Articles taggés vive le pcf

Succès de la présentation du texte alternatif le 11 novembre 2012

Quelle perspective pour le PCF avant le 36ème congrès ? « Ni abandon, ni reniement, un Parti résolument communiste dans l’affrontement de classe » ! 

Dimanche 11 novembre 2012, plus de 120 camarades ont participé à la réunion de présentation du projet de texte alternatif pour le 36ème congrès du PCF. Ils représentaient 35 sections de 25 fédérations du PCF (02, 03, 13, 21, 24, 33, 37, 38, 42, 54, 58, 59, 60, 62, 69, 70, 75, 78, 80, 84, 91, 92, 93, 94, 95).

Membres du Conseil national, premiers signataires du texte alternatif, Corinne Bécourt, Emmanuel Dang Tran, Fabienne Debeauvais, Claude Fainzang, Dominique Negri ont explicité la démarche commune. Frédéric Bernabé, secrétaire de la Fédération de la Haute-Saône a adressé, depuis Cuba, un message de soutien. Eric Jalade, secrétaire de la fédération du Tarn, empêché par une initiative locale prévue de longue date, a pris des nouvelles en direct de l’évolution des travaux. Christian Tabaglio, de la fédération de Meurthe-et-Moselle, empêché, était représenté par ses camarades de la section de Jarny.

De nombreux camarades étaient excusés, notamment du sud-ouest et sud-est où des réunions régionales sont programmées.

L’assemblée s’honorait de la présence, à l’espace librairie, de l’historien américain Roger Keeran, co-auteur de l’ouvrage « Le socialisme trahi, les causes de la chute l’Union soviétique » (éditions Delga). Communiste des Etats-Unis, il a salué l’esprit de fraternité de nos échanges, entre camarades de tous âges, ancrés dans la classe ouvrière et le monde du travail.

L’assemblée a adressé des vœux de prompt rétablissement à Henri Alleg, atteint en juillet dernier d’un AVC. Dans toute son action pour la poursuite du PCF, c’est Henri qui a attiré notre attention sur l’étude des camarades américains.

La journée s’est déroulée en deux temps. Le matin, sous des angles différents, Dominique Negri, présidente de séance, Anthony Crézégut, Jean Baus et Emmanuel Dang Tran ont exposé les objectifs de la démarche commune pour le PCF et son avenir. Ensuite, une discussion s’est engagée dont sont sorties plusieurs propositions d’amélioration du texte proposé.

Anthony Crézégut a mis en parallèle le processus de transformation-effacement du PCF dans le Front de gauche avec la stratégie appliquée dans les pays d’Europe, contre les résistances communistes, sous la houlette du Parti de la gauche européenne (PGE), subventionné par la Commission européenne et présidé par… Pierre Laurent.

On retrouve mis en avant les mêmes positionnements, l’illusion de la réorientation de la BCE par exemple ou la priorité aux problématiques sociétales. Le PGE impulse dans chaque pays une recomposition politique associant des éléments issus de la social-démocratie, des gauchistes et des « communistes transformés ou repentis ». Syriza en Grèce est le meilleur exemple de ces deuxièmes fers au feu de la social-démocratie, prêts à suppléer leur maison-mère et, surtout, étouffant le mouvement communiste. La même stratégie adopte des formes différentes selon les pays, selon les résistances communistes. La direction du PCF, après le 1,9% de la candidate de la gauche populaire et antilibérale en 2007, a tenté le modèle allemand « Linke » de création d’un autre parti, dont le partenaire socio-démocrate à la Oskar Lafontaine aurait été Mélenchon. Les communistes français, animés notamment par notre appel « Pas d’avenir sans PCF » (lancé alors par la fédération de la Haute-Saône et la section de Paris 15ème) ont mis en échec ce projet. Depuis, toujours avec Mélenchon, la direction du PCF s’est rabattue plutôt vers le « modèle » espagnol, plus ancien, Izquierda Unida, « gauche unie », le Front de gauche, avec la constitution d’une organisation chapeau qui supplante le Parti à tous les niveaux, positionnements, élections et structuration tout en le laissant exister sur un mode mineur. Dans les pays où les directions des partis communistes sont restées fidèles à leur raison d’être, comme le Portugal ou la Grèce, le PGE soutient et subventionne des organisations de « gauche » anti-communistes.

