36ème congrès du PCF – 4 textes dont 3 textes « alternatifs » mais seulement deux choix : la suite de l’effacement du PCF dans l’opération Front de Gauche (texte de la direction et textes « alternatifs » n°1 & n°2), ou retour du PCF à sa raison d’être dans la lutte des classes (texte alternatif n° 3).

Vivelepcf, 4 décembre 2012

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Le vote sur les « bases communes » pour le 36ème congrès du PCF s’effectue dans des conditions parfaitement antidémocratiques : quelques jours pour prendre connaissance, sans réunion, de textes représentant l’équivalent en volume de la Chartreuse de Parme de Stendhal… De nombreux communistes le dénoncent (voir lettre ouverte en lien).

Clairement, la direction du PCF choisit de fuir tout débat et bilan sur sa nouvelle tentative de transformation réformiste de notre Parti, suivant les épisodes de la « Mutation », du Congrès de Martigues, des collectifs antilibéraux : le Front de gauche.

Tous les moyens sont bons pour imposer aux communistes le Front de gauche, quitte à le parer de toutes les plus belles couleurs, sans retenue, du « Front populaire » (avec Mélenchon et le PG, la FASE et les Alternatifs !!!), à reprendre la bonne vieille méthode Coué, mais en évitant surtout la discussion contradictoire, la réflexion collective, l’analyse.

Rappelons brièvement quelques étapes précédentes de l’opération Front de gauche : le procédé est toujours le même.

-          Fin 2008, alors que le 34ème congrès du PCF s’achève, la direction du PCF, en marge des communistes, noue le Front de gauche avec le tout récent transfuge du PS, Mélenchon. Le calcul prévu s’effectue : l’idée de « Front de luttes » est détournée en recomposition politicienne. On est dans la suite étroite des collectifs anti-libéraux, mais on évite soigneusement l’avis des communistes qui en 2006 avaient mis en échec  une candidature « anti-libérale » (anti-communiste).

-          En 2010, la direction du PCF met en place un « congrès » spécial, non statutaire – donc pas un congrès – pour faire avaliser les candidatures uniques Front de gauche en 2012, celle de Mélenchon évidemment en perspective pour les présidentielles. Ce « congrès » n’est pas statutaire : il n’y a pas de texte de résolution, encore moins de débat et de vote dans le Parti sur une base commune, sur les questions essentielles. D’élections en élections, avec des résultats pourtant décevants, la structuration du Front de gauche, supplantant le PCF, avance.

-          En 2011, pour éviter le désaveu communiste de 2006/2007, la direction du PCF met en scène la désignation de Mélenchon, non sans difficultés et réticences. Les quasiment 12 mois de négociations bourbeuses pour les candidatures aux législatives – c’est surtout ça la réalité du « Front de gauche » – l’ont confirmé ensuite. Pour que Mélenchon soit adoubé, la direction a suscité une contre-candidature canalisant les communistes : celle d’André Chassaigne. Partisan de toujours de la « Mutation » et de la stratégie « Front de gauche », Chassaigne n’a pas cherché à se renier, seulement à apporter le contrepoint qui légitime la candidature Mélenchon. Il l’a déclaré lui-même, notamment lorsque, après avoir annoncé le contraire, il a dû maintenir sa candidature pour le vote final. La candidature de diversion, « identitaire », celle du controversé André Gerin est tombée d’elle-même dans le ralliement sans conditions à Chassaigne. Le maintien jusqu’au bout de la démarche portée par la candidature collective, sur le nom d’Emmanuel Dang Tran, a conduit à ces modifications du scénario initial.

L’organisation du 36ème congrès suit les mêmes méthodes. La réalité du Front de gauche et de ses conséquences graves (d’abord dans l’absence de construction de la contre-attaque à la politique du capital, partant des luttes – voir l’analyse portée, dans plusieurs parties par notre texte alternatif) ne doit surtout pas être discutée. La langue de bois se pare d’accents « New wave », « rock’n roll » ou bien de formules à prétention poétique : « rallumer les étoiles ». En termes plus crus mais exacts : un écran de fumée, voire, excusez-nous de l’expression, du « foutage de gueule ».

