médiatique et institutionnel, a cherché à accélérer ces attaques par tous les moyens, et ce même sans légitimité politique. Dans les entrailles du coup d’État, du système politique pourri et des exigences du grand capital s’est renforcée une alternative radicalisée d’extrême droite et néo-fasciste.

Jair Bolsonaro rassemble autour de lui les éléments les plus rétrogrades de la société brésilienne. Sur le plan économique, il présente un programme ultralibéral, réactionnaire et anti-national. Sur le plan social, il annonce le retrait des droits, l’approfondissement de l’exploitation et la fin de toute protection sociale pour la classe ouvrière. Il légitime et institutionnalise la violence contre les travailleurs, les femmes, les LGBT, les indigènes, les quilombolas et les jeunes pauvres, surtout les Noirs. Il rassemble autour de lui le lobby politique pro-armes, l’agro-industrie, les politiciens corrompus, les milices opportunistes, les néo-pentecôtistes et les secteurs militaires favorables à la dictature. De plus, un éventuel gouvernement de ce bloc politique représente la menace d’une répression progressive des droits démocratiques des travailleurs et des mouvements populaires.

En raison de son expérience historique, le PCB ne sous-estime pas le fascisme, c’est pourquoi, malgré toutes les divergences que nous n’avons jamais manqué d’exposer publiquement, nous appelons pour le second tour à un vote critique en faveur du candidat du Parti du Travail (PT), Fernando Haddad. Le geste du PCB est unilatéral et engagé dans les luttes pour les libertés démocratiques et antifascistes. Cela signifie, de manière définitive, que les communistes du PCB ne composeront pas avec un éventuel gouvernement PT. Nous avertissons que, dans la situation actuelle, il y a encore plus de difficultés et moins de marge politique et économique pour établir une gouvernance de conciliation de classe. Malheureusement, Haddad et le PT acquiescent déjà au grand capital et acceptent ses propositions en terme de réforme des retraites, réformes du travail, de non révocation de la vente d’Embraer et de privatisation des gisements de pétrole pré-salifère. Barrer la route au candidat d’extrême droite ne revient pas pour autant à se rallier au projet centriste de recomposition du pacte de classe, qui avait été rompu par le coup d’État parlementaire et institutionnel de 2016.

Pour le PCB, la lutte antifasciste ne s’arrêtera pas après les élections. Il est fondamental de vaincre Bolsonaro aux urnes, de défendre les libertés démocratiques et de renforcer le pouvoir populaire pour faire face aux attaques qui vont venir. Il faudra poursuivre la lutte pour l’abrogation de toutes les contre-réformes du gouvernement Temer : la réforme du travail, la loi sur l’externalisation, la réforme de l’enseignement secondaire, la loi sur le plafonnement des dépenses, les privatisations, etc. Nous continuerons à lutter pour la défense de Petrobras en tant qu’entreprise d’État 100% publique et du pré-sal, contre la réforme de la sécurité sociale, pour l’expansion des droits politiques et sociaux et pour un programme qui sert les intérêts populaires, traçant la voie à la rupture avec le capitalisme et à la construction du socialisme.

7 octobre 2018

Comité Central du PCB