Cette dimension internationale aide à comprendre les enjeux profonds de notre congrès et du combat des communistes français pour défendre et faire vivre leur Parti. La question de la rupture avec le PGE est notamment une des propositions du texte alternatif.

Jean Baus, responsable de la section du PCF de Jarny en Meurthe-et-Moselle, ancien responsable syndical et communiste dans la sidérurgie a donné un autre éclairage sur notre démarche. Les derniers hauts-fourneaux de Lorraine, à Florange, sont menacés de fermeture. Devant cette situation présente, Jean est revenu sur l’histoire des luttes depuis 35 ans pour défendre la métallurgie lorraine, sur le rôle de l’organisation communiste au cœur de l’entreprise, sur la victoire concrète qu’a représentée la nationalisation, durement gagnée en 1981, aussi sur la suite de la lutte, après la nationalisation, contre les choix gouvernementaux en faveur du capital, notamment ceux des socialistes.

Au Conseil national du PCF du 13 septembre, le rapporteur, Patrice Bessac, justifiant les « transformations » du Parti voulues par l’équipe dirigeante, a affirmé que les militants communistes avaient été des « moutons », que les adhérents étaient aujourd’hui des « chats » qu’il fallait réunir « en troupeau » (nous citons !). La question n’est pas que de réparer l’insulte faite à des générations de camarades, mais de montrer, ainsi que le fait Jean Baus, comment l’organisation (vraiment) communiste permet au militant de porter une perspective révolutionnaire, de grandes luttes nationales, dont il a participé à la définition collective, jusqu’au cœur de l’atelier, du quartier. A propos des « transformations du PCF », notre texte alternatif comporte une partie proposant la reconstitution du parti de classe et de masse, en fait du Parti communiste.

Jean Baus a enfin proposé que notre texte porte une initiative de campagne nationale d’action immédiate : une pétition pour un programme de nationalisations démocratiques :

Nationalisation des secteurs clefs de la production industrielle, à partir de l’exemple d’actualité emblématique de l’automobile

Conquête et reconquête des grands services publics nationaux par la renationalisation intégrale (le cas échéant municipalisation dans un cadre de coopération nationale), le rétablissement des statuts et des principes du service public, avec le refus de l’application des directives européennes

Nationalisation du secteur financier.

Cette proposition a été jugée extrêmement opportune par la salle et enrichie par plusieurs interventions. Il a été décidé de compléter le texte alternatif dans ce sens.

Les camarades de l’Allier ont notamment lu un message de Jean-Pierre Fournier, communiste et dirigeant syndical agricole, soulignant l’importance de demander la nationalisation de la grande distribution et d’intégrer, dans le rejet de l’UE et de l’OMC, les préoccupations des paysans.

Emmanuel Dang Tran a rappelé l’esprit de notre démarche. Depuis le 32ème congrès, il s’agit d’utiliser la contradiction de la mutation-liquidation organisée par la direction. Il s’agit d’utiliser les « textes alternatifs » pour faire entendre et développer le rejet de ce processus.

Mais cela rentre dans la démarche plus globale qui la nôtre, celle de militants dans les entreprises et les quartiers, de responsables de cellule, de section, de fédération: continuer à développer les repères politiques qui permettent de défendre, faire vivre, renforcer le point de vue et les organisations communistes dans la lutte des classes, malgré la ligne nationale d’effacement. Parce ce que c’est une nécessité.