La multiplicité des « textes alternatifs » participe de cette confusion sur l’enjeu central. Canaliser les réticences des communistes au Front de de gauche de Mélenchon, sans remettre en cause la stratégie d’effacement de la direction du Parti, semble présenter un intérêt pour certains groupes. Nous disons cela en respectant ceux qui pensent – nous pensons que c’est un grave contresens – que la Front de gauche est une fatalité et que l’on pourrait défendre le Parti en acceptant ce cadre-là.

Allons vite sur le texte « alternatif » n° 2. 4 ans et demi après, le groupuscule, ouvertement trotskyste « La Riposte » (branche en France de « The Militant »), prétend « renouer avec le marxisme ». Elle n’a jamais rompu avec l’entrisme, d’abord et surtout au PS (son dirigeant Mr Oxley à la section PS anticommuniste d’Ivry), puis depuis quelques années dans les espaces que la direction du PCF lui laisse. Entrisme dans le PCF amène logiquement entrisme dans le Front de gauche, cet assemblage de groupes socio-démocrates et gauchistes représentant le milieu écologique naturel de « The militant ».

Le texte alternatif n°3 est porté, à regarder les noms de ses premiers signataires, à la fois par des groupuscules et des personnalités, des élus du PCF.

André Gerin soutient ce texte. Mais maintenant qu’il n’est plus député-maire, et au vu de ses connivences particulières avec la droite sur les questions de « l’identité nationale » et de l’immigration, il n’est plus mis en avant. Ses anciens adjoints de Vénissieux le remplacent. On retrouve aussi le groupuscule « Gauche communiste », partenaire régulier du PT-POI dont le leader Jean-Jacques Karman, ancré dans la démarche Front de gauche, a défendu la candidature comme tête de listes aux régionales de 2008 de … Patrice Braouezec. On retrouve encore le groupuscule « Réveil communiste » dans la personne d’une transfuge des Verts (si, si !!), évidemment intéressée au Front de gauche. Le texte bénéficie du soutien du secrétaire de la fédération du PCF Pas-de-Calais, Hervé Poly, mais sans sa signature officielle, après son rôle de suppléant remarqué de Mélenchon aux législatives à Hénin-Beaumont. La motion est particulièrement portée par notre ami, Paul Barbazange, de Béziers, porte-parole en 2006 du comité antilibéral pro-José Bové et maintenant à nouveau candidat du Front de gauche à la législative partielle dans la 6ème circonscription de l’Hérault…

Il coule de source que l’on ne peut apporter aucun crédit à la posture d’opposant (de confort), adoptée par certains signataires.

En ce qui nous concerne, nous sommes clairs dans nos positions et dans notre cohérence d’analyse et d’action.

Il y a un point de vue que nous ne partageons pas – pour nous, ce sont des illusions dangereuses – mais dont nous pouvons discuter : celle de la fatalité du Front de gauche, celle de la constitution d’un courant vaguement « identitaire » communiste dans le Front de gauche, alors que le Front de gauche poursuit précisément la destruction du PCF.

Mais il y a des postures opportunistes, à voile et à vapeur, que nous n’acceptons pas. On ne peut pas dire à certains qu’on est contre le Front de gauche, à d’autres qu’on veut créer un courant communiste dans le Front de gauche, aux troisièmes que l’on est dans le Front de gauche et dans le PCF juste pour des raisons tactiques, notamment pour négocier des places d’élu au Sénat ou dans les mairies.

Les dégâts de la « mutation » du PCF sont allés loin. La nécessité du Parti de classe et de masse est pourtant toujours aussi grande.

Même complètement faussée, pour cette raison même et la faiblesse qu’elle implique de ses instigateurs, l’étape du 36ème congrès doit être un moment de la réorganisation des communistes, de leur réappropriation de leur Parti. Il doit aussi être, malgré cette situation, un signal donné aux travailleurs et au peuple de France que des communistes, face à l’UE du capital, à la casse des acquis sociaux et démocratiques, des outils de la réponse aux besoins défendent et développent leur organisation dans une perspective révolutionnaire, le socialisme.

Notre texte « Un Parti résolument communiste dans l’affrontement de classe. Ni abandon, ni effacement » entend y contribuer.