Année de la Corée (du Sud) en France ? Libérez le dirigeant syndical Han Sang-kyun !
ML pour « Solidarité Internationale PCF – vivelepcf », 3 janvier 2016
Depuis septembre, c’est l’année de la Corée (du Sud) en France jusqu’en août 2016. Des manifestations sont organisées pour faire découvrir une culture passionnante et méconnue dans notre pays. Très bien ! Mais d’autres réalités de la Corée du Sud ne doivent pas être occultées. Cette « démocratie » aux relents dictatoriaux déploie une politique de répression sauvage contre ceux, les travailleurs et leurs syndicats, qui contestent sa politique d’écrasement social.
Depuis le 10 décembre 2015, le dirigeant de la confédération syndicale KCTU, la deuxième la plus importante du pays, Han Sang Gyun, est en prison. Les tribunaux de l’Etat ont ordonné de le maintenir en détention provisoire pour, notamment, organisation de grève sans autorisation, occupation de rues sans autorisation et incitation à la rébellion.
Son arrestation fait suite aux manifestations du 14 novembre, à l’appel de la KCTU, qui ont rassemblé 130.000 travailleurs contre, entre autres, les nouvelles atteintes au droit du travail (concoctées ensemble par le gouvernement le patronat et la confédération syndicale de collaboration) et les accords de libre-échange avec la Chine. Le gouvernement entend en effet faire passer de 2 à 4 ans la durée des CDD obligeant l’embauche en CDI (dans la même idée que l’extension de la période d’essai avec le CPE chez nous) ou encore faciliter le licenciement des travailleurs jugés « non performants » par leur patron. Les jeunes sont les premiers visés. Tous les salariés sont menacés par la mise en concurrence des uns contre les autres, plus ou moins précaires et mal payés.
La répression de la manifestation a été très brutale. 30 personnes ont été blessées. Une, un paysan venu manifester contre les importations à prix cassés de Chine, est toujours dans le coma à cause de l’usage d’un canon à eau par la police. Poursuivi, Han Sang Gyun s’est réfugié dans un temple bouddhiste. Le 5 décembre, 30.000 ont manifesté pour le soutenir. Le 10, il se rend à la police.
De telles méthodes policières sont monnaie courante en Corée du Sud. Le leader syndical redoutait une arrestation avant la journée d’action à tel point qu’il a préféré rester plusieurs semaines dormir au siège du syndicat. En 2009, il avait animé la grève, pendant 77 jours, des ouvriers de la firme automobile Ssangyung. Une usine avait été occupée par les ouvriers. La police avait chargé : 100 des 600 occupants avait été gravement blessés dont 28 devaient décéder par la suite. Han Sang Gyun a été emprisonné, déjà, pendant 3 ans.
Voilà comment cela se passe en Corée du Sud. Le pouvoir politique, autoritaire et corrompu, est aux ordres des grands trusts largement tournés vers l’export et de plus en plus tentés, face à la concurrence, d’écraser les salariés coréens et d’exporter … leurs capitaux. La « démocratie » policière, aux ordres des classes dominantes, mise en place par la dictature elle-même, tolère très mal l’exercice des libertés civiques et encore moins la contestation.
L’actuelle présidente élue en 2012, Park-Geun-Hye n’est autre que la fille et l’ex-collaboratrice du sinistre dictateur Park Chung Hee (au pouvoir jusqu’en 1979).
Ces réalités sud-coréennes ne semblent pas soucier les Hollande, Valls, Fabius ou Fleur Pellerin qui l’ont rencontrée et qui se flattent d’avoir en 2015 « resserrer les liens avec la Corée » capitaliste. Trouvent-ils dans les méthodes sud-coréennes de répression une source d’inspiration ?
De plus en plus de syndicalistes du monde entier font connaître et dénoncent la détention et la lutte du leader de KCTU. La suite de l’année de la Corée en France offre de nouvelles occasions de le faire.