Notre texte pour le 36ème congrès se situe dans la continuité de ceux du 33ème, « Remettons le PCF sur les rails de la lutte des classes », du 34ème, « Faire vivre et renforcer le PCF », du 35ème, « Plus que jamais, face au capital, notre peuple a besoin du PCF ». Il prolonge également l’appel « Pas d’avenir sans PCF » . En 2011, notre proposition de candidature a obligé la direction à maintenir la fiction de candidature Chassaigne comme faire-valoir de Mélenchon et du Front de gauche.

Continuer à rassembler des communistes, à revitaliser des cellules et des sections, à donner une réponse communistes aux attentes de jeunes et de salariés, de syndicalistes, plus nombreux à rechercher les positions et l’organisation communistes. Voilà plus que jamais notre objectif avant un nouveau congrès « coup de force » de la direction liquidatrice.

En réponse à plusieurs questions, Emmanuel a expliqué que, cette année contrairement au 34ème congrès de 2008, la fédération du Pas-de-Calais ne pourrait pas être partie prenante du texte alternatif. Sa direction n’est pas demandeuse. Elle a opéré un revirement sérieux par rapport aux positions historiques des militants du département en s’alignant, dans le Front de gauche, avec Pierre Laurent, derrière Mélenchon. Dans sa réponse, Corinne Bécourt a invité à rejeter sans ambages les calculs des groupes et personnalités qui essaient de tenir pour ce congrès une posture « identitaire » pour mieux faire le jeu du Front de gauche et de leurs intérêts : les trotskystes de Mr Oxley passés de l’entrisme au PS à l’entrisme au PCF, les amateurs de la navigation à voile et à vapeur, soutiens un jour de Bové (Barabazange), de Braouézec (Karman), tous du Front de gauche… le plus souvent élus sur des bases opportunistes… Ne laissons pas d’espace à la diversion !

Notre texte porte une analyse claire du Front de gauche que plusieurs intervenants ont explicitée à partir de leurs expériences locales. Il ne s’agit évidemment pas de nier l’engouement, même très relatif et éphémère, correspondant à une vraie attente, que le FdG a pu rencontrer par défaut, notamment parmi certaines catégories.

Le FdG n’est pas une simple alliance électorale, qui serait d’ailleurs sans intérêt vu la qualité des « partenaires », mais une tentative de recomposition politique, de composition d’une social-démocratie de secours, effaçant le PCF et ses positions. C’est le nouveau moyen trouvé, après les collectifs anti-libéraux, par la direction du Parti pour parfaire son travail de reniement. Le résultat est déjà la dépendance vis-à-vis d’une personnalité maastrichienne, mitterrandienne : Mélenchon. Même sur le plan électoral, le bilan pour le PCF est très négatif avec la perte de la moitié des élus communistes, conseillers régionaux et députés.  Une organisation parallèle supplante le PCF. Obligée de maintenir le nom PCF, la direction essaie de la contrôler comme des garde-chiourmes un troupeau.

Pour nous, il est hors de question de rentrer dans ce jeu, de jouer les « identitaires communistes », les alibis, dans le Front de gauche qui est destiné à nous tuer. Le bilan du Front de gauche, parallèle à celui des reniements sur le fond de la direction du Parti, c’est d’avoir privé les luttes, le mouvement syndical des perspectives de rupture que le PCF aurait dû fournir, d’avoir rabattu sur une perspective électoraliste, renvoyant tout sur 2012 (Poste, retraites…) et des positions d’accompagnement.

Il faut dire stop !

Le Front de gauche alterne ou cumule les vociférations gauchistes et les positions de fond réformistes : ces deux postures opportunistes à « gauche » sont précisément celles que combat depuis sa naissance le PCF.

Là-dessus, notre texte de congrès sera le seul à être clair !

Avant ce débat, Dominique Negri, avait présenté le texte suivant l’ordre de ses parties.

Notamment, elle a présenté notre analyse de la nouvelle manifestation de la crise globale du capitalisme, qui ne peut être regardée comme une « crise financière », une crise des « excès financiers du capitalisme ». Elle a insisté sur les nouvelles menaces impérialistes.

En France, le retour de la gauche au pouvoir ne modifie pas les choses sur le fond, avec des cadeaux d’un montant inédit annoncé au profit du capital, depuis 1999 et les « 35 heures ». Mais la pédagogie de la résignation à « gauche » marche à plein. Le Front de gauche en porte une grosse part de responsabilité.

Dans le débat, de nombreux points ont été mis en avant. Entre autres, les camarades cheminots ont mis en garde devant les différents scénarios de privatisation et de démantèlement du service public, avec ou sans réunion de RFF et de la SNCF. Des camarades ont attiré l’attention sur la crise de la démocratie bourgeoise, de plus en plus discréditée, recourant de plus en plus à l’extrême –droite. L’absence des positions communistes de lutte pèse gravement. Le schéma ultra-présidentialiste derrière l’icône Mélenchon a été très négatif.

Il a été aussi question d’écologie. Les dégâts et les menaces que le capitalisme porte sur les conditions de vie sur la planète sont instrumentalisés par lui-même pour développer de nouveaux marchés, pour entretenir un catastrophisme fédérateur derrière ses intérêts. Le Front de gauche rentre pieds joints dans cet aspect de l’idéologie dominante.

Les intervenants, à plusieurs reprises, ont insisté sur la nécessité pour les communistes, pour le PCF, de porter une perspective de rupture, de retrouver la nôtre, celle du socialisme au 20ème siècle. Il a été décidé de rappeler et remettre en discussion dans le texte ce que le mouvement communiste a défini ainsi et dont il doit toujours être l’héritier.

L’assemblée s’est séparée autour d’un pot fraternel, dans l’atmosphère de camaraderie qui résulte de la force de notre parti. Bon courage a été souhaité à l’équipe qui finalise d’ici le 17 novembre notre texte alternatif, un texte qui doit nous être utile pour longtemps !

 

Cantonales 2011 – Le vote communiste, plombé par le Front de gauche, régresse mais reste à 7,46%

En 2011, sur la moitié des cantons, dont les élus sont renouvelés ces 22 et 29 mars 2015, le vote PCF atteignait 7,46%, en baisse dans le cadre de la stratégie de dilution dans le Front de gauche et dans un contexte d’abstention massive.

Cantonales 2011 : analyse des résultats pour vivelepcf (22 mars 2011)

1- Le vide d’alternative politique,

2- Le FN, dangereuse roue de secours du système,

3- Le vote communiste plombé par le « Front de gauche » (- 360.000 voix par rapport à 2008, – 140.000 voix par rapport à 2004).

Aux cantonales, l’abstention a été la plus faible dans les années 70. En 1976, en 1979, ces élections ont été marquées par le fort rejet de la politique d’austérité de Barre et Giscard, par des progrès importants des partis de gauche dans le cadre d’un affrontement politique intense sur le fond.

En 2011, le rejet de la politique de Fillon et Sarkozy est sans doute encore plus large. Mais le fait majeur des élections cantonales du 20 mars est l’abstention. Comme aux régionales et aux européennes de 2010, elle atteint un niveau record pour ce type d’élection : 55,63% (auxquels s’ajoutent 1,25% de blancs et nuls).

Le désaveu du parti au pouvoir atteint un niveau historique. Seul un Français sur 12 a voté pour l’UMP. Certes beaucoup de candidats de droite ont cherché à masquer leur appartenance. Mais au total, on n’arrive qu’à un électeur sur 7 (32% des suffrages exprimés – 15% des inscrits) ayant voté pour un candidat soutenant la politique du gouvernement.

En face, l’opposition parlementaire remporte indiscutablement le 1er tour avec 50% des suffrages exprimés. Mais cela ne représente qu’à peine un électeur inscrit sur 5. Avec 4,5 millions de voix, la gauche perd plus de 1 million de voix par rapport à 2004.

Comme aux régionales de 2010, sa victoire est une victoire par défaut, sans aucun élan. La gauche se contente de perdre moins de voix que la droite.

Comment expliquer un tel niveau abstention ?

 

Il est vrai que les media ont peu parlé des cantonales et de leurs enjeux propres. Il est certain que tout le débat public est tourné, depuis des mois déjà, dans pratiquement chaque parti, vers l’élection présidentielle de 2012, seule étape présentée comme décisive. Le fait est aussi que la gauche, comme elle gère la quasi-totalité des régions, se trouve déjà à la tête d’une majorité des départements.

Autant de facteurs de démobilisations.

Mais, plus profondément, comment ne pas voir que la contestation populaire, telle qu’elle s’est manifestée massivement à l’automne pour défendre les retraites, qu’elle se manifeste de plus en plus fort depuis 2005 contre l’Union européenne du capital, ne trouve pas d’expression, encore moins d’organisation politiques portant son aspiration au changement ?

La gauche unie, derrière le PS de Aubry et Strauss-Kahn, dirige le FMI, vote les traités européens, accepte l’allongement de la durée de cotisation pour les retraites, fait corps derrière Sarkozy (Mélenchon compris) pour bombarder la Libye.

Même en politique, la nature a horreur du vide. Aussi les tenants du système mettent en avant un dérivatif à la colère populaire : le FN.

La promotion de Marine Le Pen est incessante depuis des mois dans les media. La suite de déclarations incendiaires sur la sécurité, l’immigration et l’islam des Sarkozy, Hortefeux, Guéant et autres ont pour effet de banaliser les positions racisantes, de sortir le FN de son isolement sur ces positions, de le « dédiaboliser ».

Le parti d’extrême-droite apparaît comme le seul parti opposé au consensus de ceux qui gouvernent à tour de rôle le pays. L’inflexion sociale du discours du FN – en termes de démagogie, rien ne retient les fascistes – complète le dispositif de captation politique d’une partie de la révolte populaire.

Après les régionales, les cantonales marquent une inquiétante progression de ce plan. Le FN obtient 15,06% des suffrages exprimés, contre 12,1% en 2004, seulement 4,9% aux cantonales de 2008. Dans de nombreux cantons où les travailleurs subissent désindustrialisation, crise et désespoir, le FN est le seul à progresser en voix et atteint des niveaux alarmants : 27% à Calais-centre, 34% à Roubaix-est, 30% à la Seyne-sur-Mer, 37% à Noyon etc. Des scores à évidemment à relativiser avec l’abstention.

Posons la question dans le bon sens : à quoi sert le FN pour le système ?

- La fille Le Pen, comme les autres, contribue à tout ramener politiquement à l’échéance institutionnelle de 2012, à occulter le terrain de la lutte.

- En complicité avec la droite au pouvoir, le FN détourne la colère sociale vers le bouc émissaire idéal, les immigrés, sachant jouer de toutes les conséquences de la dégradation des conditions de la vie quotidienne des uns et des autres. Diviser les travailleurs est toujours au centre des calculs des patrons et des possédants !

- La promotion de Le Pen permet aussi d’écraser le débat politique, comme nous l’avons déjà constaté en 2002 avec l’union sacrée derrière Chirac.

La gravité de la menace fasciste sert de prétexte aux partis dominants pour faire accepter leur consensus politique de fond, celui même qui fait le lit de l’extrême droite, au nom du rassemblement.

L’extrême droite a ainsi pour fonction de disqualifier certaines positions fondamentales, en particulier l’opposition à l’UE du capital, en les associant au nationalisme et au racisme.

Le cynisme, les calculs des classes possédantes et de leurs représentants les conduisent à jouer avec le feu, à mettre en danger les acquis démocratiques fondamentaux. L’histoire ne nous le montre que trop.

Dans un tel contexte, seul le PCF, peut et devrait, par son analyse marxiste, son organisation de classe donner une perspective d’alternative politique basée sur les luttes, combattre le choix du capital de recourir au pire.

Notre responsabilité de communistes se situe à ce niveau.

C’est bien pour cela qu’il n’y a pas matière à ce réjouir du résultat attribué au « Front de gauche » aux élections cantonales. Il est indécent de se rengorger, comme le fait Mélenchon par exemple, d’essayer de saouler de mots ces militants communistes qui ont tant contribué aux résultats.

Il y avait une très grande diversité dans les candidatures. Des candidats se sont présentés comme PCF ou apparentés, d’autres comme « PCF soutenus par le Front de gauche », d’autres comme communistes sous des appellations reflétant des accords départementaux. Ailleurs, des candidats ont masqué leur appartenance au PCF sous le vocable « Front de gauche ». Dans d’autres cas, ils étaient candidats de la gauche unie avec le PS (ex : Thourottes, Cabestany…). Ailleurs encore, le PCF soutenait des candidats du PG. Des candidats du PG se sont aussi présentés au nom du Front du gauche mais en hostilité aux candidats du PCF (ex : Saint-Martin-d’Hères dans l’Isère, Saint-Paul-Cap-de-Joux dans le Tarn…).

La très grande diversité des situations locales a contrasté avec la volonté forcenée de la direction du PCF de mettre en avant nationalement sa stratégie du Front de gauche.

Globalement, les résultats sont les suivants : les candidats PCF et apparentés (métropole), classifiés automatiquement  « Front de gauche » par le ministère de l’intérieur, obtiennent 7,46% des suffrages exprimés. Les candidats PG et apparentés, classés aussi dans le Front de gauche, obtiennent 1,01%. Au total, cela représente 8,47% et 775.806 voix pour les candidats classés « Front de gauche », soit 3,64% des électeurs inscrits.

En 2004, sur la même série de cantons, les candidats PCF et apparentés – les candidats PG roulaient alors pour le PS – avaient obtenu 7,9% des exprimés, 957.000 voix, 4,77% des inscrits. Ajoutons qu’en 2011, les partis d’extrême-gauche ont presque totalement fait l’impasse sur les cantonales. En 2004, ils avaient obtenu 367.000 voix et 2,99% ; en 2011, 53.000 voix et 0,58%.

En 2008, sur l’autre série de cantons, dans une situation politique, après l’élection de Sarkozy, plus proche de celle d’aujourd’hui, les candidats PCF et apparentés ont réalisé un résultat de 8,82% des suffrages exprimés, 1.157.000 voix, représentant 5,49% des électeurs inscrits.

Deux constations globales s’imposent.

Le « Front de gauche », même tout assimilé, régresse fortement en voix, stagne en pourcentages sur les résultats du PCF. Il n’a pas constitué une alternative à l’abstention, malgré le mouvement des retraites et le développement des luttes.

Les résultats du « Front de gauche » sont massivement ceux obtenus par les candidats et militants du PCF (7,46% sur 8,47%), ce que reflète, globalement encore, la carte électorale.

Les résultats mériteront une analyse beaucoup plus localisée. Mais on peut déjà dégager quelques tendances :

-          L’étiquette « Front de gauche » a permis de mordre sur l’électorat social-démocrate dans des départements où le PCF est traditionnellement faible. C’est le cas dans des cantons de Bretagne ou des Pays de Loire. C’est le cas dans le Puy-de-Dôme, vieille terre social-démocrate, où le Front de gauche fait des résultats pratiquement jamais atteints dans l’histoire du PCF. Le pari « Front de gauche = social-démocratie de gauche » marque des points aussi en Haute-Vienne.

-          Quand les candidats « Front de gauche », la plupart du temps PCF, notamment les sortants, passaient pour les candidatures les plus influentes à gauche, ils ont pu bénéficier d’une forme de vote utile à gauche. Le solde en élus devrait être à peine négatif. Dans l’Allier (où il y avait alliance avec Europe-Ecologie), dans le Val-de-Marne, les prochains présidents des conseils généraux devraient rester PCF.

-          Dans de nombreux secteurs ouvriers où le Parti était traditionnellement fort, nous enregistrons, malgré l’investissement militant local, un nouveau recul parfois très important en voix (ex : dans presque toute la Picardie, dans le Var, dans l’Hérault…). Cela correspond souvent aux secteurs où le FN fait ses meilleurs scores, sans que, vu l’abstention, on puisse parler d’un transfert.

-          Dans des secteurs urbains de banlieue, par exemple en Seine-Saint-Denis, où le PCF a des positions historiques, la campagne n’ont pas arrêté l’abstention (ex : 72% à Aubervilliers).

Il sera temps après le second tour qui mobilise une partie de nos camarades d’aller plus avant dans l’analyse fine des résultats. De fortes progressions de candidats communistes, clairement PCF, (+12% à Jumilhac en Dordogne, +7% à Vesoul en Haute-Saône,…) seront aussi à étudier.

Il n’en reste pas moins que le bilan de la stratégie nationale du Front de gauche, entièrement basée sur les échéances électorales, se traduit à nouveau par un échec aux cantonales, après la perte de la moitié des élus PCF aux régionales.

Le Front de gauche est incapable de donner une traduction politique et électorale aux luttes qui se développent dans le pays, au discrédit des forces politiques dominantes, à la remise en cause même du capitalisme.   

 

Communistes, nous avons pourtant une responsabilité historique à ne pas laisser ce mouvement être détourné et dévoyé par l’extrême-droite, le racisme, la haine complices de la domination effrénée du capital.

L’image, dès le soir du scrutin, de Pierre Laurent, entourant Martine Aubry, avec Cécile Duflot est décourageante, les uns et les autres évoquant déjà les contours du programme partagé de la gauche après une éventuelle victoire électorale en 2012.  Le « Front de gauche » s’enferme dans la perspective d’une nouvelle gauche plurielle en 2012, d’alliances politiciennes dans cette direction. C’est une impasse. Mélenchon, sénateur PS honoraire, laisse aux dirigeants du PCF le soin de s’afficher avec ceux du PS. Quel hypocrite !

Mélenchon est pour Maastricht. Il remercie Sarkozy de bombarder la Libye. Il défend mordicus l’euro, « condition d’un SMIC européen » (à 500 euros ?). Le PCF ne peut pas suivre cette voie, celle du PGE ou de la Confédération européenne des syndicats, principale propagandiste du Traité de Lisbonne. L’ouverture d’un grand débat dans le PCF, pour actualiser notre opposition fondamentale à l’UE du capital est essentielle. Il est gravissime de laisser ce terrain au FN.

Face aux provocations du FN et du pouvoir sarkozyste, le point de vue et l’organisation de classe, visant l’unité des travailleurs sont déterminants. Ne laissons pas un seul porte-parole, même marginal, du PCF leur emboîter le pas sur les thématiques sécuritaires et « islamophobes » ! Ne rentrons pas non plus dans les discours sociétaux et sentimentaux qui gomment le principal et nous engagent des rassemblements mous.

L’heure ne devrait pas être aux primaires dans le Front de gauche pour la candidature aux présidentielles, aux marchandages pour le programme de gouvernement après 2012.

Cessons de nous effacer derrière le Front de gauche ! Faire vivre et renforcer le PCF, sur des bases de lutte de classe, partant des réalités quotidiennes de l’exploitation et du profit – 82 milliards d’euros pour les entreprises du CAC 40 - : c’est essentiel !

C’est aussi l’exigence que traduisent et confirment les résultats du premier tour des élections cantonales.